Titre : Pas ce soir
Genre : général/Angst
Personnages : Tout le monde mais surtout Tony et Gibbs.
Rating : PG-13 pour les gros mots et le romantisme latent. (Je parle du courant littéraire bien sûr)
Résumé : Tony raconte les événements qui ont mené à sa mort… s'il est vraiment mort.
Spoilers : Saison deux. Se passe en milieu de saison 3.
Disclaimer : Si NCIS était à moi, ceci ne serait pas une fic mais un véritable épisode. En attendant, je ne reçois rien pour ce que j'écris à part le plaisir de faire plaisir à mes lecteurs.
Note de l'auteur : Le début fait peur ou peu paraître embêtant pour les fans de Tony. Mais lisez jusqu'au bout, je vous en prie. En échange, je vous promets de la poster jusqu'au bout d'ici la fin du mois.
Qu'il fait sombre ici… Si c'est ça la mort, c'est plutôt morne. Pourtant, il ne manque que des spots lumineux, de l'alcool et des filles pour faire discothèque.
Comment j'en suis arrivé là ? Ah oui ! Une longue histoire… On peut dire qu'elle commence dès que j'ai décidé de travailler au NCIS avec Gibbs. Evidemment à l'époque, je ne savais pas qu'il y a autant de personnes qui voulaient sa mort sinon, j'aurais poliment décliné l'invitation… Oui, d'accord,… Peut-être pas. En fait, j'aurais été encore plus motivé mais ça ne compte plus maintenant.
L'histoire n'est pas si longue si on décide que Grand-mère Malchance a montré le bout de son nez il y a à peine 24 heures. La vérité, c'est que j'aurais voulu que l'histoire soit longue. Les longues histoires, ça passe mieux pendant une remise de médailles à titre posthume et lors d'un enterrement.
Le comble ! Il n'a jamais été question que de Gibbs lors des remises de médailles et l'unique fois où la cérémonie sera en mon honneur, je ne serais pas là.
Il y a donc un jour que ce téléphone sonnait sur le bureau de Gibbs et qu'il l'empoignait avec sa mauvaise humeur habituelle. Ziva et moi étions plongés dans une conversation concernant la bataille du créationnisme contre le darwinisme et McGee et Abby était en pleine discussion sur le rendez-vous galant imaginaire de Ziva. Ou c'était peut-être le contraire…
Lorsque Gibbs raccrocha, il me lança les clés du véhicule.
- On a une affaire ? demandai-je avec un grand sourire.
Six jours sans une affaire. Si j'avais su je n'aurais pas sauté de joie. Mais bon… Trois secondes plus tard, nous étions déjà tous sur les lieux, matraquant la scène de crime de nos joyeux appareils photos. Gibbs discutait avec Ducky sur les apparentes causes de la mort du sergent Taylor. Les causes parce qu'avec les cinq balles qui se baladaient dans le corps de ce pauvre type, il fallait bien que ce mot soit marqué par le pluriel. Ca aurait du me mettre la puce à l'oreille aussi…
- Curieuse position pour un corps… notai-je en faisant une photo.
Quand je la montrais à Abby quelques heures plus tard, elle manifesta un vif enthousiasme. Le corps du sergent Taylor était enroulé sur lui-même, comme si on avait joué à le tordre comme un torchon. Quand Ducky essaya de retourner le corps pour trouver le foie, les bras du cadavre se détachèrent du reste du corps. La mine de McGee à elle seule en valait bien la peine d'être là.
- Je peux dire sans trop me tromper qu'il est tombé de cette pente abrupte, nota Ducky.
L'endroit où on avait retrouvé le corps du sergent Taylor était surplombé par une superbe falaise.
- Cette position me rappelle mes premières années de médecine quand un ami écossais et moi avions décidé d'escalader une falaise en France. Croyez le ou non mais…
- Ducky ! grogna Gibbs
- Je dirais que les blessures par balles ont été faites post-mortem. Regarde, elles ont peu saigné mais par contre ce pauvre bougre à du faire une sacré chute.
- Heure de la mort ?
- Tu sais que je n'aime pas m'hasarder de ce côté-là, Jethro… (Un coup d'œil à l'expression impatiente de Gibbs). Il y a 15 heures environ.
Sympathique scène de crime à part ça. On n'en fait pas de meilleures. En pleine nature à l'orée d'un bois. On ramasse tout et immortalise le désastre en numérique. On ne recycle pas : tout est important. Du chewing-gum à moitié mâché jusqu'à la fabuleuse arme que Ziva retrouva enterrée dans les racines d'un bouleau.
Maintenant que je sais que le fichu témoin que McGee interrogeait innocemment allait bientôt me planter une balle dans le corps, tout me parait plus clair. Ce type était arrivé (comme par hasard) dans ces bois fermés au public (comme par hasard) avec un accent de la campagne et un portable (comme par hasard) et son chien avait déterré un cadavre (comme par hasard). Il était plutôt bel homme et ce n'est pas parce que j'en ai déjà embrassé un qu'il faut se faire des idées.
Je précise juste qu'il n'avait pas le physique ingrat parce que c'est important pour la suite. Brun, grand, les dents blanches, l'allure charmante avec son short quadrillé, et non, je répète que ça n'a rien à voir avec une prétendue personne du genre masculin que… et puis zut !
- J'étais affolé, déclara l'homme au bleu, et j'ai appelé les flics.
- Vous n'avez rien vu de suspect dans les parages ces derniers temps ?
- Le quartier est plutôt calme…
- Vous habitez ici depuis combien de temps ?
- Je suis né ici.
Mon bleu préféré n'alla pas plus loin et se contenta de prendre les coordonnées du témoin.
De retour au NCIS, je rendais visite à Abby. C'était son anniversaire et je profitais de la montagne d'indices que j'avais à lui apporter pour lui offrir une rose noire. Depuis 5 ans que ça lui fait un plaisir fou… Mais cette fois-ci, je jurerais avoir vu une once de déception sur son visage.
- Tu n'aimes pas ? fis-je avec un sourire gêné
Elle me le rendit en posant le pot à côté des autres fleurs qu'elle avait reçues.
- Non… Je l'adore ! Tu m'apportes autre chose ?
Elle me montra du doigt le carton d'indices.
- Euh… Oui, de la part de Gibbs.
Et je déposais le tout sur sa table avant de m'enfuir. De loin, je l'entendis mettre sa musique à fond. Son inspiration pour le travail.
Cette année, j'avais tellement hésité pour ce cadeau. La vérité c'est que j'avais vu un très joli bracelet à pique la semaine d'avant…
De retour à mon bureau, je sortais le dossier du sergent Taylor. Il était incomplet : une partie avait été égarée dans les méandres informatiques des organismes fédéraux. Ce que je pus trouver n'avait de toute façon rien de bien intéressant. Etats de service incomparables, aucun problème sinon qu'il était mort. Quand on a peu d'informations à donner à Gibbs, il vaut mieux creuser un peu. C'est pour ça que j'appelai son supérieur et pris rendez vous à la base où il était affecté.
J'y allai seul. Ca peut paraître stupide mais en réalité, je n'avais pas le choix. McGee aidait Abby avec une reconstitution de la scène de crime. Ziva accompagnait Gibbs chez la famille de la victime. Et puis, qu'est ce qui pouvait se passer dans une faction militaire bien gardée ? Rien.
L'officier Chase à qui je m'adressais était en plein entraînement lorsque je lui présentais mon badge.
- Agent Spécial Anthony DiNozzo, NCIS. Nous nous sommes parlé au téléphone.
Il se tourna vers moi, le visage barbouillé de vert, jumelles autour du cou. En me voyant il hurla à ses hommes de suspendre l'exercice puis il me présenta sa main pleine de poussière que je serrai vaguement.
- Effectivement, Agent DiNozzo. Je vous attendais.
Il m'invita à rentrer dans son bureau, à quelques mètres du lieu de l'entraînement.
- Que voulez-vous savoir ? demanda-t-il lorsque nous fûmes installés.
- Quel genre de soldat était le lieutenant Taylor ?
Il me répondit exactement ce que j'attendais comme réponse. Le lieutenant Craig Taylor était un homme parfait, l'archétype du soldat qui exécutait sans réfléchir, loyal, fidèle, toutou, Lassie,… Semper Fi ! On pourrait croire que je me moque de lui (et franchement, à deux minutes de la mort, on va pas en faire un drame), mais c'est le portrait même que me fit l'officier Chase à propos de son homme. Je creusais un peu mais sans grand résultat.
Le lieutenant Taylor avait bien une petite amie. Elle venait souvent mais moins depuis quelques temps.
- Je les ai surpris en train de se disputer, m'avoua Chase. Je n'ai pas compris vraiment quel était l'objet de la dispute. Il disait juste qu'il « voulait être riche mais pas comme ça. »
- Pardon ?
- Ce sont ses propres mots. Ne voulant pas être indiscret, j'ai préféré disparaître.
Je pris note de mes maigres découvertes et retournais au bureau, certain d'avoir été berné. Pas par Chase, ça non. Par Gibbs. Il ne voulait pas de moi pour rendre visite à la famille sous prétexte que j'en profiterais pour sauter sur les belles voisines. Sérieusement, ce n'est pas mon genre, non ? En tant que chef d'équipe en second… Il pourrait au moins me faire un peu plus confiance.
Au bureau, Abby avait découvert que les balles qui n'avaient pas tué le lieutenant Taylor (il faut suivre un peu, il était mort d'une chute désastreuse) venait bien de l'arme trouvée sur les lieux. Un Sig… (Ca vous rappelle quelque chose ?) NA1 Calibre 9 mm, une arme suisse. Le tir avait été fait à bout portant et elle avait trouvé une empreinte. On était toujours sur la piste du propriétaire du doigt mais malheureusement celle-ci était abîmée.
Grâce à la famille de la victime, Gibbs et Ziva avaient pu identifier la petite amie de Taylor et McGee la recherchait tandis que j'essayais de réfléchir.
Essayais. Parce que les mains du bleu ont toujours eu ce drôle d'effet sur moi. Elles vont si vite sur le clavier. Puis il a toujours cet air assuré lorsqu'il regarde l'écran. C'est son univers. Moi, il me faut dix ans pour taper un rapport et ne parlons pas de pirater un fichier…
Quand je pense qu'au début, il ne savait pas interroger convenablement un suspect, qu'il hésitait à tirer avec son arme. C'était à Gibbs ou à moi de lui dire de le faire. Mais maintenant il sait se débrouiller et j'en viens parfois à me demander si Gibbs a encore besoin de moi alors qu'il a superman en face de lui.
J'en venais parfois à me demander. Pardon. J'ai encore du mal avec le passé. Même aux portes de la mort, je suis incapable d'avoir un A en conjugaison.
Où en étais-je ? Ah oui ! Les doigts de McGee qui m'empêchaient de réfléchir. Heureusement que Gibbs est le chef, lui au moins arrive à quelques conclusions.
C'était l'heure du déjeuner et j'avais le nez plongé dans mes nouilles lorsque Abby débarqua de nulle part, m'arrachant la boite des mains en poussant un cri victorieux.
- Tu sais qui a tiré avec le Sig, dit Gibbs.
Ce n'était pas une question et en l'entendant, Abby perdit une partie de son entrain. Une partie seulement.
- Non,… minauda-t-elle. Les empreintes que j'ai trouvé sur l'arme sont endommagées. J'y travaille encore. Par contre, j'ai pu remonter jusqu'à son propriétaire. Tu veux savoir comment j'ai fait ?
- Non, répondit Gibbs en prenant le fichier qu'elle lui tendait.
Elle essaya quand même de lui expliquer.
- Tu sais, les stries des balles de ce Sig sont plutôt bizarres alors j'ai fait un test et,…
- Abby… soupira le patron.
- Alan Forster
- On a une adresse ? continua-t-il, toujours insatisfait.
J'adore quand notre scientifique préférée lui apporte une bonne nouvelle. Ca rapproche un peu Gibbs de la bonne humeur. Seulement ce ne fut pas le cas ici… L'adresse qu'elle avait trouvé renvoyait à un lieu qui n'existait pas.
Ce qui est bizarre, c'est que personne ne réagit lorsque le nom d'Alan Forster traversa la salle. Ni moi, ni McGee, ni Gibbs, ni Ziva. Pourtant 24 heures plus tard, ce nom-là m'assassinait.
On en était donc au point mort lorsque McGee releva la tête et prononça un nom qui sonnait comme une délivrance à ce bureau :
- Johanna Lloyd !
Puis il fit le grand sourire satisfait qu'il a l'habitude de donner lorsqu'il a trouvé le petit détail important à l'intérieur de son sac à fils.
Je parle de son ordinateur.
Des photos de la personne en question se mirent à défiler. Johanna était une jeune et jolie femme. Et là, ça vous prouve que ça na rien à voir avec le travesti qui a tué Pacci. Une fille éblouissante… avec un casier pas très vierge. Mais après tout, c'est dans mon dossier médical : « tendance à tomber amoureux des suspects ». NA2
- Arrêtée plusieurs fois pour des arnaques et des vols en tout genre, expliqua McGee. Ca va faire deux ans qu'elle est sortie de prison.
- Une adresse ? demanda Gibbs avec son légendaire verre de café en carton en main.
Abby lui tendit un petit post-it jaune et il lui fit un sourire affectueux qu'elle lui rendit bien. Je profitais de la situation pour récupérer les nouilles avant de partir rendre visite à Johanna Lloyd.
C'était soit Ziva, soit Gibbs qui allait conduire. C'est comme choisir entre la peste et le choléra. Et comme j'attire la peste sous toutes ses formes (malchance, maladie, poisse, Ziva)… Ce fut Ziva qui nous conduisit auprès de Lloyd. Je ne souhaite à personne d'avoir mangé des nouilles avant de laisser l'Israélienne au volant d'une voiture.
La maison de Johanna Lloyd était grande et bien meublée. Elle nous fit du café avant d'éclater en sanglot.
- Il… il est… mort ? dit elle avec des trémolos dans la voix.
Je laisse toujours ce genre de situation à Gibbs. Il sait s'en sortir avec les larmes.
- Toutes nos condoléances mademoiselle Lloyd. Pouvons nous vous poser quelques questions ? Nous enquêtons sur les circonstances de sa mort.
Les yeux rougis de Johanna posèrent un tas de questions. Je sais… Des yeux qui posent des questions, c'est bête hein ? Si mon père était là, il me dirait d'arrêter de faire de la poésie.
- Vous soupçonnez quelque chose ?
Ziva éluda la question en mettant les pieds dans le plat.
- Comment allait votre relation avec le lieutenant Taylor ?
Pendant un instant, je crus que Lloyd allait exploser de colère mais elle ravala sa fierté, avouant que depuis quelques temps, son cher Craig ne semblait plus motivé par leur mariage prévu le mois prochain.
- Je pense qu'il avait peur de se retrouver officiellement « engagé » dans une relation.
Gibbs lui parla de la conversation que le supérieur de son cher Craig avait interceptée.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit-elle avec froideur.
- Vous ne lui connaissez pas d'ennemis, insistai-je avec un grand sourire.
Elle se radoucit.
- Non… Tout le monde l'adorait… Il était gentil, honnête,…
Elle arborait une expression remplie de mélancolie et d'amour. Mais même si j'avais su qu'elle était si bonne actrice, je ne pense pas que ça aurait changé quelque chose. Nous n'avions pas l'ombre d'une preuve, rien qui puisse nous autoriser à fouiller sa maison et nous sortîmes de chez elle avec un goût d'échec dans la bouche.
- Vous la croyez ? demanda Ziva à Gibbs (qui était heureusement au volant cette fois).
- Je ne crois rien…
Quand à moi, je repensais à tous ces adjectifs utilisés pour décrire Taylor : gentil, honnête, fidèle, loyal,… Auxquels j'ajoutais : Lassie, bon chien.
Finalement, ce soir là, je rentrai chez moi, persuadé que la cause de la mort du lieutenant avait sans doute quelque chose à voir avec tous ces mots. Je dormis très bien. Aucun cauchemar. Juste mon lit et un sommeil bien réparateur. On aurait crû que la veille de ma mort, je puisse au moins faire un songe et me réveiller en sueur avec un mauvais pressentiment à l'esprit. Mais ce genre de privilèges est réservé à Abby.
NA1 Je ne suis pas sûre de ça mais,… J'ai lu quelque part que l'arme de Tony est un Sig…
NA2 Véridique ! Allez voir sur le site de CBS…
A suivre…
