Prologue :
Des voix résonnaient au loin, des mots étaient prononcés, mais il ne les écoutait pas. Les battements irréguliers de son cœur l'empêchaient d'entendre, la tristesse cruellement distillée dans ses veines l'empêchait de penser. De penser à autre chose que ce désespoir brûlant, qui paralysait son corps, qui annihilait sa raison, qui détruisait son âme.
- … Cela devait arriver… prévu… horrible…
Les sons commençaient à lui parvenir, doucement, puis de plus en plus vite. Mais il ne les comprenait pas, il ne voulait pas les comprendre.
- … Allez viens, il est trop tard, viens s'il te plait…
Trop tard ? TROP TARD ? Non il n'était pas trop tard, il n'était jamais trop tard. C'était un mensonge. Il n'était pas trop tard !
- Non, non, non, ce n'est pas vrai, non… Sa voix se brisa sur les dernières syllabes à mesure que la douleur, vicieuse et puante, lui faisait comprendre. Lui faisait comprendre que c'était fini, que la vie n'habiterait jamais plus ce corps qui tenait contre lui. Lui faisait comprendre qu'il ne verrait jamais plus ses yeux pétiller de bonheur et d'allégresse. Merlin, ses yeux ! Sa raison se mit en marche contre son gré, lui montrant avec un doux sadisme ce que serait sa vie désormais. Le vide, le néant. Son cœur ne battrait plus jamais contre sa paume, son rire n'emplirait plus jamais sa tête, ses bras ne l'enlaceraient plus, son corps ne le protégerait plus. Son monde s'écroulait, alors que le Seigneur des Ténèbres lui avait ôté sa raison de vivre, sa raison d'être. Oui, il lui avait arraché le cœur. Il pencha la tête, les yeux embués de larmes, vers l'amour de sa vie, vers sa vie tout court. Ses lèvres qui l'avaient réchauffé si souvent étaient pâles, et froides sous ses doigts. Son corps inanimé était gelé, aussi gelé que le cœur de l'homme qui serrait doucement contre lui l'être qu'il aimait.
- Viens maintenant Draco ! Il ne faut pas rester là !
Telle une victime d'un baiser du détraqueur, le jeune homme tenant toujours ce corps devenu poupée de chiffon dans ses bras, tituba vers le château, des larmes roulant encore et encore sur ses joues. A cet instant, il se demanda s'il était possible de prononcer le sort impardonnable contre sa propre personne. Il aurait voulu en avoir plus, encore plus, toujours plus. Au lieu de ca, il n'aurait plus rien, plus jamais rien.
Il ne ressentait plus rien, si ce n'est une souffrance sourde qui grondait dans sa poitrine. Les secondes, les minutes, les heures défilaient devant ses yeux, mais il ne voyait rien. Il ne faisait qu'attendre. Attendre de vivre, attendre de mourir, attendre une absolution qui ne viendrait jamais. Alors, le soleil se couchant, les ténèbres se refermèrent sur lui. Et il comprit qu'à partir de ce moment, l'aube ne se lèverait plus jamais pour lui. Telle serait sa punition, pour avoir osé braver des puissances inconnues. Telle serait sa malédiction. Obligé de vivre, dans un monde qui n'était déjà plus le sien. En offrant son cœur à un ange, il avait irrémédiablement vendu son âme au diable. Et désormais, son cœur enseveli avec son ange dans une tombe silencieuse, le diable se délectait de son âme, le punissant d'avoir passé tout ce temps (si peu de temps pensa-t-il) dans les bras de l'amour de sa vie de maudit. Quelques mois au paradis, pour une vie éternelle en enfer. Quelques mois dans une clarté aveuglante, pour une vie éternelle dans l'obscurité des damnés. Une lame acide s'enfonçait de plus en plus en lui, déchirant ses chairs, meurtrissant son esprit. Mais il tiendrait sa promesse coûte que coûte.
Fini pour le prologue, je vous retrouve la prochaine fois pour un flashback d'un an qui va durer... hmmm toute l'histoire normalement :D.
