Attention, cette fiction parle de violence morale, physique, de dépression. Elle n'est pas recommandée aux personnes sensibles.

Merci :)


Rose Weasley-Granger courait entre les coquelicots du mieux qu'elle pouvait, tenant de sa main droite son chapeau de paille qui ne cessait de tomber.

Du haut de ses trois ans elle était la plus merveilleuse créature qu'Hermione eut été donné de voir. Peut-être était-elle influencée par le fait que cette petite puce de 3 ans était sa fille. Cette dernière avait définitivement les cheveux de sa mère, bruns et indomptables. Heureusement pour Hermione, sa fille insistait pour les couper en un carré court. L'enfant avait les yeux verts de son père aussi. Ce dernier les suivait de près portant le panier de pique-nique qu'Hermione et lui avait rempli dans la matinée.

Tout était d'apparence si parfaite que personne n'aurait pu deviner qu'Hermione avait envie de s'enfuir en courant. Cela n'avait jamais été la vie dont elle avait rêvé. Après la mort de Voldemort, elle avait espéré un peu de calme, enfin. Après un an de sommeil sous la tente, de courses poursuites déchaînées avec une bande de dingues qui voulaient la torturer jusqu'à ce qu'elle avoue son infériorité, elle n'avait désiré qu'une chose : de la tranquillité.

Son amour avec Ron avait été la parfaite représentation de ce mot. Tout était parfaitement tranquille. Ron Weasley était un gentil garçon. Ce qui était le premier problème d'Hermione. Il était encore un garçon à ses yeux. Même à 29 ans il était cet adorable jeune homme qu'elle avait aimé tendrement à la fin de son adolescence. Il l'aidait beaucoup à la maison et avait été un parfait partenaire lors de sa grossesse. Il cuisinait, la cajolait, s'occupait de Rose parfaitement.

Hermione se voyait progressivement devenir Mme Weasley. Elle n'avait rien contre cette deuxième mère pour elle, et elle appréciait tous les jours le travail de cette merveilleuse femme pour sa famille et ses enfants. Mais Hermione était trop jeune pour ça. Elle avait moins de 30 ans et n'avait jamais réellement vécu sa jeunesse. Elle était passé d'ado à mère en un claquement de doigt.

Hermione n'avait eu qu'une histoire d'amour, qu'un partenaire, qu'une vie. Elle n'avait rien vu, rien expérimenté et ça lui faisait peur. Pire, ça la terrifiait. Chaque seconde l'étouffait un peu plus. Et elle voyait sa fille s'amuser et son mari caresser sa barbe de trois jours, elle tremblait devant la chaleur trop intense du soleil brûlant, elle respirait l'air trop parfumé et elle se sentait de plus en plus faible. Ses jambes nues sous sa jupe fleurit tremblaient et soudain elle craqua.

Elle regarda une dernière fois sa fille qui s'en allait au loin, puis se retourna vers son mari :

"Excuse-moi Ron"

Et elle transplana .

•••••

Un énième hibou atterrit devant la cabane dont Hermione avait fait sa maison depuis deux mois. Un mot de Sainte Mangouste, encore. Un renvoi définitif cette fois.

"Nous sommes vraiment navrés de devoir ainsi nous séparer d'une sorcière si compétente mais il vous faut comprendre les raison de ce renvoi : Vos absences à répétition ne sont plus excusables même pour une médicomage de votre talent…"

Hermione ria et déchira la lettre. Ils avaient autorisé deux mois d'absence. Auraient-ils fait la même chose pour qui que soit d'autre ? Non, bien entendu. Elle avait toujours ce privilège qu'elle ne méritait absolument pas, qu'elle n'avait jamais mérité. Il suffisait d'être la meilleure amie du sauveur et tout était autorisé.

Ce n'était pas la seule lettre qu'elle avait reçu en deux mois. Elle en recevait une quotidiennement de Ron qui ne comprenait rien mais donnait tout de même des nouvelles de Rose. Comme le bon père et mari qu'il était, supportant sa femme même dans ses derniers retranchements, même s'il était lui même perdu.

Il était passé la première semaine pour se retrouver face à une porte fermée et à un silence complet. Il avait tenté de passer la porte, ainsi qu'Harry, Ginny, Mme Weasley mais les sorts de répulsion n'avaient permis à aucun d'entre eux de dépasser le seuil.

Hermione était perdue. Elle ne savait pas comment définir sa nouvelle vie. Elle ne faisait rien de ses journées sinon pleurer et dormir. Parfois elle buvait à vomir et parfois elle regardait la télé qu'elle s'était fait livré. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle ne s'était pas lavé.

Elle aurait aimé être cette mère aimante et cette femme qui culpabilisait de ses faits, elle aurait voulu que sa fille lui manque. Mais elle ne ressentait rien de tout cela. Il n'y avait plus rien qui la faisait se sentir vivante. C'était tellement cliché qu'elle même se trouvait pathétique.

Mais pourtant, même seule, Hermione se sentait toujours aussi peu à sa place. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait ici mais elle pouvait aussi avec son mari et sa fille. Rien ne changeait finalement, elle ne s'était pas libéré de l'inutilité de sa vie. Elle était toujours plus pathétique, assise là dans son canapé. Elle avait cassé sa baguette dans un excès de désespoir quelques jours auparavant. Elle le regrettait maintenant, elle ne pouvait plus commander de nourriture ni même laver sa crasse. Mais en avait-elle vraiment quelque chose à faire ?

Elle avait faim. Très faim maintenant. Elle ne méritait pas d'être nourrie cependant. Après tout elle ne faisait rien, ne vivait rien, ne faisait vivre personne, alors pourquoi devait elle continuer de vivre ? Cette pensée qui lui courrait dans la tête depuis ce dernier mois la faisait sourire.

Peut-être étais ce ça finalement, la dernière étape de sa vie ? Crever sur son canapé au milieu d'une forêt en France.

Mourir, mourir, mourir. C'était comme une chanson dans sa tête, presque une délivrance qui allait la submerger une fois qu'elle rendrait son dernier souffle, un soulagement, une raison à son existence. Mourir, mourir, mourir. Un air qui la fit se lever. Sa tête tourna soudainement. Elle manquait cruellement de nourriture.

Soudainement un bruit fort se fit entendre. Le mur vibra par la force d'une personne qui frappait la porte.

"Granger ouvre !"

Malefoy. Ils avaient sérieusement envoyé Malefoy. Hermione rit sans une once d'amusement.

" Malefoy.

- Ouvre cette porte ! "

Hermione rit une fois de plus. A quoi bon ? Pourquoi le laisser dehors ? Pourquoi le faire rentrer ? Il la détestait, peut-être la tuerait-il ? La porte était ouverte de toute façon, les sorts étaient tombés depuis que sa baguette était en morceaux.

"Je t'en prie, entre Malefoy!"

La porte s'ouvrit à la volée.

"Ça pue Granger tu t'es laissée aller dis moi. En même temps pour qu'on me demande de venir te chercher je m'attendais pas à quelque chose de propre.

- Tant d'humour Malefoy"

Hermione ne pouvait pas le voir d'où elle se tenait. De toute façon, elle ne voyait pas grand chose, sa vision était brouillée.

"Bon j'ai pas toute la journée, t'es où ?

- Tu brûles j'en suis sûre."

Ses pas se rapprochaient de plus en plus et résonnaient bizarrement aux oreilles d'Hermione. Peut-être que ce qu'elle attendait enfin arrivait. Elle en avait drôlement l'impression. Elle tenta un pas ou deux ; elle tanguait.

"Granger, ça va ? Granger ? Qu'es ce .. Granger"

Hermione s'écroula avant même que Draco Malefoy ne puisse la rattraper. Et le soleil s'éteignit autour d'elle.

•••••

Contre ses propres attentes, elle se réveilla. Contre ses attentes, elle ne se réveilla pas sur le sol comme après ses black out dûs à l'alcool. Elle se réveilla sur son lit. Ou du moins sur le lit de sa pauvre cabane en bois. Elle n'avait plus faim. On avait dû la nourrir sans son accord. Elle ouvra les yeux sur une lumière aussi agressive que la veille et sur un décor toujours plus laid. Mais un détail dénotait de sa pièce d'habitude si monotone.

Une pâle figure dans l'encadrement de la porte. Drago Malefoy. LUI. C'était de sa faute. Il avait nourrit Hermione, il l'avait empêché de dormir, c'était de sa faute. Hermione pleurait maintenant. Elle n'avait pas la force d'être en colère. Elle ne voulait pas, ne voulait plus. Et ce Malefoy qui l'avait surement regardée dormir, trop content d'être enfin en position de force sur elle.

"Dégage."

Malefoy leva les yeux vers elle.

"Non.

- Malefoy dégage. Je n'ai pas besoin de toi.

- Me dire ça en chialant ça aggrave ton cas. Essaye pas de te lever tu vas tomber."

Par pure esprit de contradiction elle tenta de se lever pour ensuite s'écrouler en arrière, avant même de mettre la moitié de son poids sur ses jambes. Elle attendit en fermant les yeux le rire moqueur de Malefoy : un "je te l'avais bien dit" tout à fait mérité dans un telle situation. Mais contrairement à ce qu'elle s'attendait, cette remarque moqueuse n'arriva jamais. Au contraire, elle sentit le poids de son regard un peu plus fortement, et ses pas se rapprocher. Et bientôt, il était assis à ses côtés, sans qu'elle ne puisse ouvrir les yeux à cause de la lumière du jour.

"Est ce que tu as faim Granger ? "

Hermione pouvait sûrement se tromper mais elle avait presque entendu un once de gentillesse dans sa voix. Elle se demanda combien ses amis avait pu payer Malefoy pour qu'il soit si bon acteur. Les économies d'Harry étaient sans fonds après tout. Hermione se décida de ne pas répondre au très clair défi de Malefoy : "Es tu assez faible pour demander de l'aide ?". Non, elle tenta à la place de dormir et pour la première fois depuis deux semaines, elle s'endormit immédiatement.

•••••

"Granger, je sais que tu n'as pas envie de manger maintenant et surtout pas de ma main mais sérieux ça m'énerve de devoir te lancer des sorts pour que tu ne crèves pas de faim dans ton sommeil.

- Si je suis tellement un fardeau pour toi, pourquoi tu restes Malefoy ? Je t'ai dit de dégager.

- C'est pas ce que je voulais dire"

Malefoy passa un main dans ses cheveux lâches et soupira.

"Il faut que tu manges Granger, tu ressembles à un fantôme."

Et il laissa ce qui avait l'air d'une soupe sur sa table de nuit. Rien de liquide ne l'enchantait, et en plus, elle n'était pas malade, juste fatiguée. Seules les personnes malades mangeaient de la soupe dans leur lit.

"Je déteste la soupe" murmura la jeune femme avant de s'endormir de nouveau.

•••••

Il avait laissé un sandwich au jambon cette fois ci.

Elle n'y toucha pas.

•••••

"Malefoy, pourquoi tu me détestes ?

- Je ne te détestes pas.

- Pourquoi tu me détestais Malefoy ?

- Tu étais trop parfaite.

- Tu mens"

Hermione se retourna de l'autre côté. Malefoy l'avait comme veillé toute la journée. Elle ne s'était pas levée et ne lui avait pas adressé la parole. Elle n'avait rien fait pendant des heures, ne réfléchissait même pas, lui lisait un livre. Et maintenant qu'enfin elle lui parlait il mentait à son visage. "Parfaite" ? Elle s'était attendue à "miss je sais tout", "emmerdeuse", ou même "sang de bourbe".

Elle n'était pas parfaite. Elle avait laissé son mari et sa fille pendant deux mois alors qu'ils n'avaient pas fait le moindre mal. Et pour la première fois en deux mois, elle ressentit la culpabilité, une vague qui la cloua un peu plus encore au fond de son lit et lui arracha un torrent de larmes.

"Je peux faire quelque chose pour toi ?

- Ta gueule Malefoy, réussit-elle à peine à articuler à travers ses larmes."

A son grand étonnement, il ne répondit pas. Et quelques secondes plus tard, elle entendit une page se tourner. Elle ferma les yeux. Le monde du sommeil était préférable.

•••••

Hermione se réveilla alors qu'il faisait noir. Malefoy était à sa place habituelle mais il y avait ici un lit d'appoint, à peine de la taille de son corps, et lui endormi dessus. Il n'avait pas son stupide livre et son stupide visage qui la regardait à peine. Ses yeux étaient fermés et sa bouche relaxée, légèrement entrouverte. Il était beau allongé ainsi.

Elle attrapa ce qu'il avait laissé sur la table de nuit. Un verre d'eau, et des toasts froids maintenant. Elle en mordilla un, but le verre d'eau. Il le saurait quand il se réveillerait. Elle espérait qu'il ne fasse pas de commentaires.

Elle tenta de nouveau de se lever et échoua lamentablement.

"Pourquoi est ce que j'essaie ?"

Elle pleura jusqu'à ce que le sommeil la délivre enfin.

•••••

"Tu ne t'es jamais demandé quel était l'intérêt à tout ça finalement? L'intérêt de vivre, de respirer, d'être ici sur terre alors que tout va mal. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi ? Pourquoi nous, ces enfants qui ont dû jouer trop tôt aux adultes et qui maintenant le sont devenus réellement? Tu ne t'es jamais demandé pourquoi continuer, parce que tous les jours se ressemblent encore et toujours. Que les heures, les minutes se confondent, s'allongent et se rétrécissent. Je suis spectatrice de ma vie, nous le sommes tous. Nous nous voyons avancer dans la vie, mettre un pied devant l'autre, passer d'un jour à l'autre avec une sorte de conviction que quelque chose va arriver. Mais il ne se passe rien, il ne se passe jamais rien rien. Les jours sont routines et les semaines habitudes. Tu te lèves, mange, travaille, mange, travaille, mange et dort. Cinq jours par semaines, Tu as deux jours où le travail est remplacer par une escapade en forêt avec ta fille. Mais est ce vraiment différent ? Tu laves ta maison, tu la ranges si jamais quelqu'un arrive à l'improviste. Tu fais des biscuits secs pour la même raison. Tu n'es qu'un produit d'un ennui journalier et répétitif.

- Je me le suis demandé trop de fois, Granger."

•••••

"Pourquoi es tu venu ?

- Tu veux la vérité ?

- Oui.

- Je ne savais pas à quoi m'attendre. Potter est venu me supplier. Il m'a dit qu'il avait tout essayé pour te faire revenir à eux. Il m'a dit que j'étais le seul que tu détestais assez pour que tu réagisses enfin. Il m'a promis ce que je voulais mais j'avais une dette envers lui. Et puis venir te casser les pieds n'était pas le pire des travails.

- Pourquoi es-tu resté ?

- J'ai été dans le même état."

Il sortit de la pièce pour couper court à la conversation. Il ne voulait pas raconter. Était-il bon qu'elle sache que deux ans durant il n'avait pas quitté le lit ? Ne lui devait-il pas plus d'espoir ?

Il avait remarqué que ces six dernières nuits la nourriture disparaissait. Il avait tenté d'augmenter les doses mais rarement plus de deux bouchées était avalées. Il lui lançait encore des sorts de nutritions. Cela ne servait à rien de la forcer, elle se braquerait.