titre : Eating us Alive
auteur : solrosan, sur AO3
résumé : John et Sherlock ont tous les deux du mal à comprendre et gérer la relation compliquée qu'a Sherlock avec la nourriture alors que celle-ci commence lentement à se dégrader.
disclaimer : ceci est une traduction ; rien ne m'appartient à par la traduction elle-même.
note de l'auteur : Je ne veux pas vous dire quelles lunettes utiliser pour lire ceci. Je l'ai écrit comme étant non-slash et je pense que ça apporte quelque chose à l'histoire, mais on m'a dit que ça fonctionne tout aussi bien en tant qu'un Sherlock/John établit si c'est ce que vous aimez.
ndt : j'ai soudainement eu envie de reprendre les traductions, ce que j'avais arrêté depuis une bonne année déjà. trop de choses dans ma vie et maintenant que j'ai un peu de temps pour souffler, j'en profite. je ne peux pas promettre que j'updaterai rapidement et il risque d'y avoir des longues périodes sans nouvelles (je n'espère pas, cependant), mais voilà. j'ai jeté mon dévolu sur cette fic que j'ai plutôt apprécié lorsque je l'ai lue la première fois, et je la redécouvre pendant cette traduction, j'espère qu'il en sera de même avec vous. c'est, en réalité, tout un regroupement de plusieurs histoires (il y en a 6 en tout), c'est donc ici la première partie, composée de 6 chapitres. je pense traduire les 6 parties du regroupement. attention ; cette fanfiction parle de sujets sensibles, tels que les troubles alimentaires non traités. pensez à vous avant de lire, et ne lisez pas si vous êtes sensibles à ce genre de sujet !


« Tu sais, tu es probablement l'homme le plus beau que je connaisse » dit John à Sherlock depuis l'encadrement de la porte. Sherlock sursauta au son de la voix de John, mais il ne se détourna pas du miroir devant lequel il se déshabillait.

« Ce n'est pas pertinent, » dit Sherlock et il arrête de déboutonner sa chemise.

« Quelle partie ? »

Sherock ne répondit pas, il ne bougea pas non plus, mais John pouvait voir dans le miroir que les yeux du détective étaient dirigés vers le sol.

« Tu vas bien ? » John voulait savoir, supposant que Sherlock savait de quoi il parlait.

« Oui. »

John voulait le croire, alors c'est ce qu'il a fait. C'était plus simple et il avait la sensation qu'il devait avoir confiance en lui.

« Si ce n'était pas le cas, ou si ça changeait, me le diras-tu ? »

Pas de réponse.

« Parce que tu pourrais. Me parler, je veux dire. »

Après avoir attendu quelques minutes après une réponse qui n'est jamais venue, John abandonna et il alla dans sa chambre. Il ne pouvait pas faire grand-chose, pas vraiment, et faire confiance était une bonne chose. La plupart du temps.

Est-ce qu'il pensait que Sherlock viendrait le lui dire si ça empirait ?

Honnêtement ?

Non.

C'était étrange vraiment ; quand John était à l'université, toutes les sensations suspectes dans ses jambes étaient des caillots de sang, chaque grosseur était une tumeur cancéreuse et chaque gorge douloureuse était causée par un SARM, mais il a quand même réussi à être aveugle devant le fait que Harry montrait tous les signes d'un alcoolisme naissant. Maintenant, des études de médecine et une guerre plus tard, il semble toujours aussi inconscient des problèmes de ses êtres chers.

Pas totalement aveugle peut-être, il l'a compris, mais l'excuse qu'il a utilisé cette fois-ci est bien trop similaire à celle qu'il a utilisé par rapport à l'alcoolisme de Harry. John se sentit légèrement honteux.

« Si je te le dis, que feras-tu ?
– Jésus ! Tu m'as fait peur, » dit John alors qu'il se retournait et qu'il vit Sherlock, se tenant dans l'encadrement de la porte, portant sa robe de chambre – fermée avec précaution cette fois-ci – et tenant une tasse de thé entre ses mains.

« Prends ça comme une vengeance, » dit Sherlock, mais au contraire de John il entra dans la chambre. « Alors ? »

« Que veux-tu dire ? »

« Si je te le dis, que vas-tu faire ? » dit Sherlock, soupirant. John se demanda s'il pensait réellement que le changement de temps rendait la question plus compréhensible, mais les battements de son cœur s'étaient ralenti lorsqu'il réalisa qu'il avait bien compris.

« Je ne sais pas » dit-il, tout en sachant parfaitement bien que ce n'était pas la réponse que Sherlock voulait.

« Seras-tu Dr Watson ? Seras-tu agacé ? Auras-tu pitié de moi ? » Sherlock essaya de préciser et de rendre la question plus facile à répondre pour son colocataire stupide. « Essayeras-tu de me parler jusqu'à me convaincre d'arrêter ? Essayeras-tu de comprendre ? Affirmeras-tu que tu comprends ? Me diras-tu de surmonter ça et de me débrouiller seul ? »

John ouvrit et ferma la bouche encore et encore comme un poisson rouge. Étrangement, Sherlock sembla attendre patiemment sa réponse. Cette vision força John à dire au moins quelque chose.

« Dis-moi. »

« Il n'y a rien à dire maintenant, mais je crois que je comprends l'intention. » Sherlock lança un regard au miroir sur l'armoire de John et John n'était pas sûr de savoir si le détective s'en était rendu compte. Le silence tomba à nouveau et il fallu du temps avant que John ne comprenne la seconde raison pour laquelle Sherlock était monté dans sa chambre.

« Tu veux savoir comment je l'ai découvert, n'est-ce pas ? »

Sherlock ne répondit pas, mais il se tourna du miroir et ses yeux rencontrèrent ceux de John pour la première fois de la nuit. John s'assit sur le bord du lit et releva les yeux vers le visage de Sherlock avec un faible sourire.

« Et-tu impressionné ou en colère que je l'ai découvert ? » demanda John mais il n'obtint toujours aucune réponse et il ressentit le besoin d'ajouter : « D'habitude il y a plus d'une personne dans une conversation tu sais.
– Pas quand je parle.
– Eh bien, tu fais surtout des monologues, » dit John avec un sourire plus correct. « Et j'essaie d'avoir un dialogue, là.
– Tu échoues.
– Oui, il semble que c'est le cas. » John soupira. « Je suis, en fait, supris que tu ne le savais pas ; j'ai passé beaucoup de temps à écouter derrière la porte de la salle de bain.
– Je ne me suis jamais forcé à vomir, » dit Sherlock d'une voix très basse.

« C'est… » commença John mais il n'avait aucune idée de comment sa phrase finira. Était-ce une bonne chose ? Une mauvaise chose ? Une surprise ? Une consolation ? Était-ce la vérité ? Il réalisa qu'il espérait que ce soit la vérité pour une raison inconnue. « De l'anorexie ? »

Sherlock ne fit rien qui pouvait confirmer ou nier cela ; John le prit comme un oui et même s'il savait, même s'il l'avait découvert, il avait quand même mal au cœur.

« Mais tu vas bien maintenant ? » demanda John.

« Oui. »

John plaça sa main sur celle de Sherlock, qui tenait encore fermement la tasse de thé. « Alors comment ça se fait que j'ai été capable de le découvrir ?
– Oui, comment as-tu été capable de faire ça ? » Sherlock regarda John, son visage changeant d'un sentiment d'incertitude et vulnérable à intéressé et vaguement ennuyé.

« Tu veux dire si on omet le fait que tu manges à peine ? » demanda John avec un sourire las.

« Je mange, » Sherlock parut contrarié.

« Je sais que tu manges, je suis désolé. » John retira sa main, il supposa que c'était un sujet trop sensible pour plaisanter maintenant. « Mais c'était ça. J'avais peur que tu finisses par souffrir de malnutrition, alors j'ai commencé à surveiller ce que tu mangeais.
– Je mange, » répéta Sherlock, essayant cette fois-ci d'avoir l'air vexé, mais sa voix sonnait monotone.

« Sherlock, je sais que tu manges, » insista John. « Comme j'ai dit, j'ai juste surveillé.
– Je mange… » murmura Sherlock une dernière fois et John plaça ses mains sur les hanches de Sherlock, l'attirant plus près de lui même s'il pouvait sentir à quel point Sherlock était réticent.

« Je suis désolé, » chuchota John, « mais tu voulais savoir, alors j'essaie juste d'expliquer… Je ne suis pas… je ne suis pas en train de t'accuser que quoi que ce soit.
– Tu expliques horriblement tes déductions, » l'informa Sherlock.

« Eh bien, j'ai d'autres qualités, » John laissa un petit rire s'échapper de ses lèvres avant de redevenir sérieux et il caressa les côtes de Sherlock, « J'ai vu que tu pinçais et que tu appuyais sur ton ventre l'autre jour, et en association avec tes 'intéressantes' habitudes alimentaires et le fait que tu es toujours complètement couvert… Je l'ai vu parce que je le cherchais.
– Je vais bien, » assura Sherlock, baissant les yeux sur ton thé.

« Est-ce qu'il y a un pourquoi ? » demanda John.

« N'y en a-t-il pas toujours un ? » questionna Sherlock en retour.

« Je ne sais pas, Sherlock, » chuchota John. « Y en a-t-il un ? »

Sherlock ne répondit pas et John eut une pique de panique sans réellement comprendre pourquoi. Il se sentit, cependant, complètement impuissant ; l'idée préconçue de l'anorexie était une jeune fille qui pense qu'elle est laide parce qu'elle est grosse et même si John savait que ce n'était même pas proche de toute la vérité, une image de son corps déformée est un ennemi terrible. C'est ce pourquoi Sherlock avait dit que ce n'était pas pertinent que John pense à son apparence, parce que comparé à ce que Sherlock a vu quand il a regardé dans le miroir, ce que John a dit ne sert à rien.

« Pourquoi ai-je été capable de le découvrir seulement maintenant ? » demanda John. « Nous nous connaissons depuis plus d'un an et, si on met de côté les habitudes alimentaires, je n'ai rien remarqué jusque maintenant… Alors que s'est-il passé ? Parce que ce n'est pas nouveau, si ? »

Sherlock secoua la tête. « C'est périodique. Là maintenant je me sens mal mais je vais bien.
– Je te crois, » dit John et il prit la tasse de thé de Sherlock qui faisait office de bouclier entre eux durant la conversation et il le plaça sur le sol. « Mais si ce n'était pas le cas, peux-tu me promettre de me le dire ? »

Sherlock hésita. John plaça ses mains sur les hanches de Sherlock une nouvelle fois et le regarda dans les yeux.

« Peu importe si tu me le dis ou non, je vais m'inquiéter parce que tu es la personne la plus importante de ma vie, » dit John, passant lentement ses pouces d'avant en arrière. « Je ne vais pas avoir pitié de toi. Je ne serai pas agacé. J'essayerai de comprendre mais ne mentirai jamais en disant que je comprends, parce qu'on sait tous les deux que ce n'est pas le cas et je promets de n'être Dr Watson seulement si tu as besoin que je le sois. C'est assez bien ?
– Je suis la personne la plus importante de ta vie ? » Sherlock semblait incertain.

« Cela te surprend ?
– Oui. »

John l'attira encore plus contre lui, enroulant ses bras autour de la taille de Sherlock et posant sa tête sur l'estomac de Sherlock.

« Je t'aime, » dit John, « et même si je ne connais pas le 'pourquoi', j'aurais espéré que tu puisses te voir de la façon dont je te vois.
– Je suis désolé.
– Mon dieu… ne le soit pas, » John le lâcha et plaça ses mains sur l'estomac de Sherlock, « Dis-moi juste quand tu ne vas plus bien, d'accord ?
– D'accord. » Sherlock pinça le bout des doigts de John.

« Vraiment ? Tu me le promets ?
– Je te le promets, » Sherlock hocha la tête, « et je ne suis pas anorexique.
– Est-ce important ?
– Ça l'est pour moi.
– Alors ça l'est pour moi aussi, » dit John et il glissa ses bras autour de la taille de Sherlock à nouveau, posant sa tête là où ses mains se trouvaient juste avant. Il n'arrivait pas à savoir si Sherlock était ravi ou non de ne pas être diagnostiqué comme étant anorexique, mais il n'allait pas chercher à savoir maintenant. Dans cette position, il pouvait sentir l'os du bassin de Sherlock et ça l'a un peu effrayé, mais si Sherlock a dit qu'il allait bien alors John allait le croire. Pour l'instant.

« John…
– Quoi ?
– Je pense que tu es la personne la plus importante de ma vie aussi. »