Un grand merci à Swato qui m'a donné l'envie (et que je ne désespère par un jour d'épouser !) et Lilimoon (pour avoir écouté partie après partie durant ce long mois d'écriture).
Les choses n'étaient pas des plus simples pour Stiles. Scott, malgré le fait qu'il comprenne le choix d'Allison, vivait mal la séparation. Il avait dit être prêt à l'attendre, pourtant son absence le rendait le rendait dingue. Le premier mois avait été gênant mais le deuxième mois était clairement désagréable pour le jeune loup. Il essayait de combler ce vide soit en parlant d'elle tout le temps soit en s'énervant dés qu'on faisait allusion à elle. Le fils du shérif ne savait plus sur quel pied danser et ça le rendait malade de voir son meilleur ami souffrir autant et ne rien pouvoir faire pour l'aider. Il voyait Scott de plus en plus irrité, fatigué. Il avait l'impression que les rôles s'échangeaient. Scott avait toujours été celui qui devait calmer Stiles, celui qui avait conscience de la réalité et qui ramenait son ami sur terre. Quand il avait été mordu et qu'il était devenu un loup-garou son ami n'avait eu d'autres choix que de calmer son excentricité et de se tenir concentré pour l'aider de son mieux. Mais depuis sa rupture Stiles jouait complètement le rôle du responsable dans leur duo. Celui qui prenait sur lui d'ordonner à Scott de se taire, d'aller se défouler ou bien de lui donner des cachets pour qu'il aille se coucher.
Parallèlement Stiles sentait que leurs ennuis surnaturels n'étaient pas finit. Ils semblaient tous avoir oubliés que le corps de Gérard n'avait pas été retrouvé. Comme si c'était normal. Mais oui bien sur, se sentant mourir le gentil chasseur a décidé de nous économiser du temps et d'aller s'enterrer tout seul ! Pensait sans cesse le jeune homme. Le problème étant que depuis ce fameux soir Boyd et Erica avaient quitté Beacon Hills, Jackson les évitait, mais au moins il ne les embêtait que rarement. Et le plus effrayant était qu'il n'avait pas revu ni Isaac, ni Peter ni Derek. Pas que ces trois là lui manquaient mais ce n'était pas normal du tout. D'autant plus que Scott avait détecté par-ci par-là des nouvelles odeurs lycanthropes. Derek ne pouvait pas passer une semaine sans martyriser le fils du shérif. Peter avait peut-être fini par redevenir un alpha psychopathe hyper en quête de pouvoir et de contrôle. Non mais s'il était redevenu un alpha Scott l'aurait sentit, non ? Et puis, il ne se l'avouerait jamais mais Derek lui manquait quand même, ils avaient ensemble établi un certain équilibre. Et présentement le mauvais caractère et la brusquerie du plus jeune des Hale lui manquaient. Il avait besoin de l'entendre grogner, histoire de savoir qu'il était là, qu'il pouvait se reposer sur lui. Aujourd'hui plus que n'importe quel jour il avait besoin de savoir qu'il pouvait compter sur lui parce qu'il était sur le point de craquer. Il n'en pouvait plus de tout tenir à bout de bras.
Scott d'un côté, Lydia qui prenait enfin pleinement conscience de son existence et qui, avec Allison, le prenait pour un psychologue. Le coach de Lacross qui comptait sur lui pour reproduire ses exploits à chaque entrainement et à chaque match à venir. Son père qui avait désespérément besoin de normalité, de retour au calme après les tumultes de ces derniers mois. Il avait juste besoin de Derek, qu'il vienne s'occuper un peu de Scott, qu'il lui change les idées. Même un simple signe suffirait à rebooster le jeune homme.
Il se passa encore deux jours avant que l'adolescent n'arrive à son point de non retour. Allison lui avait demandé de venir plus tôt à l'école pour pouvoir lui parler. Ensemble ils parlaient leur mère morte. Enfin Allison parlait. Stiles, lui, écoutait. Il savait que c'était difficile de se décider à parler après la perte d'un parent alors il ne se plaignait pas. Lui et Allison n'étaient peut-être pas les meilleurs amis du monde mais la jeune fille avait besoin de lui, il se voyait mal l'envoyer paitre. Seulement l'hyperactif aurait préféré que le processus de deuil ne passe pas par les stades « Je veux toujours la mort de Derek Hale. J'ai été horrible avec ma mère, je ne lui ai pas assez dit que je l'aimais. Je dois devenir une bonne chasseuse pour honorer sa mémoire… » Néanmoins s'il ne se plaignait pas, Stiles ne pouvait pas retenir sa langue bien longtemps et fatigué de devoir jouer la nounou de tout le monde il ne s'embarrassa pas de tact pour répondre aux lamentations de l'adolescente.
-Dis-moi Allison, tu me connais un minimum ? Tu sais que mon père est le shérif et que ma mère est morte quand j'étais petit. Et je n'ai jamais caché qu'elle me manquait et il t'a fallu attendre que la tienne meure aussi pour te rendre compte qu'elle était importante. De plus si tu tiens tant que ça à honorer là mémoire de ta mère et à terminer sa tache, c'est simple tu n'as qu'a allait voir Scott et le tuer. Parce que c'est ce que ta mère essayait de faire quand Derek est arrivé pour le sauver. Et c'est en se débattant pour sa propre vie qu'il l'a mordu. Derek a bien des défauts mais pas celui de mordre les chasseurs pour le plaisir de les voir se suicider après. En plus excuse-moi mais aire passer ses convictions avant sa fille ce n'est pas vraiment une preuve d'amour ! »
Il s'excusa d'avoir été aussi brusque mais pas de ses paroles et s'en alla en direction du lycée. Quand Scott arriva il fut froid avec son ami comme ça lui arrivait de temps en temps. Le fils du shérif ne s'en formalisa pas et se concentra sur son cours de biologie. Quand après la pause de 10h le jeune loup l'ignorait toujours, le bousculant à plusieurs reprises, Stiles compris qu'il y avait un problème. Il voulu en parler à la pause du midi, mais la cloche n'avait pas encore finit de sonner que son ami était déjà hors de la classe. N'ayant pas spécialement faim l'adolescent se dirigea vers sa voiture, trop effrayé de voir Lydia lui sauter dessus pour lui raconter à quel point Jackson était redevenu parfait. Au final il passa toute l'heure fixer l'orée de la forêt à la recherche d'un morceau de cuir noir. Mais il resta désespérément seul. Bien trop vite à son goût il dut retourner dans l'établissement scolaire. Et juste avant de rentrer dans les vestiaires pour l'entrainement de Lacross Scott l'apostropha.
« Tu peux m'expliquer pourquoi tu es couvert de l'odeur d'Allison ? » son ton était plus agressif qu'interrogateur. « Et n'essai pas de nier. Je vous ai vu ce matin. Alors ca va, t'as choisi ton camp, vous vous êtes bien moqués de moi. Avoues tu n'attendais que ça, qu'on se sépare pour venir jouer les amis consolateurs et récupérer la fille après. T'as fini par comprendre que t'avais aucune chance avec Lydia, t'as imprimé qu'elle n'en avait rien à faire de toi. Du coup tu t'es dit que t'allais tenter le coup avec sa meilleure amie. Je n'aurai pas cru ça de toi, je pensais qu'on était comme des frères ! »
Puis il reparti aussi vite qu'il était arrivé. Stiles n'avait même pas pu en placer une, il était resté de marbre durant toute la tirade de son ami. Mais maintenant qu'il se retrouvait seul il prenait conscience de la boule qui se trouvait dans sa gorge et qui lui faisait mal. Y'avait pas à dire, ce mois-ci la pleine lune tombait vraiment mal. Il entendit le coach prononcer son nom sans comprendre sa phrase. Jackson qui venait de faire son entrée lâcha un :
« Oui, Bilinsky qu'attends-tu pour aller te changer ? » avec son petit sourire moqueur.
Pas de doute le Jackson d'avant était de retour. Avalant difficilement sa salive, le jeune homme baissa la tête et décida de faire demi-tour. Il estimait qu'il avait eu largement son compte pour la journée. Ses pas raisonnèrent dans tout le couloir alors qu'il se dirigeait avec détermination vers le parking du lycée. Durant tout le trajet il s'énerva sur son autoradio, aucune station ne trouvant grâce à ses yeux. Quand il se gara dans son allée un peu trop vite il dut renverser une poubelle pour éviter d'emboutir la voiture de patrouille de son père. Génial, il ne manquait plus que ça. Il avait oublié que ce jour-la son père ne travaillait jamais.
Sa colère un peu passé, il entra chez lui à pas de loup, espérant ne pas croiser son paternel. Mais non, le destin s'acharna sur lui. Monsieur Stilinsky été dans le salon, la télé crachant le rire de sa mère qui se répercutait contre les murs. Les volets étaient fermés et une odeur, mélange d'alcool et de sueur, régnait dans la maison. Le petit bruit sec que fit la porte en se refermant fut discret mais il faut croire que l'alcool décuplait les sens du shérif, qui se redressa aussi vite dans le canapé. Même dans la pénombre Stiles pouvait voir les ravages sur le visage de son père. Il avait les yeux rouges et toujours larmoyants.
« Oh Stiles c'est toi, tu es déjà rentré ? »
Il semblait tellement de le voir lui, dans le vestibule que Stiles sentit son cœur se briser en mille morceaux. Cela faisait six mois que son meilleur ami était un loup-garou, deux mois qu'il devait se débrouiller tout seul avec les merdes engendrées par cette morsure, pourtant il était convaincu que si sa vie partait autant en miettes ces derniers temps et aujourd'hui en particulier c'était parce que Derek Hale avait décidé de jouer à l'homme invisible qui participe à un concours du roi du silence. Il regarda son père porter sa bouteille d'alcool à sa bouche tout en se réinstallant dans son sofa.
Le jeune homme dévala les escaliers quatre à quatre et claqua la porte de sa chambre derrière lui. Il se laissa glisser contre un mur et laissa sortir les sanglots qu'il avait si longtemps retenus. Le 3 février était le jour qu'il détestait le plus avec noël et son anniversaire. Tous les ans le 3 févriers était une journée difficile à vivre pour Stiles, les anniversaires de mort étaient redoutables pour tout le monde. Cette année il savait que cela allait être plus dur que les autres années, mais jamais il n'aurait pensé que les 10ans de mort de sa mère se passeraient ainsi…
La douleur était si intense qu'il en suffoquait. Ses poumons se rebellaient et refusaient de laisser entrer l'air. Comme s'il se noyait il avait l'impression que son être tout entier était compressé, prêt à exploser. Son cœur battait si fort qu'on aurait dit qu'il cherchait à s'enfuir, loin de cette souffrance. Il cognait tellement fort que sa cage thoracique semblait chauffée à blanc. Le jeune homme ne sentait plus au final les pulsations de son organe vital. Il ne savait pas non plus s'il respirait encore. Pleins de petits points noirs obscurcirent son champ de vision et il perdit complètement pieds. Quand il rouvrit de nouveau les yeux le soleil avait commencé à décliner. Il prêta attention aux bruits qui l'entouraient et distingua la respiration sifflante de son père un étage en dessous. Il ne serait pas étonné de l'entendre ronfler d'ici peu. L'adolescent était lessivé, comme si il avait reçu un coup de massue, ou plus comme s'il avait ingurgité des antidouleurs à haute doses vu qu'il n'avait pas mal à la tête.
Comme dans un rêve il se releva et marcha jusqu'à sa voiture. Il n'en pouvait plus, il ne se souvenait plus de quoi mais il savait qu'il devait aller voir Derek et lui dire qu'il n'en pouvait plus. C'était lui le grand alpha alors il comprendrait certainement. Sans savoir comment il arriva indemne à la maison des Hale. Le soleil n'était pas encore couché mais il faisait indéniablement plus sombre. Il était à peine arrivé en haut des marches qu'Isaac se présenta à lui. Il savait bien qu'il n'avait qu'à venir ici pour que cesse ses problèmes…
« Derek ne veut pas de toi ici. Il voudrait que tu repartes tout de suite. »
… Ou pas. Stiles mis plusieurs secondes à comprendre ce que le jeune loup venait de lui dire. Quand ce fut chose faite il hésita sur la réaction à avoir. Devait-il rire, s'effondrer une nouvelle fois, simplement rebrousser chemin ou exploser de voir qu'une fois encore on ne lui laissait pas le choix. Isaac l'examina et remarqua sans mal que quelque chose n'allait vraiment pas. Le visage de son camarade était blême, ses yeux prouvaient encore qu'il avait pleuré et surtout il n'avait toujours rien dit. Décidant de lui venir en aide l'orphelin ajouta :
« Ce n'est vraiment pas bon pour toi de rester ici, surtout ce soir, alors fait vite.»
Tout en disant cela il s'effaça en lui indiquant qu'il pouvait entrer. Du bout des lèvres et le regard surpris Stiles le remercia. Doucement il pénétra dans la demeure, plus très sur de lui. Il se souvenait à présent très bien de quoi il n'en pouvait plus, mais il n'était plus convaincu que le dire à Derek y face quoi que ce soit. Il jeta un coup d'œil en bas mais aucune trace de l'alpha.
« Il est là haut dans sa chambre. »
Bon là c'était certain, c'était vraiment pas une bonne idée. L'adolescent hésita sérieusement à faire demi-tour mais la perspective de retrouver son père ou toute autre personne l'en dissuada. Sans être tout à fait sur de lui le jeune homme gravit marche après marche, l'escalier craquant une fois sur deux. Il essayait de réguler sa respiration, son rythme cardiaque il n'y pensait même pas. Rien n'aurait pu calmer les battements frénétiques dans sa poitrine. Quand il passa le seuil de la porte et qu'il vit l'alpha allongé dans son lit, son cœur rata pourtant un battement. Alors que lui avait des problèmes et devait s'occuper de son rejeton de louveteau, monsieur faisait tranquillement la sieste avant la pleine lune. Il était en train de formuler mentalement une phrase d'attaque quand Derek, toujours étendu, ouvrit la bouche.
« Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « Derek ne veut pas de toi ici » ?! Tu voulais peut-être un texto ou tu voulais juste me l'entendre te le dire ?! »
Coupé dans son élan le jeune homme ne sut pas quoi répliquer sur le coup et oublia le discours qu'il avait prévu.
« Aucun signe de vie de toi et des autres pendant deux mois. On arrive au point où même Chris Argent ne sait pas si tu es encore en vie et c'est tout ce que tu me dis ? ».
Ce fut au tour de l'ainé d'être bouche bée. De toute évidence son silence radio avait marqué le garçon. Et contrairement à ce qu'il pensait quelqu'un avait remarqué son absence et semblait s'en être inquiété. Ce qui l'étonnait moins c'est que cette personne soit Stiles Stilinsky. Sous ses airs d'hyperactif violant les lois, il était un être humain attentif qui posait toujours les bonnes questions. L'adolescent lui tapait rapidement sur le système mais il ne pouvait nier que ce petit imbécile était pourvu d'un certain courage, plus dû à sa tête brulée, d'un fort caractère et d'une haute résistance aux événements perturbants et pour le moins horribles. En définitif Stiles Stilinsky était une personne plutôt extraordinaire et remarquable. Enfin pour un simple humain agaçant et insignifiant.
Un bruit résonnait avec violence dans les oreilles du loup. Il se redressa dans son lit et contempla le jeune homme pour comprendre pourquoi son cœur battait si fort. Ce qu'il vit lui fit l'effet d'une douche froide. Si pour lui ces deux mois avaient été éprouvants il était évident que pour Stiles il en allait de même, cela avait même peut-être été pire. Ses pommettes étaient plus que saillantes. Malgré une sorte de camouflage il remarqua les cernes violettes sous ses yeux, qui lui donnaient l'air d'avoir deux cocards. Chacun de ses membres tremblaient, ses doigts bougeaient rapidement en un tic nerveux. Ses vêtements ne dataient pas d'aujourd'hui et son odeur ne se résumait plus à une senteur de bonbon mélangé à la senteur musqué de son gel douche. L'adolescent hyperactif qui n'en faisait qu'à sa tête avait disparut. Ne laissant derrière lui qu'une épave.
« Stiles, ca va ? » demanda-t-il avec un soupçon d'inquiétude et d'agacement.
N'était-il pas fichu de tenir quelques semaines tout seul ? C'est à se demander comment il avait tenu jusqu'à ce qu'il fasse irruption dans sa vie après la morsure de son ami. Cependant il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour celui qui lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises. Aussi incroyablement que cela puisse être il se rendait compte, en le voyant là devant lui, qu'il lui avait manqué.
Tous les changements qui passaient dans sa vie, tous ces événements incontrôlables étaient habituellement équilibrés par l'attitude constante de l'adolescent. Et quand il lui donnait une occasion d'être violent, Derek ne pouvait que l'en remercier, c'était sa façon de perdre son sang froid.
« Si je vais bien ? Non mais tu te fiches de qui là Hale ! Tu me rembarres et la minute d'après tu veux de mes nouvelles ! Mais qu'est-ce qui cloche chez vous les loups ? Et bien si tu veux tout savoir, non ca ne va pas et tout ca à cause de toi et de ta famille. Avant que ton malade d'oncle ne décide de tuer ta sœur pour devenir un alpha pour ensuite mordre mon meilleur ami ma vie allait très bien. J'allais très bien quand je n'étais pas le seul à être faible physiquement, faible sur l'échelle sociale. Ton oncle a commencé et tu as continué comme si ton seul but en choisissant Isaac, Erica et Boyd était de me prouver que je n'étais qu'un nul insignifiant et sans aucune perspective pour la suite. Et bien j'ai un scoop pour toi, je le savais déjà que j'étais qu'un nul et que ma vie était misérable. Mais en attendant qui c'est qui répare vos pots cassés ! Vous êtes bien content quand je suis là pour vous aider avec la police, pour servir de défouloir à tous les loups en libertés et pour consoler les familles que vous détruisez. Oui bizarrement bien qu'elle aime me parlait pendant des heures, Allison n'a qu'une envie : te voir. Il serait temps pour vous d'assumer vos actes ! »
Désormais l'alpha était debout en face de Stiles, le dévisageant avec exaspération. Il revenait sur ce qu'il avait pensé. L'ado ne lui avait pas du tout manqué. Il était là depuis même pas vingt minutes qu'il voulait déjà le frapper jusqu'à ce qu'il en perde la voix.
« C'est bon tu as fini ? »
Le jeune homme le regarda avec une lueur de défi dans les yeux.
« Non. Tu n'es qu'un lâche ! »
La réplique ne se fit pas attendre, l'alpha gronda sourdement avant d'attraper l'ado par le col et de le soulever du sol. Il le secoua dans tous les sens avant de le jeter sur son lit. Il se posta au dessus de lui, prêt à le frapper. Comment pouvait-il réussir à le faire de ces gonds presque à chaque fois. Il avait le don de le rendre dingue. Il respira plusieurs fois avant de se laisser glisser à ses côtés. Il n'en revenait pas, comment pouvait-il se laisser contrôler par ses émotions dans les circonstances actuelles. Tout en soupirant un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il pensait qu'il avait au moins eut le droit à une dernière altercation avant d'affronter ce qui serait surement sa dernière pleine lune.
« Merci. »
Sur le lit la respiration du jeune homme était toujours laborieusement mais son cœur s'était largement calmé. Leurs torses se soulevaient en rythme. Leurs épaules se touchaient ainsi que leurs mains.
« Aujourd'hui je devrais être sur la tombe de ma mère pour ma visite annuelle. Pour ensuite passer la soirée ma chambre à essayer d'oublier que mon père est ivre. » Il n'y a pas à dire, Stiles ne cesserait jamais de le surprendre.
« Tu ne peux pas rester ce soir ca serait vraiment trop dangereux pour toi. Mais ça te dirait de rester un petit peu ici avant d'aller t'enfermer dans ta chambre ? »
L'ado restait perdu dans ses pensées. Il était complètement obnubilé par leurs mains en contact. Derek frotta son épaule contre la sienne avant de lui donner des petits coups du pied.
« Hé ! Alors t'en dis quoi ? »
Stiles laissa un sourire naitre sur ses lèvres, il tourna la tête pour regarder l'alpha dans les yeux.
« Ca me va. Et si tu me racontais ce que tu as fait pendant ces deux mois. Est-ce que je t'ai manqué ? » demanda-t-il avec humour, tout en jouant des sourcils dans un mouvement qui se voulait charmeur.
Derek le regarda avec sérieux, l'air de se demander si le jeune homme avait vraiment fait et dit ce qu'il pensait. Puis il se permit de laisser un air narquois fleurir sur son visage, air qui devint lentement sincère. Stiles loucha sur cette bouche qui s'étirait avec franchise. Agissant sous l'impulsion il lança sa main contre le ventre du loup-garou avec force. L'autre n'avait pas dut souffrir du coup mais cela ne l'empêcha pas de renvoyer le geste au fils du shérif qui étouffa une plainte de douleur.
« Est-ce que je te frappe sans raison moi ? »
« Derek, tu me poses vraiment la question ? »
« Alors je me dois de te préciser que toi en tant qu'être humain tu ne m'as pas manqué. Par contre toi en tant que souffre douleur j'avoue que… C'est beaucoup moins drôle de frapper Peter, il guérit tout de suite. »
Stiles afficha une moue plus qu'offensée. Rien que pour ça il aurait le droit d'arracher la gorge de l'autre avec ses dents. Qu'il serait bon de mettre en pratique la menace que le loup lui balançait pour un oui ou pour un non. L'ado était perdu dans ses pensées sanglantes ou le loup implorait pour de la pitié lorsqu'un éclat de rire profond secoua le lit et lui par la même occasion. Il se tourna vers Derek avec un sourcil interrogateur.
« C'est juste que tu es pitoyable avec ce pli entre les yeux et ton sourire ridiculement sadique. »
En disant ça l'ainé passa son index sur le dis pli en question. Si l'adolescent se tendit à ce contact cela ne dura pas longtemps. Rapidement tout son corps se décrispa. Comme si en faisant se simple geste le brun avait appuyé sur un interrupteur. Une à une les tensions de Stiles s'évanouir. Alors qu'il s'apprêtait à soupirer de plaisir l'autre lui attrapa le nez entre deux doigts et le secoua, comme on le ferait à un enfant. Comme si c'était naturel.
Derek passa ensuite ses bras derrière sa propre tête et s'en servit d'oreiller. Stiles, lui, se positionna de côté et détailla le loup. Sa barbe de trois jours était tant fournie qu'il ne faisait aucun doute qu'elle n'avait pas était entretenue depuis leur dernière rencontre. Sans être hirsute elle lui mangeait sérieusement les joues. Il en allait de même pour ses cheveux qui se rapprochaient plus d'une tignasse indisciplinée à la Harry Potter. L'adolescent était sur qu'une fois mouillées les mèches de devant devaient lui tomber sur les yeux. Quand ses pupilles se posèrent sur ses pommettes prononcées il se fit la réflexion que le loup-garou avait perdu du poids. Lentement la voix de l'ainé s'éleva dans les airs et il commença à lui raconter sa vie. Trop perdu dans sa contemplation le fils du shérif ne se rendit pas compte que le loup préférait lui parler de lui plutôt que d'aborder les deux derniers mois.
Il regarda le tissu tendu sur la musculature du brun, peut-être qu'il n'avait pas perdu de poids mais qu'il s'était fort entrainé vu que la masse musculaire lui parut plus importante que d'habitude. Ou bien était-ce juste le fait que durant son absence son image s'était légèrement effacée de la mémoire du jeune homme ? Tout en l'écoutant raconter ses soirées avec sa sœur à courir dans la forêt, Stiles observa de nouveau le visage de l'alpha. Passé le plaisir de le revoir il se rendait compte que certains détails inquiétants lui avaient échappés.
Le loup-garou aussi avait un pli marqué entre les yeux, ce qu'on appelait ride du lion. Signe d'un grand souci. Quand ses yeux se posèrent sur le cou du loup Stiles avala sa salive avec difficulté et il comprit pourquoi Derek avait laissé sa barbe pousser. D'une main tremblante il s'approcha de la marbrure brune imprimée sur la peau de l'autre. Quand il sentit le relief de la boursouflure sous ses doigts ses yeux se fermèrent et son cœur se contracta de douleur. Derek ne parlait plus, paralysé par le contact du jeune homme. Stiles se mordit les lèvres et pris une grande inspiration. Un mélange d'effrois et de rage se battait dans son être.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? Dis-moi qui t'as fait ça Derek, que j'aille lui botter le cul. » dans sa voix perçait une nuance d'alerte.
Une large cicatrice traversait le gorge du loup et on devinait qu'elle s'étendait sur le bas de sa joue. Avec horreur l'adolescent comprit que Derek avait été marqué par un autre loup comme du vulgaire bétail.
