Blabla de l'auteur : Pour le concours de nouvelles Lady Berry de la bd Princesse Sara d'Alwett, Moretti et Duclos

Lady Berry Blossom

Lavinia regardait avec dépit la joie de ses camarades à découvrir la bonne fortune de la « Princesse Sara ». Décidément cette bêcheuse avait l'art de se sortir des situations tordues. La mauvaise fortune n'avait fait qu'un tour avant de lui rendre son trousseau, et avec des intérêts ! Alors que Lavinia ne profitait guère de la fortune familiale avec la pingrerie de son père. Encore heureux que sa mère ait plus de largesse – quoique de manière un peu trop raisonnable – pour le trousseau de sa fille.

Ce n'est pas eux qui couvriraient leur fille de diamants, et Lavinia avait fini d'espérer. Peu importe à quel point elle les aimait et se comportait comme la plus aimante des filles, elle ne semblait guère leur manquer et l'intérêt qu'ils lui manifestaient lors de leurs rares retrouvailles n'était pas une valeur sur laquelle parier. Pour parer à toute déconvenue future, Lavinia allait devoir se faire sa propre mise. Miser sur des diamants était cependant trop hasardeux, les deux ans de galère de Sara le lui avait appris. Mais Sara lui avait aussi appris autre chose : raconter des histoires pouvait être payant. Sauf que Lavinia comptait bien se faire payer en espèces sonnantes et trébuchantes, et pas en amitiés incertaines.

Après tout, si Ermengarde avait juste eu besoin de quelques temps pour surmonter le sentiment de pitié devenu mutuel qui empesait leur « amitié », avant de chercher à venir en aide à Sara, les autres filles du pensionnat qui l'adulaient n'avaient rien essayé, se contentant de la plaindre passivement. Lavinia elle, avait continué à se comporter avec Sara comme avant, profitant juste de nouvelles opportunités de la remettre à sa place. L'amitié n'était pas plus sûre que la famille, et Lavinia en avait eu le parfait exemple avec Jessie. Alors que cela faisait des années qu'elles étaient meilleurs amies, Jessie n'avait eu aucun mal à l'abandonner sans un mot.

Désormais Lavinia ne compterait que sur elle-même. Et pour devenir le maître de sa vie, elle allait devoir développer son imagination. Elle appréciait beaucoup les romans à l'eau de rose, et il lui était déjà arrivé de se dire que telle péripétie aurait plutôt dû se passer comme ça, ou que l'héroïne manquait de caractère et l'histoire d'amour de passion. Lavinia était encore trop jeune pour tester sa séduction sur les hommes, mais c'était un jeu qui l'intéressait. Elle ferait ses premières armes par écrit, avant que ses débuts dans le monde lui permettent d'améliorer en retour ses écrits.

Et pour éviter que quiconque découvre le pot aux roses, elle allait devoir prendre un nom de plume. Mais quoi ? Contrairement à Sara, Lavinia n'avait jamais fait semblant d'être ce qu'elle n'était pas, et ce n'était pas son envie de rêver d'un futur meilleur qui allait lui faire perdre le regard rationnel qu'elle posait sur elle-même. Elle était une Lady et en serait toujours une. Pas comme Sara qui cachait son physique quelconque sous des vêtements onéreux, et s'attirait la sympathie des gens avec des histoires comme on piège des mouches avec du miel. Et pour coller avec le genre, il fallait un nom doux et sucré, mais appétissant. Comme ces baies que l'on cueille subrepticement dans les buissons lors des promenades estivales.

Oui, Lady Berry ça sonnait parfaitement bien. Être la plus élégante du pensionnat avait été l'orgueil d'une petite fille. Maintenant il était temps de revoir ses ambitions à la hausse. La jeune Lady Herbert serait un jour la perle des soirées mondaines mais Lady Berry occuperait dès à présent son temps libre à faire fleurir son talent pour partir à la conquête du monde.

FIN