Mémoires d'Emilie : Vie de poupée, galère !
Genre : Humor
Disclaimer : Rien ne m'appartient! (Dommage, mais...)
Résumé : Pensées de la poupée Emilie… Sa vision acide et décalée des humains…
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Chapitre 1 : La boutique du vieux couturier
Hé bien, bonjour. Je me présente, je suis une poupée. Comment ça une poupée ça ne parle pas ? Bien sûr que je parle. D'ailleurs, vous m'entendez. Non ?
Bon, reprenons. Je n'ai pas de nom et je m'en passe très bien.
Je ne sais pas quand je suis née… Oui, été fabriquée, d'accord !
Je sais que nous sommes à Londres, Angleterre, 1885. Oui, je suis géniale, je lis les dates du calendrier ! Nous sommes même en janvier. Il doit faire froid dehors mais la boutique est chaude. A ce qu'il parait ! Moi, avec mon corps de porcelaine et de sciure, je n'ai jamais froid ! Ha ha ha !
Je suis une très belle poupée ! (Non, je ne suis pas narcissique !)
Mes cheveux sont des vrais cheveux blonds ! (Non, je ne suis pas stupide comme toutes les blondes ! La malheureuse qui a vendu ses cheveux au fabricant de poupées pour survivre, peut être ! Mais cela n'est pas mon affaire…)
Mes yeux sont bleus, mon visage de porcelaine a été peint à la main, j'ai des longs cils et de vrais sourcils ! Bref, je suis un chef d'œuvre !
Non, je ne me prends pas pour la Reine du monde ! Juste la Reine des poupées…
J'ai été acheté par un couturier pour jeunes filles.
Il dirige une boutique dans une galerie commerçante.
C'est une boutique élégante, même si au niveau de la surface commerciale, c'est plutôt minable, avouons le ! Le couturier est vieux, vilain, bedonnant et court sur pattes.
Il mène à la baguette ses employés mais au fond, c'est un brave homme.
Je lui sers à présenter les modèles. C'est mon job. Assise dans un petit sofa miniature, je trône en vitrine comme une princesse et je regarde les passants.
Autant vous dire que j'ai vu de tout !
Cela c'est le côté face. Côté pile, j'entends les palabres des mères de gamines gâtées.
Le vieux a drôlement de la patience ! Il est vrai que le client est roi…
Certaines petites filles sont charmantes… D'autres pas.
Parfois je pense que j'aurais pu finir comme jouet. Horreur ! Etre tripatouillée par des mains sales, gluantes de bonbons, écouter les confidences stupides de gosses névrosées, être jetée au rebut après un an, pire, passer de sœur à petite sœur…
Merci mon Dieu de me permettre de parader, hautaine et fière, dans une vitrine de mode, traitée avec égards par tout le monde, habillée délicatement.
Le monde du commerce et de la mode n'a plus de secrets pour moi !
Parfois, je déteste les vêtements dont on m'attife. Mais c'est mon rôle d'en changer régulièrement. Je ne vais pas me plaindre ! Je vois du monde et personne ne me maltraite ni me salit. Finalement pour une poupée je m'en sort plutôt bien !
Jusqu'à aujourd'hui…