Harry.

Harry Potter.

Ces deux mots ont déchaînés les foules pendant les 17 premières années de ma pauvre existence. Mon nom, et mon prénom. Au début, j'étais un héros. J'avais 1 an et demi, mais j'étais un héros. J'ai longtemps été un modèle pour foule de petits sorciers qui m'admiraient et qui rêvaient d'être comme moi. Ou de m'avoir comme ami. Je ne pouvais pas débarquer dans un lieu public sans déclencher une vague d'hystérie de la part des filles, d'admiration de la part des garçons, et d'attendrissement de la part des parents. Le pauvre petit orphelin qui a sauvé le monde. C'est un héros. C'est Harry Potter.

Et puis, quand Voldemort est revenu et que personne ne voulait me croire, je suis passé du statut de héros à celui de menteur, de fou. On me regardait de travers, chuchotait sur mon passage. On m'insultait, me charriait, se moquait de moi. Fini le petit orphelin ésseulé, j'étais devenu le sale petit menteur qui voulait se faire voir et qui recherchait la gloire. Tout ça aidé par le ministère et la Gazette du Sorcier. Quoique l'un et l'autre se rejoignent, à un certain point. Tout le monde me rejetait, ou presque, tout le monde pensait que je venais répandre le mal. J'étais passé d'un extrême à l'autre en l'espace d'un été. Franchement. Les gens n'ont-ils aucune jugeotte ?

Finalement, quand tout le monde a compris que je disais la vérité, je suis redevenu le héros, l'Elu, comme ils m'appelaient. Le sauveur de la communauté magique. Le survivant, celui qui allait libérer le monde des sorciers du plus grand mage noir de tous les temps, ce sorcier qui avait assassiné mes parents. On m'a sollicité, encouragé, soutenu. On m'écoutait. Je donnais les ordres, on éxécutait. Mon avis comptait, je comptais. Parce que j'allais leur sauver la vie. C'est là que je suis sortie avec Ginny, ça devait lui plaire d'être avec l'Elu, le survivant, le magnifique et grandiose Harry Potter, sauveur de l'humanité. Foutaises. J'ai lutté, bataillé, pour détruire les horcruxes créés par Voldemort. Hermione et Ron étaient là, comme depuis toujours, les seuls à m'avoir toujours fait confiance et apprécié à ma juste valeur. Une fois notre mission accomplie, j'ai trouvé Voldemort lors de cette mémorable nuit à Poudlard.

Je l'ai vaincu. Moi, de ma baguette. J'ai sauvé le monde magique, comme tout le monde s'y attendait. Dans la joie et l'allégresse, oubliant les morts sur le champ de bataille, on m'a vénéré, adulé, remercié.

Remercié, dans les deux sens du terme.

Une fois ma mission accomplie, le monde magique n'avait plus besoin de moi. Je pouvais disparaître, laisser les gens vivre en paix. Je n'étais plus l'Elu, j'avais rempli ma mission. L'orphelin pouvait retourner se morfondre dans son placard moldu. Et laisser la communauté magique vivre sa vie, sans Voldemort, sans Harry Potter. Sans moi. J'avais fait ce qu'on attendait de moi, je suis tombé dans tous les pièges qu'on m'a tendu. Je me suis sacrifié pour l'humanité. Maintenant, je peux disparaître, et laisser le mondre reprendre son cours. Là où il s'était arrêté avant ma naissance, avant Voldemort. Comme si mon existence entière n'était liée qu'à Voldemort, comme si je ne pouvais vivre que s'il vivait encore.

Pourtant, la prophétie du professeur Trelawney disait le contraire ! "Aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit." A croire qu'il manquait la fin : "Mais aucun d'eux ne peut mourir sans l'autre". Nos destins étaient liés.

Je suis né pour le tuer. Maintenant que c'est fait, je ne suis plus utile à rien. Je peux disparaître. Je peux mourir. De toute façon, à qui manquerai-je ? Je suis orphelin, fils unique, je n'ai plus de famille. Et tout ça à cause de quoi ?

Parce que je m'appelle Harry.

Harry Potter.