Souvenirs, souvenirs…
1 – Le train
- Plus vite mère ! cria la petite fille.
Elle prit la main de sa mère et marcha encore plus vite. La route était neuve, bordée par quelques immeubles assez bas. La circulation était rare, seulement quelques véhicules électriques. Le soleil envoyait une lueur pale, bien insuffisante pour réchauffer l'atmosphère environnante.
La saison touchait à sa fin, mais les températures frôlaient déjà le zéro degré en pleine après midi.
- Les étés deviennent de plus en plus courts. Il fait froid très tôt désormais, dit la mère de la petite fille. Couvre-toi bien !
- Oui mère ! répondit l'enfant, qui pensait visiblement à autre chose.
La petite fille avait attendu cet instant toute la semaine, oubliant presque tout le reste. Sa mère lui avait fait la promesse de l'emmener le voir, lui. Depuis le temps qu'elle en entendait parler, elle rêvait de pouvoir le voir de ses propres yeux.
- Nous ne pourrons pas rester très longtemps, ajouta la mère. Ta sœur n'a pas voulu venir, et je n'aime pas la laisser seule.
- S'il te plait, mère, tu as promis dit la fille pleurnichant
- Oui je sais. Nous y allons, mais nous ne nous attarderons pas. Je suis très occupée, même les dimanches. Je suis désolée.
Les yeux bleus de la mère brillaient avec une tendresse infinie. Elle se forçait à sourire, pour rassurer son enfant. De nombreux graves problèmes concernant l'avenir lui occupait en permanence l'esprit.
- On arrive ! cria l'enfant, en lâchant la main de sa mère.
Elle se mit à courir et plaqua son visage d'ange contre la vieille grille de protection. Son cœur battait fort. Enfin, elle allait le voir.
Le train arriva en sifflant, comme s'il voulait être entendu par toute la ville. La locomotive, une réplique moderne d'une antique machine à vapeur, crachait ses nuages de gaz dans tous les sens. Les embiellages parfaitement huilés scintillaient au Soleil.
La gare ne comprenait que quelques voies et des quais d'un aspect un peu ancien. Le bâtiment rappelait les anciennes maisons de la terre, avec ses briques rouges et blanches. Les rails partaient à l'infini, sur une rampe qui se jetait dans le ciel.
La neige avait presque entièrement fondue. Des ouvriers de la compagnie réchauffaient les rails et les appareils de voies. Sans cette opération, tous les trains seraient vite bloqués, incapables de repartir.
Le train s'immobilisa, puis les portes s'ouvrirent. Les wagons étaient des copies modernes d'anciens modèles terriens. La compagnie avait délibérément repris les vieux designs pour donner un certain cachet à ce train de prestige.
Le contrôleur descendit et annonça de sa voix suave :
- Râmétal ! Râmétal ! 1 jour standard d'escale pour le galaxy express. La compagnie galactique vous remercie de l'avoir choisie pour vos déplacements. Râmétal ! Râmétal !
Les passagers descendaient un par un, mais le regard de la petite fille fut attiré par la locomotive. Le monstre d'acier s'endormait tranquillement en attendant l'heure du prochain départ.
- On peut rester voir le train partir mère ? demanda la petite fille.
- Non, je suis désolé. Il va falloir rentrer. La nuit ne va pas tarder à tomber, et il fera très froid cette nuit.
- S'il te plait …
- Non, je suis désolé Maetel, il faut rentrer.
Maetel quitta à son grand regret la gare et son activité passionnante. Elle trouvait sa mère très préoccupée en ce moment. Elle parlait souvent du froid, du soleil qui allait mourir et de plein d'autres choses dont elle ne comprenait pas vraiment la signification.
Sur le chemin du retour, Maetel osa poser la question :
- Mère, qu'est ce que çà veut dire « mécaniser » ?
La mère, surprise, regarda avec de grands yeux sa fille.
- C'est quelque chose qui ne t'arrivera jamais Maetel. Je te le promets, en tant que Reine de Râmétal.
La fille se contenta se cette explication peu développée et se remit à penser joyeusement au train qu'elle venait de voir.
Ce galaxy express la fascinait…
