Une proie, enfin !
Bellatrix détaille patiemment sa cible : une moldue, légèrement plus jeune qu'elle et soigneusement apprêtée. L'inconnue renvoie deux images totalement contradictoires : la première est celle d'une jolie femme, avenante et de bonne compagnie. La seconde, celle d'un être autoritaire et manipulateur, d'une intelligence redoutable.
On ne pouvait rêver mieux : la victime semble à sa parfaite mesure, Bellatrix n'a plus qu'à attendre que l'homme avec qui elle discute froidement quitte les lieux.
Pendant ce temps, la mangemort se rapproche silencieusement de sa proie, pestant intérieurement contre cette discussion qui semble s'éterniser, hésitant d'ailleurs à y mettre un terme à sa manière.
Mais non, ce n'est pas le moment de se faire remarquer... Il fait nuit et les lieux sont déserts, elle aura besoin de son énergie pour la suite, donc pas question de la gaspiller à liquider un homme sur ce parking.
Enfin il capitule, s'en va et la moldue, visage fermé, sort les clefs de sa voiture. Bellatrix décide tout compte fait de l'attendre à l'intérieur. Après-tout, pourquoi pas ? Ce coup-là elle ne l'a jamais fait, autant tester.
Le « Crac » sonore du transplannage retentit dans l'habitacle et tire un sursaut à l'inconnue, dont le cri est étouffé par la main de Bellatrix plaquée sur son visage. La ceinture de sécurité vient maintenir la victime sur son siège, ses mains se rivent sur le volant, ses pieds aux pédales, les mèches blondes les plus longues s'entortillent dans les attaches de l'appuie-tête du siège conducteur.
Tandis que Bellatrix se glisse dans la tête de sa victime, la femme, tétanisée, aperçoit le reflet de son agresseur dans le rétroviseur...
Une vieille tante autoritaire, négligée et psychopathe apparaît immédiatement dans les souvenirs de la moldue... Image désagréable qui fait perdre le contrôle à Bellatrix et la jette hors des pensées de la femme.
Elle déteste que ses victimes effectuent ce genre de comparaisons, et pourtant elles sont assez fréquentes. Par contre, ce qui est nouveau cette fois-ci, c'est l'absence de souvenir lié à la peur dans l'esprit de la moldue.
Bellatrix tente d'en savoir un peu plus, malgré sa répugnance.
Un souvenir de vieille cuisine délabrée apparaît devant ses yeux, à l'intérieur, la vieille psychopathe tempête en tapant de ses deux poings sur une table branlante et vermoulue.
« Frédérique ! Vas-tu donc obéir à tes aînés ? … Mais où se cache donc cette petite garce insolente ?! »
La victime de Bellatrix, beaucoup plus jeune, dissimulée derrière un coffret d'osier, étouffe un rire.
Ce souvenir sent le mépris à plein nez...
Voilà qui s'annonce intéressant, ou contrariant selon l'angle où l'on se place...
Je vous dépose quelque part ?
La voix de la moldue, agacée, un peu sèche et surtout très supérieure, tire Bellatrix du souvenir. Frédérique ne semble pas la voir comme dangereuse. Pourtant, n'a t-elle pas eu l'occasion de constater que la mangemort possédait des facultés étranges et inquiétantes ? Sans compter sont apparence effroyable...
Je suppose que vous êtes encore une hallucination due à mon état d'épuisement... Soupire la moldue en démarrant sa voiture. Désolée de vous décevoir, mais vous n'êtes ni la première qui me fait le coup, ni la dernière avant les vacances de Noël. Après généralement, cela va beaucoup mieux...
Non, décidément celle-là, on ne la lui avait jamais faîte...
