Titre: I would do anything

Auteur: BlumeShullman a dit: "que le yaoi soit." Et le yaoi fut.

Disclaimer: Certaines personnes s'imaginent que House ne m'appartient pas. Je vais les laisser croire ça.

Couple: HousexWilson. En même temps, tout le reste est une insulte à son personnage, non?

Genre: héhé...


C'est quelque chose qui commença le soir de Noël. Ce fameux soir dans l'année où les urgences se remplissent de suicides ratés. House songeait à tout cela et envisageait d'aller houspiller quelques désespérés quand la porte s'ouvrit sur un James hésitant, qui au lieu de s'asseoir en face de lui resta debout, maintenant la porte ouverte de sa lui diagnostica une lésion des genoux, des crampes ou une folle nuit d'amour avec un catcheur avant d'envisager que son ami était peut-être simplement gêné. Ou qu'il avait un service à lui demander.

-Heu, bonsoir.

-Bonsoir. T'as les adducteurs en compote ou c'est un moyen de manifester ta candide timidité?

-Pardon?

-Assieds-toi.

Wilson s'exécuta prudemment et demanda:

-Je peux passer noël avec toi?

Gagné. Cependant, quand il avait songé à un service, Gregory House s'était plutôt attendu à quelque chose comme: "tu voudrais bien assurer la permanence à ma place pendant que je saute une pouf?" ou quelque chose de cette farine, en mieux formulé, bien sûr.

Surpris, il répondit un peu sèchement:

-Et pourquoi ça? Ta femme a posé un test de grossesse positif sous le sapin? Ou alors elle a trouvé où tu fourrais ta queue et t'as besoin que je te couvre?

-TA GUEULE! Tu sais quoi? Je sais même pas pourquoi je t'ai demandé ça, t'es vraiment trop con! JOYEUX NOËL!!!

Et ce disant il s'était levé et sa main s'était posée sur la porte.

House le rappela, à sa façon:

-Ne joue pas au gosse!

Wilson aurait pu mal le prendre, mais il savait que sa façon d'agir était puérile, au moins autant que celle de son ami, alors il s'arrêta et pleurnicha:

-Je voulais juste être avec toi...

House le rattrapa, et après une brève étreinte pour se faire pardonner, qui fit valser des papillons de chaleur chez Wilson, il l'enjoignit à le suivre.

Le suivant des yeux à travers son pare-brise, Wilson eut l'impression qu'il poursuivait un criminel et cela acheva de l'exciter. Son ami accélérait sans cesse, comme pour le semer, et quand il devint un point à l'horizon, Wilson envoya se faire foutre les limitations de vitesse. Il arriva juste derrière lui, après un bon quart d'heure d'infractions sans conséquence, avec une envie féroce de lui sauter dessus. Qu'il réprima par mesure de sécurité, un être irascible marchant avec une canne sur une plaque de verglas n'étant sûrement pas en mesure d'apprécier son élan sexuel. Il eut également une pensée sur le caractère sacré et platonique de l'amitié. Une notion qui perdait chaque jour un peu plus de sa réalité dans son esprit.

A peine entrés leur rituel commença. Ils enlevèrent leurs chaussures et leurs vestes, augmentèrent le chauffage, mirent du jazz en sourdine et allèrent s'asseoir sur le canapé moelleux, un verre plein à la main. A force, ils auraient presque fini par ne plus y prêter attention si ces moments ne les bouleversaient pas tous deux par leur côté à peine trop intime. Leur silences auraient dû être entendus puisqu'ils se connaissaient par cœur. Ils auraient dû se sentir simplement bien l'un avec l'autre, dans le plus bel accomplissement d'une relation amicale, sans avoir besoin de mots, mais ils savaient que c'était bidon.

House regardait son ami et songea que quelque chose clochait. Depuis quelques temps son comportement était devenu chaotique, contradictoire. Pour une personne censée incarner la tempérance et la gentillesse, ça ne pouvait signifier qu'une chose, il se sentait en danger. Il le regarda encore une fois, et vit comme ses yeux étaient sombres. De l'attirance? Pourquoi seulement maintenant? Sa femme avait dû lui en faire subir de bien dures!

Il décida d'ignorer ses propres soupçons et lança:

-T'as l'air encore plus dépressif que moi. Tu sais ce qu'il te faut? Un mauvais film, très mauvais, et de l'alcool. Fort.

-Je suppose que tu n'as pas tort, sur ce coup-là.

-J'ai TOUJOURS raison.

-Mais bien sûr...

Le film commença, et aux premières notes de Queen, Wilson lança:

- Wayne's World. Tu me sors le grand jeu en matière de nullité. Je t'aime.

- Tais-toi et savoure un peu, bandante Cassandra.

Leur humour vaseux n'avait réussi qu'à les mettre mal à l'aise et même les scènes les plus affligeantes ne leur fit oublier le sursaut d'angoisse provoqué par leurs propres mots. Certes, c'était un "je t'aime" de remerciement, un "je t'aime" viril et purement ironique, et certes "bandante Cassandra" était une citation de la daube qu'ils étaient en train de regarder, mais ça encore, c'était bidon.

House se demandait à quoi il jouait, et sentit une peur toute neuve l'étreindre quand il se tourna vers un Wilson qui ne suivait plus le film depuis longtemps. Ils se regardèrent un moment, avec intensité, en total décalage avec les répliques débiles qui constituaient leur fond sonore, Wilson eut un geste maladroit et grimpa sur House qui ne respirait plus, il lui saisit le cou avec un soupir désespéré et l'embrassa, et ce furent cinq secondes bien. Un instant terrifiant mais vraiment bon, jusqu'à ce qu'il recoive sa réponse, à retardement. Trop tard pour effacer son geste, trop tard pour oublier le goût de ses lèvres, mais c'était un non. Un non violent, un coup de poing en plein dans les côtes, et il y eut de nouveau cet espace gênant entre eux, trop d'air toxique, irrespirable, et la culpabilité qui lui écrasait les poumons.

Wilson se leva, lança un dernier regard appuyé à House, le genre qui voulait dire: "je ne plaisantais pas" et partit, sous le son déprimant des rires préenregistrés.


Petites précisions: Le film Wayne's World est un grand classique du film nul qu'on regarde en mangeant une pizza.

Il est un peu l'équivalent anglophone en nullité de la Cité de la Peur.

...

...suite au prochain chapitre...

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