Merci encore à ceux ..(davantage « celles » je pense)…qui ont suivi jusqu'à la fin « I can't live without you ». Lorsque j'ai écrit que la suite était une autre histoire, je ne souhaitais pas l'écrire. Root et Sameen ensemble, l'intervention d'Harold et de la machine…..l'aventure allait continuer d'elle-même….

Mais, il semblerait que j'ai encore un peu de mal, à quitter ces 2 personnages. Il s'agit ici d'un autre univers, dans lequel j'essaye de faire évoluer les personnages, que l'on connait, en m'éloignant le moins possible de ce qu'ils sont. Ce n'est pas toujours évident. Soyez indulgents.


A une mystérieuse et charmante mangeuse de tartelettes à la framboise.


Chapitre 1

La musique hurlait dans l'habitacle, mais les basses ne parvenaient pas vraiment à la réveiller. Elle s'était laissée déborder. Le temps lui avait quelque peu échappée. Elle aurait dû se sauver plus vite. Ce mec n'était pas vraiment un bon coup mais il avait le mérite de l'avoir détendu un peu. Cela n'expliquait pas pourquoi elle était restée aussi longtemps. Il fallait qu'elle modère son nombre de verres. Ces whiskys à la chaine l'avaient endormis et se rappelaient douloureusement à sa tête ce matin.

La circulation se liguait également contre elle et n'allait pas l'aider à être à l'heure. Elle aurait dû s'abstenir de faire un détour par chez elle. Quelle ineptie, il fallait bien qu'elle prenne une douche, se change et surtout apporte le dossier de présentation qui l'attendait sur la table basse de son salon.

Comme chaque matin qui s'ouvrait sur un rendez-vous avec un client, elle se flageolait d'être sortie la veille bien trop tardivement. Cette fois-ci, c'est certain, elle allait être en retard. Les travaux sur Bowery allaient définitivement anéantir toutes ses chances d'avoir un semblant de ponctualité.

Alors qu'elle était en train de chercher une solution pour s'extraire de l'embouteillage où elle s'était laissée attirer, son téléphone l'extirpa de ses pensées.

En décrochant, elle maugréa :

- Je sais. Je suis sur la route. Je devrais pas tarder.

- Je suis arrivé depuis 10 minutes. Mon sourire ne va pas suffire à les faire patienter très longtemps. Tu étais où encore ? Je savais qu'il fallait que je prenne le dossier avec moi. T'es pénible Sameen. Tu comptes être là dans combien de temps ?

- Je sais pas John. Je fais au mieux. Essaye de gagner du temps.

- Ok. A tout de suite.

Elle esquissa un sourire malgré elle. Elle savait qu'elle pouvait compter sur John. C'était réciproque. Ils avaient toujours été là, l'un pour l'autre. Il était d'ailleurs le seul en qui elle avait confiance.

Sameen Shaw avait 11 ans quand elle avait fait la connaissance de John Reese, de 2 ans son ainé. Ils avaient perdu, tous les deux, leurs parents respectifs et étaient depuis ballotés de famille d'accueil en famille d'accueil. De deux points de départs différents, mais avec une situation similaire, ils avaient fini par atterrir le même jour chez les Dashwood, qu'ils n'avaient quitté qu'une fois leur diplôme d'architecte en poche.

Amy et Nathan Dashwood avaient été bon avec eux deux. Ils avaient pris leur temps. Tous les quatre s'étaient apprivoisés lentement. Des liens très forts s'étaient tissés, surtout entre John et Sameen.

Il avait été gratifiant pour les Dashwood de voir ces deux enfants inconnus l'un de l'autre, réticents aux dialogues et à donner leur confiance, se rapprocher petit à petit. En s'unissant, ces deux êtres perdus s'étaient rendus plus forts. A partir de ce moment, la vie à quatre avait été plus facile.

Ils avaient combattu ensemble les démons qui les pourchassaient de temps en temps, s'étaient aidés lors des moments difficiles rencontrés. Ils avaient développé ou approfondi des gouts similaires et suivi naturellement la même école d'architecte. Une fois leur diplôme décroché, ils avaient travaillés séparément auprès de différents cabinets pendant de nombreuses années, avant de lancer ensemble leur propre boite.

Bons, originaux, efficaces dans leur domaine, ils commençaient à se faire connaitre. Les demandes affluaient davantage et ils commençaient à être un peu débordés, mais n'étaient pas encore prêts à laisser entrer un associé dans leur monde.

Héritage d'une enfance difficile, peu de choses semblait les atteindre, l'un comme l'autre. Ils n'étaient pas du même sang mais semblaient être construits de la même veine. Les personnes, les situations délicates, les relations ne semblaient pas les toucher véritablement. Ils avançaient avec détachement face aux choses et aux gens. Il s'agissait sans doute d'une conséquence de leur passé, un moyen développé pour se protéger, pour ne plus être touché.

Ils n'avaient pas forcément conscience, des raisons qui avaient provoqué leur manière d'avancer dans la vie. Par contre, ils se rendaient compte qu'ils devaient faire des efforts, pour ne pas faire fuir leurs potentiels clients. Ils s'efforçaient au mieux de montrer un visage avenant et d'échanger un minimum de banalités, même s'ils n'en avaient pas envie, et avaient fini par exceller dans le domaine de la dissimulation et du jeu de rôle.

Le rendez-vous du jour était important. Il s'agissait d'un grand projet qui pourrait avoir une belle retombée pour leur boite et leurs noms, s'ils l'obtenaient.

Cela commençait mal. Quelle considération accordée à quelqu'un qui arrive avec 25 minutes de retard. Par chance, elle avait trouvé à se garer facilement sur Lexington, pas très loin du lieu où elle était attendue. Ce chemisier et ce tailleur de rigueur en rajoutaient à sa mauvaise humeur. Qu'est- ce qu'il ne fallait pas faire pour afficher professionnalisme et sérieux.

Elle rentra dans un bâtiment, datant du début du XXème siècle, agrémenté d'une frise centrale en façade et de simples colonnes ioniques en partie haute. A New-York, ce type de bâtiment ne passait pas inaperçu. L'entrée discrète revêtait une simple pancarte noire qui indiquait simplement « The Machine » à la calligraphie simple et de couleur blanche.

- Monsieur Finch, ce bâtiment est de toute beauté. Ce serait un honneur de nous voir confier le projet que vous envisagez. Mon associée ne devrait plus tarder maintenant. Elle apporte un dossier concis sur les idées que nous pouvons vous proposer, pour répondre aux mieux à vos attentes.

- Mon associée, Miss Groves ne devraient pas tarder non plus. Elle était là ce matin, mais elle a dû s'absenter. Elle devrait nous rejoindre d'une minute à l'autre. Je préfère que nous soyons au complet avant de commencer.

John espérait voir Sameen débouler dans cette salle de réunion, au plus vite. Harold Finch était charmant, mais il ne voyait pas comment il allait pouvoir meubler encore longtemps. Cette rencontre n'était pas prête de se terminer, si en plus Samantha Groves était également inscrite aux abonnés absents.

Ils ne l'avaient pas rencontré lors de leur première venue dans l'édifice. Seul Harold Finch leur avait fait faire le tour du propriétaire et leur avait expliqué ce qu'ils attendaient d'eux.

Ils dirigeaient une société informatique très coté et en même temps très nébuleuse aux yeux de John. Il avait fini par comprendre que The Machine rendait, en résumé, les ordinateurs plus intelligents. Peu d'informations filtraient sur le concept comme sur leurs concepteurs. Mais leur portefeuille et leur renommé, dans certains cercles, suffisaient à attirer l'attention.

Ils avaient été contactés par H. Finch, deux mois auparavant, pour un projet ambitieux, qui devait consister à réhabiliter le bâtiment dans lequel ils se trouvaient, pour en faire un lieu de travail adapté à leur entreprise.

Le bâtiment était imposant d'extérieur et en très bon état. Mais, des travaux importants étaient nécessaires pour permettre à cette ancienne bibliothèque de se transformer en espaces de travail pour geek. La démarche les avaient un peu surpris et les avaient incité à demander pourquoi « The Machine » ne cherchait pas un immeuble moderne adapté à ses besoins.

Harold Finch leur avait répondu, avec ce flegme qui le caractérisait tant, que cet endroit avait une âme, riche d'ouvrages feuilletés, lus, de découvertes. Il avait eu le coup de foudre lors de sa première visite et voulait s'enrichir de l'âme des lieux. Il était conscient que des travaux d'envergure étaient nécessaires pour permettre à son entreprise de travailler correctement, mais il avait insisté sur le fait qu'il ne voulait pas casser ce qui rendait le lieu si envoutant.

John et Sameen savaient le travail délicat, mais étaient contents des propositions qu'ils comptaient formuler aujourd'hui.

- Sameen Shaw. J'ai rendez-vous avec M . Finch. Mon associé, M. Reese est déjà arrivé.

- Oui en effet. Vous êtes attendu en salle de réunion 1 au 2ème niveau. L'ascenseur est sur votre droite.

Sameen se dépêcha de rejoindre l'ascenseur et de monter, avec chance, immédiatement dedans. Alors qu'elle avait appuyé sur le bouton du 2ème étage, et qu'elle voyait les portes se refermer, une main vint interrompre le processus.

Une femme, plus grand qu'elle, en jean slim et blouson de cuir, un casque de moto à la main entra dans le petit espace. Elle avait les cheveux longs, légèrement ondulés, des yeux pétillants qui semblaient dire que le monde lui appartenait.

Sameen se rendit compte qu'elle la détaillait, quand des yeux si expressifs vinrent l'observer, à son tour, sans retenue et se ressaisit, trop tardivement, quand la jeune femme la salua avec un grand sourire. Elle se contenta de hocher la tête et d'ajuster ce tailleur qui entravait ses mouvements.

Une fois sortie de l'ascenseur, elle s'apprêtait à chercher la salle de réunion, quand la jeune femme se retourna :

- Vous avez peut-être besoin d'aide. Vous cherchez quelqu'un, quelque chose ?

- Et bien la salle de réunion 1. J'ai rendez-vous avec M. Finch.

- Intéressant. Vous êtes ?

Ces questions commençaient à l'agacer. Elle avait un point lancinant dans la tête, un retard certain, le désir d'être ailleurs, d'en finir et surtout pas l'envie d'entamer une conversation avec la première venue. Elle n'allait pas montrer ce visage. Son masque d'amabilité était revêtu et elle put répondre sans se départir de son plus beau sourire:

- Sameen Shaw. Architecte.

La jeune femme l'observait avec intérêt. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qui retenait ainsi son attention et fut estomaquée d'entendre en retour :

- La nuit a été longue ? ! Vous semblez vouloir être ailleurs.

Puis d'embrayer, en lui tendant la main, la tête légèrement inclinée :

- J'espère vous faire changer d'avis...Samantha Groves. Mais appelé moi Root. J'y tiens énormément...Suivez-moi. Nous avons réunion ensemble. Ravie de faire enfin votre connaissance. Vous semblez avoir conquis Harold.

Sameen n'écoutait que d'une oreille. Elle suivit Groves, sans réfléchir, en ayant en tête la douceur de sa main dans la sienne, captivée par sa manière de se déplacer, d'une façon aérienne, sans être freinée par l'agitation autour d'elle. En poussant la porte de ce qui semblait être la fameuse salle de réunion où se trouvait John et H. Finch, elle l'entendit lancer :

- Harold, je crois que nous sommes au complet. John ?! je présume. Enchantée. Appelez-moi Root.

Cette histoire d'aménagement, de travaux ne l'intéressait pas. Du moment qu'elle avait un coin, un ordinateur et un réseau. Elle avait réussi à se faire porter pâle lors de la première rencontre avec les architectes, mais cette fois-ci Harold voulait qu'elle soit présente. Il estimait nécessaire qu'elle donne son avis sur les propositions formulées par cette équipe et également son aval sur le choix définitif ou non de ces deux architectes. Elle avait répondu présente, pour ne pas déplaire à Harold. Il s'agissait sans doute de la seule personne à qui elle n'avait pas envie de déplaire.

Même s'ils n'étaient pas souvent d'accord dans leur manière de voir les choses, elle le considérait comme un génie et était incapable d'aller à l'encontre de ses décisions. Root avait toujours été un électron libre, une autodidacte sans ancrage ni accroche. Sa rencontre avec Harold Finch avait légèrement changée la donne. Elle avait arrêté de bouger, fuir, disparaître, pour se poser et collaborer avec lui à la création de « The Machine ». Leur relation n'était basée sur aucune ambiguïté affective. Elle se fondait simplement sur l'estime; une estime réciproque et bienveillante.

Finch avait encore des difficultés, avec le grain de folie qui caractérisait son associée, mais il avait appris à faire avec, en sachant qu'il ne s'estomperait sans doute jamais. Il savait qu'espérer contenir, assagir, assouvir Root était mission impossible. Il avait même finit par se rendre compte qu'un tel acte viendrait la dénaturer complètement et faire disparaître la puissance de son être. Personne ne la connaissait comme lui. Elle pouvait passer pour quelqu'un d'insaisissable, d'instable, difficile à suivre. Mais derrière cet écran, se cachait un être d'une sensibilité exacerbée, d'une intelligence hors norme qui avait appris à se protéger très jeune. Leur entente et leur alliance professionnelle avaient permis à Root de se structurer d'avantage et de trouver un certain équilibre, à un moment où elle en avait besoin.

Elle avait finit pas se rendre compte qu'il lui fallait un but, pour ne pas sombrer dans l'ennui et l'inconsistance. Leur rencontre et leur coopération résultaient de sa propre initiative. Elle avait bataillé dur pour se faire accepter auprès de Finch. Ses méthodes n'avaient pas toujours été très orthodoxes mais elle avait réussi à force de persuasion, à lui prouver que leur collaboration était indispensable, bénéfique et inévitable.

Après s'être rendu à l'évidence, Finch avait fini par capituler, tout en sachant que ce ne serait pas facile de travailler avec quelqu'un comme Root. Rien ni personne ne semblait l'arrêter, à part peut-être le pouvoir d'un ordinateur.

Elle éprouvait des difficultés avec les horaires, les méthodes de travail officielles, l'obligation de ne pas partir quand elle avait envie. Finch l'aidait au mieux à rentrer dans le moule, qu'elle se chargeait de modeler et remodeler chaque jour.

Son désintérêt pour les travaux voulus par Harold, venait de diminuer. Elle n'arrivait pas à se l'expliquer mais cette jeune femme architecte l'intriguait. Elle ne semblait pas être ce qu'elle prétendait. Elle lui donnait l'impression d'être déguisée, d'avoir révêtu les apparats de sa condition et un masque de façade.

Root s'était assise au bout de la table, pour profiter pleinement du spectacle qui allait lui être offert. Elle ne disait rien et attendait les réjouissances, laissant la parole à son associé et à leurs invités. Ces derniers n'étaient pas vraiment bavards d'ailleurs. La jeune femme était concentrée et venait de déployer, avec l'aide de son associé, un plan sur la table de réunion. Elle était plus petite qu'elle et possédait un teint hâlé et des traits très fins. Ses longs cheveux foncés étaient attachés en un chignon bas, assez strict. Elle ne semblait pas à son aise, même si elle ne le montrait pas.

Son associé, grand, avec une belle carrure, portait élégamment son costume sobre, mais donnait, lui aussi, l'impression de vouloir être ailleurs.

Cette première impression s'estompa, quand ils prirent la parole, pour expliquer les projets qu'ils envisageaient. Leurs regards, leurs visages s'épanouirent à ce moment. Root comprit, en les écoutant, que ces deux-là étaient dans leur élément. Ils n'étaient pas faits pour les mondanités qui entourent le contact avec un client mais pour le projet en lui-même.

Leurs mains virevoltaient, leurs langues se déliaient pour énoncer les différents points d'attaque, les phases de chantier. Voir le changement d'attitude opéré était assez déconcertant.

En plus, leurs propositions avaient le mérite d'être surprenantes. Leur projet était très intéressant, comme le confirmait le sourire d'Harold en face d'elle.

- Vous semblez savoir où vous voulez aller...N'est ce pas Harold ?

- En effet, Miss Groves.

Et s'adressant aux deux architectes :

- Ce que vous nous avez montré est fort intéressant. Nous souhaitons en discuter, avant de prendre une décision définitive. Pouvons-nous vous recontacter dans quelques jours?

John répondit en serrant la main d'Harold Finch :

- Bien entendu. Nous restons à votre disposition, si vous avez besoin d'informations complémentaires.

Et Root de rajouter, en s'adressant uniquement à la jeune femme qui avait retenue toute son attention, depuis qu'elle était montée dans l'ascenseur :

- Je ne crois pas avoir votre numéro de téléphone….dans le cas où j'ai des questions.

Sameen haussa les sourcils, sans s'en rendre compte, surprise de cette demande.

H. Finch détenait déjà leurs contacts, leur dossier et contrat revêtaient ces informations et auquel cas, une recherche sur le net lui aurait donnée cette information rapidement. Sans rien dire, Sameen lui tendit une carte de leur société.

Son interlocutrice prit la carte, en prenant son temps et tout en inclinant la tête lui demanda, avec un léger sourire :

- Je peux vous joindre à tout moment ?

Cette femme la déstabilisait. Que cherchait-elle ? Elle avait senti son regard sur elle pendant toute la présentation, et ce léger sourire qui accompagnait ce visage scrutateur. Excédée, elle répondit pourtant posément :

- Dans la limite du raisonnable.

- Qu'est ce qui est déraisonnable pour vous ?

Harold Finch vint interrompre cet échange ambiguë, en les invitant à quitter la pièce avec courtoisie, tout en fronçant légèrement les sourcils à l'attention de son associée.

Sameen n'avait pas manqué ce regard et s'interrogeait encore, en redescendant avec John, sur la réalité de la scène dont elle avait fait partie.

Une fois dehors, elle questionna John :

- Elle est bizarre, non ?

- Qui ?

- Qui ? Mais Samantha Groves. Enfin Root.

Et comme pour se questionner elle-même, elle continua :

- Qu'est ce que c'est d'ailleurs ce que ce prénom ? nom, petit nom, surnom ? Franchement c'est complètement idiot.

- Oui. Enfin, cela ne me dérange pas. Du moment qu'ils signent avec nous. Je pense que cela leur a plu. Maintenant la balle est dans leur camp.

- Hum Enfin, tu l'as pas trouvé bizarre ?

- Pas plus que ça. Ce n'est pas ce que je retiendrais, la concernant, au premier abord, si tu vois ce que je veux dire ? !

- Non. Quoi ?

- Je la trouve plutôt agréable à regarder. Très agréable même.

Alors qu'elle s'apprêtait à monter dans sa voiture, qui devait aussi ramener John à leur bureau, Sameen se sentit légèrement rougir à entendre cette réflexion. John n'était pas très sujet à ce type de jugement. Elle devait lui avoir tapé dans l'œil. Mais, ce n'était pas la réflexion de John qui la fit perdre légèrement ses moyens, c'était davantage sa propre réaction à cette rencontre.

Elle avait parfaitement en mémoire l'entrée de cette femme dans la cage d'ascenseur. Elle revoyait encore l'intensité de son regard, le charme de son sourire et plus encore l'hypnotisme qu'elle avait exercée à son encontre, lors de la présentation de leur projet architectural. Jamais, elle ne s'était arrêtée de la sorte sur une femme. Cette révélation la troublait, autant que la personne en elle-même.

- Bon Sameen, tu ouvres ?

- Oui !

Et tout en ouvrant les portières et en prenant place au volant, elle ajouta en grognant :

- Enfin, ce que j'en dis, c'est qu'elle à l'air complètement folle !

Mais ne répondit rien, quand John ajouta :

- Une folle sexy alors !