Bonjour les loupiots :)
J'entame un recueil d'OS parce que j'ai plein de petites idées qui trottent et que parfois, j'ai envie de les écrire sans pour autant passer par une fanfiction à chapitre. Les OS n'auront aucun rapport les uns avec les autres. Ils ne seront pas forcément tous sur Sterek (mais il y en aura sans doute beaucoup sur notre couple favori :P).
Si vous avez des idées d'OS (de couples, de situations...) que vous souhaiteriez me voir écrire, n'hésitez pas à m'envoyer vos suggestions par MP. Vous pouvez aussi me lancer des petits défis pour des OS (ex : écrire un OS avec une liste de mots bizarres...). Bref, je compte sur vous, ça peut être drôle.
Sur ce, je vous laisse en compagnie de cet OS, un peu mélancolique je vous l'accorde.
Titre : Soulstorm (inspiré de la chanson du même titre de Patrice)
Pairing : Sterek.
Disclaimer : Les personnages et l'univers de Teen Wolf ne m'appartiennent malheureusement pas.
Résumé : Certains jours, Stiles se sent terriblement impuissant. D'autres, il s'en veut parce qu'il adore sa nouvelle vie depuis que Beacon Hills a sombré dans le surnaturel. Dans le cerveau de Stiles, la tempête de contradiction fait rage. Derek saura-t-il le calmer ?
Note : Cet OS ne comporte pas vraiment de spoilers de la S3, mais j'imagine pourtant cette scène se situer aux alentours du 3x10.
Bonne lecture.
« Soulstorm »
Je ne pensais pas que ma vie puisse être plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. Il y avait le surnaturel, il y avait la mort. Il y avait les loups-garous et il y avait les psychopathes. Puis, au milieu de tout ça, il y avait moi. Mon quotidien, rythmé de cadavres et d'angoisse, me rendait contradictoire. Je me sentais à la fois important et cruellement impuissant. Je n'avais pas les facultés de Scott, ni celles de Derek. Je ne serais jamais capable de vaincre quelqu'un par la force des poings.
Ma force était mentale. J'étais la dose d'humanité. La cuillère à soupe de sensibilité. J'étais celui qui aidait les autres à garder les pieds sur terre. Une sorte de guide.
Dans ma ville natale, avec tous ces événements dingues, j'avais l'impression de pouvoir être moi. Parmi le sang et les cris. C'était incontrôlable, malsain et incohérent.
Lorsque j'ai osé confier ce sentiment à Scott, il a blêmi. Puis il a grondé. Peut-être a-t-il même grogné un peu. Il aurait vendu son âme au diable pour que Beacon Hills redevienne comme elle était avant. Calme, paisible.
Ennuyeuse.
J'aurais sans doute aussi vendu la mienne pour être sûr qu'il n'arrive plus jamais rien aux gens que j'aime. Mais je n'aurais jamais souhaité récupérer ma vie d'antan.
Scott m'en a voulu d'être aussi égoïste. J'ai du expliquer pendant des heures que je ne prenais pas mon plaisir dans les meurtres. J'aimais les actions qui en découlaient. J'aimais réfléchir, enquêter, résoudre. Scott n'a pas compris. Il a plissé le nez et froncé les sourcils. Comme il ne voulait pas me blesser, il a hoché la tête. Mais il n'avait pas compris. Il ne pouvait pas appréhender mon besoin insatiable de devenir indispensable. D'être précieux et utile, là où je ne l'avais pas été lorsque ma mère était malade.
Alors, j'ai décidé de ne plus jamais parlé de ce sentiment. Je l'ai enfoui au plus profond de mon cœur, verrouillé à double tour. Scott ne l'a plus jamais évoqué, alors j'ai soufflé. Pourtant, je savais que dans la tête de mon meilleur ami, voguait l'idée que je puisse prendre plaisir à voir d'autres personnes souffrir. Ce n'était pas ça.
Ce ne serait JAMAIS ça.
Je ne jouissais pas du malheur des autres. J'appréciais juste le fait de goûter à un dixième de puissance aux côtés des vrais puissants. Derek et la meute me portaient vers des méandres de mon identité dont j'ignorais l'existence. Ils me donnaient cette impression d'influence. Le sentiment que mes actes avaient une portée et ne restaient pas vains.
Le sentiment d'exister.
Ce soir-là, tout devint plus compliqué encore. Perdu dans mes terribles pensées égocentriques, lancinantes et dévorantes, je ne remarquais pas le regard azur de l'Alpha posé sur mes joues légèrement rosies de trop cogiter. Le fait est qu'il me regardait et que je l'ignorais. Ses yeux tentaient de percer la moindre de mes pensées.
- « Arrête. » dit-il soudain, me faisant sursauter au passage.
Je relevai doucement la tête vers lui, ne comprenant pas bien ce qu'il attendait de moi. Derek avait parfois de drôles de sorties, je m'y étais habitué et je n'y prêtais plus vraiment attention.
- « Arrêter quoi ? » demandai-je en haussant les épaules.
Il fit quelques pas vers moi, très lentement. Il avait parfois cette manière féline de se déplacer, c'en était sidérant. Je m'accrochais à ses pupilles bleues et j'essayais d'imaginer ce qu'il désirait. Je n'avais rien fait, rien dit. Je ne pouvais pas m'être attiré sa colère juste comme ça. Même si, il fallait être honnête, Derek était souvent énervé juste comme ça.
J'aurais aimé que Derek soit une personne plus expressive. Malheureusement, il était incapable d'exposer ses sentiments sans brutalité. Il était sec et revêche. Fermé et rigide. Alors, lorsque la paume de sa main cogna contre l'arrière de ma tête, l'étonnement ne fut pas de la partie.
- « T'es vraiment con, Derek. »
- « Pardon ? »
Je baissai les yeux. Le ton agressif de l'Alpha ne me ravissait pas. Puis la douleur piquante dans mon crâne me rendait tendu. Il avait cherché l'insulte. Peut-être même cherchait-il le conflit. Derek était doué pour s'attirer ma haine.
- « Arrête de ruminer. »
- « Je ne rumine pas. » me défendis-je.
- « Je te connais, Stiles. »
Et il était tout aussi doué pour s'attirer mon amour. J'aurais marché sur des braises ardentes pour qu'il soit plus tendre envers moi. Pour que le 'nous' que nous formions à peine prenne tout son sens. Parce que vraiment, son regard azur me tuait un peu plus chaque jour.
- « C'est la tempête, là-dedans. »
Son index se posa sur ma tempe et mon palpitant entama une course folle. Parce qu'il avait raison. Parce que c'était la tempête dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme. Et peut-être aussi parce que sa peau touchait la mienne. Il retira son doigt et me donna cette fois une tape sur le front. Une grimace s'installa sur mon visage ce qui tira un très léger sourire à l'Alpha.
- « Je sais ce que tu ressens. »
- « Tu as le pouvoir de lire dans les pensées, maintenant ? »
Je me moquais de lui. Parce qu'il voulait toujours donner l'air de celui qui savait tout, de celui qui n'avait aucune faiblesse. Avec moi, il échouait. Je connaissais par cœur chacune de ses failles. Il pouvait jouer à l'homme fort et insensible si ça l'amusait, je ne serais jamais dupe.
Face à l'ironie, il haussa simplement les épaules.
- « Je te comprends, c'est tout. »
- « Tu comprends quoi ? »
- « Ce que Scott n'a pas compris. »
Ma mâchoire se décrocha. Scott avait sans doute vendu la mèche et parlé avec Derek du moindre de mes états d'âme. Mes lèvres se pincèrent et mes joues rougirent un peu plus. J'avais toujours mis un point d'honneur à garder mon jardin secret. Je ne voulais pas que Derek soit capable de lire en moi comme j'étais capable de lire en lui. Pourtant, lorsque mes yeux noisettes croisèrent ceux du loup-garou, je compris immédiatement que je n'étais plus un mystère pour lui.
- « Et tu crois comprendre quoi exactement ? Depuis quand tu es assez malin pour prétendre me connaître ? »
Ma voix fut plus aiguë qu'à l'accoutumée. Derek tenta de ne pas y prêter attention. Il s'assit à mes côtés sur le canapé et regarda droit devant lui, comme s'il tentait de rassembler ses pensées. Des secondes passèrent. Peut-être une ou deux minutes. On aurait pu entendre une mouche voler. Mes pupilles contemplaient le visage pour une fois décontracté du lycanthrope. Il paraissait serein. Comme si le fait d'avoir percé le mystère m'entourant le rassurait. Si j'avais écouté la voix au cœur de mon cerveau, mes lèvres se seraient posé dans son cou. Et elles auraient frémi au rythme du sang coulant dans ses artères. Elles auraient vibré à la mélodie de la vie.
- « Tu veux vraiment le savoir ? » demanda-t-il enfin.
Je hochai vivement la tête. Je crevais d'envie de l'entendre parler. Je voulais qu'il brise ma carapace avec ses mots, qu'il me mette à nu rien qu'avec sa voix.
- « Tu te détestes parce que tu adores nous aider lorsque nous avons des problèmes. Tu te détestes parce que tu aimes courir avec les loups. Tu te détestes parce qu'à cause de ça, certains de tes proches souffrent. Tu te détestes parce que lorsque quelqu'un que tu aimes est blessé, tu ressens l'impuissance que tu t'étais promis de ne plus jamais ressentir. »
Les paroles de Derek me sidéraient tellement que j'en eu les jambes et le souffle coupés. Mes yeux s'embuèrent mais les larmes n'eurent pas la force de tomber. Je ne voulais pas qu'elles tombent. Je ne voulais pas que Derek me voit pleurer. Il tourna le visage vers moi et m'adressa un grand sourire. Il ne m'avait jamais accordé un tel enchantement parce que Derek ne souriait jamais. Mes lèvres s'étirèrent à leur tour face à ce spectacle. Il venait, en un claquement de doigt, de comprendre ce que personne n'avait jamais compris.
- « Tu ne seras jamais impuissant, Stiles. Et tu seras toujours utile, quoi qu'il arrive. »
Je restais à nouveau silencieux face à cette déclaration. Jamais Derek n'avait parlé ainsi. Il ne semblait absolument pas gêné d'étaler ses sentiments au grand jour. J'aurais pensé qu'il s'arrêterait là. Qu'il avait épuisé son quota de mot pour la journée et qu'il allait redevenir le Derek froid et distant que j'avais l'habitude de fréquenter.
Mais il tourna une autre fois ses yeux vers moi.
- « Sans tes conseils, je suis fini. (…) Sans toi, il n'y a pas de moi. »
J'ai cru mourir en entendant ce qu'il venait de dire. D'un bond, je me suis relevé et j'ai atterri de l'autre côté de la pièce. Comme si le fait d'être à ses côtés était désormais insupportable. Ses paroles me gênaient et me brûlaient.
- « Ne raconte pas n'importe quoi. » dis-je en regardant désormais la nuit tomber à travers la fenêtre.
- « Tu es ma boussole, Stiles. » souffla Derek.
En un fragment de seconde, il était à nouveau près de moi. Je sentais son souffle dans mon cou et ses mains frôlaient sans le vouloir le bas de mon dos. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. J'aurais souhaité être capable de me retourner. Capable de lui faire face, d'enrouler mes bras autour de sa nuque et déposer mes lèvres sur les siennes. J'en rêvais depuis trop longtemps pour que ce soit si simple.
- « Tu ne seras jamais inutile. » insista-t-il. « Tu es plus puissant que je ne l'ai jamais été. »
Cette fois, ses mains ne faisaient plus semblant. Elles effleurèrent ma taille et rencontrèrent rapidement les miennes. Ses doigts s'enroulèrent aux miens et un soupir s'échappa d'entre mes lèvres.
Dans mon âme, la tempête se calma. Il était là et il me comprenait.
Mes yeux se mêlèrent à ceux du reflet de Derek dans la fenêtre.
Il souriait.
En fait, j'ai menti.
Maintenant qu'il me souriait, la vie était beaucoup plus simple qu'elle ne l'avait été.
