Il courrait à toute vitesse pour leur échapper. Il ne devait pas se faire attraper, pas maintenant qu'il avait réussi à sortir de cet enfer. Il devait profiter du peu de liberté qu'il avait acquit. Courir, vite, aussi vite que le vent. Et surtout... ne pas se retourner. Peu importe les cris autour de lui, peut importe les remarques des passants, il devait fuir, fuir vers la liberté.

Depuis le temps qu'il disait qu'il allait le faire, c'était enfin le grand jour. Le soleil était au rendez-vous, les gens dans la rue avaient le sourire bien qu'ils marchaient à la même allure effrénée que tous les jours. Seul, les mains dans les poches, une sucette à la cerise dans la bouche, le Grand Tony Stark était en vacances. De toute façon, qui les lui aurait refusées ? Il avait viré la vermine de son entreprise, il avait un cœur tout neuf, il avait donné (s'était fait voler) une armure à l'armée, que ces mous-du-bulbe avaient nommée War Machine, il avait anéantie la menace Vanko et réparé et organisé une Stark Expo du tonnerre. Maintenant Pepper, sa douce Pepper, tenait les rennes de Stark Industry et lui, il profitait de sa nouvelle liberté pour créer et bouffer du sucre. Plus d'alcool. Il l'avait promis à sa chère et tendre. Il avait redemandé à faire cette fameuse virée à Venise dont ils avaient parlé (surtout lui) à leur retour de Monaco, mais elle avait de nouveau refusé à cause de réunions, briefings, conférences et autres blablas barbants dont il n'aurait plus à s'occuper désormais.

Il déambulait donc dans les rues de Manhattan, tshirt Black Sabbath sur le dos, jeans tâchés de cambouis super sexy sur les hanches et lunettes de soleil sur le nez quand des cris retentirent de l'autre côté de la rue. Il leva les yeux au ciel et regarda dans la première vitrine qui se présenta à lui, dans l'optique de fuir une potentielle foule en délire. Victoria's secret. Aha, pas mal pour Pepper tout ça. Le bleu-roi lui allait à merveille.

Les cris redoublèrent et il grogna légèrement. Il se refit une expression souriante et se tourna de nouveau, face aux cris, mais une masse projetée à toute vitesse le fit passer à travers la vitrine de la boutique de lingerie dans un fracas abominable. Un poids assez conséquent reposait sur son torse et une respiration haletante sifflait à son oreille.

-Peux... plus... respirer...

-Oh ! Pardon !

Un mouvement, un froissement de tissus, du crissement de verre et ses poumons étaient libérés. Tony poussa un soupir de soulagement avant d'ouvrir un œil après l'autre. Il se figea.

-Oh bah merde... C'est la première fois qu'un bodybuilder me jette à travers une fenêtre ! Promis je n'ai pas touché à ta copine, je suis casé !

Tony s'assit et passa ses mains dans ses cheveux pour enlever quelques éclats de verre. Un grand homme blond était à genoux devant lui, tout en courbes et en muscles, de grands yeux bleus bordés de longs cils dorés. Une statue grecque ! Le Louvres se battrait pour l'avoir. Il lançait de nombreux coups d'œil suspicieux vers la rue.

-Hey, Michelange, tu regardes quoi comme ça ?

-J'ai besoin d'un endroit où me cacher.

La conscience de Tony se mit immédiatement en mode « ignorance du danger » et il lui tendit la main pour se relever. Il regarda les dégâts laisser par leur chute et souris aux vendeuses et clientes en leur assurant que tout allait bien et qu'il prenait les réparations à sa charge. Il en profita également pour demander à une petite blonde si elle pouvait lui faire livrer l'ensemble qu'il avait vu pour Pepper, puis il la remercia et reporta son attention sur le grand blond en lui tendant la main.

-Je vais te cacher moi, Apollon. Suis moi.

-Je m'appelle Steve.

Tony fronça les sourcils et fixa Steve un long moment, son cerveau frôlant la surchauffe. Steve ? Comme Steve Rogers ? Mais il était mort, non ? Pourtant cet homme ressemblait énormément à l'homme des photos de son père. L'ingénieur secoua la tête et lui sourit.

-Tony. Tony Stark.

Le milliardaire ne laissa pas le temps au blond de répondre que déjà ils étaient installés dans une voiture luxueuse conduite par un homme à l'allure très carrée mais étonnamment sympathique. Stark lui avait présenté comme étant Happy. La voiture était spacieuse, avec des vitres teintées, le tout rendait un peu trop clinquant aux yeux de Steve. Stark discutait vivement avec Happy. Ils semblait débattre sur l'utilité pour quelqu'un d'avoir un garde du corps. Happy voulait partir, Stark ne l'acceptait pas. Steve décrocha de la conversation et regarda par la fenêtre de la voiture. Il savait où il se trouvait, il parvenait à se repérer, mais en même temps, tout lui semblait étranger. Les rues étaient là, mais leur aspect n'était plus le même. Il se plongea dans ses souvenirs, ceux d'une époque révolue. Le temps où Bucky était là, le temps où Peggy était là. Il ne se rendit pas compte du soupir déchirant qu'il poussa et encore moins du regard perplexe de Stark posé sur lui. Vingt minutes plus tard, ils arrivaient aux pieds d'une tour immense, avec une enseigne lumineuse qui ne souffrait d'aucune ambiguïté quant au propriétaire des lieux : STARK. Steve posa sa mains en visière sur son front et grimaça légèrement.

-N'est-ce pas un peu...

-Impressionnant ? Si, je sais. Je ne fais pas dans la demi-mesure. Et sachez, très cher, que j'ai construit cette tour moi-même et qu'elle est autonome. Je suis le précurseur de l'énergie verte auto-générée.

-Et à quoi cela sert-il ?

-Quoi ? Mais tu viens de quelle planète ? Le protocole de Kyoto, ça ne te dit rien ? Copenhague, tout ça ?

Steve regarda ailleurs, à la recherche d'un autre sujet de conversation afin de détourner l'attention de petit brun. Son regard se posa sur le nom lumineux et il ne put empêcher ces mots de sortir.

-Vous connaissez Howard Stark ?

La mâchoire de Tony se crispa quelques secondes avant qu'il ne s'avance dans le bâtiment, invitant le blond à monter dans un ascenseur en verre. Une fois à l'intérieur un silence pesant les enveloppa avant que la voix grave et rauque du brun ne le brise.

-C'est... c'était mon père. Un type intelligent. Il est mort. Accident de voiture. Tragique.

Le silence reprit ses droit. Chacun s'était plongé dans ses pensées. Steve ferma les yeux un moment. Il se dit que finalement, on ne pouvait pas rester plusieurs décennies dans la glace et espérer revoir tout le monde. Mais apprendre en si peu de temps la perte de deux des personnes les plus importantes de sa vie tout en sachant qu'on avait déjà perdu la troisième avant n'était pas une expérience agréable. L'ascenseur se stoppa et Stark en sorti. Il fit tout de même attention à ce que le blond le suive puis il se dirigea vers un bar, en sortant une bouteille de jus de canneberge.

-Je te sers quelque chose ?

Steve s'approcha et examina les bouteilles à disposition. Il s'étonna de ne voir aucun alcool. Pas qu'il en ai particulièrement envie, mais n'était-ce pas leur place habituelle ? Il laissa Tony choisir pour lui. Une fois les deux verres de jus de canneberge posés sur la table basse, les deux hommes s'assirent sur le grand canapé en cuir blanc. Un silence gêné remplaça celui pesant de l'ascenseur. Steve se racla légèrement la gorge, faisant se tourner Tony vers lui.

-Donc... hm... C'est là... que vous vivez ?

-Ouaip. C'est mon bébé, et celui de Pepper, à 15% . Pepper étant... et bien, la femme qui partage ma vie déjantée.

-Alors tout à l'heure, quand vous m'avez dit l'avoir construite seul, c'était un mensonge.

-Eh ! J'ai soulevé de la fonte ! Plongé dans l'Hudson pour brancher les systèmes et allumer ce petit bijou !

-Vous avez soulevé de la fonte.. au sens figuré n'est-ce pas ?

-Non, non. Réellement.

-Êtes-vous si fort ?

-Je devrais me vexer mais je ne le ferais pas. J'ai eu un peu d'aide. Tu ne me connais vraiment pas ? Pourtant il est de notoriété publique que je suis capable de soulever des montagnes.

Steve ne répondit pas. Il tripota son verre et le fit tourner entre ses doigts. Comment pouvait-il avouer à cet homme, au fils d'Howard, qu'il avait survécu à une chute de plusieurs pieds dans l'eau glaciale, qu'il avait dormi pendant près de 70 ans et que du coup, il ne connaissait rien de l'époque dans laquelle il avait atterri puisqu'il s'était réveillé dans un simulacre d'hôpital des années 40 avant de s'enfuir et de lui tomber dessus. Il allait ouvrir la bouche pour tenter de lui expliquer mais le brun le devança en le regardant droit dans les yeux.

-Tu es Steve Rogers, n'est-ce pas ?

Le blond referma la bouche et fronça légèrement les sourcils. Alors comme ça, Tony le connaissait. Pourquoi ? Était-il toujours connu à cette époque ? Howard lui avait-il parlé de lui ? Il pesa le pour et le contre avant de hocher la tête sans quitter le regard de l'homme en face de lui, pas certain de la réaction qu'il allait avoir. Il ne compris pas trop le rire dénué de joie qui s'échappa de la gorge de Tony alors qu'il se passait une main sur les yeux.

-Et dire que le paternel t'a cherché tout ce temps, sondant les océans et délaissant sa famille... et il a fallu que ce soit sur moi que tu tombes. J'ai un karma de merde.

-Pardon ?

-Mon père te cherchait. Il n'a fait que ça toute la fin de sa vie. Il était sans cesse en excursion pour te retrouver, quand il n'était pas totalement pris par sa société. Une fois il est parvenu à me parler de toi sans trop s'énerver contre moi. Il est resté calme et mélancolique. Tu lui as manqué. Je ne suis même pas certain qu'il aurait eu la même réaction si ma mère avait disparu. Il m'a montré des photos de toi. Avant et après le sérum. J'ai eu un doute quand on était dans la rue, mais là je suis sûr de moi et tu me l'as confirmé. Tu es Steve Rogers, le Captain America.

-Monsieur Stark, si ma présence vous dérange, je m'en irais. Mais s'il vous plaît, ne dites pas aux hommes du gouvernement que je suis ici.

-Le gouvernement ? Qu'est-ce qu'ils ont à voir là-dedans ? A quoi ressemblaient-ils ?

-Il y avait un homme noir avec un cache-oeil qui me disait vouloir me protéger, qu'il avait besoin de moi. Il ne m'inspirait aucune confiance.

Tony le regarda un moment en silence avant d'éclater de rire et de se lever en allant chercher quelque chose dans le bar. Ça ressemblait à une plaque de verre mais dès qu'il tapota dessus des forme lumineuse s'allumèrent. Il sembla chercher quelque chose dessus avant de faire apparaître devant Steve une photo de l'homme borgne.

-Il s'agit de Nick Fury. Directeur du SHIELD, une espèce d'organisation secrète. Il a mis en place une sorte de « Big Brother's watching you » mais en moins... Orwellien.

-Orwellien ? Et qu'est ce que c'est que cette histoire de ''grand frère'' ?

-Wouha... je vais avoir toute ta culture à refaire... ça va pas être de la tarte. Je te passerai le bouquin, tu comprendras plus tard. Pour en revenir au S.H.I.E.L.D., c'est une organisation plus ou moins secrète qui gère les gens exceptionnels. De ce que je sais ils ont déjà des vues sur... 2 super gars. Toi, et un bodybuildé vert caractériel. Moi je suis trop bien pour eux. Pour ce qui est de la confiance, tu peux l'avoir envers Agent. C'est un petit bureaucrate aux allures inoffensives mais méfies toi, il cache bien son jeu. Pour Fury, même moi j'ai certains doute. Il a qu'un œil tu sais... donc on ne peut déceler que la moitié de ses intentions... et la moitié la moins importante. Enfin bref. Je suis prêt à t'héberger moi ! JARVIS, prépare une chambre pour monsieur Paillettes.

« Très bien, monsieur. »

Steve sursauta et chercha l'origine de la voix sans la trouver. Tony sourit en coin puis se leva et retourna au bar déposer son verre avant de se poster devant la baie vitrée, pensif. Il resta là un moment, attendant patiemment que le soldat ose poser une question. Ce qui n'arriva pas. Tony poussa un léger soupir et commença à lui expliquer que JARVIS est son AI, intelligence artificielle, et qu'il joue le rôle de majordome/nourrice pour lui. Il lui raconta comment il l'avait créé, comment il l'avait vu évoluer. Steve, en l'écoutant, pu se rendre compte de la fierté que le brun avait, non pas pour lui-même, mais pour sa création. Son enfant.

Une fois la nuit tombée, Tony fit visiter la tour à son invité. Il l'emmena dans son labo et dans toutes les salles pleines de bordel électronique dont Steve ne retint que deux ou trois noms. Il fut surpris de recontrer Dum-E, You et Butterfinger. Ces petits robots plein de vie étaient venu le saluer à leur manière, émettant des « bip-bip » que l'on pouvait qualifier de joyeux. Tony lui montra ensuite la salle d'entraînement, que Steve trouva très bien fournie. Il lui demanda s'il pouvait venir frapper quelques sacs. Le brun acquiesça avec un petit rire en voyant les yeux brillants du soldat, lui disant de faire comme chez lui et qu'au moindre problème, si lui n'était pas disponible, JARVIS se ferait une joie de lui rendre service. Il en profita pour modifier les droit d'accès de plusieurs lieux dans la tour avant d'emmener Steve à sa chambre.

Tony ouvrit une porte et laissa Steve passer en premier. La pièce s'illumina d'une douce lueur orangée, comme si plusieurs bougies s'étaient allumées en même temps. Les couleurs étaient toutes dans des teintes douces d'ocre et de brun. Un grand lit se tenait en face de la porte, drapé d'un couvre-lit sable et d'une multitude de coussins à l'air moelleux. De chaque côté du lit, les tables de chevet portaient des lampes design aux lignes douces et rondes. Un bureau était plaçait face à la fenêtre, une lampe Tief posée à un des coins. Il s'approcha pour admirer la vue qui donnait sur Manhattan. Un doux sourire étira ses lèvres avant qu'il ne se tourne et voit une porte qu'il ouvrit. Elle donnait sur une salle de bain dans les mêmes tons que la chambres, équipée d'une douche à l'italienne avec de multiples jets, une vasques immense et un grand miroir. Il y avait plusieurs étagères avec déjà tout le nécessaire de toilette. Un autre porte menait aux toilettes. En revenant dans la chambre, il remarqua d'un côté de la porte d'entrée, celles coulissantes d'un dressing vide mais immense, et de l'autre côté une commode noire.

-C'est immense... JARVIS vient de faire ça ?

-Naaan. Il est doué mais quand même pas. J'ai plusieurs chambres d'amis. Celle-là est celle la plus proche de ma chambre. JARVIS a juste passé l'aspirateur et aéré. Elle était déjà décorée.

-Il a passé l'aspirateur... comment ?

-A distance voyons. J'ai une armée de mini aspirateurs autonomes !

Steve ne chercha pas plus longtemps à comprendre cette histoire d'aspirateur et alla s'asseoir sur le lit pour tester le matelas. Un grand sourire illumina son visage alors qu'il se laissait tomber en arrière. Tony retint un petit rire moqueur, appuyé contre la chambranle de la porte. La réaction du grand blond lui faisait penser à celle d'un enfant.

-Je pense que je vais pouvoir te laisser. Si tu as besoin d'aide, ma chambre et la deuxième porte à gauche dans le couloir. N'hésite pas non plus à demander des choses à JARVIS. Il est dispo 24h/24.

-Je vous remercie monsieur Stark.

-Appelle moi Tony. T'es plus vieux que moi concrètement. Et pour toi, monsieur Stark c'était mon père.