Journal d'Hinata Hyuga.

Aujourd'hui, face à la douleur des évènements, face à sa disparition, je choisis, une fois de plus, de transposer mon trouble par écrit, de vider mon cœur et mon esprit, de laisser les mots me guérir… guérir cette plaie est impossible, je le sais, mais cela peut peut-être éloigner le spectre de la folie. Aujourd'hui, Itachi est mort.

Pourquoi vivons-nous, pourquoi sommes ici ? En ce monde, pour vivre cette existence si éphémère… Pourquoi vivre, quand la fin est déjà connue ? Disparaître, se fondre dans le néant… ou continuer à vivre après la mort… mais pourquoi dans ce cas, sommes-nous ici sur cette terre ? Y a-t-il la moindre raison, le moindre but, une justification ? Une raison ? Ou n'est-ce qu'un caprice de la vie, de nous placer là, et nous laisser exister ? Nous vivons tous des épreuves, pourquoi ? Pour rendre la vie moins fade ? Pour nous rendre plus forts ? Mais plus forts pour quoi ? Y a-t-il une raison à notre présence ici ? Des pourquoi, pourquoi, pourquoi…

Avons-nous, chacun, une raison de vivre, un but, une mission que nous seuls pouvons accomplir ? Ou n'est ce que présomption, arrogance, de se croire indispensable ? Pourquoi avons-nous certains dons ? Pourquoi avons-nous certains talents, que d'autres n'ont pas, pourquoi sommes-nous comme ça ? Y a-t-il la moindre raison ?

Y a-t-il quelque chose de bien plus grand que nous, que nous sommes incapables de voir, de percevoir, à l'exception que quelques intuitions ?

Mais si nous sommes ici, sur cette terre, dans un but précis, voire défini, alors comment le savoir ? Comment trouver cette raison, et remplir le vide de cette vie, qui semble si oisive ? Si inutile… nous pourrions disparaitre dans la seconde, rien ne changerait. Rien ne change à notre mort. Le monde continue de tourner, le soleil peut briller, les oiseaux peuvent chanter, les gens peuvent rire… imperturbables, inconscients du trouble qui agite les âmes de ceux qui viennent de perdre un être. La mort fait partie d'un cycle. La vie est un cycle. Mais quel est le but de ce cycle ? Notre existence, venons-nous au monde pour accomplir quelque chose ? Ou juste se laisser porter par le flot, et végéter ? Mais n'est-ce-pas mener une existence méprisable, inutile ?

Quand j'ai appris sa mort, tout d'abord, rien. Le vide, le plus profond. Le silence, lourd, qui envahit mon âme, mon corps. Plus de pensées pendant un bref instant, plus que le silence. Puis la réalisation, la compréhension, et la douleur du cœur. Le cœur qui souffre, nouvelle entaille sur une surface déjà bien entamée, jamais cicatrisée. La douleur qui s'égoutte, et évoque une pluie de souvenirs. Toutes les morts précédentes, les pertes, les tombes. Les tombes refermées, les morts, elles les ont engloutis dans leur sein. Seul reste le marbre, et quelques fleurs. Qui ne tarderont pas à se faner.

Et de leurs pétales aux couleurs ternies, d'être emportés dans le vent…

Pourquoi sommes-nous ici ? Est-ce en pure perte ? Pour nous faire vivre le plus nombre d'expériences possibles ? Pourquoi ? Comment trouver ?

Face à la mort, il n'y a que le vide. Le néant. Comment réagir ? Parfois, il y a des larmes. L'incompréhension. Le sentiment d'abandon. La colère. La rage. La douleur.

Parfois, il n'y a que le silence. C'est le plus terrible, le silence… il vient, doucement, s'impose insidieusement et étouffe tout. Le silence peut être bénéfique, mais ce silence de mort… il vide tout, il aspire, renvoie tout au néant. Nous laissant là, dépassés, fixant l'air, les bras ballants, l'esprit confus.

Et toi, comment réagis tu à la mort ? Pries-tu ? Pleures-tu ? Interroges-tu le ciel dans un grand renfort de cris et de larmes ? Ou restes-tu juste là, en silence, à fixer le temps qui s'écoule, et les souvenirs t'emporter dans le passé, te remémorer l'être cher, et rouvrir, encore et encore, la plaie de la disparition ?