Cher lecteur, chère lectrice,
Le rating n'est pas là pour faire joli est pas seulement à cause du lemon. Ce texte contient des évènements très durs, notamment celui auquel se réfèrent les passages en italiques. Âmes sensibles, vous voilà prévenues! Sur ce, bonne lecture.
Après la bataille de Poudlard, les rescapés ont vite mis en œuvre un semblant d'organisation « pour que la vie continue ». Les professeurs ont organisé des ASPIC pour les élèves en ayant l'âge, uniquement avec des épreuves orales. Certains l'ont obtenu ainsi, d'autres manquaient de trop de connaissance et referont une année scolaire dans des conditions décentes à la rentrée. Les derniers enfin l'ont presque eu. Il a donc été décidé que pendant les vacances scolaires, ils suivraient des cours pour apprendre ce que la guerre leur a volé afin d'avoir leur ASPIC avant la rentrée.
C'est donc ainsi que je me retrouve à errer dans des couloirs déserts depuis plusieurs semaines. Très peu d'élèves sont là, les professeurs ont veillés à ne prendre que ceux qui réussiraient à coup sûr. Nous ne sommes pas plus d'une vingtaine, quasiment tous des inconnus entre nous. Sauf Potter et moi. Tout le monde nous connaît. Le sauveur et le mangemort. Si sa réputation vaut à Potter de toujours réussir à s'entourer, la mienne me garanti la plus grande des solitudes.
Personne ne comprend ce que je fais là. Les autres partisans des ténèbres ont fui dès la bataille terminée. Le professeur McGonagall ne m'a acceptée que parce que Dumbledore accordait toujours une deuxième chance à ceux qui la demandent. Ou alors elle a eu pitié de moi… Tout le monde me fui comme la peste. La seule personne à m'avoir adressé la parole hors d'un cours est une autre Serpentard, pour me dire que c'était les gens comme moi qui donnait si mauvaise réputation à notre maison, que je ne méritais pas d'être ici. Elle a raison.
Même si tout le monde s'obstine à faire comme si de rien n'était, j'en suis incapable. L'année passée à laissée en moi des cicatrices béantes dont personne ne connaît l'existence sauf bien sûr le seigneur des ténèbres et lui. Rien que de penser à son nom, l'horreur revient. J'essaie de l'oublier en me contentant de l'appeler lui, mais je sais que ce n'est pas suffisant. Mes nuits sont désormais partagées en deux types. Celles où les souvenirs m'assaillent et me tuent, où secoué de tremblements et nauséeux, je n'arrive pas à trouver le sommeil et celles où la fatigue me terrasse, me plongeant dans des cauchemars bien pire encore.
Et depuis la bataille, je me trouve confronté à un problème. Mon éternel problème. Il est là depuis si longtemps que je suis incapable de dire quand il a commencé. Avant il était simple de l'ignorer en me concentrant sur autre chose. J'avais toujours quelque chose d'autre à faire. Mais plus maintenant. Pourtant ce problème si difficile à régler est effroyablement simple à expliquer. Mon cœur s'emballe à chaque fois que mon regard tombe sur Potter. Et comme si ce n'était pas suffisamment compliqué pour moi de gérer mon propre esprit, Potter veut me parler.
C'est probablement un des seuls à pouvoir un peu comprendre ma situation. Il a vu quand j'ai commencé à m'enliser dans les ténèbres, il à du comprendre que je n'avais pas le choix. Et puisque Granger à largement obtenu ses ASPIC et que Weasley à décider d'abandonner ses études pour reprendre la boutique de ses frères, Potter se retrouve à roder seul dans les couloirs. Il cherche à me parler. Je ne pourrais pas.
Pour qu'il comprenne il faudrait que je parle de lui, et de ce qui m'est arrivé. J'en suis incapable. Tout aussi incapable que je le suis de contrôler les palpitations de mon cœur à chaque fois que j'entends sa voix. J'ai détourné le regard, je suis resté de marbre sans lui répondre, partis au milieu de ses phrases rien à faire. Il veut toujours me parler. Je me contente de le fuir.
Hier soir la fatigue a été plus forte que la peur, j'ai la tête emplie de cauchemars depuis mon réveil. Je revois son visage sans pouvoir y échapper. Je marche sans destinations dans le but de trouver autre chose à quoi penser, mais c'est toujours lui qui reviens me hanter. Je ne suis même pas conscient de l'endroit où je me trouve. Je me retrouve donc au fond d'un couloir. Une impasse.
Au moment où je fais demi-tour, je le vois au bout du couloir. Potter. Impossible de m'enfuir. Il le sait. Je me demande un instant s'il m'a suivi mais la réponse est évidente. Il affiche un petit sourire satisfait qui fait battre mon cœur autant de colère que de désir. Il demande d'un ton assuré :
-Tu m'évites depuis assez longtemps. Il est temps qu'on parle.
Je m'avance d'un pas décidé et répond en serrant les dents :
-Je n'ai aucune envie de te parler.
-Et bien moi je pense que si. De toute façon tu n'as rien d'autre à faire.
Je regarde droit devant moi, sans même poser mon regard sur lui. Une fois à son niveau, je lâche :
-Je n'ai rien à te dire.
Je le bouscule d'un coup d'épaule pour pouvoir passer. Il ne s'attendait visiblement pas à un contact physique. Je continue dans mon chemin en espérant que la chaleur et les fourmillements qui électrisent mon bras ne soient pas visible. Potter lance alors :
-Tu me fuis encore ! Tu as peur Malfoy ?
Cette ultime provocation fait bouillir mon sang. Je me jette contre lui et l'attrape par le col pour le plaquer contre le mur. Je sens son souffle, je me force à ancrer mon regard dans le siens pour ne pas le laisser glisser sur ses lèvres, pour m'empêcher de penser qu'elles sont si proches des miennes… Un instant de silence passe. Je lis dans ses yeux un regard à la fois effrayé et curieux, comme s'il ne savait pas si j'allais l'étrangler ou l'embrasser. Je ne le sais pas non plus. Je me contente donc de desserrer lentement ma prise en articulant laborieusement :
-C'est toi qui devrais avoir peur. La prochaine fois je ne m'arrêterais pas à un avertissement.
J'espère que ma respiration saccadée n'est pas trop audible. Potter reste collé au mur, il ne semble pas complètement comprendre ce qui vient de se passer. Moi non plus. Je pars en pressant le pas. Je sens le sang pulser dans mes tempes au rythme de mon cœur affolé. Je repense à ce qui vient d'arriver, aux cheveux de Potter, à ses yeux émeraudes, à ses lèvres… Je recadre mes pensées. Je sais très bien que cela ne pourra pas finir autrement qu'en empirant ma situation déjà peu supportable. Je banni complètement Potter de mes pensées. Je le regrette l'instant d'après mais c'est trop tard. Un autre visage a remplacé celui de mon aimé. Un visage gravé dans ma mémoire. Un visage auquel je ne pourrai jamais échapper. C'est lui.
