Bonjour à toutes et à tous!
Me voici avec ma seconde fanfiction, dont l'idée me trottait en tête depuis quelque temps (quelques jours seulement, pour être honnête.) Cette fiction change littéralement et complètement de la première (qui est toujours en court), et j'espère que ça vous inspirera et vous plaira ! :thumbs up: :)
Personnages principaux : Draco Malfoy, Harry Potter (ainsi que quelques autres qui sont tous tirés des livres de Rowling, qui apparaîtront de temps à autres.).
L'histoire se déroule dans un Univers Alternatif, dans lequel les villes seront soit tirées des livres, soit de mon imagination.
Résumé de l'histoire : Il a suffit d'une seule rencontre, une seule, lors de son enfance, pour que Draco Malfoy sorte de sa torpeur. Mais avec le temps, tout s'en va, et l'oubli frappe toujours. Aujourd'hui, Draco Malfoy est un jeune homme -plus ou moins- accompli et épanoui, profitant de la vie au maximum. Mais il suffira d'une seule rencontre, une seule, pour chambouler son monde, une fois de plus.
Sur ce, bonne lecture!
Just a bit of Us
Chapitre 1 – The ice breaker.
Il était seul. Seul, dans un coin de la cour, réfugié à l'angle de deux murs, qui le cachaient tant bien que mal. Mais surtout, il était sous la pluie, et il grelottait. Il avait froid, et ce n'était pas étonnant : il n'avait qu'une chemise, un pull, et un pantalon assez court, sous son long manteau ouvert. Ses chaussures en tissu prenaient l'eau, et ses fesses avaient depuis longtemps été anesthésiées par le sol glacé. Mais il ne bougeait pas : il préférait rester dehors, grelottant. Il se disait même qu'il préférerait se laisser mourir de froid, plutôt que de retourner auprès des autres. Les autres, qui ne voyaient que leur propre personne, qui ne prêtaient aucune attention aux autres, sauf lorsqu'ils sortaient un tant soit peu de l'ordinaire.
Ce garçon seul, qui claquait des dents, et qui le cachait bien, c'est Draco Malfoy. Et pour tous ces gens autour de lui, il n'était pas ordinaire. Il était différent, terriblement différent, et il méritait d'être harcelé pour cela. Peut-être qu'à force d'être abusé, il redeviendrait normal. On ne sait jamais, on pouvait toujours essayer. Mais ces essais avaient commencé il y a déjà quelques années. Draco avait seulement huit ans, et cela faisait maintenant trois ans que les autres l'évitaient. Le regardaient de travers. Le bousculaient, lui faisaient peur quand il avait le dos tourné, et lui volaient ses livres, ses jouets, et sa nourriture. Ils lui faisaient des croche-pieds, ils faisaient en sorte d'accidentellement envoyer des ballons dans sa figure, de faire tomber ses affaires et de marcher dessus, de lui lancer de l'encre, de dessiner des choses affreuses sur sa table. De l'insulter, de lui dire que c'était un puant, et de, parfois, lui donner des claques, et lui écraser les pieds.
Draco avait beaucoup pleuré. Il avait été voir ses professeurs, qui lui avaient dit que c'était pour jouer, que les autres élèves le taquinaient. Que ce n'était pas méchant. Le directeur, avec son sourire condescendant, et ses lunettes en demi-lune, lui avait dit que c'était de petites farces faites par des élèves avec un fort caractère, qu'on ne pourrait pas les changer. Et puis, tu exagères peut-être un peu, non ? On ne t'a jamais vu te faire embêter dans la cour, nous serions intervenus, sinon. Mais Monsieur, je me cache d'eux, quand je suis dans la cour, vous ne pouvez pas me voir… Mais alors comment les autres pourraient-ils te voir, dans ce cas ? Si tu te caches, ils ne peuvent pas te voir, et ne peuvent donc pas t'embêter… Peut-être que tu as le sentiment d'être persécuté, mais c'est très probable que ce ne soit pas le cas en réalité. Peut-être devrais-tu te diriger vers notre psychologue ?
Draco n'en avait plus jamais parlé aux grandes personnes. Et encore moins à ses parents. Il ne voulait certainement pas les mêler à tout ça. Personne ne semblait se dire qu'un enfant ne devrait pas avoir le besoin de se cacher de ses camarades. Ou alors ils évitaient juste d'en parler. C'était peut-être pour le mieux, qui sait ?
Draco ne pleurait plus, maintenant. C'était inutile. Ça ne les arrêtait pas jamais. Ils continuaient, juste. Se moquaient de lui, encore plus. A cause de ses yeux rougis, de sa bouche qui se tordait, de ses petits gémissements, de ses reniflements, de ses tentatives de les faire partir, de les dénoncer. Mais Draco, tout le monde s'en fiche de toi. Personne ne t'aime. Tu ne devrais même pas avoir le droit d'être ici. Tu n'as pas de copains, et tu es un monstre. Même la dame de la cantine refuse de te donner du chocolat, à Noël.
Ah, oui. La dame de cantine. Il n'y en a plus. C'était le dernier. Il fallait se réveiller avant.
Et puis c'était de pire en pire. Avant, c'était seulement les élèves de sa classe. Ensuite, c'était leurs copains, et leurs copines. Maintenant, c'était tout le monde, qui le regardait, lorsqu'il passait dans les couloirs, lorsqu'il rangeait ses affaires dans son sac, quand il allait aux toilettes, lorsqu'il se rendait compte qu'il était observé, et lorsqu'il sortait en courant. Peu importe le temps. Parfois, lorsqu'il faisait très chaud, il avait peur de changer de coin, d'aller demander un verre d'eau, ou de demander à un autre élève s'il avait une bouteille. Alors il restait sous la chaleur, et finissait avec des coups de soleil sur le visage, les mains. Il transpirait, et on se moquait, encore.
Et il sortait même par temps très froid.
Comme aujourd'hui.
Draco avait peur de l'orage. Mais même lorsqu'un roulement sourd s'éleva dans le ciel, il ne rentra pas. Il se couvrit juste la tête avec les mains, les yeux fermés, serrant son sac contre lui, pour se réconforter. Il n'avait que son sac, à serrer. C'était le seul à qui il se confiait, en lui disant que ça faisait mal. Qu'il ne comprenait pas, qu'il voulait que ça finisse. Qu'il voulait rentrer à la maison, se cacher dans son lit, et rester seul. Au moins je me sentirai seul parce que je le serai vraiment. Il aimait ses parents, mais lorsqu'il était dans cet état, il avait tendance à les oublier.
Il ne bougea même pas, lorsqu'il entendit des pas qui avançaient vers lui. C'était encore l'un de ces monstres, qui venaient lui faire du mal. Alors à quoi bon y prêter attention ?
« Salut. Il fait froid, tu ne rentres pas ? » Draco ne répondit pas. « Est-ce que ça va ? » Il ouvrit les yeux. C'était la première fois qu'on lui demandait si ça allait. Il leva la tête, et resta fixer l'autre garçon. « Est-ce que tu m'entends ? Tu as l'air triste. »
Draco lui dit juste, avec une voix lointaine : « Tu es en CM2. » L'autre garçon lui répondit qu'en effet, il était en dernière classe d'école primaire. « Laisse-moi tranquille. Je veux être seul. Si tu es venu me voir pour m'embêter, alors tu peux aller te faire voir. » Il avait fini par employer ce genre de phrase, en se disant que ça ferait peut-être peur aux gens. Et maintenant, c'était devenu son habitude, son seul moyen de défense. Il n'aimait pas taper les autres, parce qu'il se faisait taper encore plus fort en retour. Alors il essayait juste d'être méchant par le biais de la parole. « Je n'ai besoin de personne. »
« Tu vas attraper un rhume, si tu restes sous la pluie, comme ça. J'ai déjà eu un rhume, et c'était pénible. Et ensuite, j'ai eu, heu… quelque chose au niveau des bronches. »
Draco haussa les sourcils. « Qu'est-ce que c'est, des bronches ? » C'était un bien drôle de mot, en effet. Il ne l'avait jamais entendu avant.
L'autre garçon haussa simplement les épaules, et lui dit qu'il n'en savait rien, mais que ça lui avait fait mal à la gorge, et qu'il avait beaucoup toussé. Et puis, le garçon s'accroupit à côté de Draco, essayant de ne pas s'assoir sur le sol mouillé. Draco le regarda avec des yeux attentifs, se demandant quel était le piège, et ce que pouvait bien lui vouloir ce garçon aux yeux verts et aux cheveux en pétard. Le garçon regarda le ciel d'un air agacé, puis frotta ses mains l'une contre l'autre.
Le garçon tourna sa tête vers lui, et lui sourit d'un air bienveillant, avant de baisser les yeux en direction de l'écusson couleur argent et émeraude cousu au manteau de son uniforme. « Ah, tu es inscrit dans le club de musique ? Qu'est-ce que tu fais ? »
Draco haussa les épaules. « Au début, j'étudiais le piano et le violoncelle. Maintenant… Je joue ce que je peux. Quand les instruments ne sont pas tous pris, et quand on veut bien que j'en joue, bien sûr. » Il regarda les mains du garçon, toujours l'une contre l'autre. « Moi, je n'ai pas froid, mais toi si. », Draco déclara, toujours avec une voix trainante et distante. « Peut-être que c'est toi qui devrait rentrer. Tu vas finir en glaçon. Tout bleu. Et tu ne pourras plus bouger. Et tu seras probablement mort. »
Le drôle de garçon le regarda avec de grands yeux. « C'est pas vrai, j'ai pas froid ! Je ne vais pas mourir, c'est pas cool de dire ça ! » Draco ne broncha pas, et s'apprêta à lui dire que c'était juste la vérité, lorsque l'herbe lui fut coupée sous le pied. « Mais je ne vais pas te laisser tout seul ici, dans le froid. » Draco lui demanda pourquoi. « Parce que je n'aime pas voir quelqu'un seul, triste, et rejeté des autres. Je ne veux pas que tu sois obligé de rester trempé dehors, alors que tu pourrais être au sec, et au chaud, à l'intérieur. Je t'aime bien, et j'aimerais qu'on soit amis. »
Draco écarquilla les yeux, en choc. Il voulut reculer, et se rappela qu'il était dans un coin à la jonction de deux murs, et que c'était impossible. Alors, il se leva, fit quelques pas, et s'écarta de l'autre garçon, avant de s'exclamer : « Quoi ?! » Il enleva quelques mèches trempées collées sur son visage, avant de dévisager le garçon aux yeux verts et aux lunettes rondes.
L'autre garçon le regarda un moment, étonné d'une telle réaction de sa part alors qu'il voulait juste être gentil avec lui. Il se demanda s'il avait peur, et si tout allait bien dans sa tête. Il se leva à son tour, passant une main dans ses cheveux, comme pour enlever l'eau tombée sur eux. « Je veux qu'on soit amis. »
Draco leva un des coins de ses lèvres, dans une grimace proche de celle du dégoût, et il regarda le garçon de haut en bas, plusieurs fois. Il se dit qu'un tel garçon ne devait pas avoir beaucoup d'amis non plus, vu son allure, et lui aussi se demanda si tout allait bien dans sa tête. « Je ne veux pas avoir un ami comme toi. », il dit d'une voix sèche.
Le brun le regarda avec une moue septique. « Mais pourquoi ça ? »
Draco balbutia, ne sachant pas vraiment répondre à cette question, et n'ayant pas imaginé qu'on lui demanderait une raison. « Parce que… Parce que tu es… stupide ! Tu es bête ! Et je ne veux pas être ami avec quelqu'un qui a un pois à la place du cerveau ! » Il croisa les bras, un air de défi sur le visage.
« Mais comment est-ce que tu peux savoir ça ? », s'exclama l'autre. « Tu ne me connais même pas, alors tu ne peux pas savoir ! Moi, je te dis que je suis très intelligent. On me le dit souvent, très souvent, même. » Draco renifla d'un air dédaigneux. « Pourquoi est-ce que je ne suis pas intelligent, alors ? Puisque toi tu l'es, apparemment, tu peux donc l'expliquer ! »
Draco ne répondit pas. Il n'avait pas réfléchit à ça non plus. Et il ne savait pas quoi répondre, il ne savait pas si l'autre garçon était vraiment stupide, ou bien pas du tout, alors il ne pouvait pas deviner, et encore moins expliquer. Il baissa la tête d'un air honteux, et dit d'une voix timide qu'il ne savait pas.
« Bah, fais pas cette tête. Je faisais ça parce que je savais déjà ce qui allait se passer. Je te taquinais. »
Draco regarda encore le garçon. Le taquiner, les gens ne faisaient pas ça, non plus. Cet élève de CM2 se permettait beaucoup de choses, Draco se dit. Mais le plus étrange était qu'il n'avait encore rien fait de méchant. Et Draco se dit que peut-être, peut-être, il n'était pas vraiment venu ici pour se moquer. Peut-être qu'il était gentil, peut-être pas comme les autres. Et qu'il voulait vraiment être son ami.
« Je m'appelle Harry Potter, au fait. », le garçon dit, en souriant.
Draco hésita un moment à lui dire son nom. Puis, il se dit que ça ne changerait rien, de toute manière, puisque beaucoup de gens le connaissaient déjà. « Draco Malfoy. »
Harry sourit de plus belle. « J'ai vu tes mamans l'autre jour, pour la réunion des parents d'élèves. » Draco fronça les sourcils, et se prépara au pire. « Elles sont jolies. »
Le garçon blond écarquilla les yeux, la bouche béate. C'était bien la première que quelqu'un complimentait ses parents. Que quelqu'un disait quelque chose de gentil sur elles, à la place de les insulter à sa figure. C'est à ce moment-là qu'Harry Potter changea entièrement à ses yeux. D'un garçon idiot, il devint un garçon raisonné d'un type bizarre, il devint quelqu'un de compréhensif et à la place d'une potentielle menace, une présence réconfortante. Draco se senti sourire, la première fois depuis qu'il avait commencé à se faire harceler. C'était comme s'il ne pouvait plus s'arrêter. Son sourire s'étirait, et s'étirait encore, mais il ne s'en inquiéta pas un seul instant. Parce qu'enfin, il voyait quelqu'un qui ne pensait pas qu'à lui-même, et qui ne s'intéressait pas aux autres parce qu'ils étaient différents. Enfin, s'il était venu le voir, c'était parce qu'il était seul et trempé, certes. Mais c'était différent.
Alors Draco se mit enfin à parler sans aigreur. « Merci, Harry, c'est gentil pour elles. Elles passent beaucoup de temps à se pomponner. », il dit avec un regard ahuri, qui ne l'avait pas quitté depuis le compliment de Harry.
Harry hocha la tête. « Ne m'en parle pas. Ma mère fait la même chose. Elle est déjà restée plus d'une heure à se maquiller pour un dîner, qui a été annulé ensuite ! »
Ils rirent tous les deux.
Et ce fût à partir de cet instant que Draco devint l'ami d'Harry.
Douze ans plus tard…
Il faisait nuit, et les réverbères éclairaient les façades des bâtiments et les entrées des ruelles de leur lumière pâle, chassant les étoiles. Il était environ quatre heures du matin, et à cette heure-là, dans la ville de Bernett, la vie était aussi développée qu'en plein jour – ou que dans une boîte de pétri, comme dirait les plus grognons. Comme une ville qui ne s'éteint jamais. Plutôt que le chant des hiboux, c'était celui des voitures, et des clubs. C'est pour cette raison que les gens, surtout les plus jeunes, en profitaient pour sortir jusqu'au lever du jour, après quoi ils allaient se reposer la journée, pour être au taquet le soir, et ainsi de suite.
Draco Malfoy, un jeune homme de vingt ans, était entre les deux. Lui, il alternait les périodes 'normales' et 'bancales'. Il passait la plupart du temps à vivre le jour et mourir la nuit mais parfois, comme c'était le cas aujourd'hui, il s'enfermait dans un cercueil la journée, et partait à la chasse une fois la nuit tombée.
Il arborait un pansement sur son arcade sourcilière gauche, et il se mordait la lèvre frénétiquement, en jetant des regards à gauche et à droite, sa vision se troublant de temps à autre. Il était vêtu d'une veste noire, avec une capuche bordée de fausse fourrure, d'un pantalon également foncé, et de chaussures pratiques, grises. Ses cheveux d'un blond presque blanc, impeccablement coiffés habituellement, étaient ébouriffés par le vent. Il pleuvait, mais son manteau conservait à merveille sa chaleur corporelle, ce qui l'empêchait de trembler et de jurer contre ce temps de chien.
Il jura, cependant, mais pour bien autre chose. Il attendait depuis bientôt un quart d'heure que sa meilleure amie se pointe, mais qu'elle ne le faisait pas. Elle était pourtant toujours à l'heure, toujours la première arrivée, et elle ne faisait jamais d'écart. Enfin, sauf aujourd'hui. Et ça avait le don d'inquiéter Draco. Il ne savait pas quoi faire, s'il découvrait qu'elle avait eu un problème. D'ordinaire, c'était lui qui créait les problèmes, il ne les résolvait pas. Alors il sorti son téléphone, pour la énième fois vérifia s'il n'avait pas reçu de message, ni d'appels. Composa un numéro, et attendit, avant de pester, et d'essayer encore, sans résultats. Il soupira. Il en était sûr, maintenant : il lui était arrivé quelque chose. Il mordit encore sa lèvre, la décharnant presque tant il se mettait à la tâche.
En poussant un soupir de frustration, il se décolla du mur contre lequel il était appuyé, et se mit à marcher vers l'endroit où son amie habitait. C'était à environ trente minutes, mais il le fallait bien. Il connaissait la route et les raccourcis par cœur, après le nombre de fois où il s'y était rendu. Et il n'allait certainement pas laisser la jeune femme se faire agresser ou bien encore violer par un porc, pas cette fois. Il sentit son estomac se retourner, et un élan de culpabilité l'assaillir, avant de chasser ce sentiment – et ce souvenir. Il accéléra nettement l'allure de sa marche, cependant. Il slalomait entre les passants, les envoyant parfois balader lorsqu'ils se faisaient trop envahissants. Un type lui proposa de la kétamine à plusieurs reprises, il refusa à chaque sollicitation. Ce n'était pas vraiment son trip, il ne touchait pas beaucoup à ces choses-là.
Au moment de tourner dans la rue à sa gauche, il vit quelqu'un arriver vers lui, et reconnu sa meilleure amie. La reconnaître le fit étrangement sursauter, et porter une main à son front, avant de la regarder attentivement. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as eu un problème ? Tu n'as répondu à aucun de mes appels, je me suis inquiété. », il demanda d'un ton pressé.
« Nan, y'a rien », lui répondit la fille aux cheveux bruns aux mèches turquoises, coupés en un carré déstructuré. « 'Viens de sortir. Pas vu le temps passer. » Elle resta un moment silencieuse, soutenant le regard du blond, avant de lever les yeux au ciel. « Bon, d'accord. Harper était chez moi. »
Draco lui lança un sourire goguenard. « Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Vous n'avez pas fait trop de bruit, cette fois, hein ? » La brune leva les yeux au ciel une seconde fois, en posant une main sur sa hanche. « Il vient pas ce soir ? »
La fille exécuta un mouvement négatif de la tête. « Pas moyen. Il a fait un bad trip. Trop d'exta, il est tombé une dizaine de minutes après, et là, ça fait pas loin de deux heures qu'il est inconscient. Ça me fait flipper. Graham est resté avec lui, ça va aller, il va le surveiller et s'occuper de lui. Il docteur après tout, il lui sera d'une plus grande utilité que moi…»
Draco fit la grimace. Il avait cessé de compter le nombre de fois où lui et Graham lui avaient dit qu'il faudrait songer à l'emmener à l'hôpital, un jour, et que le docteur récemment diplômé ne pouvait pas tout faire. Draco décida de garder le silence, et passa son bras autour des épaules de son amie. « T'inquiète, Pansy. Je suis sûr que ça va s'arranger… Hm ? »
La brune soupira. « J'espère. Au moins ce petit con arrêtera d'en consommer ! Je lui avais dis de faire attention, de pas en prendre autant, en si peu de temps. Ça fait cinq jours de suite qu'il en prend, le soir, et pas en minuscule quantité, si tu vois ce que je veux dire. » Elle fit une pause, et ils se mirent en marche. « Je sais qu'il va devoir aller dans un centre de désintox'… Il va pas supporter ça, Draco. Il va devenir malade. Et je vais devoir lui forcer la main. » Draco lui demanda qui le fournissait. « C'est Flint. Qui d'autre ? C'est toujours lui. Mais là… Il a mal prévu son coup. Il pensait pas que ça irait aussi loin. »
Draco resserra son étreinte, et embrassa gentiment Pansy sur la tempe, avant de lui donner une petite tape sur l'épaule. Ils marchèrent en silence pendant plusieurs minutes, avant de se mettre à discuter et à colporter les derniers potins du coin. Astoria qui s'était fait voler son mec par sa grande sœur – ce qui fit juste rire Draco. Ha ! J'espère qu'elle ressent ce que j'ai ressenti maintenant, cette cruche. Elle l'a mérité. – , Blaise qui s'était enfin trouvé un job à sa hauteur dans un grand restaurant près du Barin, Goyle qui s'était encore fait arrêter après avoir insulté un flic,…
Draco, après avoir déclaré que Goyle et son meilleur ami Crabbe étaient des brutes et n'étaient pas franchement les chouchous de la bande de toute façon, tituba, et s'arrêta, en clignant des yeux plusieurs fois, puis collant sa main dessus, pour les laisser se reposer un instant.
Pansy posa ses mains sur les épaules du blond. « Encore tes yeux ? Draco, il faut que tu retournes voir un spécialiste, c'est pas normal que ça continue comme ça… Je comprends même pas que tu aies arrêté. »
Le garçon renifla avec mépris, les yeux toujours cachés. « Ouais, parce que ça changeait quelque chose, c'est sûr ! La rééducation n'a pas réussi son travail. J'ai pas envie de perdre mon temps comme ça. »
« Bordel, perdre ton temps, tu penses que c'est pire que perdre ta vue définitivement ?! Putain, t'es vraiment grave, t'es aussi con qu'Harper ! », s'exclama Pansy, faisant retourner les passants, qui leur jetèrent des regards étranges et ennuyés. « Alors tu vas me faire le plaisir de retourner chez un docteur, espèce de saloperie ! Et je viendrai avec toi. Graham va pas toujours pouvoir t'aider, c'est pas dans ses cordes. »
Draco se retint de lui lancer une pique sur le fait qu'elle aussi, devrait arrêter de prendre Graham pour acquis, mais il serra juste la mâchoire, et attendit de se calmer. Puis il enleva sa main, regardant Pansy avec des yeux tristes et troubles, et acquiesça d'un mouvement de tête. La fille avait toujours eu une profonde affection pour lui, et lui avait avoué qu'elle était amoureuse de lui il y a quelques années. Ils avaient eu une courte histoire, quelques mois, avant de rompre, en se rendant compte que ça ne collait pas. Depuis, ils étaient restés très proches l'un de l'autre, et ils ne se quittaient presque jamais. Elle avait plusieurs années de plus que lui, et d'un certain angle, Draco la considérait comme sa sœur, et presque comme une présence maternelle. Il avait perdu l'une de ses deux mères, Orora, d'un cancer du foie et Narcissa, son autre mère, était morte il y avait environ deux ans de cela, lors d'un accident de voiture. Inutile de dire que Draco avait sombré dans une profonde déprime après cela. Elles étaient tout son monde, sa seule famille. A part son père biologique, avec qui il avait noué des liens, et avec qui il s'entendait très bien, mais qui ne prenait pas vraiment la peine de prendre de ses nouvelles très souvent.
C'était à ce moment qu'il avait rencontré le reste de la bande. Pansy l'avait emmené à une petite fête de Noël, et les lui avait présentés. Il s'était immédiatement lié d'amitié avec Théodore Nott, un garçon discret et un peu glauque, et Blaise Zabini, un vrai couillon de première. Ce qui l'avait fait entrer dans cette nouvelle famille avec autant de bonheur, c'était qu'il était enfin pleinement accepté. Tout le monde avait ses galères, sa vie, bonne ou mauvaise, et personne n'était à même de juger.
« Je sais. Mais met-toi à ma place. C'est comme ça depuis quatre ans. Comment je suis censé garder espoir, hein ? » Draco haussa les épaules, parlant d'un ton nonchalant. « Allez, trêve de larmes et d'ennui, let's party ! » Il donna un coup d'épaule à la brune et souriant.
La brune secoua la tête et brandit son poing en l'air, avec un Wooh ! qui attira à nouveau les regards des gens croisant leur chemin.
(…)
Le Room-Ba était un club tout sauf banal. Il ouvrait vers deux heures du matin, jusque dix heures environ, et abritait sans doute la plus grande variété de gens. On pouvait y voir des étudiants, de même que des hommes d'affaires, des gens de dix-sept comme de cinquante ans, de toute nationalité, de tout style vestimentaire. Comme à son habitude, il était absolument blindé, l'heure de pointe étant habituellement entre trois heures et six heures. Les lumières multicolores étaient de sortie, la musique était presque assourdissante, l'alcool semblait couler à flots, la gente semblait totalement désinhibée et tirée tous droit de l'Enfer.
Le Room-Ba était aussi l'un des seuls bars diffusant du rock à gogo, ce qui faisait et entretenait sa bonne réputation entre les plus jeunes – et les plus vieux — amateurs de bon son.
Les gens accoudés au bar semblaient tous absorbés dans des discussions absurdes et bizarrement extrêmement profondes, ou bien riaient aux éclats, l'air heureux. Il était difficile d'être d'humeur morose dans cet endroit. La chaleur, les gens, et l'ambiance avait tout pour plaire. Personne ne se souvenait exactement de la date à laquelle le bar avait été créé certains disaient qu'il était juste là, et qu'il ne fallait pas aller chercher plus loin. C'était peut-être pour ça que Draco et Pansy en avait fait leur lieu de sortie du mercredi soir.
Ils se frayèrent un chemin entre les gens, jouant des coudes et dansant presque pour éviter ceux des autres, jusque la salle du fond, où se trouvaient des tables, et un second bar. La vue était parfaite pour observer les gens danser, et pour continuer à consommer librement. Ils durent cependant rester un long moment debout : aucune place à l'horizon, pour le moment. Draco murmura quelque chose à l'oreille de Pansy, qui hocha la tête et sourit en retour. Le blond se dirigea vers le bar, et attendit au moins deux trois minutes que son tour vienne. C'était ça aussi, le Room-Ba : il fallait arriver en avance, ou se dépêcher, pour être servi dans les temps.
Il appuya ses avant-bras sur la surface de bois brut, et sourit au barman, qui s'approcha et le salua.
Simon 'Sim-Sim' Barner était un ami de longue date de Draco, ils s'étaient rencontré au lycée, et s'étaient un peu perdu de vue, avant de se retrouver par surprise en ce lieu-même. Ah, oui, c'était un beau lieu de rencontre, ici. Sim-Sim s'était récemment installé dans un appartement pas très loin, avec sa fiancée et leur petite fille.
« Qu'est-ce que tu veux, Apollon ? », lui demanda le jeune homme, en souriant de son habituel sourire de mec sûr de lui.
« Pansy est raisonnable et ne veut qu'une bièraubeurre. Moi, je vais me laisser tenter par un whiskey pur-feu. Mais ce que je veux vraiment, c'est ton corps de play-boy… », il dit avec un clin d'œil.
Sim-Sim rit. « Les cheveux décolorés c'est pour le style, les lunettes parce que ça excite, et le reste parce que je le vaux bien. » Il s'éloigna du bar, remplit une choppe, ainsi qu'un verre dans lequel il fit couler une généreuse dose de liquide ambré, avant de passer les deux verres au blond. « Cinq euros, coco. » Draco lui tira la langue d'un air à la fois enfantin et obscène, et paya pour lui et Pansy. Pendant qu'il retournait vers elle, le barman le héla : « Hey, Draco ! Cette fois, tu attends d'être chez toi, avant de commencer à branler qui que ce soit ! »
Les hommes et les femmes près du comptoir se mirent à le regarder et à rire, contrairement à Draco qui lança un regard meurtrier à son ami, son visage s'empourprant, avant d'avancer vers Pansy le plus vite possible, et se cacher du mieux qu'il pouvait derrière elle. Il ne comprenait pas pourquoi Sim-Sim lui rabâchait les oreilles avec ça toutes les semaines. C'était arrivé il y a déjà plusieurs mois, et depuis tout le monde se moquait de lui. Pas de quoi en faire un drame. D'accord, il avait peut-être bu plus qu'il n'aurait dû, il avait dansé avec ce type aux jolis yeux verts un peu trop longtemps, et il avait dégrafé son pantalon un peu trop vite.
Ce n'était pas sa faute, en soi l'autre homme l'avait encouragé. Et finalement, il n'avait même pas pu conclure. Ils s'étaient faits jetés dehors, et l'autre n'était plus jamais revenu. Non pas que ça l'attristait. Il ne savait même pas son nom.
Il sirota tranquillement son whiskey, discutant avec Pansy à propos du festival auquel ils devaient tous se rejoindre le week-end prochain. Ils avaient tout de suite décidé qu'Harper n'irait pas, même s'il suppliait et disait que tout allait mieux. Prendre des risques inutiles, même pour faire plaisir, était stupide et dangereux.
Ils dansèrent un peu, avec précaution, pour ne pas renverser le contenu de leur verre, toujours à la main. Au bout d'un moment, commençant à être embêtés, ils les déposèrent sur une table qui venait de se libérer. Ils purent enfin se débarrasser de leur veste, les poser sur des chaises, les réservant par la même occasion, et ainsi se libérer de toute contrainte. Draco se sentit tout de suite plus à l'aise avec son t-shirt léger, et Pansy soupira de bonheur lorsqu'elle put enfin respirer dans sa jolie robe rouge découvrant ses épaules. Le blond l'emmena sur la piste, au milieu de tous ces gens qui comme eux profitaient de cette soirée de débandade, et la fit tourner plusieurs fois, avant de la lâcher. La brune leva ses bras, et ondula des hanches, en riant, imitée par Draco, qui garda tout de même ses bras baissés.
Pansy se rapprocha, avec un air absurde de prédatrice, et passa ses bras autour du cou de Draco, croisant ses poignets. Le garçon, en haussant un sourcil dans une mimique ironiquement attirante passa les siens autour de la taille de sa meilleure amie, et ils entamèrent une danse sensuelle. Après seulement ce qui devait être une minute, un homme, la quarantaine, s'approcha de Pansy, et posa ses mains sur ses hanches, se collant contre elle, tout en regardant Draco d'un air provoquant. Pansy, soupirant avec ennui, lâcha alors Draco, et se retourna face à l'inconnu, le repoussant fermement. Le type leva ses deux mains, et recula, ses lèvres bougeant, inaudible sous les coups de fouets de la musique, avant de se détourner pour sans doute trouver une autre femme.
« Qu'est-ce que ça peut être chiant, sérieusement… C'est dans ces moments-là que j'aimerais qu'Harper soit ici, comme ça personne ne viendrait m'embêter. » Elle soupira, et s'éloigna de la piste de danse, s'asseyant sur la chaise où était son manteau, et buvant un peu de sa choppe d'un air blasé.
Draco regarda brièvement les gens dansant autour de lui, essayant de trouver quelqu'un d'intéressant, avant de retourner bredouille s'assoir, avec un long soupir. « Ouais, mais il serait du genre à réagir un peu… Trop. Tu sais très bien te défendre, tu vois, il est parti. » Il sourit. « Mais s'il n'avait pas lâché l'affaire, je l'aurais fait partir, bien sûr. »
Pansy laissa échapper une sorte de ronflement moqueur. « Draco, chéri, tu es peut-être musclé, avec des pecs-coussins, mais tu sais pas te battre. Et puis y'a tes troubles de vision. Ça aurait été dangereux et pour toi, et pour moi. »
Draco croisa ses bras d'un air indigné. « Avant de vous connaître, fallait bien que je me défende par moi-même. Tu peux être certaine que je savais me battre ! »
« Oui, mais plus maintenant... » Pansy rajouta. Elle regarda ensuite la foule d'un air distrait, passant son index sur le rebord de sa choppe, les laissant dans un silence lourd de sens, qui pesa sur Draco. Soudain, Pansy fit un mouvement de menton vers la foule. « Tiens, je viens de repérer quelqu'un qui pourrait potentiellement satisfaire ton fétichisme. »
Draco ne comprit pas au premier abord, puis opina lentement du chef, buvant une gorgée de whiskey, avant de pincer les lèvres. « Combien de fois je vais devoir te le répéter ? C'est pas un fétichisme. Juste une préférence. Et puis de toute façon, j'ai arrêté de chercher. J'ai décidé de rester maître de moi, et de ne pas trop me laisser-aller. Tu as affaire à un autre moi, maintenant. » Il regarda néanmoins les gens continuant de danser, cherchant cette personne du regard. « Non, je ne suis plus le même, et je dirais même que-» Sa voix s'étrangla, et ce qu'il venait de dire s'évanouit instantanément de son esprit.
Juste sous ses yeux, à quelques mètres, venait d'apparaître un homme fantastiquement bien roulé, dansant d'une manière atroce – mais qui s'en souciait ? – et avec des yeux à damner.
Draco tendit son verre vers sa meilleure amie. « Pansy, tiens-moi ça. » Il se leva. « Cette nuit est ma nuit. »
