Petit souvenir d'Argentine
« Bordel Patron. T'as pas fait ça ?
- Je te promets qu'il restera sage !
- Sage ?! Non mais tu te fous de ma gueule ?! »
Mathieu gesticulait vigoureusement devant son double noir, qui pour une fois, ne savait pas trop où se mettre.
« Il est super attendrissant... Quand il fait sa moue... Et il a promis qu'il se tiendrait à carreaux.
- Ah il a promis, alors tout est réglé, il n'y a plus de problème. Tu te fous encore de ma gueule ?! Putain de merde !
- Je le surveillerai...
- Toi, mais bien sûr. Et puis, comment tu as trouvé ce type ?!
- J'étais en voyage d'affaire en argentine et il... Dansait sur la plage.
- Il dansait sur la plage.
- Dans cette tenue.
- Habillé en nazi.
- Avec un avion et un drapeau nazi derrière. »
Mathieu prit une longue inspiration.
« Tu as trouvé un double de moi nazi habillé en cuir avec une fausse moustache dansant sur les plages Argentines. »
Le Patron sembla hésiter avant de hocher la tête.
« Et tu l'as ramené ici.
- Il voulait tellement revoir la France...
- Chut. Ne dis plus rien. Juste. Tais toi. Je vais me débarrasser de ce mec.
- Mais...
- Pas de mais. Tu feras forceras quelqu'un à faire un cosplay si ça te fait rêver, mais j'ai assez d'un panda communiste comme dictateur dans cette maison. »
Après une courte réflexion par rapport au fait que ce type de phrase n'est pas du tout celui qu'on s'attend à dire quand on se réveille, il e dirigea vers la cuisine. Devant le frigo se tentait un postérieur enserré dans du cuir, qui se dandinait au fur et à mesure que son propriétaire fouillait pour trouver à manger. Quand il se redressa et vit Mathieu, le nazi poussa un cri efféminé.
L'original soupira. Un nazi LGTB & BDSM, manquait plus que ça.
« Alors c'est toi dont me parlait l'homme en noir ! C'est vrai que tu es très ressemblant ! »
Un accent. Un abominable accent. Cet énergumène avait vraiment tout pour plaire au Patron.
« Écoute mec, je ne sais pas ce que le Patron t'a dit, mais faut que tu retournes en Argentine avant qu'on ait des problèmes.
- Pourquoi vous apporterais-je des problèmes ?
- Le nazisme, tout ça tout ça, c'est interdit en France. Ca a surtout changé de nom, mais bref, on a plus le droit de se balader comme ça avec une croix gammée.
- C'est une honte ! On détruit ma liberté d'expression dans le pays des droits de l'homme ! »
Plus il parlait fort, plus cet affreux accent emplissait la maisonnée.
« On a assez de problème de terrorisme comme ça actuellement, ce n'est pas la peine de venir se rajouter.
- Ce sont les étrangers ! »
Mathieu pointa son doigt vers lui.
« Voilà, voilà exactement le type de choses qu'on n'est plus sensé dire en ce moment.
- Pourtant on a vingt pour cents des gens qui votent qui écouter une blondasse raconter ça, indiqua le geek qui venait se tartiner du beurre de cacahuète sur de la brioche.
- N'interfère pas toi ! Sale gosse ! »
Le geek lui lança un regard larmoyant avant de s'enfuir.
« Il a l'air influençable, je peux sans doute le rallier à ma cause !
- Désolé, mais dans tes rêves ! Nazi ! Je te défis de prendre la possession de cette chaumière ! »
Quand Maître Panda, armé de sa moustache et son brassard rouge entra, sur ses paroles fières, se mit à résonner l'hymne de l'URSS, sur les voix nobles des cœurs de l'armée rouge. Mathieu préféré s'asseoir.
« Сквозь грозы сияло нам солнце свободы,И Ленин великий нам путь озарил (à travers l'orage rayonnait le soleil de la liberté, et le grand Lénine a éclairé notre voie), chantait-il fièrement, une main sur ton torse bombé.
- Nein ! C'est n'importe quoi ! Il fait nuit la moitié de l'année chez vous ! »
L'ursidé coupa la musique pour laisser plus de place à sa voix.
« Silence traître de nazi ! Nous ne vous accepterons jamais ici !
- Et pourquoi pas ? Demanda le Patron en pénétrant dans la salle.
- Toi ? Parmi tous les autres, tu es celui qui supporte à ta façon le plus la diversité, et tu veux cet homme ?
- On rappelle qu'en Russie, il est interdit de dire aux enfants que l'homosexualité existe, précisa Mathieu. Du coup niveau acceptation des autres, tout ça... »
Toutes ces conneries commençaient sérieusement à l'agacer.
« Justement, poursuivit le Patron en se faufilant derrière son nouveau protégé. J'accepte tout le monde, je l'accepte aussi lui. »
Le criminel lui prit sa cravache et fit partir un coup sur l'arrière de la cuisse du nazi, qui se cambra.
« Tu vois, il est docile.
- Comment oses-tu ! J'étais persuadé que tu t'étais rallié à ma cause ! Éloigne toi de lui !
- Je m'étais rallié à toi, feula un Patron qui s'énervait rapidement. Avant que tu ne me trahisses ! »
Il s'écarta du nazi, s'approchant vivement du communiste. Le regard de Mathieu brilla de compréhension. Il se souvint de quelques scènes qui pour lui, n'avaient à la base pas de lui.
« Patron...
- Allé... Tu vas aimer ça... J'ai envie que tu me prennes...
- Je peux pas... Avec quelqu'un qui n'est pas...
- Je deviendrais communiste Panda... Maître... Allé... »
Mathieu glissa son regard dans la chambre de l'ursidé, où il aperçut les deux concernés s'embrasser chaudement. Il s'empressa de s'éloigner.
« Mmh... C'est gênant...
- Mais non... Tu vas aimer... Mon cher petit geek...
- Panda ! »
Ce coup si, Mathieu se contentait d'écouter depuis le couloir, devant la chambre du plus jeune. Il croisa le Patron, qui y prêtait aussi attention. Ce dernier se mordit la lèvre, avant de dire simplement qu'il partait en vacances en Argentine.
« En fait Patron... T'étais juste jaloux du geek, lança-t-il. »
L'ursidé écarquilla les yeux.
« C'est... C'est vrai ? »
Le Patron bougonna, avant de hurler :
« Oui putain ! Comment t'as pu me faire ça connard ! T'es à moi ! »
Le nazi s'approchait de Mathieu, son regard encore plus touchant que celui du geek s'accompagnait d'une musique attendrissante. Il lui demanda timidement :
« Je peux rester ? »
Son créateur considéra l'activité qu'il mettait dans la maisonnée. C'était peut-être le coup de fouet qui manquait en ce moment à son émission. Il finit par lui accorder son séjour.
