Hey! Désolée pour le retard, je n'avais pas accès à mon ordinateur vendredi dernier. Cette fanfiction est basée sur le Baby Frisk AU de fablegate sur tumblr. Si vous avez tumblr, allez voir son blog, il est génial! :)


Il s'ennuyait. Bon sang ce qu'il s'ennuyait.

En fait, si on convertissait son existence elle-même en lettres, à cet instant précis, il était absolument certain qu'elles donneraient le mot « ENNUI » en boucle.

Il était dans les ruines, planté sur l'un des rares parterres où poussaient de l'herbe et des fleurs, bénies par les minces rayons qui se glissaient dans les failles que l'on entrevoyait en levant la tête. A quoi bon aller où que ce soit ? Il savait déjà tout ce qui se passerait, tous les schémas, tous les cas de figures, tous les dialogues par cœur. Il voulait du neuf, que quelque chose vienne bouleverser cet endroit, le mettre sens dessus-dessous, si possible avec un maximum de cruauté. Il voulait voir du sang qu'il ne verserait pas, des cris qu'il ne provoquerait pas. Il voulait voir ce que cela donnerait si quelqu'un d'autre faisait l'expérience à sa place. Peut-être que ce serait différent ? Qui sait ? Il s'ennuyait tellement dans cet endroit qu'il connaissait sur le bout des racines, il voulait voir autre chose.

Il se prit à imaginer un nouvel humain qui tomberait dans les ruines. Un humain cruel, qui amènerait enfin un peu d'animation. Bon, un humain normal irait aussi. Il pourrait le taquiner, le tourmenter, jouer avec comme un chat joue avec sa souris. Puis il le tuerait, prendrait son âme et briserait la barrière, histoire de pouvoir sortir et voir de nouvelles choses, détruire de nouvelles choses, faire et défaire de nouvelles choses pour donner à nouveau un peu de piment à son existence.

Un bruit l'interrompit dans sa rêverie sordide. Comme s'il sortait d'un rêve, il mit quelques secondes à retrouver ses repères. Le son venait d'en haut. Il plia sa tige et leva les yeux.

Il ne distingua pas tout de suite la petite forme qui descendait lentement de l'une des failles dans la roche. La curiosité le reprit pour la première fois depuis bien longtemps. Il entendit le frottement d'une corde sur la pierre, le hoquet apeuré d'un petit animal, le grincement inquiétant de la matière vieillie qui est sur le point de rompre.

Un panier se posa rudement sur le tapis de fleurs d'or qui poussaient sous la faille. La corde attachée à la anse tomba à ses côtés, et le faible résonnement d'un bruit de pas indiqua que qui que soit la personne ayant descendu cet objet, elle venait de repartir sans un regard en arrière.

Flowey s'approcha avec curiosité. Quelle chose monstrueuse pouvait bien se trouver dans ce panier pour que les humains s'en débarrassent en l'envoyant chez les monstres ? Il hissa sa tête au-dessus de la terre, sans respect pour ses comparses végétaux qui, de toute façon, s'en foutaient bien. Une forme s'agitait sous une mince couverture bleue en gémissant faiblement. Flowey se pencha plus près pour voir.

Une main s'accrocha brusquement à un de ses pétales, et la surprise lui fit battre le record floral de saut en arrière. Vous ne saviez pas qu'une fleur pouvait sauter en arrière ? Eh bien lui non plus.

Il se redressa péniblement. Sérieusement, vous savez à quel point c'est difficile de remettre ses propres racines en terre ? Sa tête l'élançait un peu et il poussa un cri d'indignation lorsqu'il comprit que la bête du panier lui avait arraché un pétale. Ses balles s'élevèrent autour de lui, mortelles. Cette chose allait passer un sale quart d'heure.

Il s'approcha plus hardiment cette fois et regarda à nouveau dans le panier, prenant soin de rester à une distance raisonnable de la bestiole, cette fois. Et il écarquilla des yeux incrédules. La couverture s'était dégagée, et en-dessous, un humain minuscule, même plus petit que lui, vêtu d'une vieille grenouillère qui avait sûrement, un jour, été bleue et rose, s'appliquait à mâcher le pétale volé entre ses mâchoires édentées.

« Oh, oui, vas-y, mange, ça m'évitera de te tuer moi-même. » dit Flowey tandis que les projectiles disparaissaient autour de lui. Il regarda avec curiosité le minuscule bébé qui continuait à mâcher son pétale machinalement. Il était devenu un bouton d'or, après tout, il devait bien être toxique.

Une scène revint à sa mémoire. Un champ de bouton d'or, un enfant qui, de la même façon, mangeait avec application les fleurs empoisonnées. Puis un lit.

« C'était une blague, rend moi ça tout de suite. » dit-il avec un peu plus d'empressement qu'il ne l'aurait voulu. Le bébé ne parut pas comprendre ses mots mais son visage se tordait lentement en une grimace de dégoût. Après encore quelques mouvements de mâchoire, il sortit le pétale de sa bouche et poussa une plainte aigüe. Flowey grimaça au son perçant, et aussi en voyant son pétale froissé et couvert de salive. « Beurk, tu peux le garder en fait… » soupira-t-il avec agacement.

Il examina le petit de plus près. Sa peau était fine et presque dorée sur ses membres minces. Il avait des cheveux bruns qui volaient un peu partout autour de sa tête, et ses grands yeux de bébé étaient plissés de sorte que l'on ne pouvait voir que difficilement la couleur de ses yeux. Qui étaient noisette d'ailleurs. Flowey fit la moue. Il avait une âme faible, comme tous les nourrissons. Beaucoup moins forte que celle d'un humain adulte. Bon, cela restait une âme. Il serait amusant de voir ce qui se passerait s'il la prenait.

Oui, il allait faire ça. Ce n'était pas comme si un bébé à peine capable d'attraper un objet allait apporter quoique ce soit d'intéressant dans ce royaume de l'ennui où il vivait. Ses balles apparurent à nouveau. Le nourrisson, inconscient du danger, tendait vers eux ses petites mains curieuses en babillant, le souvenir amère du pétale de bouton d'or envolé. Ce n'était même pas drôle de le tuer. Flowey grogna. Il avait espéré.

La petite main le surprit à nouveau, mais cette fois, c'était la tige qu'elle avait agrippé. Flowey hoqueta, de peur de se retrouver à son tour dans la bouche du nourrisson. Mais l'humain n'en fit rien. Il regardait attentivement l'endroit où de petits lambeaux charnus indiquaient qu'il y avait eu un pétale. Avec hésitation, comme s'il ne savait pas très bien faire, il porta cet endroit à sa bouche. « Je vais reset après ça. Je vais tellement reset et tu vas mourir, tu m'entends ? » s'écria un Flowey exaspéré.

Pourtant le petit ne mâcha pas. Il se contenta de poser ses lèvres baveuses à l'endroit d'où le pétale avait été arraché. « Mouah ! » fit-il avec exagération avant de lâcher la fleur et de pousser un éclat de rire ravi. Flowey s'immobilisa à côté du panier tandis que le petit tendait à nouveau ses bras vers les jolies petites boules blanches qui tournoyaient dans les airs. Mais qu'est-ce que c'était que ça ?

Il se secoua. Peu importe ce que c'était, il allait prendre cette âme. Pour voir, comme toujours. Il s'apprêta à lancer ses projectiles mais un bruit l'interrompit. Quoi, encore? Il eut à peine le temps de se retourner qu'une boule de magie lui fonça dessus, l'écartant du panier et l'envoyant valser dans les airs pour la deuxième fois ce jour-là. Il devait fuir. Tant pis, il prendrait cette âme plus tard. Alors qu'il replongeait dans le sol, il eut le temps d'entendre quelques mots de la nouvelle venue :

« Je n'y crois pas, faire cela à un humain aussi jeune ! Oh, mon enfant, ne pleure pas, je suis là. »

Un sourire sinistre apparut sur son visage. Si Toriel décidait de s'en mêler comme elle le faisait toujours, si elle croyait pouvoir prendre soin d'un bébé dans ces ruines désolées sans aucune aide extérieure, cela serait sûrement…

Intéressant.