Bienvenue à vous qui venez d'arriver sur cette page!
Cette petite histoire me trotte dans la tête depuis un bon moment. J'ai finalement décidé de la mettre sur papier (ou plutôt, sur écran).
Je la dédis à Alienigenia, formidable auteur qui m'inspire beaucoup et me motive à continuer à écrire.
Si vous connaissez ses écrits, vous remarquerez peut-être quelques points communs entre les siens et les miens. Je tiens à préciser que « Contact » est né bien avant « L'autre moitié » ou « Illusions », donc je n'ai absolument pas plagié cet auteur. Il est vrai que nous nous échangeons souvent des idées, et que nous écrivons un peu sur les mêmes choses, d'où peut-être une ressemblance visible.
Sur ce, bonne lecture!
Chapitre 1
« - Encore combien de temps, monsieur Chekov? cria Kirk au-dessus du bruit de la sirène d'alarme.
- Nous devrrrrions atteindrrrre la fin de l'orrrrage magnétique d'ici trrrrois minutes, capitaine », répondit l'enseigne.
S'agrippant d'une main au bras de son fauteuil, il pianotait à toute vitesse de l'autre sur ses claviers. A côté de lui, Sulu était cramponné à ses manettes, immobile et concentré malgré les violentes secousses qui ébranlaient l'Entreprise.
La lumière s'éteignit d'un coup, laissant le pont dans une pénombre rouge.
Kirk réussit à viser le bouton de communication avec la machinerie.
« -Scotty, quelles nouvelles?
- La carcasse tient le coup, monsieur, répondit la voix de l'ingénieur. M. Spock fait du bon boulot. On devrait s'en sortir dans trop de casse.
- Merci, Scotty. Tenez-moi au courant. Terminé. »
Kirk s'appuya contre le dossier de son fauteuil. Comme d'habitude, son équipage gérait parfaitement la situation, et il s'autorisa à plonger un moment dans ses pensées.
Spock avait lui-même demandé au capitaine de descendre prêter main-forte aux ingénieurs pour les aider à réguler les hyperpressions et disjonctions électriques dues à l'orage magnétique, prétextant qu'utiliser ses connaissances en ingénierie était plus censé que contempler ses capteurs prendre des relevés.
Mais, derrière cette demande on ne peut plus logique, Kirk savait qu'il y avait autre chose. Spock n'était plus le même depuis trois jours. Certes, être enlevé par des marchands d'esclaves et sauvé in extremis n'avait pas dû être une partie de plaisir, mais cela l'avait… changé. Il était plus distant encore que d'habitude, enchaînait les quarts, et, surtout, ne supportait plus la proximité physique. Dès que quelqu'un s'approchait à moins de deux mètres de lui, il s'écartait vivement, comme pour éviter un danger.
Kirk avait bien essayé de lui demander ce qui n'allait pas, ce qu'il pouvait faire pour l'aider… il lui avait même proposé une partie d'échecs dans ses quartiers, alors qu'il y échouait lamentablement à chaque fois. Mais le Vulcain avait systématiquement affirmé qu'il allait bien, et refusé tout contact personnel avec le capitaine. Il faisait son travail, et passait dans ses quartiers le peu de temps libre qu'il se permettait.
Kirk était à cours d'idées quand Uhura était venue le voir après un quart. Elle non plus n'arrivait plus à approcher Spock. Kirk ne pouvait imaginer à quel point cela devait être dur pour elle… mais elle affrontait courageusement la situation, et refusait de s'effondrer. Elle lui avait soumis une idée: faire une escale sur la nouvelle Vulcain après leur mission, ce qui laisserait à Spock la possibilité de faire appel à un guérisseur de son peuple. Et, s'il ne le faisait pas de lui-même, il restait la possibilité d'en amener un à bord.
Ils avaient forgé ce projet ensemble, mais Kirk attendait la fin de la mission pour l'annoncer à l'équipage. Il appréhendait un peu la réaction de Spock…
Un énorme juron de Scott le tira de ses pensées, et il réalisa qu'il avait oublié d'éteindre l'intercom.
« Surveillez votre langage, Scotty, je ne veux pas que les cadets apprennent votre vocabulaire, dit-il. Que se passe-t-il de si grave en bas? »
Mais il n'entendit qu'une cacophonie de cris et de soufflerie mécanique.
« Nous en sommes sorrrrtis, capitaine », annonça Chekov.
Les soubresauts qui agitaient le vaisseau se calmèrent brusquement. La sirène se tut, laissant une étrange impression de silence absolu.
«- Scotty, répondez, dit Kirk avec inquiétude.
- Pardon, capitaine, on a eu une urgence, dit enfin l'ingénieur. Une canalisation de refroidissement s'est fissurée et a commencé à mettre de l'eau partout. On n'arrivait même pas à rejoindre la manivelle de fermeture manuelle à cause de la pression. Heureusement que votre second était là! Il s'est pris un bon paquet d'eau froide sur le dos, mais il n'y a plus de fuite.
- Des avaries? demanda Kirk.
- Laissez-moi un instant… Bon, rien d'irréparable. Par contre, pour éviter une surchauffe, il va falloir limiter au maximum la production d'énergie.
- Réduire à quel point?
- Voyons… Martins, je peux avoir votre rapport? Merci. Eh bien, capitaine, on dirait que ça va être régime sec! J'ai de quoi alimenter les maintiens vitaux et les moteurs, mais rien de plus.
- Merci, Scotty » , dit Kirk, soulagé.
Il avait craint des dégâts au-delà de toute réparation, qui auraient mis en péril son vaisseau et ses hommes. La situation actuelle demandait un bon sens de l'organisation, mais au moins il n'avait pas à craindre pour la vie de son équipage.
«- Je vais faire passer le message, reprit-il.
- Capitaine, sans doute serait-il pertinent d'instaurer des quarts plus allégés, fit la voix de Spock. Cela limitera les dépenses d'énergie.
- Je vais organiser tout cela, M. Spock, répondit Kirk en souriant. Vous pouvez rentrer dans vos quartiers. Vous avez bien mérité une pause.
- Capitaine, il reste encore une heure et dix-huit minutes avait la fin du quart. Le temps de passer des vêtements secs, et je…
- Ne discutez pas mes ordres, Commandeur. Rendez-vous dans neuf heures.
- Bien, capitaine. »
Kirk ne put s'empêcher de sourire. Parfois, il savourait vraiment l'autorité du capitanat, qui lui permettait de vaincre sans efforts l'entêtement incurable de son premier officier.
Son sourire s'effaça quand il imagina Spock, trempé de la tête aux pieds alors que les Vulcains détestaient l'eau et le froid. Oui, il valait mieux qu'il aille se réchauffer, et se reposer s'il le pouvait…
