Je dédie cette fiction à tous les fanas d'histoire romantiquement noire, aux paquets de kleenex (j'ai rien insinuer moi hein !) et à Mr mouchoir qui nous tient lieu de doudou !
Et bien sûr, aux lecteurs,
Et encore (at last but not at least, because the best !) à ceux qui laissent des reviews, parce qu'on peut leur coller un nom à EUX ! Comme Moeka-rayra, Some stuff, Kamatari-chan, Kalas, violette, SNT59, Mimina, Mawie la faucheuse, Soso-Jenjen-Kyky et Bunny, Nanao-Chan, Esprit d'Or, Luna 115, Vidackt, Aoi Boya, Lilith Yorlane….

Zipette !

Résumé : A la suite d'une déception amoureuse, Oliver sera pris dans un cercle d'événements sombres… Sera-t-il assez fort pour les surmonter ?

Disclaimers : J'ai juste volé Oliver, tout le reste je le laisse à Bakuten Shoot Beyblade… Ah j'ai aussi enfermé Rei, à l'occasion, et Yuriy, et Kaï et .. J'crois que c'est bon pour le reste !

Bioup : CA CEST LE COUP DE GUEULE SUR FANFICTION QUI A UNE SALE MISE EN FORME… Genre les sauts de lignes qu'il n'y a pas, ou ceux qu'on crée pour la mise en scène !

Et si vous vous en faîtes pas mal de l'intro vous avez le droit de passer au premier chapitre hihihihi !

L'homme au cœur de femme

Chapitre Un : Les Erynnies (1)

«Mais tu n'as toujours rien compris, ma parole ! On n'a jamais été ensemble.»

La capitale me fait du mal

Elle s'amuse à me voir souffrir
Elle m'emprisonne puis m'empoisonne…(2)
Il se laissa bercer par ces paroles auxquelles il s'identifiait.

Privé(e) d'horizon
Je perds la raison
et tous les rêves qui me guidaient
…(2)
Il se laissa baigner par les rayons solaires sans odeurs

J'envoie des bons baisers de Paris
Des jours fanées des nuits d'insomnies
Des mots des bons baisers de Paris
…(2)

Il mima ces lignes musicales qui le fit vibrer lui tout à fait fade en ce moment. En remettant ses écouteurs, il sortit vivement de la rame de métro. S'engouffrant comme nombre de monde, ces regards de condamnés, ô oui, qu'ils font si peurs.

Du peu d'amour, du peu d'amour
J'en vois du goût amer et de désir sans mystère….(2)

Il haussa les épaules en sortant de la bouche du métro. Il éteignit son lecteur de musique, le rangea et commença à masser son ventre. Toujours cet effet-là lorsque je rentre dans ce restaurant. Ce n'est pas que j'y travaille… Ce n'est pas le travail qui me fait cet effet-là…

La Capitale me fait du mal…(2)

Le soleil tapait fort dans la vitre en plexiglas du restaurant, bondé à cette heure zénithale. Au cinquième arrondissement de Paris, le quartier étudiant alimentait le capital du restaurant. En effet quatre-vingts pour cent en étaient clients. Et les étudiants, ça n'attendait pas, ça ne sait pas attendre, même un dimanche ! Ah ces jeunes, disaient les vieux, ils ont le feu aux fesses, ils ne savent pas que le temps est précieux, qu'il faut le prendre, le sentir, le vivre. Les vieux, disaient les jeunes, n'ont pas compris qu'on perd trop de temps à le prendre en face ! Et dans un restaurant, ce genre d'impatience, ça se sent de la racine des cheveux du patron jusqu'à sa voix ébranlant toute l'assistance. La cadence était au plus haut point et la chaleur régnante n'avait pas le temps d'accabler les serveurs.

.

«Tu es sûr que ça va aller ? Tu sais, j't'assure, je peux te remplacer si tu veux…
- Non non, ça va pas ? ça va aller Rei, je te jure !
- Bon, comme tu veux, mais si t-»
Un violent courant d'air passa entre les deux jeunes hommes…
« Dîtes donc les pipelettes, il y a du monde qui vous attend, s'écria le patron de derrière le comptoir, et toi, insista-t-il en s'approchant d'un jeune homme serti de jade, fils de patron ou pas je t'ai à l'œil, c'est compris ? »

Le jeune homme hocha la tête, puis prit son calepin à commande et se dépêcha, après un petit tour visuel, de rejoindre une table prête à être servi.
«Bonjour mesdemoiselles, que puis-je faire pour vous ?»
Les trois jeunes filles se regardèrent, comme pour se concerter puis en se lançant des petits rires adorablement vénéneux.
« Au fait Oliver, c'est vrai que tu n'es plus avec Enrique ?»
Le concerné fronça les sourcils. Je me disais bien, comme d'habitude…
« C'est normal en même temps hein, vu que ça fait deux ans que je suis avec lui… »
Et les jeunes filles éclatèrent de rire à l'unisson. Oliver sentit derrière lui le patron fustiger dans ses oreilles et les piques de cette gente féminine lui transpercer doucement le cœur.
« Tu excuseras Enrique de ne pas être gay, d'accord ? »
CONNES ! Je hais ces types de filles, elles sont des chimères faîtes à base de vipère, veuve noire et de mante religieuse. Les larmes montaient lentement aux yeux d'Oliver qui fit un superbe effort pour les arrêter dans leur ascension. Il avala lentement la boule de chagrin qui naissait dans sa gorge, puis d'une seconde à l'autre, de son ventre, elle se malaxa pour se transformer en colère. Il jeta vivement sur la table les cartes de menu. Le geste fut rallongé empoisonnant l'atmosphère : l'une de ces abeilles tueuses prit une des cartes de menu et le colla au verre, le fit reculer gentiment, arrivé au bout de la table, elle le poussa violemment. Le verre à vin se fracassa sur le carrelage et se brisa en mille morceaux.
« Merci de ta gentillesse dis donc Oliver ! s'écria-t-elle, Non mais regardes ce que tu as fait !»
Le jeune homme, l'avait senti venir, de dos, il serrait son calepin si fort, si fort, qu'il en écrabouilla quelques feuillets. Il le mit dans sa poche de veston, revint vers cette table coupable, prit son plateau qu'il gardait sous son bras, et ramassa les plus grands bouts de verre. Il retourna dans une des salles fermées au public du restaurant, en sortit un balai pour terminer ce qu'il n'avait pourtant pas brisé, les joues rougissantes, et sous les billes dédaigneuses, brillantes à souhait.

En mettant les débris dans la poubelle adéquate, il rencontra le regard assassin de son patron.
«Est-ce que tu te rends compte de ce que tu fais au restaurant ? Tu salis SON image, tu peux comprendre ça ?
- Oui monsieur, laissa-t-il échapper d'une voix d'ombre.
- A cause de toi, toute la chaîne est détruite mais je te préviens, et ce sera le dernier avertissement, encore une seule, mais UNE SEULE misérable connerie et je te fais virer.
- Oui monsieur. »
Me virer ? Ne se rend-il pas compte qu'il m'enlève un gage de ma liberté, il m'enlève ce qui était ma clé des champs. Certes, prisonnière dans cette cage de verre et de feu aux fourneaux, mais… Je ne peux pas me faire virer. Pas tout de suite, encore deux petits mois. Juste deux petits mois…
« Si je te demandais ce que j'exige de n'importe quel couillon de serveurs même le plus demeuré, pour toi, ça relèverait de la perfection, Ah oui pour ton cas ! Maintenant allez enlèves tes fesses de là et dégages en cuisine.
- Oui monsieur, je ferai de mon mieux, monsieur.
- C'est ça ! Du balai ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait, Oliver mit un tablier, coiffa ses cheveux d'une charlotte blanche et fit travailler ses mains pour les activer, les rendre meilleures, pour faire fonctionner les batteries…
« Ah, encore toi ! Bon tu vas préparer les desserts, mets toi par là.
- Oui monsieur. »
Calme toi Oliver, pas de fausses notes. Ici c'est ton élément, appliquons-nous. N'oublies pas, juste deux petits mois à te tenir tranquille. Subitement, ses mains ne tremblaient plus en sentant couler la farine, entre ses doigts nacrés. La fabrication des desserts, y a au moins ça qu'il savait faire.
« Woouuh chapeau mon vieux, chouette présentation, dis-moi ! »
Le commis de cuisine, un gringalet sentant la friture à plein nez s'approcha encore, puis frappa brutalement du plat de sa main la planche de travail.
« Sauf que tu en as plus de dix à faire et que la clientèle commence à s'impatienter… à ce train-là, ils seront squelettisés avant de les avoir vu sur un plateau ! »
Le jeune homme avait bien saisi le message. Il prit donc quinze petits moules et se dépêcha de créer ces tartelettes dénommées'Passion Fruitée'.
Il avait beau être un serveur quadrilingue, savoir porter de ses dix doigts seize couverts, assiettes comprises, il avait beau savoir tenir la caisse même lors de litiges difficiles, il ne sera jamais bon. Il s'appliquait, c'est vrai, mais restait lent. Et la lenteur, dans un restaurant, n'avait pas sa place, certainement ! Mais… Cette place, lui allait-elle comme il le voudrait dans une autre vie ?
« Putain, Fais gaffe, ça va brûler ! »
Ouf, il était moins une. Les tartelettes étaient tout juste dorées à point, frétillantes à l'idée d'être mangées. Il les installa à ce qu'il pensait très rapidement, mais le commis de cuisine lui arracha le plateau des mains, l'œil mauvais. Ce con veut tout faire rater, c'est toujours comme ça, toujours comme ça et ça me sort par les narines ce type. En plus d'être louche, faut toujours qu'ils nous attirent des merdes. Mais j'vais l'faire expulser. Tout ça parce qu'il est le fils de l'autre couillon. Tout ça parce que… ça me fait ch….
« Fais la plonge, tu sortiras les poubelles. »
Oliver laissa expulser un long soupir une fois le commis parti, c'est monotone comme journée. Elle commençait toujours par le service plateau des clients, puis, quand le patron lui trouvait quelque chose de pas bon, il le jetait dans les fourneaux et même lorsqu'il faisait très bien, la jalousie du commis de cuisine le forçait à réaliser les tâches les plus ingrates et les non moins reconnues.

«Comment ça, il refuse de commander ? fulmina le patron à un de ses serveurs un peu louche, toi, va le voir et prend lui sa commande.
- Oui patron, répondit avec un sourire Rei. »
Le jeune chinois se dirigea vers ladite table. Elle était occupée par une personne masculine décontracté dans un deux-pièces Pierre Cardin, accoudé, il lisait l'Express. Rei le reconnaissait, oui, et il devinait même parfaitement la réponse de l'autre, mais bon, il obéirait pour ne pas se faire prendre par la grande gueule de patron…
« Excusez-moi monsieur ? »
L'autre leva un sourcil, sans lever les yeux de son magazine.
« Quel serait votre commande s'il vous plaît ?
- Il ne me plaît pas que ce soit toi qui soit venu.»
Rei s'en doutait. Et ben voyons, mon pauvre là, t'es mal barré, il s'est encore envoyé dans les ronces ton copain là !
«Pardon ?»
L'autre posa tranquillement son tabloïd, prit son téléphone cellulaire et le trifouillait.
« L'autre serveur, le petit.»
Comme c'est charmant. Mais pourquoi lui ? ça m'énerve de ne pas savoir. Quand même qu'est ce qu'il lui trouve à Oliver. Puis soudain, avec un sourire extra-niais, il commença à se faire des films. Haaaaa, c'est peut-être çaaaaa.. Mais oui Reirei, tu t'en doutais depuis le temps. Ça fait quand même plus de deux mois que ça se travaille ça !

La porte du local à poubelle s'ouvrit brusquement, la tête d'un ami apparut :
«Ah mais t'es là ! Dépêches, y a un service qui t'attend !
- Mais… »
Oliver hésita, puis pensa à quelque chose qui se passait presque toutes les fins de semaine. Mais bon, peut-être qu'aujourd'hui exceptionnellement, ce ne sera pas possible, hein ?
« Seulement, j'ai pas le droit là !
- Ah mais je sais, j'en ai parlé au patron, il s'est pris la tête avec ce client, du coup, il a dû capituler et il te demande de venir maintenant. »
Après un silence de quelques secondes, Rei lâcha la porte du local et murmura :
« C'est quand même mieux que de parler aux poubelles, non ? »
C'est sûr, parler de Ronsard à un public de déchets qui lui inspirait plus de dégoût qu'autre chose, c'est pas ce qu'on pouvait appeler d'attirant. Le jeune Oliver se précipita pour enlever cette charmante blouse huileuse, la replaça dans le vestiaire, reprit le plateau et son calepin et rencontra l'aura destructrice du patron qui lui montra la table numéro vingt-deux.
Il s'en approcha et se remémora ce client assez particulier. Un habitué, un de ces hommes d'affaires toujours clean dans les vêtements, pressé par le temps et le business, l'esprit froid comme la glace mais un regard de flamme qui se teignait jusque dans ses cheveux ! Il est vrai que le hasard a fait de lui son serveur attitré.

« Comme d'habitude. »
Il n'arrivera jamais.
« Oh.. ou, oui monsieur, t- t- tout de suite. »
Le samedi, dorade sauce crevettes avec des tagliatelles, c'était comme toujours le menu du chef. Oui, cet homme attablé prenait toujours le menu du chef, menu du chef samedi midi, menu du chef samedi soir, menu du chef dimanche midi et menu du chef dimanche soir. Oliver pensait en allant envoyer la commande. Il y en avait des tonnes de formules, de la plus expresse à la plus sophistiquée. Non, monsieur le fabuleux cheveux de feu préférait le menu du chef. D'ailleurs c'est quand même bizarre, que le plat soit cramé ou peu cuit, tant que JE le servais, aucune remarque n'a été dite à ce sujet. Oliver le voyait toujours à la même table le samedi et le dimanche midi et soir. Par curiosité, il avait demandé à Rei si cet homme venait aussi tous les autres jours. En réponse, le jeune chinois lui avait certifié qu'il ne venait uniquement les fins de semaine. C'est-à-dire, d'après Rei, il ne venait uniquement quand, lui, Oliver, était présent ! Alors là, ça l'intriguait énormément même. Il s'était posé de grandes questions à ce sujet. Il avait encore insisté auprès de Rei, parce que Rei, c'est Rei. Il en fait un peu beaucoup trop pour vraiment presque rien. En slalomant agilement près des tables, le plateau à l'horizontal laissant un fumet marin, Oliver rejoint ce client mystérieux. Qui est-il ? Que me veut-il ? Me ferai-je simplement un film ? Seulement. Il n'y arrivera pas. Non il n'y arriverait jamais.
« Bon appétit, monsieur. »
Je n'arriverai jamais à le regarder dans les yeux. Il est tellement… Tellement…
« Merci Oliver. »
Oliver baissa la tête, son joli visage plein de cette hémoglobine, soldats de la timidité. A cause de ce velours vocal… Oh mon dieu, mais qu'est-ce que je dis… N'importe quoi. Après avoir livré le plat principal à cet étrange individu, Oliver l'en remercia intérieurement. Le patron fort occupé, le jeune homme put rester en contact humain, et surtout apprécier les derniers rayons lumineux mouchetés la vitre. Il en profita pour débarrasser les premiers départs. L'heure était déjà tardive et la période torride s'évanouissait. Les serveurs soufflaient un peu. Oliver replaça les chaises, nettoya d'autres tables, continua son manège jusqu'à ce qu'une main s'attache à son veston gris. Le jeune homme s'arrêta net et se retourna vivement. Il vit derrière lui une jeune fausse blonde aux délicieuses boucles anglicisées, les yeux pétillants de chaleur. Qu'est-ce que c'est cette fois ? Il avala un soupir et lui dit :
«Que puis-je faire pour vous ? »
Oh ouiii… comme j'adore ce mot prononcé dans ta petite bouche sous ces lèvres humides avec cette voix suave…
«Dis donc, tu es libre ce soir ? Roucoula-t-elle alimentant son pépiement d'un clin d'œil.»
Ah que j'adore quand tu rougis. C'est pourtant tellement simple de le faire, nous y arrivons presque toutes, presque.. l'autre partie est chez l'autre moitié de l'être… Oliver ne s'attendait certainement pas à ça. Mais peut être qu'elle est une de celle qui se fiche de moi… ou l'autre moitié, celles qui ignorent… A vrai dire, j'en fais aussi parti…
«Alors ?
- Oui.. Je suis très occupé.. Enfin je veux dire, non, je suis libre.. Euh…
- Eh bien, ça veut dire oui ou non ? »
La main de la jeune fille resta accrochée au veston du garçon. Ce dernier tenta de repousser gentiment l'avance.
« Euh.. C'est que.. Je vous demande pardon, mais..
- C'est non ? »
La main se crispa.
«Non, non, non, non, j- j- j- je n'ai pas dit ça… »
La langue d'Oliver se précipita, c'est juste que…
« Une autre fois alors ?
- Ou.. Ou-oui, oui c'est ça… Maintenant, fit-il en s'inclinant un peu, si vous pouviez me lâcher… »
Oliver mit une main douce sur celle de la jeune fille en tentant doucement de l'en enlever.
« Oh pardon !.. A bientôt alors, bel homme ! »
Ce toucher, mon cher je m'en humecte les lèvres. La jeune fille reprit son sac à main et s'en alla en faisant claquer langue et talons. Oliver laissa s'échapper le soupir retenu tout à l'heure. Une fille… Y a deux ans, je suis sorti avec, après une semaine, elle m'a plaqué pour que deux ans plus tard, j'apprenne qu'elle était déjà avec celui sur lequel j'ai flashé le mois dernier. Je l'étudie peut-être en littérature, mais, je suis à des années-lumière d'un véritable engagement…
« OLIVER ! »
Et lui, lui, mais lui, il commence sérieusement à me taper sur le système ! Oliver rejoint le comptoir qu'il abandonna immédiatement.

Ah mais jamais je ne m'y ferai ! Il reprit son plateau et aperçut une fraction de seconde ces calcédoines glaciales.

«Quel est ton dessert ? »

Oliver resta quelques secondes hébété. Il commence à me faire vraiment très peur ce type !
«Euh.. Et b- .. Mais, ils sont froids maintenant, et peut être que- que ce ne sont pas ce que vous préférez.. Oui et si vous étiez allergiques à ce que j'y ai mis et s-«
Les yeux de cette étrange personne arrêtèrent sa vaine palabre. Oliver retourna près de la salle des commandes, se dépêcha de regarder sur l'étagère et… Ouf, c'est la dernière. Il prit la jolie tartelette « Passion-fruitée » et se dirigea vers cette espèce de tordu. Puis il regarda du coin de l'œil à l'opposé, Rei discutait avec un fort beau jeune homme. Tatoué ?... Tiens, tiens… Eh mon bonhomme tu m'en avais pas parlé de celui-là !
« OLI merde ! »
Le concerné sursauta et parvint à retenir de ses deux mains le plateau contenant sa petite tartelette tremblotante. Seulement, l'autre serveur n'avait pas arrêté sa course lui, et Vlan ! Le plateau d'Oliver glissa de ses mains et surfa sur l'air jusqu'à atterrir sur la table numéro vingt-deux. Ah ah ah môssieu est servi ! L'autre serveur après avoir remis à destination le repas, empoigna violemment le col d'Oliver :
«T'as fini tes conneries, oui ?
- Eh, m… mais y a rien de casser, il faut vous calmer hein !
- Je v-«
Yuriy leva ses yeux tons de marbre.
« Enlèves toi de lui.»

Les mots qu'il sortit avaient l'allure de coups de hache sur la tête des deux serveurs. L'autre lâcha Oliver, prit son plateau et s'en alla rapidement. Oliver, lui, prit le sien et tourna vivement le dos.
« Tu n'oublies rien ? »
Qu-Quoi ? Quoi ? J'ai oublié quelque chose ? Oliver regarda la table numéro vingt-deux, la disposition des choses, l'environnement de son client attitré… Qu'est-ce que j'ai oublié ? Oh la la… Le jeune homme serti de jade rougit, baissa la tête et les yeux :
« Je vous demande pardon monsieur… Mais.. auriez-vous l'amabilité de me dire ce qu'il ne va pas ? »
Il y eut comme quelques sanglantes gouttes de silence.
«Ce n'est pas grave »
Rougeoyantes comme des braises solaires. P-Pardon ?
« Tu t'en rappelleras plus tard. »

Enfin ce dimanche se termina, les tensions et les angoisses coulèrent avec le Soleil, derrière la Seine. Dans le métro, Oliver laissa libre sa respiration s'envoler dans les pollutions urbaines. Il avait terminé ce long samedi et dimanche. Il est vrai, cette fois, il rentrait seul. D'habitude, c'est avec Rei. Mais là, môssieu apparemment est parti avec joli garçon tatoué. Ah… Il a bien raison, va !
Alors Oliver laissa sa tête sertie de jade sur la vitre de la rame. Il ferma les yeux, observant la respiration redevenir régulière et son ventre se libérer de cette angoisse hebdomadaire. Une semaine à relaxer son esprit jusqu'à la fin de semaine prochaine. Il visualisa ce qu'il devait faire : prendre son linge sale, l'amener chez sa mère. Le jeune homme fronça les sourcils en regardant le reflet d'un homme qui somnolait en face de lui. Quoi ? Oui je sais, je ne sais toujours pas faire fonctionner une machine à laver. Bon, et alors ça vous arrive jamais ? Hein ? Et il s'éprit à penser. Cette année, la première où il a autant travaillé, physiquement et mentalement. C'est vrai, première année d'université, et puis il y a cette prise de conscience sur la liberté de l'être et tout ce qui va avec. Cette clé des champs qu'on a volée, qu'on a prise à quelqu'un ou plutôt qu'on a retrouvé cachée dans un bocal que vos parents avaient conservé et oublié entre-temps. Et lui, il avait trouvé le courage de la chercher cette clé. Mais maintenant, ah… Maintenant, il comprend que la liberté a un prix, et quel prix… Ah je vous l'dit, si j'étais président je bannirai deux mots : travailler et argent. Travailler parce qu'il me fait souffrir ce mot, voilà y a pas à dire, je suis pas dans le manuel, je suis.. oui une chochotte bon… Y a des hommes comme ça.. Hm ! Mais quand même, ces deux mots-là, je les supporte vraiment de moins en moins. Qui me suit ?... Pas mes parents en tout cas. Il vit les stations défiler. Pourtant, pour ce qui est des études, il n'est pas contre. Non j'aime ce que je fais, peut-être parce que je ne sais pas où ça me mènera. Quelque part, entre les feuilles et l'écriture, peut-être entre la lettre et l'encre. Quelque chose de flou qui me baigne dans un peu de passion et de vide.

Le vide… Pourquoi m'attire-t-il ?

Je n'en sais rien. C'est fascinant. Comme l'argent qui est à l'opposé de ce que j'aime. L'argent, il ne t'attire que des soucis, des ennuis et des ennemis. Alors travailler, souffrir les remarques des autres, les pressions des patrons, pour en posséder, pour posséder ce que tu perdras d'avance, dans des choses qui feront de toi l'être que tu n'as pas demandé à être au plus profond de toi-même. Quelqu'un de noir et blanc forcé de ne voir plus de couleurs de ciel, de ne plus vivre aucun arc-en-ciel. Rien que des chiffres et des lettres qui te torturent toute la journée et qui te suivent jusque dans ton inconscient. Ah vraiment mais qu'est ce que je vais devenir moi ? Il sortit d'un couloir et effectua un changement de ligne. Peut-être qu'il faut que je me fasse soigner. Peut-être que je ne suis pas normal…. Est-ce pour ça que j'attire des hommes et des femmes complètement marginaux. Ah ça me ramène à cet.. Lui !

Une semaine ou précisément cinq jours de répit, ça passe si vite. Tellement vite. Il sortit à 'Riquet', traversa l'allée à grande allure. Mais qu'est ce que c'est que ce mec, d'abord ? Sérieusement. Qu'est ce qu'il me veut ? J'espère que… Non, ça va, j'pense qu'il m'aurait dit depuis si j'avais fait une bêtise et l'autre là, qui fait exprès de l'ouvrir. Pourquoi veulent-ils tous ma peau ? Je ne peux pas changer de boîte sous prétexte que.. Et puis ce serait impossible, aux yeux de la loi ce serait illégal… Hm, ça signifie que je suis déjà dans l'illégalité.. Ah c'est donc peut-être pour ça… Mais tout de même encore deux petits mois et je m'en irai…

Il monta les escaliers. J'aime ces charmants immeubles, début siècle dernier. Ils sont très beaux, leur architecture typiquement Art déco ne manque pas de charme, c'est sûr et leurs décorations d'intérieurs un vrai délice, très agréables à regarder… Le bois et la pierre se mélangent, fusionnent entre eux et nous accueillent dans leur chair si chaleureuse et maternelle. Les plantes que le concierge entretient sont vraiment magnifiques. Ah oui, l'automne, bientôt vous me montrerez votre squelette mes pauvrettes ! Mais le truc, le truc qui en fait gâche tout ce spectacle immobilier C'EST QU'ILS ONT PAS D'ASCENSEUR ! Arrivé au deuxième étage… Ah noon, j'ai oublié de prendre le courrier. Oui, je suis maso, je vais quand même le chercher et me taper au lieu de quatre, six étages… Il ouvrit la boîte aux lettres. Facture, rappel, pub, pub, 'sale gay'… Oliver roula des yeux. Si, il existe encore des gens qui n'ont rien à faire de leur journée… Pub, annonce communale… 'j'vais te niquer ta face sale…'. Bon, tant que ça reste sur le papier. N'empêche, je tiens à signaler que Rei l'est aussi ! Ah un dernier escalier… Bon, certes, Rei réussit peut-être à être plus discret que moi… Ouf, enfin, les dernières marches et on est arrivé à la maison… Y a un Romain qu'a dit un jour, omnes vulnent ultima necat (3). Ben pas con l'vieux ! Mais quand même quand j'y pense, Rei n'est pas tout à fait comme moi. Non, attends ! c'est pas ça ! Lui, y a pas eu de conne qui s'est amusé à espionner, prendre des photos et les balancer à n'importe qui… J'espère, mais J'ESPERE qu'elle n'a rien mis sur les réseaux sociaux.

Il se mit à l'aise en desserrant ses vêtements. Ce veston, un vrai corset pour homme. Il enleva ensuite la ceinture au pantalon qui glissa un peu. De toute façon, tant mieux, tout le monde sera fixé comme ça… Il se mit sur le canapé et alluma la télé, puis se fit un petit cocktail : petit filet de vodka avec de la grenadine diluée dans de l'eau. Et si mes parents l'apprennent… Ouais, je crois que le seul truc qui me ficherait la peur de ma vie ce serait ça… Faut absolument que je me trouve une fille, parce que… Il but une longue gorgée. Parce que le problème, c'est que je ne le sais pas ça. Je ne sais ce que j'aime réellement et si je sais aimer, je veux dire, un homme, une fille. C'est sûr y en des beaux, des charmantes, des délicieuses et des dégueus… Mais j'en sais rien en fait j'EN SAIS RIEEEEEN. Il finit son cocktail. Si au moins, je l'avais concrètement expérimenté, je le saurai. Et le truc, c'est que la seule… et encore, est-ce qu'on pourrait appeler ça une relation, hein ? Il se refit le même cocktail. Il s'affala sur le divan. C'est vrai, si au moins, la fille avec qui j'étais sorti, aurait eue l'honnêteté de me dire non dès le début, tout de suite ! Me faire tourner en bourrique, me soutirer de l'argent et des renseignements. Tout ça pour quoi ? Hein ? Tu peux me dire pourquoi ? De toute façon, les filles, c'est con… Il but son cocktail d'une traite. Moi aussi, je l'avais deviné son manège, mais j'ai préféré fermer les yeux et ma bouche surtout… C'est bien fait pour moi, c'est tout. La sonnette retentit. Ouais, je me ferai plus avoir par les filles…. Mais j'dis ça, ah ah ah, mais les mecs aussi ! Deuxième sonnerie… L'autre crétin aussi qui se la jouait Casanova en face de moi. En fait, c'est l'aut' conne et lui. Ils étaient deux. Deux purs abrutis à s'être foutu de moi…. Non, non, non ! Deux imbéciles à se foutre d'un abruti : moi. Troisième sonnerie :
« Eh OH ! ça va j'ai entendu ! J'arrive ! »
La sonnette fit jouer de son bruit strident, pendant quelques bonnes minutes.
« Non mais c'est quoi ça encore ? »
Oliver se tint la tête d'une main. Combien de fois faudra-t-il que je me répète de ne jamais boire un verre cul sec quand je suis crevé comme ça ! Le temps que le jeune homme se lève, s'éclaircisse un peu la tête, s'étire les jambes fatiguées d'avoir tant couru de toute la fin de semaine.
« Voilà, voilà, c'est bon j'suis là. Je te jure, Rei, t'es pas drôle hein ! »
Il fit tourner la clé, la sonnette continua, enleva un verrou, le bruit continu dans les oreilles d'Oliver l'assomma moralement, il ouvrit enfin la porte, prêt à râler…

..wtfwtfwtfwtfwtfwtfwtfwtf...

(1) Les Erynnies sont des créatures de la mythologie gréco-romaine représentants le remord, le regret et l'angoisse. Aux nombres de trois, elles persécutent leur victime, on dit, avec des fouets.
(2) Paroles de Bons baisers de Paris, chanson de Najoua Belyzel, dans l'album entre deux mondes.
(3) Toutes blessent, la dernière tuent : c'est les heures.. la dernière heure est venue.

Et maintenant à vous de travailler ! J'attends avec une véritable impatience vos reviews si précieux pour mon bouillonnant cerveau !