Voilà, ma première histoire sur NCIS… Je l'ai écrite il y a un moment déjà… Elle est terminée, et je compte poster les chapitres tous les 2/3 jours (en fonction de mon emploi du temps !)
Ce qu'il faut savoir : aucun spoiler d'aucune sorte. L'action se déroule quelque part dans la saison 5, après Internals Affairs, mais avant Judgement Day. Dans mon monde Bisounoursien, l'épisode Judgement Day n'existe pas, de toute façon, lol.
Disclaimer : Je ne possède rien de l'univers de NCIS, je ne fais aucun profit d'aucune sorte avec les personnages.
Mercredi, 3h du matin, Cuisine de Gibbs,
Gibbs ne pouvait détacher ses yeux du téléphone, mais il ne le voyait pas. Les pensées se bousculaient à toute vitesse dans sa tête, essayant d'enregistrer les derniers évènements qui venaient de se dérouler.
'Ce n'est pas possible, pas elle.'
Il la revit quand il l'avait quitté, à peine quelques heures auparavant.
'Elle ne peut pas être morte… Il ne peut pas l'avoir tué ! Ce n'est pas possible ! Pas maintenant, pas comme ça…'
Une sorte de rage s'empara de lui et le sortit de sa torpeur. Il attrapa le verre qui trainait sur le plan de travail et le jeta de toutes ses forces sur le mur.
'A cause de moi ! Il l'a tué à cause de moi !'
Ses yeux se posèrent sur les morceaux de verre qui gisaient par terre. Il se laissa glisser sur le sol, en proie à une douleur qu'il n'avait plus ressenti depuis le meurtre de l'agent Todd. Une douleur qu'il s'était juré de ne plus jamais ressentir. Et voilà que par sa faute, oui, sa faute…
Hollis avait sursauté en entendant le verre se briser. Elle avait été réveillée par la sonnerie du téléphone quelques minutes auparavant et était descendue sans bruit. Elle s'approcha doucement et s'accroupit à côté de Gibbs.
« Tu n'y es pour rien, Jethro, tu n'y es pour rien, tu le sais. » Elle s'interrompit un instant, cherchant des mots de réconfort. « Cet homme est un fou, et rien de ce que tu aurais pu faire n'y aurait changé quoi que ce soit ! » Elle posa sa main sur son épaule. « Je sais… à quel point tu tenais à elle… mais… »
« Non, Hollis, tu ne sais pas. » Dit il brutalement.
La présence d'Hollis l'avait tout de suite agacé. Quitte à avoir un moment de faiblesse, il voulait l'avoir seul. Et ses paroles ne firent que l'énerver davantage. Il se dégagea brusquement et se releva. Il put voir dans ses yeux qu'elle était blessée, même si elle avait fait un effort pour garder un visage impassible, mais à ce moment précis, c'était vraiment le dernier de ses soucis. Elle quitta la pièce, après lui avoir jeté un dernier regard vexé. Il était de nouveau seul dans la pièce. Il se sentit brusquement fatigué, comme si le poids de ses pensées devenait brutalement lourd à porter.
'Comment ? Comment avait il pu en arriver la ? Comment tout avait il pu dégénérer à ce point sans qu'il puisse rien faire pour l'en empêcher ? Dire que tout avait commencé si… banalement…'
Le lundi précédent, 8h du matin, QG du NCIS,
Gibbs appela l'ascenseur une deuxième fois, mais celui-ci ne semblait pas pressé d'arriver. Il était d'une humeur exécrable, ce matin là.
Tout ce qui l'entourait semblait s'être donné le mot pour le contrarier.
Cela avait commencé avec Hollis. Il avait fallu qu'elle lui fasse une scène sous prétexte qu'elle n'apparaissait même pas dans son répertoire de téléphone alors que 'Jenny', si. Il avait bien essayé de lui dire que c'était logique puisqu'il s'agissait de son répertoire professionnel et que 'Jenny' était son directeur, et que d'ailleurs il n'avait pas écrit 'Jenny' mais 'Directeur' mais elle n'avait rien voulu entendre.
Il leva les yeux au ciel. Trois mariages et il essayait encore de raisonner une femme en colère. Affligeant.
D'ailleurs, en y réfléchissant, tout n'avait pas commencé ce matin là, mais la veille, quand le Directeur l'avait appelé en plein milieu du dîner pour savoir pourquoi elle n'avait pas encore son rapport sur l'affaire délicate qu'ils venaient de boucler. La réponse exacte était 'parce que je n'avais pas envie de l'écrire' mais il n'allait tout de même pas répondre ça. Il avait donc brodé sur le thème 'des choses plus importantes à faire', ce qui était vrai aussi. Le coup de fil avait duré moins de cinq minutes, mais il avait mis Hollis dans une inexplicable -et toujours inexpliquée, à l'heure actuelle- colère.
Ce n'était pas la seule raison à son humeur maussade, ce matin là. Loin de là. Non, la véritable raison était ce fameux pressentiment qu'il ressentait lorsqu'une catastrophe se préparait, et qui ne le quittait plus depuis la veille.
Ce pressentiment était apparu peu après la découverte du corps d'un marine. A priori, l'affaire s'annonçait pourtant on ne peut plus banale. Le corps du capitaine de corvette à la retraite James Wright avait été découvert par sa fille Claire, une balle dans la tête, tirée à une distance de plus ou moins deux mètres selon les estimations d'Abby. Le capitaine avait bien deux ex femmes, mais il était resté en bon terme avec. Pas d'ennemi connu, aimable avec les commerçants, serviable avec ses voisins. Il s'était distingué en Irak, avait été décoré, avant de prendre sa retraite anticipée pour des raisons de santé. En bref : bon père, bon (ex) mari, bon citoyen, bon soldat. Il vivait de sa retraite de marins, n'avait aucun autre bien personnel que sa maison, et rien n'avait été volé.
Le tueur n'avait laissé aucune trace de son passage, sauf deux choses. Il avait pris le temps de mettre une casquette frappé du sigle NCIS au mort, ainsi que des lentilles. Bleues. A part ça, rien. Comme si le capitaine Wright avait été choisi au hasard. La seule chose que Ducky avait pu apprendre du corps, c'était l'heure de la mort et l'arme du crime. Arme qui s'était avérée être un 38 Smith&Wesson semi automatique, probablement l'arme la plus courante aux Etats-Unis. Il avait pu également déterminer que la casquette et les lentilles avaient été ajoutées post-mortem, avec beaucoup de précaution : celui qui avait fait ça n'avait laissé aucune marque de son passage.
Abby avait été très déçue qu'il n'ait absolument rien pour elle. Elle avait bien analysé minutieusement la casquette et les lentilles mais n'avait rien trouvé qui n'appartiennent pas à la victime. Après près de sept heures d'enquête, ils en étaient toujours au même constat déprimant : pas de preuves, pas de mobile et pas de suspect.
Ce fut quand Tony se fut pris sa cinquième baffe de la journée, pour avoir dit qu'ils avaient peut être à faire au crime parfait, qu'ils décidèrent de rentrer chez eux, de profiter de leur dimanche -où de ce qu'il en restait- pour aborder toute cette affaire avec un nouvel angle le lundi matin.
« J'espère que vous avez quelque chose pour moi, ce matin. »
Ce n'était pas une question et l'équipe le savait très bien.
Tony s'enfonça davantage dans son fauteuil tandis que McGee faisait mine d'être absolument absorbé dans sa tâche (qui consistait à relire pour la millième fois le rapport d'autopsie, des fois que …)
Ziva se leva et s'approcha de Gibbs avec un café et un grand sourire.
« Bonjour, agent Gibbs ! » Elle lui tendit le café. « La directrice a demandé à vous voir ...»
Il haussa les sourcils. « Si c'est encore pour ce foutu rapport … »
« Je ne sais pas, elle ne m'a pas mis dans la confidence … »
« Très bien. Quand je reviens, je veux que vous me disiez quelque chose que je ne sais pas encore sur l'agent Wright, compris ? » les avertit il en se dirigeant vers les escaliers.
Après avoir vérifié qu'il était bien hors de portée de voix, Tony soupira :
« T'as intérêt à trouver quelque chose, le bleu, je n'ai pas envie de me faire enguirlander dès le lundi matin, 8 heures ! »
« Pourquoi moi ? » Protesta McGee. « T'as qu'à trouver, toi, puisque t'as l'air de penser que c'est si facile ! »
Ziva leva les yeux au ciel.
Ils restèrent silencieux quelques secondes, à la recherche de n'importe quelle idée qui puisse contenter leur irascible patron. C'est alors que le téléphone sonna.
Gibbs passa devant la secrétaire sans même daigner l'apercevoir.
« Agent Gibbs ! Vous ne pouvez pas entrer ! Madame le directeur est … »
Il était déjà entré.
« … Au téléphone. » Termina t-elle pour elle-même. A se demander pourquoi elle continuait bêtement à lui faire des réflexions, puisque de toute façon, il n'en tenait jamais compte.
Jen lui jeta un regard noir quand il entra sans se donner la peine de frapper, qu'il ignora totalement. « … Oui, mais… Non, je vous promets que des mesures vont être prises… » Elle leva les yeux au ciel. Visiblement, son interlocuteur l'agaçait au plus haut point.
Gibbs sourit. Chacun ses problèmes.
Elle raccrocha et reporta son attention sur son agent qui put se rendre compte qu'elle était vraiment en colère.
« Ravie de constater que les efforts que je fais pour rattraper tes débordements –dont tu ne m'informes même pas, soit dit en passant- te font sourire. »
Haussement de sourcils Gibbsien.
« Oh, je t'en prie, épargne-moi cet air innocent. Avais-tu réellement besoin de traumatiser ce fils d'ambassadeur ? »
'Ah, oui, ça !'
« Je ne l'ai pas traumatisé, je me suis contenté de le prévenir de ce qu'il risquait si il continuait son petit jeu stupide… »
« Pour son père, ce n'était pas un simple avertissement, mais bien une menace ! Enfin, Jethro, tu ne peux pas continuer à faire ce genre de chose sinon … »
« Sinon, quoi ? Tu vas 'prendre des mesures' ? » Son sourire s'élargit devant la tête que faisait Jen. « Bon, pourquoi voulais tu me voir, exactement ? »
« Mais pour ça, justement ! Retrouver le marin qui a tenté d'abattre ce jeune homme est une priorité Jethro ! »
Gibbs fronça les sourcils.
« Pas pour moi, non… »
Le marin en question avait tiré alors que le 'fiston' essayait de violer sa petite amie. Maintenant il était recherché pour tentative de meurtre sur personne apparentée à un diplomate, mais il était hors de question que Gibbs mette un zèle… excessif à lui remettre la main dessus.
« Jethro ! Je suis harcelée en permanence depuis deux jours par l'ensemble du corps diplomatique américain ! »
« Et alors ? Les faire patienter, c'est ton travail, non ? » railla t-il.
« Et le votre, agent Gibbs, c'est de retrouver ce marin. Alors, faîtes-le. »
« Très bien, directeur. Je vous promets d'y penser. »
« Pas seulement d'y penser ! »
Il n'écoutait même plus, l'esprit déjà repartit sur l'affaire Wright, qui, à ses yeux, était infiniment plus importante.
L'avenir ne tarderait pas à lui prouver qu'une fois encore, son pressentiment ne l'avait pas trompé.
Il n'eut pas besoin de quelque forme de pressentiment que ce soit pour s'apercevoir qu'il se passait quelque chose.
Ses trois agents l'attendaient au bas des escaliers, armes et badges fin prêts, Mc Gee portant en plus un sac plein à craquer de gants et autres objets indispensables à toute investigation sur une scène de crime. Ils se mirent à parler tous en même temps lorsqu'ils l'aperçurent.
« Patron … »
« Agent Gibbs … »
« Heu … »
Après un bref échange de regards assassins, Ziva et McGee laissèrent la parole à Tony.
« Patron, on a reçu un appel signalant le meurtre d'un marins, un certain Mike Adams et il semblerait que le modus operandi soit identique à celui du meurtre du capitaine Wright ! »
« Et que faîtes vous encore là tous les trois dans ce cas ? Deux d'entre vous ne devraient ils pas être déjà sur les lieux à l'heure qu'il est, en train de recueillir des indices ? »
Ziva et Mc Gee se précipitèrent aussitôt vers les escaliers.
« Mais, patron, … »
« Encore là, Tony ? »
« Heu … » L'interpellé jeta un coup d'œil derrière lui et aperçut Ziva et McGee s'engouffrant dans l'ascenseur. «… non patron ! »
Gibbs passa rapidement derrière son bureau pour attraper son arme, son badge et son café. Puis il descendit à son tour vers le parking du NCIS.
Il y retrouva McGee, d'ores et déjà installé à l'arrière du véhicule, l'air résigné, ainsi que Tony et Ziva qui se disputaient quant à savoir qui prendrait le volant. Gibbs se plaça un instant entre eux.
« Décidez vous très vite, sinon, c'est moi qui conduit…»
Tony lâcha aussitôt les clefs dans les mains de Ziva et s'engouffra à l'arrière à côté de McGee qui l'accueillit d'un grand sourire.
« Bah, Tony, je croyais qu'il n'y avait que les bleus qui montaient à l'arrière ? »
Lundi, 8h45 du matin, Sud de Quantico,
Les lieux du crime étant un coin de banlieue calme où tous les voisins se connaissaient et où les nouvelles se répandaient par le bouche à oreille à la vitesse de la lumière, l'équipe s'attendait à un imposant comité d'accueil, mais elle n'était pas préparée à ce qui l'attendait. Une masse compacte de gens agglutinés. Des voisins, bien entendu, mais aussi des livreurs de toute sorte, des employés de la supérette du coin, quelques policiers tentant tant bien que mal de maintenir ce monde à distance et quelques journalistes, pour la forme.
Gibbs se tourna vers Tony :
« Y aurait-il quelque chose que tu aurais oublié de me dire à propos de ce meurtre, Tony ? »
« Je n'ai pas oublié, tu ne m'as pas laissé finir ! » protesta l'incriminé.
Gibbs haussa les sourcils.
« Et bien, vas-y, je t'écoute. »
« Il est possible que ce matelot soit un peu une sorte de… célébrité locale. Il aurait écrit un roman basé sur sa vie de marin –il a eu des problèmes avec son administration, lui, d'ailleurs (il lança un rapide coup d'œil à McGee qui se contenta d'ignorer la pique)- qui aurait fait fureur en librairie. »
« Célébrité ou pas, je veux que tout ce monde ait dégagé dans les minutes qui viennent. »
Il sortit de la voiture, ignora royalement les journalistes et franchit le cordon de sécurité après avoir montré sa plaque à des policiers visiblement soulagé de voir enfin arriver des renforts. Il s'approcha de ce qui semblait être le chef de cette police locale.
« Qui a découvert le corps ? »
« C'est la petite amie du gars, une certaine Linda… Mayer. Elle était effondrée et on n'a pas réussi à lui parler… »
« Où est-elle ? » le coupa Gibbs.
« On l'a emmené un peu à l'écart, loin de toute cette agitation en attendant qu'elle se calme un peu… »
« Je voudrais lui parler. »
« Très bien, agent Gibbs, si vous pensez pouvoir en tirer quelque chose. Mais je vous préviens, elle est vraiment au bord de la crise de nerf ! »
Pendant que leur chef s'occupait du témoin, Ziva, Tony et McGee investissait la scène de crime, à savoir, le salon du malheureux matelot Adams. A première vue, et comme c'était déjà le cas dans l'affaire Wright, rien n'avait été dérangé. La porte d'entrée n'était pas fracturée, ce qui pouvait laisser supposer que le matelot avait ouvert sans méfiance. Le corps était étendu sur le dos, une casquette NCIS sur la tête, les yeux ouverts, mais sans lentilles bleues, et les bras repliés sur un livre. McGee avait commencé à photographier le corps sous tous les angles et Ziva furetait dans la pièce à la recherche d'indice, pendant que Tony s'agenouillait à côté du corps. Il extirpa le livre et le retourna pour en examiner la couverture. Il la fixa dix bonnes secondes avant de la tendre à l'objectif de Mc Gee qui, sous le choc, s'arrêta de mitrailler. Ziva s'approcha et jeta un coup d'œil au dessus de l'épaule de McGee. Elle résuma tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.
« Gibbs ne va pas être content … »
La petite amie était une jolie blonde aux yeux bleus. Enfin, Gibbs supposait qu'elle était jolie, parce que dans l'état actuel des choses, ce n'était pas évident de s'en rendre compte. Son visage était noyé de larmes et elle était secouée de sanglots.
Il s'approcha et s'assit à côté d'elle sur le muret qui séparait la maison du marin de celle de ses voisins.
« Bonjour, mademoiselle. » commença-t-il doucement. « Je m'appelle Gibbs, je suis un agent du NCIS… »
A ces mots, la jeune fille redressa la tête. « Comme… Comme les lettres sur… »
« Oui. Nous sommes les agents fédéraux chargés de l'investigation dans le cas d'affaires criminelles touchant la marine. J'aimerais vous posez quelques questions. »
La jeune femme respira profondément. « Allez-y, agent Gibbs » acquiesça-t-elle.
« Quand avez-vous découvert le corps ? »
« Ce matin, vers 8h. Mmmike et moi avions normalement rendez vous à 7h30 au Starbucks Coffee pour prendre un café ensemble avant que je ne me rends à la fac, mais il n'était pas là. Au début, j'étais furieuse, j'ai cru qu'il m'avait tout simplement oublié. Alors, j'ai téléphoné chez lui, puis sur son portable. Plusieurs fois. Mais personne ne répondait. C'est là que j'ai commencé à m'inquiéter, parce que ça ne lui ressemblait pas de ne pas répondre à un appel, il mettait un point d'honneur à être toujours joignable. J'ai décidé de faire un rapide tour chez lui, afin de m'assurer que tout allait bien. Sa porte était entrouverte et il… » Un nouveau sanglot la força à s'arrêter. «… Il était là, étendu sur le sol… »
Gibbs attendit quelques instants qu'elle retrouve son sang froid avant de continuer à l'interroger. « Je sais que c'est difficile, mademoiselle, mais avez-vous remarqué si quelque chose avait disparu, ou avait été déplacé ? »
« Je ne sais pas trop. Je n'y ai pas prêté beaucoup d'attention parce que… Mais je n'ai pas eu l'impression. Mike était quelqu'un de très rangé, il aimait que chaque objet soit à sa place, alors si il y avait eu quelque chose d'anormal, je l'aurais remarqué, je crois. »
« Avant ce matin, vous aviez déjà vu votre ami porter une casquette frappé du sigle NCIS ? »
« Non, jamais. Mike était un grand fan des Knicks et je ne l'ai jamais vu qu'avec une vieille casquette signée par l'un d'entre eux. »
« Lui connaissiez-vous des ennemis ? »
« A Mike ? »
La jeune femme eut un fugace sourire qu'elle ne put réprimer tant la question lui avait paru incongrue. « Non ! C'était le plus gentil garçon du monde. Il a bien eu quelques soucis il y quelques temps avec d'autres marins jaloux du succès de son roman, ainsi qu'avec son chef qui a peu apprécié l'initiative, mais toute cette histoire s'est tassée après qu'il ait utilisé l'argent récolté par la vente de son livre pour créer un centre pour les jeunes paumés du coin, où des marins volontaires venaient quelques heures par semaine leurs enseigner des valeurs fondamentales à travers des jeux et du sport. »
L'humeur de Gibbs se dégradait encore de minutes en minutes. Non seulement il n'avait pas pu empêcher le tueur de récidiver, mais en plus, il semblait qu'il avait de nouveau tué un marin exemplaire. Et rien ne pouvait exaspérer Gibbs davantage.
« Et il n'a jamais eu de problèmes avec un des jeunes qu'il prenait ainsi en charge ? »
« Ça m'étonnerait, agent Gibbs. Ces jeunes étaient peut être perdus, mais ce n'étaient ni des délinquants ni des marginaux. Juste une bande de gamins qui avaient besoin de repères et d'autorité pour les pousser à faire quelque chose de leurs vies. »
Gibbs s'apprêtait à lui demander si le sergent Adams avait reçu des menaces récemment lorsqu'il aperçut un McGee blanc comme un cachet d'aspirine s'approcher de lui d'un air contrit.
Il y avait deux raisons à la lividité de McGee. La première, c'est qu'il était encore sous le choc que l'on ait retrouvé son livre –son livre, bon sang !- coincé dans les bras d'un mort et visiblement mis là par l'assassin dudit mort et la seconde, c'est que c'était lui qui devait l'annoncer à son patron, déjà très clairement dans un état de nerf à ne pas avoir envie de lui chercher des noises. Il ne savait même pas par quel bout aborder le sujet. Le dire très vite comme un pansement qu'on arrache ? Ou au contraire ménager Gibbs en lui annonçant la nouvelle en douceur ?
Quand il sortit de ses pensées, il se rendit compte qu'un Gibbs à l'air pas ravi se trouvait à moins d'un mètre de lui et le regardait.
« Heu … On a problème, patron … »
« J'espère bien que vous ne m'avez pas dérangé pour rien, agent McGee … »
'Agent McGee ?' Oh là, ça s'annonçait mal, songea le pauvre agent.
« Heu, non, patron. C'est-à-dire que… On a retrouvé mon livre sur la scène de crime. »
Gibbs s'attendait à beaucoup de chose, mais certainement pas à ça.
McGee remarqua l'air étonné de son patron et développa un peu. « Je veux dire qu'on l'a retrouvé dans les bras du… du sergent Adams. Mis là exprès. Par l'assassin. Enfin, on suppose. Parce que le mort n'a évidemment pas pu aller le chercher tout seul. Puisqu'il était mort. Vous comprenez patron ? »
« Je ne sais pas, McGee. J'ai l'air d'un idiot ? »
« Bien sûr que non, patron ! »
Gibbs se tourna de nouveau vers la jeune femme qui suivait leur échange d'un air dubitatif. « Lorsque vous avez découvert le corps, avait il déjà un livre dans les bras ? »
« Oui, mais ça ne m'a pas choquée, il avait très souvent un livre à la main. »
« Très bien, vous allez suivre l'agent McGee pour lui dire si vous avez déjà vu ce livre en particulier chez votre ami. »
Ducky fit piler la camionnette mortuaire du NCIS quelques centimètres à peine derrière la voiture de l'équipe. Palmer se précipita aussitôt pour récupérer le matériel à l'arrière et ils se dirigèrent vers la scène de crime.
« Je trouve cet endroit charmant, mon cher Palmer. Cela me rappelle mon enfance. »
« Ah bon ? Vous habitiez dans un pavillon comme celui là, docteur ? »
« Du tout. Pourquoi ? »
Palmer, qui avait l'habitude des réponses bizarres de Ducky, ne s'en formalisa pas. Il se contenta de déposer tout son fatras à proximité du corps du marin tandis que Ducky s'était déjà pencher pour l'examiner.
Gibbs s'approcha d'eux. « Alors, Ducky, que peux tu m'apprendre ? »
« Du calme, Jethro, je viens à peine d'arriver. Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est qu'il n'est pas mort de mort naturelle. »
Gibbs sourit.
Ducky mania le thermomètre hépatique d'un mouvement expert. « D'après la température de son foie, et la température ambiante … » Il fit un rapide calcul mental. « … Je pense que ta victime a du décéder entre 6h et 7h ce matin. » Il se pencha et étudia rapidement la blessure unique que le marin avait au thorax. « Je pense même pouvoir te dire la cause du décès : un tir en plein cœur. Pour le reste, arme du crime et traces de lutte, tu devras attendre mon rapport d'autopsie, Jethro. »
« Qui arrivera très vite, j'en suis sûr ! » lui rétorqua Gibbs en s'éloignant.
Palmer fit embarquer le corps du marin sur le brancard. Direction : la morgue du NCIS.
Linda n'avait pas pu affirmer catégoriquement que le livre n'appartenait pas au sergent Adams, mais elle ne se rappelait pas l'avoir jamais vu dans la maison, ni que Mike ne lui en ait jamais parlé.
Le retour au NCIS fut très silencieux, chacun ressassant dans son coin les deux affaires sur lesquelles ils étaient en train de travailler et à quel point elles étaient troublantes. Surtout à la lumière des derniers évènements. D'abord, il y avait la casquette. Elle prouvait que le NCIS était forcément impliqué d'une manière ou d'une autre dans l'œuvre de ce psychopathe. Et puis, il y avait les mises en scènes. La même idée commençait à germer dans leur tête à tous, bien qu'aucun n'osât encore l'exprimer tout haut : un cinglé semblait prendre pour cible des gens qui ressemblait étrangement à eux. Pire : un cinglé semblait prendre pour cible des gens qui ressemblaient étrangement à eux ET il rajoutait des détails supplémentaires. Bon certes, ce n'était pas des détails flagrants, mais quand même.
Gibbs sentit un frisson lui parcourir l'échine. Tout ça était mauvais signe. Très mauvais signe.
