Yo ! Un très court OS (ou un drabble, à votre convenance) écrit pour la septante-sixième nuit du FoF, sur le thème Baguette donné par Cao dreams in books. Bonne lecture !
À la baguette
«Elle te mène à la baguette, tu en as bien conscience ? »
Il me dit ça, et ça sonne comme un reproche. Mais je ne suis pas vraiment d'accord. Ce n'est pas un mal, si ? D'un doigt incertain, je triture mon collier, pour jeter un œil à Larxène. Je fais souvent ça, quand je la regarde et que je ne veux pas qu'elle le remarque. Mais elle le remarque toujours, et me lance un sourire presque moqueur. Je ne peux jamais répondre que par un sourire sincère. C'est comme ça. À côté de moi, Sora soupire et Riku se tait. Elle, elle me fait un signe de tête, et je comprends directement qu'elle veut me parler. Je me lève instantanément. Je ne prends même pas la peine de m'excuser auprès des garçons, ils ont l'habitude. Je traverse la cour et me plante en face d'elle.
« J'ai soif. »
Je vais lui chercher un Oasis. C'est comme ça. Elle me mène à la baguette, je pense. C'est vrai. En fait, cette expression, je l'aime bien. Ça vient de la musique, du chef d'orchestre qui dirige les instrumentistes. C'est un honneur que de jouer pour elle, je me sens bonne, je me sens précise, je me sens complète comme la meilleure des violonistes. Je me ses artistes. Je serais bien incapable de dire quel est mon art, mais je sais que Larxène en est le maître incontesté. Peut-être est-ce une musique dont elle me dicte les notes à jouer, une peinture pour laquelle elle a décidé d'utiliser mes mains au lieu de ses pinceaux, une histoire écrite de mes mots, un film, une pièce de théâtre dont je suis la seule comédienne. Peut-être, non, sûrement que l'amour est un art, lui aussi. Un art qu'elle crée, et pour lequel, incroyable privilège, elle a besoin de moi.
Un chef d'orchestre sans instrumentiste.
Un peintre sans pinceau.
Un romancier sans vocabulaire.
Un réalisateur sans acteur.
Un metteur en scène sans comédien.
À quoi ça rime ?
À rien, rien du tout. Sans moi, elle ne rime à rien, et ça me rassure. Elle me mène à la baguette si elle veut, mais si je ne la suis plus elle est aussi seule et inutile que moi. Je lui rapporte sa boisson et la dépose dans ses mains. Elle a l'air mauvais et non, définitivement, Larxène n'est pas quelqu'un de bien. Silencieusement, elle m'ordonne de m'asseoir sur ses genoux, et je le fais aussitôt. Je ne vois même pas pourquoi j'aurais bien pu refuser. Par simple esprit de contradiction ? Pour quoi faire ? Ça me ferait une belle jambe, tiens ! Elle ne m'a jamais demandé quoi que ce soit que j'aurait dû refuser, légitimement. Elle ne m'a jamais demandé de partir, de m'éloigner. C'est sûrement ce qui me plaît le plus. Je l'embrasse, et elle ne se recule pas. Elle me répond. Je ne sais pas si elle m'aime ou pas, à dire vrai. Je ne m'en fiche pas non plus, mais cette situation me convient. Elle m'attire plus près. Elle me mène à la baguette, c'est vrai, mais qu'importe ? Ce qui compte, c'est où elle me mène, et tant que c'est vers elle, je la suivrai sans broncher.
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Voilà !
En espérant que vous ayez apprécié !
Mata nee ^^ !
