Tout le monde nous le dis... tout le monde nous le répète...
"Votre façon de croire vous mènera à votre perte ! Grandissez un peu et vous verrez que vous serez mieux accueilli dans cette société ! Oser mettre dans la tête d'un enfant fragile cette idée saugrenue et vraiment puérile, elle serait bien mieux avec nous !"
Je grinçais des dents en entendant ces paroles terre à terre. A croire qu'être idéaliste dans le travail que je fais est interdit... Pourtant, je restais neutre face à ses répliques cinglantes qui faisait pleurer les enfants auquel j'ai la charge. Il fallait que je reste forte pour eux, quoiqu'il arrive.
Pourtant, moi qui pensait que je partirais de cet endroit affreux, démissionner pour trouver un travail meilleur que celui qui se trouvait dans un établissement aussi horrible que celui-ci, je revenais tout les matins.
Dès 6h, j'étais là pour veiller sur eux.
Une main au cœur, mes yeux d'une profonde couleur marron virant au noir fixant les façades mornes et tristes de l'hôpital des enfants de la charmante ville qui m'avait vu grandir pendant des années, je commençais à marcher dans la neige épaisse fraîchement tomber par ce mois hivernal. J'espérais de tout mon cœur que la nuit c'était bien passé pour eux... En vue du mauvais tempérament du directeur et des soignants abrutis qui le suivent comme des moutons, j'étais pas sortie d'affaire.
Je portais un sac à dos distendu et lourd en plus de mon sac à main alors que mon manteau n'étais pas vraiment chaud. Je grinçais des dents alors que j'arrivais au seuil de la porte. Il n'y avait pas à dire, je préférais nettement être en plein mois d'été. Je n'avais pas de vêtement adéquate pour cette saison.
J'entrais dans l'établissement avec un regard attentif, me dirigeant vers les vestiaires pour me vêtir en tenue blanche avec les bordures rosâtres. Je pouvais entendre sur mon chemin des soignants ce plaindre alors qu'un enfant s'était réveillé en pleurant bruyamment. Je constatais très vite que cela provenait de mon aile. Je me mis à soupirer devant l'attitude des professionnels qui commençait à faire la morale au petit garçon traumatisé par le regard effrayant de celle-ci.
-Sérieusement...
C'est sur ce mot que j'accédais aux vestiaires par l'intermédiaire de l'ascenseur. Une fois changé et les cheveux attachés, je revenais sur mes pas avant d'ouvrir la porte qui accédait à la salle commune à mon unité et celle d'une de mes collègues arrivé, comme d'habitude, 30 minutes avant moi. Je poussais un soupir amusé avant de poser une main sur mes hanches en la voyant endormi sur la table.
-Faudrait vraiment que je t'achète un réveil matin pour éviter ce genre de problème avant l'embauche.
Elle fut prit d'un sursaut en se redressant subitement en faisant mine que rien ne s'était passé.
-Je ne vois pas de quoi tu parles, Enola...
-Et paye toi ma tête en plus !
On se regardait avec un sourire amical avant qu'on prenne place à la table de réunion, posant mon sac plein à mes pieds alors que l'équipe de nuit arrivait suivi du chef de pôle. Ma camarade matinale se nomme Leslie Favrin, une grande brunette d'un mètre soixante-dix qui était la seule que je trouvais saine d'esprit parmi toute l'équipe du service. Son allure détachée et quelque peu théâtrale me faisait beaucoup rire et elle était la soignante que les enfants de son aile aimait le plus. Elle adorait beaucoup son travail et ferait tout pour rendre les enfants heureux, tout comme moi.
Après un rapide bilan concernant cette nuit qui restait "normal" pour les veilleurs. On sortait de la salle avant que je ne prenne mon sac que je mettais directement dans notre salle de pause commune. Tout de suite, elle vint vers moi en faisant un sourire en remarquant mon fameux sac vieux depuis des années.
-Tu as réussi à t'en acheter avec le peu d'argent que l'on gagne ?
Je baissais le regard avec un sourire triste alors que je posais le sac sur la table, ouvrant la fermeture pour montrer les tablettes de chocolats colorés de la Chocolaterie Wonka.
-C'est pour eux ! Je serais prête à tout pour les voir sourire... J'ai sacrifié toute mon argent pour acheter les tablettes qui convenaient à leurs goûts, comme tu me l'avais écris sur un papier !
Leslie ne pu s'empêcher de me regarder avec tristesse. Pour elle, je donnais beaucoup trop aux enfants de l'hôpital et elle le savait que trop bien. J'avais la peau sur les os, les joues creux et j'étais souvent sujet à des maladies tellement j'étais faible. Mais je ne lâchais rien. Je venais quand même avec, cette fois, un masque en papier pour éviter de contaminer les enfants. La brune ne pouvait s'empêcher de me trouver bornée mais à la fois remplie de bonne attention, avec un sens du sacrifice parfois poussé. Pour elle, si elle pouvait y croire, je serais un ange gardien. Celle qui veille sur le bonheur des enfants ainsi que sur leur santé.
Elle vint à en prendre quelques tablettes avant de faire le décompte pour son aile. Alors que j'allais faire pareille pour ceux qui dormait dans mon aile appelé "Dreamers", mon téléphone se mit à sonner d'une façon mélodieuse. Je fus étonné avant de doucement regarder le numéro qui s'affichait à l'écran. Je fis un sourire en voyant qui s'était.
-Tiens ! Ma chère petite Kendy vient de se réveiller !
En entendant le nom de l'enfant que j'avais entièrement en charge par rapport aux autres en tant que tutrice légale, ma camarade fit un sourire avant de lever sa tête vers moi, avec un sourire rieur.
-Je sens clairement venir que tu vas m'abandonner pour aller prendre soin d'elle. Allez ! Laisse-moi dans ma galère et va t'occuper de cette petite !
Je déposais les tablettes sur la table avant de la remercier grandement avant de marcher rapidement vers la pièce que je connaissais par cœur, la chambre 13.
J'avais grandement hâte de revoir cette petite. Elle était celle qui me donnait du soleil durant ma journée et imaginer ma vie sans elle était, maintenant, impossible.
C'est avec cette pensée que je vins toquer à sa porte en douceur, le sourire doux aux lèvres.
