Désolée pour ceux qui attendent la suite de "The DL6 case", je n'ai pas trouvé le temps de faire la suite, mais l'histoire n'est pas tombée aux oubliettes ne craignez rien! En attendant voilà un petit conte pour la saint-Valentin sur l'enfance de Miles. Je mettrais ici d'autres petites histoires de ce type là. J'utilise toujours rappelons-le, les noms en anglais pour les personnages.

un petit dessin de Sato-Igarashi pour cette fête commerciale tant attendue: h t t p : / / f c 8 2 . d e v i a n t a r t . c o m / f s 4 0 / i / 2 0 0 9 / 0 4 5 / 2 / c / H a p p y _ V _ D a y _ _ G S _ _ b y _ S a t o _ I g a r a s h i . j p g (sans espaces biensûr)

1. Pour les temps difficiles

Date:???

Heure:???

Lieu: ???

Edgeworth donnait des coups dans les cailloux qui se retrouvaient malencontreusement sur son passage. La tête baissée, les mains dans les poches, il ne se souciait pas des rafales de vent qui lui lacéraient le visage. Il n'était pas venu le récupérer, encore. Mais quelle importance. Même s'il en avait le temps, il n'en avait pas l'envie. Miles trouvait déjà surréaliste de le voir la récupérer à elle. Cet homme ne s'intéressait qu'à lui, et tant que Miles ne partageait pas le même nom de famille que lui, il n'y avait aucune raison pour qu'il le considère comme son fils. Le jeune adolescent finit par atteindre le seuil de la demeure Von Karma. Une si grande maison avec son décor rococo, difficile de passer à côté. Il sonna au portail et celui-ci s'ouvrit automatiquement. Il traversa la longue allée et atteignit enfin la porte d'entrée. Le chemin lui avait paru long, très long, trop long, il se sentait étrangement lourd. Chaque pas vers cette maison lui avait été plus pénible encore que le vent glacé qui lui avait saigné les joues. Tourner la poignet lui demandait un effort énorme. Ce bout de métal froid semblait lui brûler les mains, et le geste pourtant si bien connu était chaque jour plus dur et plus éprouvant. Miles retira ses chaussures vernies et les plaça côte à côte dans l'entrée. Une jeune domestique l'aida à enlever son manteau et l'accrocha:" Guten Tag Miles!" Elle serra chaleureusement dans ses bras un jeune garçon qui ne répondit pas à sa tendresse mais qui lui esquissa un fin sourire: "Hast du hunger?" lui demanda l'éblouissante tête blonde, "Nein, vielleicht später" lâcha-t-il avant de commencer à monter les escaliers rapidement "Warte!" l'appela-t-elle. Miles se figea à mi-chemin et se retourna. La domestique sortit une lettre de sa poche et la lui tendit "Ein... uh, une lettre pour monsieur. Das... ça vient de ce garçon, encore."

"Ah, oui, merci." Il se saisit de l'enveloppe. La demoiselle rougit et essaya de s'exprimer dans la langue de son jeune maître "Vous m'avez dire que monsieur Von Karma ne doit pas être courant, alors je pris la lettre avant qu'on ne la voit." Décidément, son accent la rendait encore plus mignonne. Miles lui fit un grand sourire cette fois et lui serra les mains tendrement "Viele Danke." Il lui avait glissé un chocolat dans la main et repartit aussitôt s'enfermer dans sa chambre.

Edgeworth dos à la porte poussa un petit soupire et n'ouvrit pas la lettre tout de suite. Il la jeta sur son lit avant de commencer à se changer. La chambre de Miles était immense et spacieuse, quoiqu'elle était la plus petite pièce de la maison. Il disposait d'un lit deux places à baldaquins, d'un bureau en osier, d'un canapé en cuir pourpre assorti d'une table basse, et d'une armoire jamais assez remplie.

Miles se regardait dans le miroir tandis qu'il déboutonnait sa chemise blanche. Enfin, il ne se regardait pas vraiment, il avait plutôt les yeux dans le vague.

Il n'avait pas de chance… à son traumatisme, s'ajoutaient les soucis du quotidien. Certes il n'était pas devenu la cendrillon de la maison qu'on maltraitait et à qui on obligeait de faire le ménage, il n'était pas non plus le Harry Potter qui dormait dans le placard, mais chaque jour, l'indifférence se lisait sur le visage des Von Karma quand il le regardaient, et ils ne le faisaient pas souvent. Franziska était une fillette bizarre. À neuf ans, elle affichait un très fort caractère et son père ne lui refusait rien, mais il était sévère dans sa manière de l'éduquer. Elle se moquait souvent de Miles et profitait de chaque occasion pour le rabaisser et lui montrer sa supériorité. Elle aimait également le taquiner quand il s'agissait de ses goûts en matière de vêtements et de couleurs et savait des choses sur lui qu'il ne voulait pas que Manfred apprenne, ce qui lui conférait un certain pouvoir sur le garçon « Si tu ne m'aides pas pour mes devoirs je dirais à papa que je t'ai surpris à jouer à la poupée dans ma chambre! » « Je ne jouais pas à la poupée! Je… J'arrangeais sa tenue, le fuchsia lui va mieux… J'ai fait ça par manie… Mon esprit maniaque veut que tout soit en ordre, ce n'est pas ma faute, et je n'ai sûrement pas fait ça pour le simple plaisir de jouer à la barbie… » « Miles joue à la poupée! Miles joue à la poupée! Miles j-- » « Chut! C'est d'accord je vais t'aider… » Ce monstre savait tromper son monde et faire bouger ses pions à sa guise. La grande sœur de Franziska n'était pas beaucoup plus veille que lui, elle devait approcher de la majorité et n'était pas souvent présente, elle devait beaucoup plus ressembler à la mère qu'au père. Manfred… Il n'y avait pas grand-chose à dire. Miles ne comprenait pas pourquoi il l'avait adopté et ce dernier ne lui donnait jamais de réponse précise. Le sujet de l'accident de son père était un sujet tabou. Les seules fois où son nom était prononcé, c'était pour rabaisser Miles: « Tu n'as pas eu la note maximale. Tu es bien le fils de ton père, Gregory Edgeworth » .

Miles tourna la tête vers la lettre. L'adolescence lui causait aussi beaucoup d'ennuies. Encore heureux de ne pas faire partie de la catégorie des jeunes à la peau acnéique, Miles aurait du passer par une autre phase gênante mais moins contraignante: les amoures de jeunesse, mais bizarrement, aucune fille ne l'attirait et il ne se mettait pas non plus à visiter de sites pornographiques. Il n'essayait pas non plus de se procurer de magasines cochons… Était-ce grave?

Aujourd'hui on était le 14ièm jour du mois de février et son casier débordait de lettres d'amours. Mais il n'en avait lu aucune. Par politesse il avait remercié les filles qui avaient écrit leur nom sur l'enveloppe (car il y en avait qui avait préféré garder l'anonymat) mais sans plus. Les lettres avaient fini dans la corbeille aussi vite qu'elles avaient atterrit dans son casier.

Miles prit l'enveloppe dans ses mains, la regarda longuement et se dirigea vers son bureau. Des lettres comme celle-là il en recevait chaque mois, et à chaque fête. Il savait de qui lui venait ses mots, mais ne comprenait pas pourquoi il les lui envoyait. Ces bouts de papiers souvent tâchés de fautes d'orthographes lui donnait l'impression d'être aimé de quelqu'un quelque part. Était-ce grave d'apprécier ce genre de correspondances? On ne pouvait pas appeler ça une correspondance vu que Miles ne répondait jamais à ces lettres…

Ces feuilles étaient la seule chose qui le retenait quand il passait près de la rivière. Elles lui bloquaient le chemin vers la cachette de l'arme personnelle de Manfred. Elles l'obligeaient à changer d'avis quand il voyait une corde. Le garçon qui se cachait derrière ce stylo bleu faisait battre son cœur chaque jour.

Miles ouvrit le tiroir fermé à clé pour y mettre l'enveloppe encore scellée. Le tiroir se renversa et déversa un flot de lettre qui semblait ne jamais s'arrêter. Une centaine de lettre était éparpillée sur le parquet; certaines ouvertes soigneusement, d'autres un peu déchirées. Quelques unes banales, toutes blanches, d'autres avec des décorations de noël, ou des bouteilles de champagnes, d'autres étaient ornées de petits soleils , certaines même étaient inondées de cœurs.

Miles avait arrêté de lire ses lettres depuis un bon moment. Il s'allongea dans le tas de papier et en serra une poignée. Il voulait les garder pour les moments difficiles.

Joyeuse St-Valentin, Phoenix Wright.