Espoir
Résumé : Une crinière blonde échevelée, une peau d'une pâleur cadavérique accentuée par une robe d'un blanc douteux. En voyant le corps inanimé, dans cette cellule du Capitole, Johanna comprit qu'elle n'était plus seule à présent.
Disclaimer : L'univers et les personnages sont à Suzanne Collins, sauf Navee. Je ne tire aucune rémunération de la publication de cette histoire, mis à part les reviews que vous aurez l'obligeance de me laisser.
Note 1 : Commencée il y a plusieurs mois maintenant, cette histoire est un peu mon chef d'œuvre personnel. Je n'ai jamais autant réussi à rendre un personnage réel, je pense. Mais je vous laisse en juger. Cette fanfiction est presque achevée, il me reste un chapitre et l'épilogue. Je n'arrêterais donc pas ma publication en plein milieu et publierais régulièrement.
Note 2 : Je profite donc de la sortie du film Hunger Games 2 pour commencer cette histoire! ^^ En passant, j'en reviens et je trouve qu'il est plutôt bien fait, même si j'ai l'impression que Johanna passe un peu plus pour une folle hystérique que dans le livre...
Merci à ma bêta Lungor Sterling Lycien! Son avis m'était très précieux.
Bonne lecture! =D
Prologue
Lueur
Du blanc. Du blanc et encore du blanc. Tout, dans cette cellule sordide, regorgeait de cette couleur austère et qui semblait pourtant tellement aveuglante dans le mince halo que projetait la lumière de sécurité au-dessus de la porte. De petits carrés de faïence recouvraient les murs, le sol et même le plafond. En voyant cette blancheur immaculée, il n'était pas bien difficile d'imaginer les traînées de sang s'écouler doucement le long du carrelage, traçant de longs sillons autour d'un corps torturé par mille souffrances.
La pièce n'était pas bien grande, à peine plus d'une dizaine de mètres carrés. À terre, le sol s'incurvait légèrement vers le milieu pour déboucher sur une grille métallique. Le long d'un mur se trouvaient les commodités avec leur petit lavabo blanc aseptisé. En face, deux paillasses – composées d'un tapis de sol bleu foncé et de son coussin intégré – avaient été disposées l'une à côté de l'autre. Sur la première, allongée sous une couverture grise, les genoux repliés contre la poitrine, une silhouette frêle aux cheveux châtains dormait, aussi paisiblement qu'on le pourrait dans un tel endroit. Contre le mur, l'autre jeune femme avait collé sa joue contre le carrelage froid et traçait des étoiles avec son doigt.
Cette dernière était blonde, d'une couleur qu'on devinait très claire et légèrement dorée à travers les longues touffes de cheveux emmêlées et sales qui lui tombaient dans le dos et sur les épaules. La pâleur de sa peau était telle que le bleuté de ses veines ressortait nettement au travers. Son visage fin, ovale, gardait encore les stigmates de son enfance, ce qu'accentuait la robe autrefois blanche qu'elle portait. Elle ne semblait pas avoir plus de dix-huit ans.
Ses grands yeux gris clair s'attardaient sur son doigt à l'ongle souillé qui traçait machinalement des étoiles complexes à huit branches. Cependant, son attention était plutôt dirigée sur le souffle régulier de sa camarade de cellule à ses côtés. Annie avait enfin trouvé le sommeil, après plusieurs longues heures d'un cauchemar où on ne s'éveillait qu'à la fin, lorsque les hurlements des autres prisonniers se taisaient.
Cette fois-ci, Navee (1) avait reconnu la voix, c'était celle de Peeta Mellark (2). La jeune femme n'osait imaginer ce qu'on lui faisait subir, à lui et aux autres qui hurlaient ainsi des heures durant, presque chaque jour. Cela faisait un peu plus de deux semaines que la blonde était là et on ne la torturait pas ainsi. Non, pour elle, le sort était différent puisqu'elle n'était que la nièce d'un Vainqueur rebelle. Aussi, personne n'essayait de lui extirper des renseignements, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne jouait pas avec elle.
Cela avait commencé après sa capture, au district Trois, dans la cellule de l'Hovercraft. Seule, perdue, lorsqu'elle avait vu ce Pacificateur entrer dans la pièce, elle avait cru qu'on lui expliquerait la situation. Certes, elle n'était pas bête, elle avait assisté à l'évasion des Tributs quelques heures plus tôt, en direct à la télévision, et son oncle en faisait partie. Mais qu'attendait-on d'elle alors qu'elle ne savait rien de la Résistance ? Rien, c'était la réponse.
À la place de mots, l'homme l'avait collé avec violence sur sa couchette tandis qu'elle se débattait. Puis, alors que la compréhension faisait briller les yeux de Navee, il avait relevé sa belle robe blanche jusqu'à ses hanches avant de l'écraser de tout son poids, caressant d'un geste doux ses cheveux blonds comme les blés. Une image de candeur et d'innocence pure, qu'il s'acharna à pervertir de son mieux. C'est ainsi qu'elle avait perdu sa virginité, volée sordidement dans la brutalité et le sang.
Arrivée dans la prison, dans cette cellule qu'elle partageait avec Annie Cresta, son cauchemar avait continué, encore et encore. Les gardiens se l'échangeaient au fil des jours, ce petit ange blond aux si grands yeux gris. L'un d'eux lui avait donné une petite pilule blanche pour éviter une grossesse indésirable. Chaque jour, elle espérait que cela s'arrête, mais non. Irrémédiablement, l'un de ces porcs entrait dans la cellule, la dépouillait un peu plus à chaque fois de son humanité – sous les cris hystériques d'Annie – et ressortait tranquillement en reboutonnant son pantalon blanc. Encore ce blanc si écœurant.
Navee aussi criait. Au début. Ensuite, sa voix s'était tue et, même lorsqu'elle tentait de réconforter sa camarade, les mots ne sortaient plus que rarement de sa bouche. Parfois, elle demeurait de longues heures collée au mur, comme si le froid des carreaux blancs pouvait endiguer le feu qui brulait dans son ventre après chaque torture. Mais ce n'était qu'une illusion.
Alors, au matin du dix-septième jour de captivité, la jeune femme savait que l'un d'entre eux viendrait. Encore une fois. Ainsi, lorsqu'on déverrouilla la porte, les iris gris s'y posèrent aussitôt, agrandis par la peur. Cette fois-ci, deux gardiens qu'elle n'avait jamais vus s'avancèrent dans la pièce.
Navee resta figée d'effroi. Qu'allait-on lui faire ? Elle n'osait imaginer. Elle avait trop peur de savoir. L'un des deux l'attrapa fermement par le bras pour la tirer jusqu'à lui, réveillant par la même occasion Annie. Celle-ci commença à s'agiter, les yeux grands ouverts, entortillant ses doigts autour de sa couverture. La blonde lui jeta un coup d'œil désespéré tandis qu'on la traînait vers la sortie.
Lorsqu'elle en franchit le seuil, la jeune femme prit pleinement conscience de sa situation. C'était la première fois qu'on la sortait. L'emmenait-on dans une salle de torture ? Allait-on la faire hurler jusqu'à ce que ses cordes vocales se déchirent ? Alors, elle commença à se débattre violemment, mettant toutes ses maigres forces dans la bataille. Tant et si bien que le deuxième garde lui colla son bâton électrifié dans les côtes, la faisant ainsi plonger dans les limbes obscurs de l'inconscience.
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À quelques mètres de là, dans une cellule qui devait bien faire deux fois celle d'Annie et de Navee, une forme féminine se trouvait prostrée dans un coin, le plus loin possible de la porte. Ses yeux étaient résolument fixés sur le plafond blanc, comme s'ils avaient pu en percer les arcanes. Son crâne rasé portait de nombreuses blessures, tout comme le reste de sa peau tuméfiée.
La jeune femme qui se serrait sous cette maigre couverture grise n'était pas Johanna Mason. Seulement son ombre, qui luttait à chaque instant pour gagner un peu plus de temps de lucidité sous les tortures. Car elle savait qu'un moment viendrait où elle perdrait pied, où elle s'enfoncerait dans un gouffre de ténèbres duquel la voix lui ordonnant de révéler ce qu'elle savait prendrait alors une intonation irrésistible.
Johanna était seule, abandonnée à son bourreau qui prenait un malin plaisir à la torturer, mais, aussi longtemps qu'elle le pourrait, elle résisterait. C'était dans sa nature. C'était aussi pour cela que sa famille et ceux qu'elle aimait avaient disparu sous ses yeux. Ses fins sourcils se froncèrent sur son visage aux mâchoires larges. Non, elle ne s'avouerait pas vaincue si facilement.
Alors, lorsqu'on ouvrit la porte de sa cellule, sa détermination ne souffrait d'aucune faille. Le regard marron qui descendit d'un cran vers ses geôliers était celui d'un animal blessé, mais qui continue à lutter pour sa survie.
Cependant, les deux gardiens se contentèrent de déposer avec brusquerie un corps inanimé sur le carrelage froid avant de partir tout aussi rapidement. Une longue crinière blonde échevelée, une peau d'une pâleur cadavérique accentuée par le blanc douteux de la robe. Johanna comprit qu'elle n'était plus seule à présent.
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(1) – Référence tout à fait fortuite à mon jeu préféré (ceux de ma génération reconnaîtrons) : la petite fée bleue de Zelda Ocarina of Time, Navi =D
(2) – Se passe après la capture des tribus que la Résistance n'a pas pu récupérer, juste après le tome 2.
Et voilà! Bon, passons aux choses sérieuses : qu'en avez vous pensé? ^^ Et qu'avez-vous pensé du film?
Merci de prendre le temps de me laisser votre avis!
