Disclaimer: Heero n'est pas à moi, pas plus que Duo ou Quatre, ou Réléna, ou n'importe quel personnage de Gundam Wing. Par contre, Ethen, Daniel, Nat' et Clarence sont à moi, ou presque.

Auteure: Tyanilisha, soit moi-même

Couple: Pour les deux premières parties, je suis pas certaine qu'on puisse appeler ça un couple. Mais, si on veut, on peut noter un léger 02 x 01. Léger. Bon, ya 03 x 04, mais en arrière plan.

Résumé: Argh. La guerre est finie, les pilotes se séparent. Seulement... seulement qu'est-ce que Heero est censé faire, maintenant ? Maintenant qu'il a vu Duo s'éloigner sans le retenir ? Qui va se souvenir que le soldat parfait ne sait pas ce qu'il doit faire maintenant ? A ne pas lire si on aime les Heero très forts.

Note: Oui, j'ai écrit le début en écoutant une chanson de Grégoire. D'accord. Mais je pense qu'on s'en éloigne assez vite.


Pas programmé pour ça

Partie 1: Rien qu'un soldat dans sa base

J'aurais aimé tenir ta main un peu plus longtemps, mais je sais que c'est impossible.

Pardon Duo. Tu t'en vas avec le sourire, oui, souris.

Tu t'en vas...

Je n'ai jamais tenu ta main, c'est vrai. C'est comme ça. J'aurai voulu être capable de communiquer. Mais je peux pas, tu sais.

Je suis pas programmé pour ça, on m'a pas formaté pour ça. On m'a formaté pour la guerre, et la guerre uniquement, pas pour communiquer avec les autres.

C'est comme ça.

Je te regarde t'éloigner.

Tu t'éloignes, et c'est comme ça.

Ta natte se balance, comme toujours, captant les rayons du soleil. C'est vrai, il fait beau ce matin. Quatre te sourit, et attend que tu arrives à sa hauteur. Moi, je te regarde t'éloigner. Je ne dis rien, parce que je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas comment dire, je ne dois pas dire. J'aimerai beaucoup. Mais c'est comme ça. Je suis fait pour la guerre. On m'a formé pour la guerre. Pas pour m'exprimer.

Moi, il ne me reste qu'une vieille photo de nous cinq, que tu as mis de force dans mon sac.

Tu t'éloignes, jusqu'à monter dans cette voiture et disparaître, petit point noir lointain, qui se confond avec d'autres, d'autres voitures, d'autres appareils. D'autres petits points noirs à l'horizon. Mais aucun n'est intéressant, aucun ne s'éloigne inexorablement. Aucun ne fait aussi mal. Je le mérite. J'aurai aimé te parler, te dire vraiment de ne pas t'éloigner, de ne pas me laisser tout seul.

Maintenant je suis tout seul.

Trowa a rejoint Catherine, Wufei aurait retrouvé des traces de survivants de son clan, Réléna rattrape le temps perdu avec son frère, tu étais le dernier à partir, dernier avec Quatre.

Maintenant je suis seul.

Les mads ont abandonnés la base, ils sont partis dans des labos à la pointe de la technologie, officiels et subventionnés ... Les sweepers ont réintégrés des quartiers moins en marge. Maintenant, il n'y a plus personne dans cette base qui fut l'une des principales bases rebelles. Elle a été désarmée, puis désaffectée. Réléna m'a bien proposé de l'accompagner, mais ça n'avait pas de sens. Et elle est partie vingt quatre heures avant toi. Alors je suis resté, pour vingt quatre heures, et pour ne plus voir personne après. J'ai été formaté pour la guerre. Je reste là où en subsistent les dernières traces. Ça ira comme cela.

Les couloirs sont vides et silencieux, les salles paraissent immenses. Il n'y a plus que quelques chambres, quelques salles d'eau et la cafétéria, d'aménagées. C'est comme un labyrinthe en acier et en béton, vide et dénué de sens. Grotesque.

Il est comme moi, ce bâtiment.

Il n'a plus d'utilité, tu sais, moi non plus. Je t'ai regardé t'éloigner, c'est comme ça.

Je n'ai pas su communiquer, c'est comme ça. Je n'ai pas su te laisser m'approcher. C'est comme ça.

Ce soir, dans l'obscurité, tout mon corps tremble par à-coups. Il parait que ce sont des sanglots. Il parait que ça extériorise la douleur mentale, les peines de cœur, la tristesse. Il parait.

Je ne sais pas, c'est la première fois que ça m'arrive, dans cette base froide et déserte. J'ai déjà pleuré. Mais je ne me souviens pas avoir eu autant envie de me rouler en boule, de revoir encore et encore les instants où tu t'es éloigné ce matin, et de ne jamais plus ouvrir les yeux.

J'aurais pu te demander de rester avec moi. De m'emmener. Tu aurais surement refusé. Mais même si tu avais accepté, je ne l'ai pas fait. Les mots se sont perdus avant même de former des phrases cohérentes et compréhensibles.

Je voulais. Je veux toujours. J'ai mon portable, ça ne prendrait pas longtemps, de t'envoyer un message, de te joindre. Je ne le ferais pas.

Je sais faire la guerre. Le reste je ne sais pas comment il faut s'y prendre. Je ne sais pas comment on fait.

Aah.

Tu as essayé de m'apprendre, c'est vrai.

Je devais faire la guerre, réussir les missions, faire la guerre, être un soldat, faire la guerre, être une arme, faire la guerre et la gagner. Je ne pouvais pas comprendre ce que tu voulais de moi, et J disait, il répétait que ça n'avait aucune importance, il n'y avait que la guerre, la guerre et les ennemis. Les missions. Les batailles. Les Gundams. Wing doit avoir été détruit.

Pardon de ne pas avoir réussi à t'écouter et à comprendre ce que tu disais. J'en suis désolé.

Tu as raison. Je ne suis qu'un putain de soldat.

Dans quelques jours, il n'y aura plus d'électricité, les générateurs ont été retirés, les batteries ne tiendront pas longtemps.

Plus d'eau chaude non plus en conséquence. Ce n'est pas grave. L'eau froide réveille et empêche de perdre du temps. Un soldat économise son temps, un soldat est toujours en alerte. La guerre est finie, la base est vide, je suis toujours un soldat.

Comme un petit soldat de plomb qui reste à sa place, sagement, bravement, attendant encore et encore.

Ça veut aussi dire que d'ici une semaine, plus de portable.

A force de songer au futur, mon corps s'est calmé, et il y a juste ces larmes qui coulent encore et encore, qui se contentent de déborder de mes yeux malgré tout mes efforts. Je ne vais pas tarder à m'endormir.

J'ai mal dormi. Ton image me tournant le dos en s'éloignant passait encore et à nouveau, sans fin. J'ai fini par me lever, sortir de la chambre blanche et fonctionnelle dans laquelle je suis installé. Elle ressemble presque à une cellule. Murs blancs, pas de fenêtres, un lit qui ressemble plus à une couchette, une chaise, un lavabo. Et un petit miroir juste au dessus qui permet à peine de voir l'intégralité d'un visage. Je n'ai pas besoin de me voir. Pas besoin de voir mes yeux rouges et cernés, pas envie de constater que tu me manques. A peine une journée que tu es parti, de savoir que je ne te reverrais pas transforme cette journée en années.

Je suis juste un soldat.

Je suis juste un soldat qui aurait aimé savoir te parler et savoir quoi te dire.

C'est frustrant, de vouloir, de vouloir à s'en rendre malade, à en vomir, et de ne pas arriver à le faire. Juste parler, communiquer avec quelqu'un, parler pour parler, ou pour parler de soi, pas ordonner ou informer sur une mission. Mon ordinateur est là, sur la chaise. Il suffirait que je l'allume. Que je rentre dans la messagerie. Réléna répondrait aussitôt, surement. Je n'ai pas l'adresse de Trowa, ni celle de Chang. Ils se sont débarrassés de leur ancienne messagerie, et je n'ai pas les nouvelles. Bien sûr j'ai mon téléphone portable, il sera définitivement déchargé ce soir.

D'ici une petite semaine, je n'aurais plus aucun contact avec le monde. Ni avec la Terre, ni avec les colonies.

Et j'ai retrouvé une caisse pleine de pilules nutritives. Ça ne remplit pas l'estomac, ça fournit juste le corps en énergie, c'est suffisant, et là il y en a pour au moins deux ans de repas biquotidiens. J'ai juste à en prendre une le matin, et une le soir.

Juste ça, et attendre.

Attendre qu'il y ait une nouvelle guerre, de nouvelles horreurs, encore des morts, des corps, des cadavres.

Attendre que Réléna ait besoin de moi.

En fait, juste attendre, ça suffira.

*****

Cela fait une bonne semaine, peut être plus, qu'il n'y a plus la moindre étincelle d'électricité. Ma chambre étant plus ou moins au cœur de la base, je ne sors plus, par peur de ne plus retrouver ma chambre au milieu de tous ces couloirs noirs et déserts. Tous les jours j'explore un peu, pas trop, je ne dois pas me perdre. J'évolue en aveugle.

La lumière du jour commence à me manquer, mais j'ai trouvé une fenêtre en hauteur, il y a trois jours. Elle est petite, et c'est la seule que j'ai pu découvrir pour le moment.

Finalement, je ne suis pas un bon soldat, je ne connais pas assez bien le plan de cette base, je n'ai pas noté toutes les fenêtres, toutes les portes alors que je pouvais encore y voir.

Je passe mes journées à m'entraîner et à dormir. Le début a été dur, c'est comme ça, c'est toujours dur de fait. Tu me manques horriblement, mais pas que toi, et je m'en veux, n'avoir su contacté personne quand je le pouvais, de n'être parti avec personne. Je n'ai pas eu ce courage, de contacter quelqu'un, de vivre au contact d'autres personnes.

Je ne suis rien d'autre qu'un soldat. Plus très bon.

Un soldat de dix huit ans que la guerre a usé et fissuré avant de l'abandonner.

*****

Mon estomac s'est presque habitué à ne plus recevoir de nourriture, rien que de l'eau et des pilules. Pilules, dont j'ai diminué la dose, je n'en prends plus qu'une par jour, cela me permet de dormir plus, ou de somnoler, je ne sais plus. Parfois, je rêve que tu es là, ou que je suis encore avec vous.

Vous me manquez.

Ton absence me détruit, ça fait un vide, un manque qui me donne envie d'hurler. Hurler juste pour entendre une voix, et savoir si je suis réveillé, ou si je rêve encore.

Indéfiniment, j'attends.

Il faut que je fasse attention, il m'arrive d'oublier de prendre cette foutue poudre nutritive, mon horloge interne s'est peu à peu détraquée, sans date, sans heure, sans soleil. D'ailleurs, je me demande depuis combien de temps je suis ici. Je ne sais plus à quand remonte ton départ. Je crois que je vais dormir encore un peu. Si j'ai de la chance, je ne verrais pas encore ces scènes de carnage, et la petite fille. Si j'ai beaucoup de chance, je te verrais.

*****

-" Duo ! Enfin j'arrive à te joindre !

- Salut Quatre, désolé, je suis très pris en ce moment

- L'orphelinat, c'est ça, hein ?

-Oui"

Rien qu'au téléphone, Quatre sent son meilleur ami sourire

-"Comment vont les petits monstres ?

- Ils vont bien, Clarence s'est fait adopté hier par un couple vraiment adorable, il avait un peu peur, mais ça ira. Dis-moi, toi et Trowa n'envisager toujours pas d'adopter ?

- Eh bien, c'est une question dont nous n'avons pas reparlé en fait.

- Disons que j'ai un gosse qu'a été pas mal traumatisé, et ce serait vraiment bien s'il pouvait retrouver un foyer stable et aimant rapidement. Il ne parle plus... Il me rappelle Heero parfois ... Il a besoin qu'on s'occupe de lui ce gosse, au contraire de mister perfection

- Ah, justement, je t'appelais au sujet d'Heero, jme demandais si tu n'avais pas des nouvelles de lui ?

- Non aucune. "

La voix de Duo venait d'atteindre le zéro absolu. Une voix qui signifiait qu'il n'avait toujours pas digéré l'attitude et le manque de nouvelles du japonais

- En fait Duo, personne n'en a ...

- Et alors ? S'il a décidé de disparaitre, qu'à cela ne tienne; bon débarras !

- Arrête Duo, on sait tous les deux que tu n'en penses pas un mot. Ce que j'essaye de te dire, c'est que je n'ai strictement aucune trace de lui, quelque soit les moyens que j'ai pu utiliser, même les informateurs de ma société. Même Réléna ne l'a pas vu. En fait, nous sommes les derniers à l'avoir vu, toi et moi, Duo.

Il y eut un silence au bout de la ligne

-"Que cherches tu à dire Quatre ? "

La voix était toujours aussi froide, mais Quatre, qui connaissait bien l'américain, sentit le tremblement qui se cachait derrière. Malheureusement, il n'avait rien pour le rassurer. La seule chose, c'est que le corps d'Heero Yuy n'avait pas été retrouvé. Point. Pour autant qu'il le sache, il pouvait très bien être mort. Mort, agonisant ou déjà enterré.

-"Duo, après Heero, c'est toi qui est le meilleur pour retrouver une piste.

-...

- Et Trowa, tout comme moi, voudrait au moins un endroit pour pleurer et se recueillir

- Quatre, TAIS TOI JE T'INTERDIS D'INSINUER QU'HEERO EST MORT ! Il n'est pas mort, il ne veut plus nous voir, ne nous juge pas digne de sa présence, mais il n'est pas mort !

- Duo, s'il te plaît

- QUOI ?

- Je t'en prie, tu veux bien prendre une semaine, sept minuscules jours pour le chercher ? Tu es celui qui le connait le mieux

- Tout le monde connaît un glaçon.

- Duo ... Je suis désolé...

- Tais-toi. Il n'est pas mort, tu m'entends ?

-...

- Très bien, je vais le retrouver. Sept jours Quatre. 168 heures pas une de plus.

- Duo, je

- Et vous ré-envisagez avec Trowa de savoir si vous voulez ou non un gosse.

-Tout ce que tu veux.

-Quatre, je te déteste.

- Mais oui mon Duo.

- Sinon, tout va bien ?

- Oui, Wufei songe de plus en plus à te rejoindre.

- Wuffie s'occuper des enfants ... J'attends de voir ça. Jte laisse, si jdois partir demain il faut que jme prépare et que j'aide Hilde à préparer un planning. Et je dois convaincre Daniel de venir l'aider mais ça devrait aller. Et après tout, Nat' est là.

- Et par où tu vas commencer ? "

A nouveau le silence se fait. Quatre regrette d'avoir posé la question, après tout il a déjà obtenu beaucoup, Duo va laisser "ses" enfants et partir chercher celui qui lui a fait si mal en le rejetant durant toute la guerre puis en l'ignorant totalement. Même s'il ne l'avoue pas, Duo tenait beaucoup au japonais.

-"Réléna.

-J'ai déjà essayé.

- Mais Quat chan, tu es très diplomatique. Moi pas. J'en ai rien à cirer de bousculer Miss reine de la paix"

Duo raccroche.

Il soupire, puis se lève d'un bond. Il y a du pain sur la planche, puis Shinigami devra reprendre du service.

*****

-"Comment ça, tu n'as aucune nouvelle non plus ? Tu ne veux pas me faire croire que tu ne l'as pas recherché ?

- Si, je l'ai recherché, Duo, j'ai même lancé une enquête, qui n'a rien donné. Je ne l'ai pas retrouvé, ni lui, ni personne ne l'ayant vu.

- Il n'est pas devenu l'homme invisible !

- Duo calme toi, tu parles à ma sœur ! s'énerva Zechs.

- Toi, ta gueule, je réfléchis. "

Le blond fronça les sourcils et croisa les bras mais s'abstint de tout commentaire. Les couteaux de lancers avec lesquels Duo jouait négligemment devait l'avoir convaincu de ne pas trop provoquer l'ex pilote de Gundam.

Cette discussion avait eu lieu il y a quelques heures. Depuis le natté avait de nouveau épluché les journaux en diverses langues, les réseaux, les informations, il avait multiplié les coups de fils, mais toujours rien. Dans cinq jours, il rentrerait à l'orphelinat.

Vers 4h du matin, aucun élément nouveau n'était apparu. Duo se masse les tempes du bout des doigts et se résout à la seule solution qu'il reste: s'il veut retrouver la trace d'Heero Yuy, mieux vaut commencer par là où ils se sont quittés. La base au milieu de nulle part. Il n'y aurait probablement rien, mais sait-on jamais. Et comme cela, il n'y aurait pas de regrets à avoir.

Quelques heures de sommeil plus tard, il roule dans la jeep que Quatre lui a fait fournir. Il en a au moins pour cinq à six heures de route, après quoi il devra prendre l'avion, et à nouveau quelques heures de route.

Il arrive sur les lieux alors que le soir tombe. Il est parti par une belle matinée ensoleillée, et le voilà revenue par une soirée dont l'air pesant accentue le sentiment d'étouffement donné par le ciel rougeoyant. Il se tourne à contrecœur vers le bâtiment gris et sombre. Surement vide et plein de bestioles. La porte d'entrée semble n'avoir pas servi depuis qu'il est parti, et c'est sans effort qu'il pénètre dans l'obscurité. Heureusement, il avait prévu le coup, et a amené plusieurs lampes. Egalement, il a de quoi rétablir un minimum de courant dans sa jeep, dans le cas improbable qu'il y ait quelque chose d'intéressant.

Couloir après couloir, salle après salle, il n'a rien trouvé. Quelques araignées, oui, deux ou trois cartons, des vieux meubles usées et inutilisables. Et un détail gênant. Dans l'immense garage, la moto qui devait permettre à Heero de s'en aller est toujours là, recouverte de poussière et de saletés. Et Duo a de plus en plus ce sentiment bizarre qui le prend à la gorge et accélère son cœur. Il a peur, peur de trouver un cadavre en décomposition au détour d'un couloir, derrière l'une de ces portes.

S'enfonçant toujours plus loin, il parvient enfin à la partie habitation, enfin, ce qui devait être la partie habitation il y a plusieurs années.

Au début, c'est si faible qu'il croit rêver. Puis il pense que c'est l'eau, dans les canalisations. Mais ce mensonge à lui-même ne le trompe pas longtemps. C'est la voix d'un homme, un homme qui chantonne, qui fait le bourdon plutôt. La voix est faible et cassée.

Un "mmmm" qi résonne et rebondit sur les murs, reprenant les mêmes tons, le même air mécanique.

Duo a peur de ce qu'il va trouver. Peur dans le sens que cela va être horrible. Ça ne peut qu'être horrible. Qu'est ce qui peut bien être enfermé ici depuis suffisamment longtemps pour que la couche de poussière sur le chemin soit intacte ?

Il doit être aux alentours d'une ou deux heures du matin, quand il a la certitude d'être enfin derrière la bonne porte La bonne porte ? Vraiment ?

Lampe accrochée au poignet, couteau et revolver dans les mains, du bout du canon il pousse la porte. Et l'arme à feu chute aussitôt, Duo tombe à genoux, il n'a pas lâché la lame uniquement par réflexe du à son enfance dans la rue.

-"God, Heero ..."

Choqué, Duo ne sut jamais par quel miracle il parvint à atteindre le lit sur lequel reposait son ancien coéquipier. Sans arrêter de fredonner, Heero referme ses bras autour des épaules de Duo dont les lèvres tremblent, entrouvertes, et qui ne parvient pas à se ressaisir. Mais après tout, Duo n'est qu'une illusion, un rêve n'est ce pas ?

Tout ce qui compte est de calmer Duo et de rester dans ce rêve, ce rêve si confortable où l'américain est venu le voir.

Duo, après un long moment, se dégage de la faible étreinte. Comment est on arrivé là ?

Comment Heero a t'il pu en arriver là ?

Le corps devant lui (ça ? un corps humain ? Vraiment ? Ça n'y ressemble que vaguement)

La peau sur les os, blême au point d'en être translucide, Heero était en tout point semblable à un cadavre

Il respire à peine, et son cœur bat lentement, sans parler de son corps presque froid.

Duo serra les dents.

Depuis combien de temps cet imbécile s'était enfermé ici ? Sans voir la lumière du jour ?

Son pied bute contre une caisse, alors qu'il se dirige vers le lavabo qu'il a entraperçu en entrant.

Des pilules nutritives. Bien sûr. Avec ça, plus besoin de manger. L'américain sent sa colère monter peu à peu. Pourquoi ce con se laisse t'il mourir ? Après tout, il n'a besoin de personne, c'est le soldat parfait !

L'air devient progressivement étouffant.

Etouffant de mort et de solitude.

Enveloppant le corps dans un drap, Duo le soulève doucement, avec un trop plein de prudence. Il a peur de briser ce corps si fragilisé. Mais il veut sortir. Maintenant. Rester ici le rend fou.

Il repart donc dans le sens inverse, vers le ciel, l'air libre et la lumière. L'impression d'étouffement persiste et s'amplifie. L'air en est malsain. Enfin, cet air a trois mois, trois mois sans circuler ni passer au soleil. Duo s'oblige à garder son calme et à ne pas courir. Il ne manquerait plus qu'il ne se perde. Les couloirs gris et sombres se ressemblent tous, et qui sait, peut-être qu'il s'est perdu, peut-être a-t'il mal repéré son trajet à l'aller, peut-être la base ne veut-elle pas le laisser sortir, cette base, si grande, si vide, si inutile en temps de paix. Peut-être que la base ne veut pas laisser partir son dernier soldat, et qu'au détour d'un couloir, il sera face à un cul de sac, et il s'effondrera, en tenant Heero, ils s'effondreront, et la base ne le laissera jamais rejoindre l'extérieur, partir, s'enfuir, loin, loin de ce lieu trop désert et trop mort.

Duo est Duo, et il ne se perd pas.

Quand enfin ils atteignent la sortie, le jour pointe son nez. Il a du passer un moment choqué au chevet d'Heero ... plus longtemps qu'il ne le pensait. La jeep est toujours là, et l'américain en soupire de soulagement. Il installe son fardeau avec précaution et l'attache, en position assise, place passager.

Heero ouvrit les yeux. Encore.

Il ne pensait plus rouvrir les yeux.

Il rêvait de Duo ...

D'ailleurs, il devait toujours rêver, car il n'était plus dans le noir. Une lumière insoutenable l'obligea à réprimer un sifflement de douleur.

Il les referma et se crispa. Il se sentait faible, si faible, pas suffisamment pour mourir. Malheureusement.

Il y avait une couverture chaude et légère sur lui, et il était mieux que depuis plusieurs semaines. Ou plus. Ou moins. Il perdait la notion du temps.

-"Hee-chan, t'es réveillé.

Un gémissement lui répondit.

Heero ferma les yeux plus fort, et serra le drap que ses mains avait agrippé. Ce n'était pas la voix de Duo, ça n'était pas possible, il était dans cette base froide, déserte et vide. Il rêvait voilà tout. Il rêvait, ou hallucinait.

Absolument à son aise dans le noir, Duo s'assit sur le rebord du lit. Avant, Heero l'aurait déjà envoyé à terre, rien que parce qu'il s'était trop approché. Il se pencha sur le corps si blême et posa sa main sur celle d'Heero. Deux puits cobalts plongèrent enfin dans ses améthystes, mais aussitôt, Heero referma les yeux, et tout son corps se mit à trembler. L'américain tâtonna jusqu'à trouver son visage et sursauta. Heero Yuy sanglotait.

Duo hésita, tergiversa, et finalement adopta l'attitude qu'il avait lorsqu'un enfant à l'orphelinat avait fait un cauchemar. Il souleva le haut du corps avec précaution pour poser la tête du brun sur son épaule, et lui caressa le dos en le berçant.

-"Là, là, ça va aller, c'est fini, chut, ça va aller..."

Heero se débattit faiblement avant d'abandonner. Le corps de Duo était chaud, et ses bras étaient rassurants, après tout ce vide, tout ce manque.

A chaque fois que Duo s'arrêtait de parler, le japonais sanglotait finalement, il ne se rendormit que plusieurs heures après, laissant Duo la gorge sèche et les larmes aux yeux. Il avait bien cru ne jamais réussir à le calmer. Il profita du sommeil de son ancien coéquipier pour prévenir Hilde qu'il ne reviendrait pas toute de suite, et Quatre pour lui dire qu'il aimerait squatter son appart dans Sank encore quelques jours.

Au deuxième réveil d'Heero, il faisait jour, et Duo aérait la pièce. Un gémissement lui fit refermer les rideaux, ne laissant qu'un rai de lumière entrer dans la pièce

-"Heero, si tu es réveillé, je voudrais que tu m'expliques l'état dans lequel je t'ai trouvé...

-"Heero, ouvre les yeux. Je sais que tu es réveillé.

-Nnn...

-Heero, allez, regarde moi en face !

-Nan ..."

Duo tressaille, la voix est enrouée, comme si, non, pas comme, puisqu'il n'a pas parlé depuis plusieurs mois. Il n'a dû produire que ce bruit de gorge, ce "mmm" qui résonnait dans les couloirs vides et froids de l'ancienne base militaire rebelle. De nouveau Duo adopte une attitude dont il se sert avec les enfants traumatisés qui arrivent à l'orphelinat.

-"Pourquoi tu ne veux pas ouvrir les yeux ? Il ne va rien t'arriver, tout va bien, ce n'est que moi, tu n'as rien à craindre, c'est promis.

- ...

- Heero, il faut que tu m'expliques, je ne te forcerai pas la main, j'aimerais juste comprendre. Tu veux bien m'aider à comprendre ?

- ... se tait Heero, mais ses épaules tressaillent

- Heero, tu me connais, tu sais que je ne te ferais rien.

- nnnn

- Et si je te pose des questions, tu me réponds en bougeant la tête, tu peux ?

- ...

- On y va, qui ne dit mot consent. As-tu soif Heero ? Oui ? Ne bouges pas, je reviens tout de suite. Lâche moi, je reviens tout de suite, c'est promis, je ne vais pas te laisser mourir de soif. S'il te plait Heero ... Lâche mon bras, je reviens, c'est promis.

- ...

- Pourquoi tu ne me crois pas ? I run, I hide, but I never lie, tu n'as pas oublié tout de même ?

- Tu n'es qu'une illusion."

Ah, il aurait du s'y attendre. Heero le prend pour un rêve. Logique, après avoir vécu trois mois dans le noir et le silence, qu'il confonde la réalité et l'illusion. Mais non, cette fois, Duo n'est pas une illusion.

-" Heero, je ne suis pas une illusion. Je t'ai récupéré dans la base 0906572 hier.

- Menteur.

- Heero, je ne mens jamais ! Tu le sais très bien ! s'énerva Duo.

- Menteur, Duo s'en est allé. Il ne reviendra pas me chercher. Jamais. Pourquoi le ferait-il ?

- Hee-chan, soupire le natté, au bord des larmes, je tiens beaucoup à toi, même si ce n'est pas facile, tu es mon coéquipier, je ne te laisserais jamais dépérir et mourir tout seul. "

Il retient à temps le "comme un rat". Heero était agonisant, Heero agonisait, tout seul, tout seul depuis plusieurs mois, sans personne à qui parler, sans rien à faire, sans lumière et sans nourriture solide. Comme un rat. Duo a du mal à ne pas fondre en larmes, mais n'est pas Shinigami qui veut et il inspire profondément, gardant une voix calme et posée. Une voix qu'il espère rassurante et convaincante.

-"Heero, il faut que tu me croies. Ouvre les yeux, tu verras que je suis juste à côté de toi, tu tiens mon bras, c'est bien la preuve que je suis là, non ?

- Nnnn, gémit le japonais, avec un air d'enfant perdu.

- Ouvre les yeux, Heero, il n'y a pas trop de lumière, ça ne te blessera pas, et tu verras que je suis bien là ... "

Les paupières se crispent, puis se lèvent rapidement pour se refermer avant de se rouvrir définitivement. Le regard bleu profond est flou et brillant, et s'ancre très rapidement sur la personne à ses côtés. Duo est bien là. C'est la vérité. Duo est là. Non. C'est impossible. Duo ne peut pas être là.

-"C'est ... juste ... une autre hallucination, Duo ne reviendra pas, Duo est parti."

Il n'a aucune raison de revenir.

- "Heero, je suis là, c'est pas une hallucination.

- Nonnn.

- Ben si, je t'assure, je ne suis pas une hallucination. Je suis bien placé pour le savoir, non ? Comment ça non ? Râh, t'es pas possible Hee-chan.

- ...

- Et si je ... euh ... hésite Duo, si je te pince tu me croiras ? "

Signe de tête négatif. Désespéré, Duo sortit un couteau de sa manche et se coupa légèrement le bras, quelques gouttes de sang glissèrent sur la main d'Heero qui s'agrippait toujours désespérément au dit bras.

-" Et là tu me crois ? Tu veux pas non plus que je le fasse sur toi ?

- ...

- Je t'arrête tout de suite, c'est hors de question ! T'as vu ton état ? Je vais pas te blesser en plus, ça va pas bien ?

- ...

- J'ai dit non. "

Il a dit non. Mais si Duo ne savait déjà pas résister aux yeux cobalts pendant la guerre, maintenant que lesdits yeux s'ajoutent à un air apeuré et perdu de gosse, le combat est perdu avant même d'avoir commencé. La lame se pose délicatement sur le bras si fin dont la peau laisse voir tous les vaisseaux sanguins. Il fait glisser le couteau sur la peau, en appuyant à peine et presse aussitôt la coupure.

-" Là ! Convaincu ?

Un signe de tête positif lui répond et la main qui tenait son bras se relâche.

-" Bien, je vais peut être enfin pouvoir aller chercher un verre d'eau. "

Une minute plus tard il est de retour dans la chambre, et c'est un visage impassible qui l'accueille.

-"Oh youpi. Le soldat parfait est de retour. Génial ...

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ? Tu me questionneras plus tard. Bois. "

En le soutenant, et en tenant le verre, l'américain fait boire l'autre et l'aide à se rallonger.

A suivre


Tyani: Correction, OK, chapitre suivant, OK, épilogue, en cours.

Tyanilisha: Je sens que j'ai oublié quelque chose...

Tyani: Titre ?

Tyanilisha: Jme disais aussi.

Tyani: Comment ça, pas de titre ? T'écris sur un coup de tête, finalement ça passe de une page à huit et demie plus une autre partie plus au moins un épilogue. Et pas de titre ? Tu te fous de moi !? Trouve un titre TOUT DE SUITE !

Tyanilisha: *déjà en train de gribouiller autre chose* Oui, oui, j'y pense. Très fort.


Tyanilisha