Les personnages de m'appartiennent point.
DREAM ON
Un beau jour d'été l'histoire débuta. Mais le héros, Gustave, ne le savait pas encore. Il ignorait que cette journée réveillerai en lui les plus bas instincts d'une manière aussi soudaine.
Enfant il ne s'est jamais battu, jamais il n'a blessé ses camarades par le geste ou la parole, jamais il n'a joué à la guerre, jamais… Il n'a jamais exprimé sa rancœur et la douleur dans son cœur. Pourtant elle était là, tapie dans l'ombre de son frère, son jumeau, lui-même en somme. Du fait même que jamais il ne l'a exprimée, montrée, évoquée, cette souffrance le consuma tout entier jusqu'à plonger son âme dans une nuit sans fond, où le chemin de la déchéance était éclairé par les flammes de la rage froide qui l'habitait. Depuis sa plus petite enfance, depuis qu'il fut en age de comprendre de percevoir que son frère, malgré leur visage identique, lui était différent. Le premier regard perçu au détour d'une conversation insignifiante. Cette lueur qui ne lui était jamais adressée. Depuis ce jour il n'a jamais pu vivre en paix avec lui-même. Son frère, Adam, lui-même, plus qu'une partie de son propre corps, lui-même, ne formant qu'un. Ce fut ce jour où cet un fut dissocié dans le regard de leur mère que la vie de Gus se modifia sensiblement, coulant un peu plus à chaque jour, à chaque regard, à chaque différence qui bientôt sépara les deux frères par un abîme insurmontable. Les comparaisons n'étaient jamais en faveur de Gus, les éloges, les caresses la fierté était du domaine privé d'Adam. Non que Gustave fut mal aimé ou mal traité. Mais les yeux ne s'allumaient pas lorsqu'ils l'effleuraient. On le supportait comme l'appendice du brillant Adam. Qu'il fut présent ou non importait peu. Adam… Si gentil, si doux, si beau, tellement… Il l'aimait tant et plus cet amour grandissait, plus il nourrissait sa rage et sa douleur assombrissant son âme.
Malgré tous mes démons les menottes que j'ai au bras,
si je te quitte pour de bon le lendemain je cours vers toi…
Cette belle journée d'été les deux frères allèrent se baigner au lac qui bordait le village. Gus pataugeait dans l'eau peu profonde regardant le beau plongeon sans vagues de son frère. Il sourit. Il ne l'enviait pas. Depuis bien longtemps il avait compris que son frère lui était supérieur, il l'acceptait et l'admirait. Mais ce dont il souffrait c'était d'une froide solitude. Personne ne peut vivre sans le regard bienveillant de quelqu'un qui vous aime. C'est ce regard qui lui manquait tant… On le regardait sans le voir, on l'écoutait sans l'entendre. Personne n'entendait son cri sifflant à leurs oreilles. Gustave n'était que le reflet de son frère, vivant à travers un vieux miroir jauni par le temps et ayant perdu son éclat.
Adam ! cria Gustave, viens on doit rentrer !
Encore un peu, répondit-il avec son sourire éclatant.
La nuit tombait vite en cette fin d'été et bientôt l'astre du jour quitta le petit village. Le vent se leva, doux, enveloppant son corps à demi nu d'un manteau glacé.
Adam !
Son frère finit par céder aux suppliques de Gus et le rejoignit. Ils regagnèrent la maison, traversant la nuit épaisse en faisant claquer leurs chaussures mouillées sur le sol dur. Lorsqu'ils arrivèrent à la maison leur mère les attendait les mains sur les hanches.
C'est à cette heure-ci que vous rentrez les garçons ?! leur demanda-t-elle visiblement en colère.
Ils ne purent trouver une justification acceptable, pour toute réponse ils baissèrent la tête.
Regarde toi Adam ! T'es frigorifié ! Allez viens te réchauffer au coin du feu. Viens toi aussi Gus
Elle prit Adam par l'épaule et suivie par Gustave se dirigea vers la cheminée au salon. La soirée se prolongea paresseusement et aux premières lueurs de l'aube la famille était encore réunie par l'histoire que leur contait leur père, son mari.
Et voila c'est fini !
Encore une, papa !
Non il est temps de …
Gustave les entendit avant tous les autres. Des pas étouffés, des respirations sifflantes, des épées claquant contre les flancs d'hommes armés qui encerclaient la maison. Soudain ils surgirent dans le salon sans avoir eu la politesse de frapper et Gus reconnut un groupe de pirates sans pouvoir mettre un nom sur les quelques visages barbouillés de cicatrices qui lui faisaient face. Sa mère cria et prit son fils, Adam, dans les bras, son père se leva très vite et se dirigea vers le fond du salon où il cachait sa carabine. Gustave, lui, ne quitta pas les pirates des yeux ne pouvant bouger, paralysé par la surprise la peur et une fascination malsaine. Son père n'eut pas le temps de trouver son arme, arrêté dans son élan par une épée qui lui chatouilla la nuque.
Nous ne sommes pas là pour vous tuer, on est pas de brutes que diable alors dites a votre femme d'arrêter de crier elle me casse les oreilles, dit celui qui sembla être le capitaine portant un chapeau, un bandeau et un jambe en bois comme tout cliché pirate qui se respecte.
O-Ouii, balbutia le père en regardant sa femme qui se tut mais ne lâcha pas pour autant Adam étrangement calme dans ses bras.
Bon c'est mieux ! Nous ce qui nous intéresse c'est l'or, l'argent ! Tout ce qui a de la valeur, mettez le dans ce sac.
Le père des jumeaux blême mais obéissant se plia aux volontés du pirate. Ce dernier tourna son regard vers Adam et ensuite passa à Gustave. Un sourire cruel laissa voir ses dents pourries.
Je vais vous prendre aussi un des gosses, déclara-t-il calmement.
NOOOOOON, cria la mère en serrant Adam jusqu'à l'étouffer.
Gustave regarda la scène et comme souvent il se voyait en dehors. Comme s'il flottait au dessus de tous et se voyait lui-même dans une situation qui ne le concernait pas. Il écarquilla les yeux, dans une surprise et une peur feinte que l'on se devait d'avoir dans la situation actuelle. Mais ses yeux violets étaient tranquilles et sans expression. Il se tourna vers sa mère avec cette expression apeuré de façade et son regard éteint, ne s'apercevant pas du paradoxe tellement il était habitué à faire, dire, penser, ce qu'on attendait de lui.
Un des subordonnés au capitaine s'avança vers la mère qui étreignait son enfant comme pour l'empêcher de se noyer. Adam lui regarda l'homme dans les yeux avec un regard tranquille et assuré.
Non, dit le capitaine pour l'arrêter, prend plutôt l'autre.
C'est vous le chef, chef.
Il s'avança donc vers Gus qui ne bougea pas, le regard braqué sur sa mère qui ne lâchait pas Adam, regardant son autre fils avec des yeux noyés et impuissants. Gustave ne résista pas et se laissa traîner par le pirate, envoûté par l'odeur rance de sa respiration, emporté malgré lui par cette curiosité enfantine, et par cet espoir naïf que sa mère allait venir le sauver. Il jeta un rapide regard sur son père mortifié dans un coin de la pièce, toujours maintenu en joue par l'épée tranchante du capitaine tandis qu'il admirait son butin.
C'est bon on en a fini avec vous, on y va les gars.
Gustave regardait toujours sa mère attendant toujours une protestation de sa part, mais elle était paralysée, se contentant de tenir son fils contre son cœur et regardant ce fils qui ne lui appartenait plus s'éloigner au loin. Gus eut un sourire cruel en direction de sa famille et une lueur diabolique éclaira ses yeux violets.
La bande de pirates, une petite dizaine, se félicita de son action nocturne et de la facilité avec laquelle ils l'avaient accompli. Celui qui tenait toujours Gus le lâcha progressivement pour se joindre à ses camarades. Mais Gus ne s'enfuit pas, il avait une autre idée en tête.
Arrivés à leur bateau, les pirates s'installèrent tranquillement avec des choppes de rhum et se félicitèrent encore pendant de longues heures, ne redoutant pas de se laisser aller si près du village qu'ils avaient pillé. Gus fut laissé seul, sans surveillance. Il partit donc dans l'exploration du bateau à la recherche des outils nécessaires à son plan. Il les trouva bien vite et s'enfuit du bateau sans que personne ne le remarque. Pourtant des yeux jaunes le suivirent jusqu'à ce qu'il fut hors de vue, un léger filet de fumée s'échappa de ses fines lèvres tandis qu'il regardait au loin, plongée dans des pensés que lui seul connaît.
Dans la nuit sans étoiles qui lui offrait toute l'obscurité nécessaire au bon déroulement de son plan une odeur d'essence flottait portée par le vent du soir s'enroulant autour des arbres proches et s'envolant au plus profond de la forêt. Une flamme chaude vint éclairer un sourire tristement cruel et bientôt la nuit fut éclairée par une lumière éblouissante et chaude. Des petits pas s'éloignèrent bien vite pour rejoindre le port. Là l'ombre aux yeux de feu sourit furtivement.
Où étais tu passé garnement ?
J'avais des choses à faire, répondit la voix prématurément adulte du gamin d'une dizaine d'années qui se tenait fermement devant le bateau imposant d'une bande de pirates corrompus.
Un dernier au revoir peut-être ? répliqua l'ombre malicieusement.
Peut-être, répondit Gus sur le même ton.
Pourquoi es tu revenu ?
Je n'avais nulle part où aller vous étés ma nouvelle famille à présent.
Allez monte, gamin. Au fait je me présente : Moe bienvenue dans ta nouvelle vie, ajouta-t-il une fois Gus à son hauteur en lui tendant la main que ce dernier prit sans hésiter avec ce drôle de sourire, mêlant autant de tristesse que de soulagement. Il avait finalement trouvé quelqu'un qui le regardait, lui et ce regard chaleureux le rendait heureux.
Le reste on en reparlera…
Quelques années plus tard.
Le vent se leva incongrûment dans cette journée étouffante d'été. Nami leva la tête inquiète avec un mauvais pressentiment. Ses sombres pensées furent vite chassées par un cri venant de la cuisine.
Attends que je t'attrape ! Luffy !! cria la voix de Sandji tandis que le dénommé Luffy sortait de la cuisine avec sous le bras un poulet rôti destiné visiblement au déjeuner de l'équipage.
Nami leva les yeux au ciel et porta son attention sur le livre que Robin lui avait prêté : une histoire de pirates.
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Debout sur le zinc, La déclaration
Le reste au prochain épisode.
