Résumé : Plusieurs hommes sont retrouvés violés et battus à mort selon le même mode opératoire qu'un autre tueur disparu 8 ans plus tôt. Imitateur ou retour du tueur de Lakewood, l'équipe va devoir tout mettre en œuvre pour arrêter l'hécatombe qui terrorise la petite ville de Midstone.

Disclaimer : Le résumé parle de lui même, vous êtes prévenus.

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Le tueur de Lakewood

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Michael jeta un regard circonspect au miroir face à lui. Le moins que l'on puisse dire c'est que Tyler ne l'avait pas raté. Mais à trois contre un ça n'était pas non plus une surprise, il est toujours plus facile de tabasser quelqu'un lorsque ses deux acolytes empêchent votre adversaire de se défendre. Michael n'était pas beau à voir, un œil au beurre noir, la lèvres fendue, et à n'en pas douter des ecchymoses un peu partout sur le corps. Il n'avait eu aucune chance et le plus dur était de savoir que le pire était encore a venir.

Son père avait du venir le chercher au lycée après la bagarre après un appel du directeur. Le père de Tyler était déjà présent bien sûr. Mr Graham, meilleur avocat de la ville, n'était pas du tout content que son fils adoré se soit fait attaquer par Michael et avait fait un véritable esclandre. Pour peu on l'aurait cru à la barre en train de plaider.

Quelle honte cela avait été pour son père. Lui, shérif respectable et respecté de cette ville, être convoqué au lycée comme le tout venant, se faire prendre à partie par un des notables de la ville. Il s'était excusé auprès de Mr Graham pour le comportement de son fils, avait forcé Michael à s'excuser sous le regard goguenard de Tyler. Peu importait qu'il soit innocent, que Tyler l'ait attaqué sans raison à trois contre un, qu'il soit un connard prétentieux et un fils à papa trop gâté. Michael n'était rien aux yeux de son père. Tout juste le fils délinquant, la honte de la famille. Un regard avait suffit à faire taire ses faibles protestations. En un instant Michael avait su qu'il lui faudrait se taire et faire profil bas même s'il n'échapperait pas aux représailles le soir même.

- Michael ! Descends immédiatement !

Le jeune homme soupira. Ça n'avait pas tardé. Il avait juste eu le temps de faire un tour rapide dans la salle de bain pour se nettoyer un peu, le temps que son père relate à sa mère la nouvelle déception dont il était l'origine. Jetant un dernier regard à son reflet, le jeune homme repassa tant bien que mal les plis de ses habits avec ses mains. Ses maigres soins n'avaient pas donné grand-chose. Au mieux il allait éviter d'avoir des cicatrices mais tous pourraient voir pendant des jours la preuve de son altercation sur son visage.

- Michael !

Sentant la colère monter d'un cran dans la voix de son père, Michael s'empressa de sortir de la salle de bain et de descendre dans la salle à manger. Le reste de la famille était déjà là. Sa mère qui finissait de mettre la table lui lança un regard réprobateur en le voyant arriver. Son frère et sa petite sœur, les yeux rivés sur la télé, n'avaient pas esquissé un geste. Cette scène était bien connue de tous maintenant et avait finie d'émouvoir qui que ce soit il y a des années.

- Alors ? Gronda le plus âgé. Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

- Je n'ai rien fait, tenta de plaider le jeune homme. Tyler et ses amis me sont tombés dessus sans raison…

- Ne me mens pas ! Coupa son père hors de lui. Tu m'as déjà bien assez fait honte aujourd'hui ! Quand cesseras-tu de te comporter comme délinquant ? Je suis le shérif ! Tu te rends compte que j'ai été appelé au travail, devant mes collègues, mes subordonnés, par le directeur de ton lycée pour venir te chercher ? Quelle image je leur renvoi lorsqu'ils voient le genre de fils qui vit sous mon propre toit !?

- Mais...

- Silence ! Tu es la honte de cette famille !

Michael baissa la tête, honteux malgré lui. Il se savait innocent. Il n'avait rien fait. Cela ne l'empêchait pas de se sentir coupable. Coupable de ne pas être à la hauteur des espérances de son père, de lui faire honte, de ne pas être le fils qu'il voudrait. Et pourtant il savait aussi que rien de ce qu'il pourrait faire n'aurait jamais de valeur aux yeux de son père. Il était le raté de la famille, le délinquant. Peu importait qu'il n'ait jamais commis un seul crime ou délit de sa vie. Ses notes n'étaient pas mirobolantes mais il avait la moyenne. Mais rien n'y faisait, il n'était pas son frère aîné, à la limite d'être une buse en cours mais populaire et capitaine de l'équipe de basket du lycée. Quand à sa sœur, elle était la septième merveille du monde aux yeux de ses parents. À croire qu'il était le seul à voir ce qu'elle était réellement, une enfant pourrie gâtée et caractérielle.

- Ils m'ont attaqués sans raison, plaida une dernière fois le jeune homme.

- Je t'ai dit de la fermer !

Le coup de poing parti si vite que Michael n'eut même pas le temps de penser à esquiver. La violence du choc l'envoya par terre, face au sol. Le coté gauche du visage en feu, le jeune homme du attendre quelques secondes avant que sa vue ne cesse d'être brouillée. Le goût métallique du sang dans sa bouche lui retournait le cœur. Sa blessure à la lèvre venait sûrement de se rouvrir.

Se mettant péniblement en position assise, Michael se risqua à un regard vers son père. Ce dernier s'était reculé de quelques pas mais avait toujours les poings fermés, son visage reflétait toute sa rage. Pas une once de remord ne se lisait dans son regard. À peine eut-il cette pensée que Michael se sentit ridicule de l'avoir seulement eu. Son père ? Des remords ? Quand cet homme avait-il jamais regretté ses actes ?

À table, personne n'avait bougé. Tout juste sa sœur avait-elle décroché les yeux du petit écran quelques secondes pour lui jeter un regard ennuyé. Son frère par contre avait l'air d'avoir trouvé une nouvelle source d'intérêt. Apparemment voir sur frère se prendre une raclée était plus intéressant que le programme qui passait à la télévision. Michael eut juste envie de le frapper. Il était bien comme Tyler celui-là, à se réjouir de la douleur des autres.

- Michael ! S'écria sa mère affolée. Ne te montres pas si insolent. Ne vois-tu pas dans quel état tu mets ton père ?

Le jeune homme la regarda, choqué et incapable de bouger pendant de longues secondes. Pendant un instant il avait cru… quand sa mère se décidait enfin à intervenir, après toutes ces années, il avait pensé qu'elle le défendrait. Pendant ce bref instant, il avait cru qu'il comptait encore un peu dans cette famille.

Le cœur au bord des lèvres, Michael se releva en titubant légèrement. Son connard de père n'y était pas allé de main morte mais même à moitié sonné il fallait qu'il parte. Sans un mot ou un regard en arrière, il tourna les talons.

- Où est-ce que tu crois aller ? Cracha le plus âgé. Je n'en ai pas fini avec toi.

- Oh si, c'est fini ! Le rétorqua le jeune homme sur le même ton. Je me casse d'ici !

- Quoi ?! Et pour aller où ?

- N'importe où ! Rien ne peut être pire que cette famille de merde !

Sans attendre son reste, Michael s'enfuit en courant. Après ce qu'il venait de dire, il savait que son père le tuerait s'il le rattrapait. Alors qu'il s'engageait dans le rue, il entendait derrière lui les appels ulcérés de ses parents lui intimant de revenir. Comme s'il allait obéir. Il en avait plus qu'assez de cette famille, de cette vie pourrie. Vivre dans la rue serait cent fois mieux que de rester avec eux de toute manière.

À bout de souffle, Michael finit par s'arrêter quelques pâtés de maison plus loin. Un rapide regard en arrière lui confirma que son père ne le suivait pas. Soulagé, il se laissa presque tomber par terre et s'assit sur le trottoir. Maintenant qu'il se posait enfin et que l'adrénaline retombait, le jeune homme ne savait plus quoi faire. Déjà le froid commençait à se faire sentir, son maigre t-shirt ne le protégeant pas du vent de ce mois de novembre. Il ne pouvait pas rester dehors mais il était hors de question de rentrer chez lui. Peut-être devrait-il aller s'abriter au gymnase de l'école. Il n'aurait aucun mal à rentrer, tout le monde savait pour la vieille fenêtre des vestiaire qui ne fermait plus depuis des années. Là bas, à l'abri du froid et du vent, il pourrait réfléchir pendant la nuit à ce qu'il devrait faire le lendemain. Il n'avait ni argent, ni possession si ce n'est ce qu'il avait sur le dos. Il n'irait pas très loin comme ça. Sans compter qu'il était le fils du shérif, toute la ville le connaissait. Demain, une fois son père au travail, son frère et sa sœur à l'école et sa mère à son club, il pourrait s'introduire dans la maison, récupérer quelques habits, de l'argent. Il lui faudrait ensuite prendre le bus pour la prochaine ville, et de là il irait n'importe où loin d'ici.

Son ébauche de plan en tête, Michael se releva, serrant ses bras autour de lui pour garder un maximum de chaleur. Il fallait qu'il se dépêche. Déjà il sentait les premières gouttes de pluie tomber. D'un pas rapide, il se mit en route, ignorant la berline noire qui passait dans la rue. Il se retourna cependant en l'entendant faire demi tour, revenant dans sa direction. Craignant que quelqu'un ne l'ai reconnu, Michael s'apprêtait à piquer un sprint lorsque le véhicule s'arrêta quelques mètres derrière lui. Un homme sorti du véhicule en fixant un bout de papier dans sa main. Michael se détendit aussitôt. Ce type cherchait juste une adresse. Reprenant sa marche, Michael tourna le dos à l'autre homme. Il ne vit pas ce dernier se tourner vers lui, le regard calculateur, pas plus qu'il ne l'entendit s'approcher d'un pas aussi silencieux que rapide. Son cri de surprise fut étouffé par une poigne de fer sur sa bouche. Violemment tiré en arrière, le jeune homme perdit l'équilibre, ne restant debout que grâce au corps de son agresseur derrière lui. Pris de panique, il commençait juste à se débattre lorsqu'il ressentit une piqûre dans le cou. L'instant d'après tout devient flou autour de lui et il s'écroula, inconscient, dans les bras qui le retenaient.

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- Tout le monde en salle de réunion.

Derek, qui venait d'arriver et n'avait pas même eu le temps de retirer sa veste, échangea un regard amusé avec Emily Prentiss.

- On commence tôt aujourd'hui, commenta la jeune femme.

Spencer passa à côté de ses deux collègues, un café à la main.

- Hotch revient du bureau de la chef. Apparemment on a une grosse affaire sur les bras.

Entendant cela, Derek et Emily suivirent le jeune homme jusqu'à la salle de réunion. JJ, Rossi et Péneloppe étaient déjà là, les attendant.

- Très bien, commença Hotch. On a une nouvelle affaire, à Midstone. Ces deux derniers mois, la police de la ville a retrouvé les corps de trois hommes.

Les photos des victimes, nues et le corps montrant des marques de coups violents, apparurent sur l'écran.

- D'après les analyses des médecins légistes, ces hommes ont été séquestrés plusieurs jours, violés et battus à mort. Aucun trace de sperme n'a été trouvée.

- Notre homme se protège, conclu Derek les yeux rivés sur un dossier.

- Oui. De plus, les corps sont abandonnés en pleine nature. Les animaux et les intempéries ont eu le temps de faire leur œuvre sur les indices avant qu'ils ne soient découverts.

- Tout ceci me semble étrangement familier, murmura Spencer. Nous n'avons pas traité de cas similaire pourtant.

- Tu as raison, intervint Rossi. Ce n'est pas un cas sur lequel le bureau a dû enquêter mais il y a eu une affaire similaire à celle-ci il y a huit ans, à Midstone.

- La même ville ? S'étonna Prentiss.

- Oui. Notre homme avait été surnommé « Le tueur de Lakewood » par les médias. Pendant des mois il avait enlevé, torturé et violé plusieurs hommes avant de disparaître du jour au lendemain.

- Le tueur de Lakewood ?

- En raison du nom de la forêt dans laquelle ont été retrouvés les corps. Les villes d'enlèvement différaient mais il n'a jamais changé le lieu où il abandonnait les dépouilles de ses victimes, même lorsque la police surveillait de près le secteur.

- Cette forêt a une symbolique très forte pour lui, dit JJ.

- Le même tueur serait revenu après huit ans d'absence ? Continua Emily pensive. Quelque chose l'aurait forcé à stopper ses crimes. La prison ?

- C'est une hypothèse, seulement, lorsque le tueur à disparu il y a huit, il a libéré ses dernières victimes.

- Ça y est, je me souvient de cette histoire, se remémora Derek. Il a libéré cinq hommes. Ils étaient restés des semaines en captivité et pourtant aucun d'eux n'a été capable de fournir quoi que ce soit pour identifier leur ravisseur.

- Nous ne savons pas s'il s'agit d'un imitateur ou du retour du tueur de Lakewood. Une chose est sûre, il va falloir agir avec prudence. Cette affaire est très sensible.

XxXxX

Cinq heures plus tard, l'équipe entra dans le commissariat de Midstone. La première chose qui sautait aux yeux était que l'endroit était en effervescence. Tout le monde allait dans tous les sens et personne ne faisait attention à eux.

- Vous êtes du FBI ? Tonna une voix à leur droite, appartenant à un homme aux cheveux grisonnant dans la cinquantaine.

- Oui, je suis l'agent spécial Hotchner. Voici les agents spéciaux Rossi, Prentiss, Jareau et Morgan. Ainsi que le Dr Reid.

- Je suis l'inspecteur chef Brown, lança l'homme en serrant la main de chaque membre de l'équipe. Pardonnez l'accueil, on est sur le pied de guerre. Le maire harcèle le patron jour et nuit. Comme si ça allait nous aider à résoudre cette affaire. Je dois bien avouer qu'on a bien besoin de votre aide ici.

- Nous sommes là pour ça.

Brown jeta un regard énervé à sa montre.

- Je suis navré mais je ne peux pas rester, siffla-t-il d'un ton agacé. Je dois accompagner le patron pour une réunion avec les élus. Cette bande de politiciens commence à me taper sur les nerfs.

- La pression médiatique est forte, je suppose, commenta Rossi.

- Des hordes de journalistes quadrillent la ville et les abords de la forêt de Lakewood. Ça n'empêche pas d'y trouver des cadavres mais ça nous freine pas mal pour faire notre boulot.

- Je m'occupe de la presse, intervint JJ.

- Si ça peut vous faire plaisir, M'dame.

- Y a-t-il quelqu'un qui pourrait nous briefer sur l'affaire pendant votre absence ?

- L'inspecteur Sandovan. Il est sur l'enquête depuis le premier corps.

Browm jeta un rapide coup d'œil autour de lui avant de se mettre à hurler à travers le commissariat.

- Où est Sandovan !?

- Au téléphone avec son mec, répondit un homme d'un ton moqueur en s'approchant. Inspecteur Johnson, pour vous servir. Si vous avez besoin d'un vrai flic vous savez où me trouver.

- Dégages de là, Johnson, gronda Brown avant de se tourner vers l'équipe. Le bureau de Sandovan est par là, ajouta-t-il en désignant la pièce centrale où s'entassait des dizaines de bureaux. Il faut vraiment que j'y aille maintenant. Encore merci de votre aide.

Avant que Hotch n'est pu répondre, l'inspecteur chef était parti.

- Et bien, il est pressé, commenta Derek, un peu soufflé par le comportement de l'homme.

- Je vous ai prévenu que l'affaire était sensible. Il y a huit ans, une des victimes était le fils du maire de l'époque. Il y avait aussi une star locale de football.

- Un tueur qui aime provoquer et qui s'attaque à des personnes marquantes de la communauté, conclu Spencer.

L'équipe approcha des bureaux à la recherche de l'inspecteur Sandovan. La première impression de l'équipe fut de rentrer dans une fourmilière. Tout le monde était occupé, au téléphone, le nez plongé dans des dossiers.

- Tout le monde à été mobilisé on dirait.

Ne sachant pas à qui s'adresser, Prentiss arrêta une policière en tenue.

- Excusez-moi, nous cherchons l'inspecteur Sandovan.

La jeune femme les regarda de haut en bas, surprise d'avoir été coupée dans son élan.

- FBI ?

- Ça ce voit tant que ça ? Plaisanta Derek avec un sourire charmeur.

La jeune femme haussa un sourcil, peu impressionnée, avant de se tourner vers la foule de policiers.

- Sandovan ! C'est pour toi !

La jeune femme poursuivit son chemin, laissant l'équipe du FBI sur place. Apparemment hurler à travers le commissariat semblait être le moyen de communication en vigueur.

- On dirait que tu perds la main Derek, commenta JJ.

- Tu n'as pas compris. Elle joue indifférence mais en fait elle a complètement succombé à mon charme.

- Si tu le dis.

Derek envoya un sourire éclatant à sa collègue, peu ému d'avoir été froidement rebiffé par la jeune policière.

- Vous être le FBI ?

- Inspecteur Sandovan ? Demanda JJ, stupéfaite.

- C'est bien moi.

Grand, brun, l'autre homme les regardait, étonné de leur comportement.

- Quelque chose ne va pas ?

- Non rien, bafouilla Emily. C'est juste que nous avions cru que vous seriez…

- Oui ?

- Une femme.

- Vraiment ?

Pas du tout vexé, Sandovan éclata de rire avant de leur serrer à tous la main et les entraîner vers une salle de travail à l'abri du brouhaha ambiant.

- Voilà ce que nous avons, commença Sandovan. La première victime John Miller, 17ans, enlevé le 27 décembre alors qu'il faisait une course pour sa mère à la supérette de son quartier. Retrouvé mort le 18 janvier. Ensuite Ethan Granger, 21 ans, disparu le 10 décembre, il est parti chez des amis pour le weekend et n'est jamais arrivé à destination. Son corps à été découvert le 5 février. Et enfin Joshua Miles, 16 ans, disparu le 10 janvier après son entraînement de basket alors qu'il rentrait chez lui. Son corps a été retrouvé il y a deux jours.

- Les âges et les lieux d'enlèvements diffèrent, commença Spencer en feuilletant les dossiers de victimes.

- Leurs physiques sont aussi différents. John Miller et Joshua Miles sont brun, mais Ethan Granger est blond aux yeux bleus, continua Derek. Il ne choisi pas ses victimes sur leur apparence. Il les a peut être rencontré quelque part. Quelque chose dans leur comportement en a fait des cibles.

- A moins que ce ne soient des attaques opportunistes, reprit Rossi. Il repère un jeune homme seul, si la situation est propice, il attaque.

- Ou il les repère, les pistes jusqu'à connaître leur emploi du temps et savoir quand ces hommes seront seuls et vulnérables. S'il s'agit du tueur de Lakewood, il a de l'expérience et n'agira pas au hasard.

- Vous croyez qu'il s'agit du même tueur ? Demanda Sandovan à Emily.

- Nous ne croyons rien pour le moment, intervint Hotch. Il est trop tôt pour relier ces meurtres à ceux commis il y a huit ans. Reid, je veux que tu étudie le périmètre d'action du tueur. JJ, occupes-toi de la presse. La pression médiatique est forte, il faut canaliser tout ça tant qu'il est temps. Morgan et Prentiss, je veux que vous vous rendiez sur le lieux de découverte du dernier corps.

- Je vous y conduirais, proposa Sandovan.

- Moi et Rossi, nous restons ici pour étudier les rapports d'autopsie, continua Hotch. Nous devons aussi nous entretenir avec le commissaire.

- Je vous souhaite bonne chance, commenta Sandovan un brin ironique, si le maire lâche le patron avant le début de soirée vous aurez de la chance. Pour ce qui est des rapports d'autopsie, je vais vous faire accompagner à la morgue. Le médecin légiste vous briffera lui-même sur ses conclusions.

- Merci inspecteur.

- De rien, c'est normal, concéda l'autre homme avant d'ouvrir la porte de la salle de réunion. Beckett !

Emily et Spencer, placés à coté du policier, sursautèrent à son cri inattendu.

- Je suis désolé, s'excusa l'inspecteur en voyant leur réaction. D'habitude ce n'est pas comme ça ici mais avec ce tueur en série, le commissariat est devenu plus agité qu'une foire. On est obligé de hurler pour se faire entendre.

- Inspecteur ? Vous vouliez me voir ?

- Agent Hotchner, agent Rossi, voici l'agent Beckett, les présenta Sandovan.

- Nous nous sommes déjà rencontré, fit remarquer Derek en reconnaissant la jeune femme qui l'avait superbement ignoré un peu plus tôt et qui avait l'air de vouloir continuer dans cette voie.

- Je vois. Beckett, vous conduirez les agents Hotchner et Rossi auprès du médecin légiste.

- Très bien, inspecteur. Veuillez me suivre Messieurs.

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Michael émergea difficilement du brouillard cotonneux dans lequel il était. Le corps endolori, il avait du mal à bouger. Tout était noir autour de lui et il lui fallu un moment pour réaliser que c'était dû à un bandeau qu'il avait solidement attaché autour des yeux. Toujours engourdi, il voulu le retirer mais ses mouvements étaient entravés par des liens. Soudainement plus lucide alors que la peur commençait à l'envahir, il tenta de bouger à nouveau, en vain. Le cliquetis de chaînes se répercuta sur les murs. La sensation de métal glacé autour de ses poignets, similaire à ce qu'il sentait à ses chevilles finit de le faire paniquer. Le froid qu'il ressentait sur lui n'était pas pour arranger sa situation car enfin il prenait conscience qu'il était enchaîné à plat ventre, nu sur un lit.

- Enfin réveillé.

La voix, pourtant calme et posée, fit sursauter Michael de terreur. Privé de vision, il tourna la tête vers l'endroit d'où venait la voix.

- Qui-qui êtes vous ? Qu'est-ce q-que vous me voulez ?

Le son de sa propre voix faisait échos dans la pièce, ajoutant à son angoisse.

- Ici, c'est moi qui pose les questions, se contenta de répondre l'inconnu sans monter le moindre signe de colère. Quel est ton nom ?

- Laissez-moi partir ! Je vous en supplie, je ne dirai rien à personne. Pitié.

Une main se posa sur les flancs de Michael, dure et implacable, appuyant sur ses cotes là où Tyler et ses amis l'avaient salement amoché.

- Ton nom.

- Je vous en supplie.

- Ton nom, répéta l'homme d'une voix toujours aussi calme et mesurée alors qu'il accentuait la pression de sa main jusqu'à ce que son captif pousse un cri de douleur.

- Michael ! Je m'appelle Michael.

La main se retira enfin, permettant au jeune homme de reprendre son souffle.

- Très bien Michael. Les règles sont simples. Si tu les suis, tu vivras un jour de plus. Dans le cas contraire…

L'homme laissa sa phrase en suspend. Michael pouvait percevoir ses mouvements à ses cotés mais ne pu s'empêcher de sursauter lorsque le matelas s'affaissa près de lui. Une main l'attrapa par la nuque, le maîtrisant sans effort, lui montrant clairement qui était aux commandes.

- Dans le cas contraire, continua l'homme toujours aussi calme en enfonçant le visage du jeune homme dans le matelas, je te ferai regretter d'avoir seulement eu l'idée de me désobéir. Est-ce que c'est bien clair ?

- Ou-oui, balbutia Michael à demi-suffoquant, j'ai c-compris.

La main se retira permettant au jeune homme de respirer librement. Le répit fut cependant de courte durée. À peine eut-il repris son souffle que c'est le torse de son ravisseur que Michael sentit de presser contre son dos. Le souffle chaud et régulier de l'homme caressait sa nuque jusqu'à s'arrêter près de son oreille. N'osant plus bouger, plus que jamais conscient de sa nudité et de sa vulnérabilité, Michael ne put que frissonner aux murmures à peine audibles de l'homme.

- Règle n°1 : Tu peux crier autant que tu le voudras, personne ne t'entendras et personne ne viendras à ton secours.

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- Et vous déduisez tout ça juste en fonction du lieu où sont trouvés les corps ? S'étonna Sandovan.

- Le mode opératoire, les victimes, les lieux sont autant d'indices qui nous permettent de cerner notre tueur. Tout ce qui a de l'importance pour le tueur, que ce soit consciemment ou non, nous aide à comprendre qui il est.

Le policier regarda Emily, assez impressionné par le processus de profilage. Pendant toute leur analyse sur l'endroit où avait été retrouvé Joshua Miles, la dernière victime de leur tueur en série, il avait écouté, fasciné, la façon dont le FBI analysait, décryptait, le tueur. Cette méthodologie d'enquête était bien loin de ce qui se pratiquait dans la police. L'inspecteur Sandovan n'avait cessé de poser des questions sur le trajet du retour, très intéressé par leur façon de cerner les criminels.

- Vous avez un travail vraiment fascinant. Experts en tueur en série !

- C'est vrai que c'est un travail passionnant, mais très prenant aussi, répondit Emily un large sourire aux lèvres.

- J'espère que tu n'as pas envie de changer de carrière, interrompit une voix derrière eux. Je te voie déjà à peine.

Emily envoya son sourire le plus éclatant en voyant l'homme qui les avait interrompu. Grand, brun aux yeux bleus. Le terme le plus adéquat pour le décrire était éblouissant. La profileuse en elle remarqua immédiatement à son sourire et à l'étincelle dans son regard qu'il était de ces hommes qui savent qu'ils sont beaux et en profitent sans vergogne.

- Dégages de mon bureau, le fustigea Sandovan en faisant un geste de la main comme on chasse une mouche.

- Tu me blesses, j'espère que tu en es conscient, répondit l'autre homme moqueur mais en s'exécutant tout de même. Tu ne nous présentes pas ? Ajouta-t-il avec intérêt.

- Tu ne trompes personne, marmonna le policier. Agents Prentiss, agent Morgan, je vous présente David Jones, mon compagnon.

À ces mots il lança un regard appuyé à Emily, n'ayant rien manqué de son attitude visiblement intéressée.

- Ignorez-le, déclara David en s'avançant pour leur serrer la main. Je suis enchanté de vous rencontrer.

- De même.

- David est écrivain, continua le policier avec résignation.

- Vraiment ? Quel type le livres écrivez-vous ?

- Des romans policiers, agent Prentiss.

- Vous pouvez m'appeler Emily.

- Seulement si vous m'appelez David, répondit le jeune homme d'une voix suave.

- Si je dérange, je peux partir.

Emily se sentit aussitôt coupable mais sa gène se dissipa en voyant que l'inspecteur Sandovan n'était pas du tout sérieux et la regardait avec amusement. Son compagnon devait faire son numéro de charme à tout le monde. Ou simplement le fait qu'elle soit une femme ne le mettait pas du tout en danger.

- Malgré que je lui ai dit de ne pas venir, continua Sandovan, David n'a pas pu résister à l'occasion de rencontrer une équipe de profileurs du FBI.

- Je ne pouvais pas manquer cette occasion, s'exclama l'écrivain avec un enthousiasme non feint. Si vous avez un peu de temps à m'accorder, j'aimerai vous poser quelques questions pour un prochain roman.

- Et bien…

- Parfait !

Sans lui laisser le choix, David Jones attrapa Emily par le bras et l'entraîna vers la salle café. La jeune femme envoya un regard vaguement inquiet à Derek qui se contenta d'éclater de rire la laissant aux mains du jeune homme exubérant.

- Il a une sacrée personnalité, remarqua Derek.

- Ho oui. Ce n'est pas quelqu'un qui accepte facilement qu'on lui dise non.

- Ce n'est pas trop dur ?

- De vivre avec un narcissique ?

- Entre autre, s'amusa Derek avant de reprendre sur un ton plus sérieux. Mais surtout de vivre ouvertement avec un homme en était dans la police.

L'espace d'un instant, l'autre homme eu un sourire amer avant de reprendre une expression indifférente.

- Je ne vais pas mentir, ça n'a pas été tous les jours facile. Mais je n'ai jamais voulu me cacher. Je vivais avec David bien avant de rentrer dans la police. Il a toujours été inconcevable pour moi de cacher qui j'étais.

- C'est une décision courageuse.

- Si vous le dite. Je suppose que je n'avais pas complètement pris la mesure de ce à quoi je m'exposai. Il y a eu pas mal de moments durs. Ça s'est calmé lorsque j'ai eu mes galons d'inspecteur. Je suppose que j'avais fait mes preuves… Il y a encore des cons qui considèrent que les gay n'ont pas leur place dans la police mais ils se font discret. Ici la hiérarchie n'est pas très accommodante avec eux.

Derek se souvint du commentaire de l'inspecteur Johnson et du ton qu'il avait employé en parlant de son collègue, et aussi la façon dont l'inspecteur chef Brown l'avait envoyé ailleurs sans complaisance.

- Je crois qu'il est temps d'aller sauver votre collègue, lança le policier en changeant de sujet. Connaissant David, elle n'arrivera pas à lui échapper même sous la menace d'une arme.

XxXxX

JJ vit passer du coin de l'œil Derek en compagnie de l'inspecteur Sandovan. Les deux hommes semblaient bien s'entendre et rigolaient à pleines dents. De toute évidence ils en avaient fini avec la scène de crime.

Son attention se reporta sur l'homme assit face à elle. Gerald Benson, une ancienne victime du tueur de Lakewood, un des cinq hommes inexplicablement libérés huit ans plus tôt. L'homme s'était présenté volontairement au commissariat, inquiet du possible retour de son tortionnaire dans la région.

- C'est un sentiment épouvantable vous savez, murmura l'homme d'une voix défaite. Cela fait huit ans… chaque jour je passe dans les rues de cette ville et je me dit que je le croise peut être. Il est là, il me connaît, sait ce qu'il m'a fait endurer… je l'ai peut être rencontré, lui ai souri poliment en lui souhaitant une bonne journée…

- Vous n'avez jamais songé à partir ?

- Pour aller où ? Ma famille est ici, mes amis. Et puis, où que j'aille, les souvenirs me poursuivent… cet homme m'a tant pris, ma dignité, mon amour propre, le respect de mes proches. Vous savez qu'il a fallu des mois pour que mon père arrive à me regarder à nouveau dans les yeux ? J'avais l'impression d'être une chose immonde. Et le pire c'est que tout le monde savait plus ou moins ce qu'il m'était arrivé.

- Je n'ose imaginer la souffrance que vous avez enduré, compatit JJ.

- Pourtant je suis en vie… Je ne sais pas pourquoi il nous a épargné. Ce dont je suis sûr, c'est que ce n'était pas par compassion ou remord.

- Vous n'avez jamais vu son visage ?

- Soit j'avais un bandeau sur les yeux, soit il portant un masque. Je n'ai jamais tenté de le lui arracher. Pendant longtemps j'ai cru que c'était de la lâcheté de ma part mais ensuite je me suis rendu compte que ça avait contribué à sauver ma vie.

- Il ne vous aurait jamais libérer si vous aviez été en mesure de l'identifier, reconnu JJ. Vous n'avez pas à vous sentir lâche de quoi que ce soit.

- Je vous remercie…

JJ ressentit un élan de compassion pour cet homme. Son calvaire auprès du tueur de Lakewood avait duré quatre mois, mais ces huit dernières années n'avaient pas été moins tourmentées. Les sévices et tortures étaient restés gravés au fer rouge dans son corps et son esprit. Huit ans de reconstruction difficile qui étaient soudain mises à mal par une nouvelle série de meurtres dont on ne savait pas encore si le tueur était le même ou un imitateur.

- Il y a-t-il quoi que ce soit que vous ayez remarqué à propos de votre agresseur ?

- À travers le masque, je ne voyait que ses yeux et ses cheveux. Tout ce que je sais de lui est que c'était un homme blanc, grand, brun aux yeux bleus. Je n'ai jamais vu à quoi il ressemblait. Je ne peux pas vous aider.

- Ce n'est pas forcément quelque chose de visuel, proposa la blonde. Sa démarche par exemple. L'intonation de sa voix ?

- Calme, répondit l'homme du tac-o-tac. Il était toujours très calme. Je me souviens que ça le rendait d'autant plus terrifiant. Sa voix était calme, posée, comme si ce qu'il faisait ne l'affectait pas. Même en colère, alors qu'il frappait encore et encore… il n'a jamais crié.

- Il restait maître de lui même.

- Oui… Parfois il riait…

- Il riait ? De quoi ?

- De moi, souffla l'homme avec émotion. De ce qu'il me faisait, ça l'amusait.

- Mr Benson, nous pouvons faire une pause si vous le voulez.

- Non, je veux continuer. Je veux en finir avec tout ça.

- Très bien. Je vous écoute.

- Je me souviens que la première fois qu'il a ri, j'étais très surpris parce qu'il m'a semblé très jeune.

- Jeune ?

- Oui. C'est le sentiment que j'ai eu mais… je suppose qu'avec les années j'ai tellement imaginé à quoi il pouvait ressembler j'ai dû réinventer quelques détails… Et puis, qu'est-ce qu'on en a à faire de son rire, c'est pas ça qui va vous permettre de l'arrêter.

JJ ne répondit rien. Si le tueur de Lakewood n'était pas le tueur en série qui sévissait actuellement, ils ne chercheraient même pas à l'arrêter.

XxXxX

Derek observa un instant Reid qui étudiait une carte de la région. Tout un tas de croix et autres symboles y avaient été dessinés par le petit génie qui tentait de déterminer le secteur géographique où vivait le tueur.

- Je sent ton regard dans mon dos, râla le plus jeune. Tu n'as rien à faire ?

- Qu'est-ce qu'il se passe beau gosse ? Je te rends mal à l'aise ?

- Où est Emily ? Demanda Reid en ignorant le commentaire de son collègue.

- Rossi la prise avec lui pour parler à la famille de la dernière victime.

Spencer hocha de la tête, le regard toujours rivé sur la carte comme si la réponse allait soudainement apparaître comme par enchantement. Ce qui, Derek l'admettait, pouvait arriver avec Mr 187 de QI.

- Et dans la forêt ? Vous avez trouvé quoi ?

- Pas grand-chose. Le tueur est minutieux. Le peu d'indices qu'il a pu laisser à été détruit par les animaux et la pluie. Les corps ont été abandonnés sur place sans mise en scène. Une fois qu'il les a tuées, ses victimes n'ont plus aucune valeur pour lui et il s'en débarrasse. Notre meilleure piste est que cette forêt à une signification particulière pour le tueur. En tout cas il doit être originaire de la région, peut-être même de Midstone.

- Ça concorderait avec mes premières analyses de son périmètre d'action.

- Le plus important pour le moment, c'est de savoir s'il a des victimes encore captives. Tu as vu les rapports d'autopsie ?

Spencer s'arracha à l'étude de la carte pour regarder son collègue.

- Oui, je les ai lu.

- Le viol et la mort de ses victimes semblent presque secondaire. C'est les faire souffrir, le plus possible, qui le motive.

Derek sortit son téléphone. Il était plus que temps de mettre leur informaticienne de génie à contribution.

' Pénélope Garcia, maîtresse des mondes obscurs, avouez vos pires pêchés je vous écoute.'

- Salut ma beauté.

' Que puis-je pour toi mon apollon en chocolat ?'

- Est-ce que tu peux rechercher dans le fichiers des personnes disparues de potentielles victimes ?

' Bien sûr mon sucre d'orge. Les critères de recherches ?'

- Des hommes entre 15 et 25 ans. Blancs. Disparus du jour au lendemain, sans signe annonciateur.

' Ça reste vague mon mignon, se plaignit la jeune femme. Mais Pénélope Garcia, ton humble servante, ne se laisse jamais abattre. Je te trouve ça le plus vite possible.'

- Merci ma beauté.

' De rien mon tout beau.'

XxXxX

- Je vous remercie de votre aide Mr Benson.

- Non, c'est moi qui vous remercie de m'avoir écouté. J'ai conscience de ne pas être d'une grande aide.

- Ne dites pas ça. Chaque détail à son importance. Il suffit parfois de pas grand-chose pour arrêter un criminel.

JJ raccompagna l'autre homme jusque dans le hall du commissariat. Elle ne voyait pas le reste de l'équipe. Il n'y avait que Spencer et Derek dans la salle de réunion. De cette distance elle pouvait voir que ce dernier était au téléphone. Elle passa près de l'inspecteur Sandovan qui faisait une pause à la machine à café avec un homme qu'elle n'avait jamais vu mais qui ne semblait pas faire parti de la police. Il y avait de la complicité entre eux, un langage corporel qui trahissait une profonde intimité. La façon dont l'autre homme riait de quelque chose dit par le policier, se penchant en avant jusqu'à entrer dans son espace personnel était sans équivoque.

Son attention se reporta rapidement sur Gerald Benson, qui avait stoppé net dans son élan. L'homme était livide, tremblant légèrement.

- Mr Benson, appela-t-elle d'une voix douce, est-ce que vous allez bien ?

L'homme secoua la tête comme pour se remettre les idées en place et fixa son regard sur elle. Voyant son expression inquiète, il lui renvoya un pauvre sourire.

- Pardonnez moi.

- Que sait-il passé ?

- Rien… une impression… rien d'important.

- Mr Benson ?

- Ce n'est rien, répéta-t-il plus fermement. C'est de reparler de tout ça qui me perturbe. Je ferai mieux de rentrer chez moi.

JJ le regarda partir, indécise sur ce qu'il venait de se passer. Peut-être aurait-elle du le retenir. Gérald Benson venait peut-être de se souvenir d'un détail important qu'il avait aussitôt relégué sur le compte de son imagination. Elle ne pu cependant pas s'interroger plus, interrompue par l'arrivée de Hotch et de l'inspecteur chef Brown.

- On nous signale un nouveau corps découvert dans la forêt de Lakewood, annonça Hotch.

- Déjà ? S'exclama la jeune femme. Le dernier à été découvert i peine deux jours.

- Je sais, répondit Hotch, l'expression gardée. Si c'est notre tueur, il perd le contrôle.

.oooO°Oooo.

Le corps agité par une violente quinte de toux, Michael se recroquevilla un peu plus sous sa maigre couverture en quête de chaleur. Il ne savait pas depuis combien de temps il était dans cette cellule mais le froid s'intensifiait de jour en jour. L'hiver devait déjà être là. Quel mois pouvait-il être ? Décembre ? Peut-être même Janvier. Si c'était le cas, cela voudrait dire qu'il était là depuis trois mois. C'était possible, il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis cette nuit où il avait fugué de chez sa famille. Est-ce qu'ils le cherchaient ? Probablement. Pour la forme. Le fils du shérif ne pouvait pas disparaître comme ça sans que personne ne pose de question. De toute manière, même si des recherches sérieuses étaient menées, Michael doutait que quiconque puisse le retrouver. Ni lui, ni les autres n'avaient la moindre chance d'être secourus.

Savoir qu'il n'était pas seul dans ces cellules sordides avait fait naître des sentiments confus en lui. La simple idée qu'il n'était pas seul à vivre ce calvaire lui avait mis un moment du baume au cœur. Ce sentiment n'avait pas duré. Les cris, à demi étouffé par les lourdes portes métalliques, des autres captifs n'apportaient aucun réconfort si ce n'est celui de ne pas être celui à souffrir entre les mains de leur kidnappeur à ce moment là. Il ne les avait jamais vu, les autres, n'avaient jamais discuté avec eux. Toute tentative de communication s'était soldée par des échos indistinct se répercutant dans les couloirs. À présent, ces autres n'étaient plus que des cris de douleur et de supplications venant d'une autre cellule. Le temps passait et la pitié avec. Seule comptait sa propre survie qui risquait d' être rapidement écourtée par la maladie à ce rythme.

Le grincement métallique annonça l'ouverture de sa cellule. Michael se redressa tant bien que mal et regarda silencieusement l'homme entrer dans la cellule, refermant la porte avec soin derrière lui. Il était habillé comme à son habitude, en noir, tout comme le masque qui dissimulait son visage. Jamais le jeune homme n'avait pu voir son bourreau. Ce dernier était toujours masqué lorsqu'il venait le voir, hors mis les quelques fois où il s'était réveillé les yeux bandés et où Michael supposait que l'homme agissait alors à visage découvert.

L'homme s'avança d'un pas confiant. Il savait que Michael ne tenterait rien contre lui. Le plus jeune avait abandonné la lutte depuis des semaines, acceptant son sort au profit de conditions de vie moins rudes que les autres prisonniers plus récalcitrants. Il leva doucement sa main pour la poser contre la joue du jeune homme qui se mit à frissonner.

- Tu es brûlant.

Michael leva un regard fiévreux vers son geôlier. Devait-il lui avouer être malade ? Sa survie dépendait des « services » qu'il lui apportait. S'il était malade, ce dernier risquait de le juger inutile et se débarrasser de lui. En même temps il ne se sentait pas en état faire quoi que ce soit, il avait déjà du mal à se tenir assis sur le lit.

- Je ne me sent pas très bien, finit-il par reconnaître.

La main glissa de sa joue à son front, jaugeant la température du jeune homme. Finalement, après de longues secondes, l'homme quitta silencieusement la cellule laissant Michael seul. Le jeune homme se rallongea, soulagé. L'autre avait dû décider de porter son dévolu sur un autre et de le laisser tranquille. Sa solitude ne dura pourtant que quelques minutes, alors que la porte se rouvrait sur l'homme qui revenait chargé d'un sac. Il déposa ce dernier sur la petite table adjacente à la porte. Tournant le dos à Michael, il fouillait dans le sac sans se soucier le moins du monde de sa présence.

Un peu perdu, Michael le regardait faire en silence. Ne voulant pas le fixer avec insistance, son regard se perdait parfois sur le reste de sa cellule mais il n'y avait rien à y voir. Un lit, une table et une chaise où il prenait les repas qui lui étaient donnés à travers une trappe dans la porte, un évier et des toilettes. Tout ceci composait le maigre mobilier de sa cellule. Les pires prisons du pays devaient être plus confortables que ça.

- Avales ça.

Le jeune homme sursauta n'ayant pas entendu l'autre s'approcher. Il lui fallu un moment pour remarquer la main tendue contenant un comprimé blanc. Michael l'attrapa d'une main tremblante et le mit dans sa bouche. L'homme lui tendit une petite bouteille d'eau pour qu'il puisse avaler le médicament puis s'en retourna vers son sac. De plus en plus stupéfait, Michael réalisait ce que son geôlier faisait. Ce dernier revint vers lui, une lourde et épaisse couverture dans les mains. L'homme le recouvrit avec et la sensation de chaleur fut immédiate.

- Ça va mieux ?

La question lui semblait incongrue. Son tortionnaire s'inquiétait-il pour lui ? Cela semblait irréaliste qu'un tel homme, capable d'apporter tant de souffrance, qui y prenait plaisir, puisse se montrer si prévenant.

- Oui merci, répondit Michael d'une voix faible.

L'homme hocha de la tête avant de se glisser sous les couverture avec lui. Michael se tendit aussitôt d'appréhension mais l'homme resta en position assise, le dos appuyé contre la tête de lit métallique. Glissant un bras autour de ses épaules, il attira Michael contre lui le poussant à poser sa tête sur son torse.

- Reposes-toi.

Michael se détendit bien malgré lui. Quelque soit le médicament que lui avait donné l'homme, il agissait vite et il sentait le sommeil le gagner. Ajustant imperceptiblement sa position pour ne pas être gêné par la chaîne qui reliait sa cheville au mur, le jeune homme finit par s'endormir profitant de la chaleur du corps pressé contre le sien.

.oooO°Oooo.

Hotch et le reste de l'équipe se tenaient debout près du grand tableau recouvert de photos. Les enquêteurs de la police était eux réunis autour de la grande table attendaient que les agents du FBI leur donne leur profil du tueur.

- Nous avons élaboré un profil du tueur, commença Hotch. Ce dont nous sommes sûrs, c'est qu'il ne s'agit pas du tueur de Lakewood mais d'un imitateur.

- Comment pouvez-vous en être sûrs ?

- Les crimes se ressemblent, répondit Emily, mais les tueurs sont différents.

- Le tueur de Lakewood est un narcissique, continua JJ. Il est intelligent, organisé mais aussi sadique. Il s'amuse de la souffrance et de la faiblesse de ses victimes. Mais en même temps il est très arrogant et se moque des autorités. Il a tué pendant des mois, prenant des risques en abandonnant les corps de ses victimes au nez de la police.

- Même la libération de ses dernières victimes était une provocation, reprit Spencer. S'il voulait arrêter ses crimes, pour une raison ou une autre, il aurait pu les tuer, éliminer tout témoin. Il a choisi de les libérer. Il savait que même en ayant le témoignage de ces cinq hommes qui avaient été au plus près de lui pendant des mois, la police n'arriverait pas à le coincer. Il aime le contrôle et le pouvoir. Ce qui le rend d'autant plus dangereux car il est calme et maîtrisé.

- En clair le tueur de Lakewood est parfaitement bien intégré dans la société, conclu JJ. C'est un homme que l'on ne soupçonnerait pas. C'est un sociopathe qui est incapable de ressentir de l'empathie pour ses victimes, mais dans la vie publique il sait donner le change à la perfection.

- Le tueur qui sévit actuellement est différent, lança Derek. Cet homme là ne contrôle pas sa colère. Cela s'est vu avec son dernier meurtre. Il perd le contrôle. Il est organisé mais est dominé par sa colère.

- Il se venge d'un événement traumatisant. Quand les viols et autres violences ne suffisent plus à calmer ses pulsions, il tue. Ses victimes ne sont que des objets qui lui permettent d'exprimer ses propres démons.

Rossi lança un léger signe de tête à Spencer lui signifiant qu'il prenait le relais.

- Notre homme est très probablement blanc, entre 20 et 40 ans. Il aura des antécédents de violences. Il vit dans la région mais n'aura plus fait parlé de lui depuis les enlèvements.

- D'après l'étude de son secteur géographique, reprit Spencer, il vit dans le secteur de Midstone et de la forêt de Lakewood. Il fait de long trajets dans les villes de la région pour ses enlèvements mais ne doit pas être trop éloigné de la forêt pour abandonner le corps de ses victimes.

- Il possède un endroit isolé où il peut détenir plusieurs hommes à l'abri des regards. Une ferme ou un hangar.

L'inspecteur chef Brown se leva et se tourna vers ses hommes.

- Très bien, je veux que vous cherchez toute personne qui correspondrait à ce signalement. Un type pareil a sûrement un casier judiciaire, alors vous y passez la nuit s'il le faut mais vous me trouvez des noms.

Les policiers retournèrent à leur poste pour se mettre au travail. Une fois l'équipe seule, Rossi appela Garcia, mettant le haut parleur.

' La déesse de la toile à l'appareil.'

- Garcia, c'est Rossi.

' Je vous écoute monsieur.'

- Trouve moi un liste de suspects. Notre homme est blanc, entre 20 et 40 ans. Il a des antécédents judiciaire pour violence et agression. Il habite Midstone ou sa région.

' La liste est longue. J'ai 78 suspects.'

- Retire ceux qui ont fait parlé d'eux depuis les premiers enlèvements.

' 61 noms.'

- Il doit transporter ses victimes, proposa Spencer. Il a un véhicule personnel.

' Très bien mon chou. Alors je retire ceux qui n'ont pas le permis et ceux qui n'ont pas de véhicules. Il reste 47 hommes.'

- Tu peux nous envoyer la liste ma beauté.

' C'est fait mon sucre d'orge.'

L'équipe se pencha sur la liste à la recherche d'un nom familier. C'est JJ qui le repéra.

- Là, Frank Calahan.

- C'est une des anciennes victimes du tueur de Lakewood. Un des libérés.

- Qu'est-ce que tu as sur lui Garcia ?

' Frank Calahan, 26 ans, célibataire. Il conduit un 4x4 noir. Sans emploi, il vit sur l'héritage de sa mère, Myriam Calahan, décédée il y a deux ans. Il a un casier pour violences, principalement des bagarres dans des bars, deux arrestations pour conduite en état d'ivresse. Rien de notoire depuis six mois.'

- Tu as son adresse ?

' 160 Buck Street à Midstone.'

- C'est en centre-ville, remarqua Spencer. Il a besoin d'un endroit isolé pour garder ses victimes.

' Attendez j'ai quelque chose. Calahan a hérité de sa mère la ferme familiale, abandonnée depuis des années.'

Le bruit frénétique des doigts de Pénélope sur son clavier leur parvenait à travers le haut parleur.

' Ça y est ! Calahan a recommencé à payer les factures d'électricité de la ferme il y a neuf mois. Je vous envoie l'adresse et un plan.'

- Merci ma beauté, tu as été géniale.

' Comme toujours mon mignon.'

La communication se coupait à peine que Hotch était déjà sorti prévenir l'inspecteur chef Brown de leurs résultats.

- Vous croyez que c'est lui ? Demanda Emily. Qu'une des anciennes victimes du tueur de Lakewood décide de reproduire le même schéma que son bourreau ?

- Il correspond au profil. Et ce ne serait pas la première fois qu'une victime deviendrait tortionnaire.

.oooO°Oooo.

L'écho des plaintes résonnait jusque dans sa cellule. L'homme avait ramené un nouveau prisonnier et s'amusait avec. Le garçon criait et suppliait. Il était trop tôt pour qu'il comprenne que cela ne servait à rien.

Michael enfouit sa tête sous son oreiller pour bloquer ces sons. Il ne voulait pas entendre ça. Ne voulait pas entendre l'homme avec un autre que lui. Il savait que c'était malsain. Quelle personne normale voudrait appartenir à un homme aussi cruel ? Et pourtant la simple idée de savoir l'homme avec un autre, de les imaginer ensemble… En un instant, aveuglé par la jalousie, le jeune fut hors de son lit et frappait de toutes ses forces contre la porte.

- Ça suffit ! Arrêtez !

Ignorant la douleur de ses poings frappant le métal, Michael continuait de frapper même s'il savait que ça ne servirait à rien. Pourquoi l'autre homme faisait-il ça ? Pourquoi ne pouvait-il pas se contenter de lui ? Il avait été si tendre ces dernières semaines, l'avait soigné lorsqu'il était malade. Si faire souffrir, frapper, violer était le but alors pourquoi le gardait-il ? Cela faisait longtemps qu'il avait accepté son sort, qu'il avait renoncé à la possession de son propre corps. L'homme pouvait faire de lui ce qu'il voulait, Michael avait appris à aimer ça. Cela semble satisfaire l'autre homme alors pourquoi rechercher du plaisir avec d'autres ?

Tout à son emportement, Michael n'avait pas entendu que les cris avaient cessé. Le grincement de la serrure de sa porte que l'on déverrouillait le fit sursauter et il s'éloigna en hâte, le souffle court. L'homme entra d'un pas calme, le jaugeant du regard.

- Tu es bien agité aujourd'hui, Michael.

- Je…

L'homme s'avança doucement forçant le jeune homme à reculer instinctivement.

- Tu as fait tout ce vacarme pour attirer mon attention. Me voilà. Alors maintenant je veux une explication.

- Je… je veux que vous arrêtiez tout ça.

Michael sentit un tremblement lui remonter le long de l'échine. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus à craindre que l'homme lui fasse de mal. Les fois où il avait levé la main sur lui étaient de lointain souvenirs. Mais la façon dont se tenait l'homme, la manière dont il s'était imperceptiblement redressé laissait pressentir la menace.

- Arrêter tout ça ?

- O-oui.

- Et je devrai m'arrêter parce que… tu me l'ordonnes ?

La voix se faisait plus menaçante. Michael savait qu'il ferait mieux de se taire, de s'excuser sur le champs. L'homme le punirait et tout redeviendrait comme avant. Mais il ne pouvait pas, les mots quittèrent sa bouche à sa plus grande horreur.

- Je veux être le seul.

L'homme stoppa net son avancée, ne s'attendant certainement pas à ça. Michael en profita pour continuer avant que le peu de nerfs qu'il lui restait ne l'abandonnent.

- Je veux qu'on reste ensemble, tout les deux, sans personne d'autre. Je… Je vous aime, finit-il par avouer dans un souffle.

L'homme eut comme un mouvement de recul à ces mots.

- Tu dis n'importe quoi.

L'homme tourna les talons, abandonnant Michael sur place. Une vague de panique envahie le jeune homme. S'il laissait l'autre homme partir maintenant, il ne le reverrait peut-être jamais. Sans vraiment réaliser ses actes, il s'élança après lui, l'attrapant par le bras pour le forcer à se retourner. Sa main se leva sans qu'il se s'en rende compte, se refermant sur le masque de l'homme, révélant enfin son visage.

- Michael !

Le jeune homme resta sans voix. Les traits déformés par la colère n'y changeaient rien, l'homme était magnifique. Il fixait Michael, le regard étincelant d'une rage que le jeune homme n'avait encore jamais connu.

- Qu'est-ce que tu crois faire ? Siffla-t-il d'une voix glaciale.

- Je vous aime, répéta le jeune homme en s'interdisant de reculer.

Les traits de l'homme se durcirent un peu plus. D'un geste brusque, il repoussa Michael qui retomba lourdement en arrière au sol. Sans lui accorder un regard de plus, l'homme quitta la cellule, laissant le jeune homme prostré à terre.

Il fallu de longues minutes à Michael pour se remettre debout et retourner s'asseoir sur le lit. Tout était terminé maintenant. Il venait de signer son arrêt de mort. La prochaine fois qu'il reverrait l'homme sonnerait l'heure de son exécution. Malgré tout ses sentiments étaient toujours présents, lui faisant espérer une issue plus favorable. Des pensées absurdes à avoir dans ce lieux où il avait appris qu'il n'existait aucun espoir.

.oooO°Oooo.

La porte s'ouvrit avec fracas sous la force du bélier. La seconde d'après une dizaine de policiers pénétra dans l'appartement, l'arme au poing, fouillant chaque pièce à la recherche de leur suspect. Derek, Spencer et JJ étaient avec eux, aux aguets, ne baissant leur arme qu'une fois que la série de RAS leur assura que l'appartement était vide.

- Cet homme est obsédé par le tueur de Lakewood, observa JJ en désignant les coupures de journaux qui jonchaient chaque surface plane disponible.

- Ça se comprend un peu, cet homme a détruit sa vie, répondit Spencer en commençant à fouiller les tiroirs.

Pendant ce temps Derek sortit son téléphone.

- Hotch ? On vient d'entrer dans l'appartement du suspect, il n'est pas là. Tout ce qu'on a trouvé pour le moment c'est des coupures de presse concernant le tueur de Lakewood.

Derek fronça des sourcils alors que Reid lui agitait des flacons sous les yeux.

- Il y a aussi pas mal de médicaments ici, ajouta-t-il en regardant les noms. Des anxiolytiques pour la plupart et des antidépresseurs.

JJ et Spencer continuaient la fouille de l'appartement pendant que leur collègue terminait son rapport.

- Très bien, c'est compris.

Derek raccrocha avant de se tourner vers les deux autres.

- Ils arrivent à la ferme de Calahan, les informa-t-il. Hotch veut qu'on reste ici et qu'on trouve tout ce qu'on peut sur notre homme au cas où il ne serait pas là bas.

Les deux autre acquiescèrent en se remettant au travail.

XxXxX

- Notre homme n'est pas à son appartement, informa Hotch en raccrochant son téléphone.

- Je crois bien qu'il est ici, informa l'inspecteur chef Brown.

En effet, un 4x4 noir était sagement garé devant la vielle ferme délabrée.

- L'endroit est isolé, à des kilomètres de toute habitation, remarqua Rossi en sortant son arme.

L'équipe descendit de voiture, bientôt rejoint par une vingtaine de policiers lourdement armés.

- Ne tirez que si vous êtes sûr, ordonna Brown. On ne sait pas combien d'hommes sont prisonniers là dedans alors vous ne prenez aucun risques. Sandovan, Johnson, vous prenez par l'arrière avec vos équipes. Ce fils de pute nous a probablement entendu arriver alors il faut faire vite.

Après ces dernières instructions, tout alla en effet très vite. En moins d'une minute les policiers avaient envahit la maison. Tout à l'intérieur était dans un état lamentable. La vieille ferme délabrée avait tout d'un taudis dans lequel leur homme devait plus skater qu'habiter. Le rez-de-chaussé et l'unique étage furent sécurisés rapidement mais il n'y avait pas de trace du suspect. Les inspecteurs Johnson et Sandovan ne mirent pas longtemps à trouver l'escalier menant au sous sol et descendirent en tête de file le long de l'étroit escalier. L'équipe du FBI les suivaient de près.

- Non ! Allez-vous-en !

Le hurlement enragé fut aussitôt suivit de coups de feu. Emily avait juste eu le temps de se mettre à couvert derrière un pilier en béton. Risquant un regard vers la source des coups de feu, elle repéra leur homme, retranché derrière un meuble métallique. De sa position, elle n'avait aucun angle de tir, mais Sandovan et Johnson étaient plus proches qu'elle et avaient leurs chances. Tout ce passa très vite. Avec une coordination étonnante pour deux hommes qui ne s'appréciaient pas, l'inspecteur Sandovan fit feu sur le suspect, le forçant à se réfugier derrière sa barricade de fortune, alors que Johnson s'élançait en avant, effectuant un placage quasi professionnel avant de maîtriser l'homme en un tour de main.

- Suspect appréhendé !

Soufflant de soulagement Emily rejoignit les deux hommes qui remettaient debout le suspect.

- C'est bien lui, confirma-t-elle en reconnaissant l'homme d'après sa photo de permis de conduire fournie par Garcia.

- Allez ! On l'amène ! Tonna Brown.

Sandovan et Johnson durent s'y mettre à deux, traînant à moitié l'homme vociférant à leur suite pour le ramener au fourgon.

- Il a transformé cet endroit en véritable prison, commenta Rossi en lança un regard circulaire autour de lui.

Ce qui dans le temps était une cave avait été aménagé depuis lors. Tout un pan du sous sol était occupé par quatre cellules fermées de lourdes portes métalliques.

- J'ai trouvé les clefs, informa un policier en désignant un jeu de clefs pendant au mur.

Rossi les attrapa en vitesse. S'il y avait des hommes là dedans, il fallait les sortir de là au plus vite. Les deux premières cellules n'étaient même pas fermées à clés, vides de tout occupant. Les deux autres étaient verrouillées. Quelques coups frappés à la porte auxquels répondirent les appels au secours des occupants confirmèrent que les deux dernières emprisonnaient deux hommes qui furent rapidement libérés. Les deux hommes, choqués et violemment battus, ne tenaient même plus debout par eux même. Un des deux ne semblait pas majeur.

- Faites venir des ambulances !

XxXxX

Derrière le miroir sans teint de la salle d'interrogatoire, l'équipe observait l'interrogatoire de Frank Calahan par Rossi. L'homme s'était un peu calmé depuis son arrestation mais il restait agité. Deux policiers avaient été placés à l'extérieur de la salle afin de pouvoir intervenir s'il devenait à nouveau violent.

- Pourquoi vous m'avez arrêté ? S'insurgeait Frank contre l'agent Rossi, impassible.

- Vous avez torturé et violé six personnes. Vous avez tué quatre d'entre eux. Est-ce que ce n'est pas suffisant comme motif ?

- Vous n'aviez pas à m'arrêter, continua l'homme de plus en plus agité. Vous ne deviez pas être là.

- Je ne comprends pas, Mr Calahan. Vous pensez que la police ne devait pas vous rechercher ?

- Non ! Le FBI ! Le FBI ne devait pas être là ! Pourquoi vous êtes venu ?

- Pour vous Mr Calahan. Vous avez semé une sacrée panique dans la région alors nous sommes venu donner un coup de main pour vous arrêter.

- Pour m'arrêter, moi !? S'exclama Frank d'une voix presque hystérique. Ha ha, vous êtes venus pour moi…

Frank fut pris d'un rire froid et désabusé. Il semblait à la fois fou et au bout du rouleau.

- Vous n'êtes pas venu pour moi cette fois là… il y a huit ans… mais cette fois vous étiez là, pour ces hommes. Pourquoi eux méritaient d'être sauvés et pas moi !?

- Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé Mr Calahan. Mais ce que vous avez enduré ne vous donnait pas le droit de faire subir la même chose à d'autre.

- Et lui, est-ce qu'il en avait le droit !?

- Non, il ne l'avait pas.

- Vous l'avez laissé faire !

Rossi resta silencieux. Le suspect était très instable. Il devait le laisser parler. Toute tentative de sa part pour discuter ce point là, argumenter sur la bonne fois de la police et du FBI pour ne pas avoir arrêté le tueur de Lakewood ne risquait que de déclencher un crise de violence. Frank Calahan était rempli de haine. Il n'avait jamais pu tourner la page sur les atrocités subies. Il s'en était au contraire nourri pour devenir lui même un monstre.

- Et maintenant, continua Frank d'une voix brisée, qu'est-ce qu'il fait maintenant ? Il vit sa vie, bien tranquillement chez lui… avec femme et enfants… il vit la vie qu'il m'a volé… Et moi… moi…

Frank faisait presque pitié à présent. Il était un homme brisé, sans raison de vivre, sans avenir si ce n'est la prison. Mais Rossi s'interdit tout sentiment de compassion. Il avait en mémoire les photos des hommes que Calahan avaient tué, des deux hommes qu'ils avaient sauvés et qui ne seraient plus jamais les mêmes. Frank Calahan avaient été une victime mais maintenant c'était le bourreau qui devait resté en mémoire.

- Le tueur de Lakewood a volé votre vie alors vous avez volé celle de ces hommes ?

- Oui ! Tous ces hommes, ils vivaient bien tranquillement. Ils vivaient la vie que j'aurai du avoir ! Alors je leur ai pris comme elle l'a été pour moi !

Derrière le miroir sans teint, c'était la consternation. Faute de pouvoir obtenir réparation, Frank Calahan avait reporté sa colère et sa frustration sur des hommes innocents. Cet homme avait perdu tout contact avec la réalité, se sentant abandonné par la police, il s'était fait justice lui même à sa façon. Mais avec un esprit si malade, il était difficile de savoir si les choses auraient tourné autrement si le tueur de Lakewood avait été arrêté huit ans plus tôt.

- Le tueur de Lakewood l'a détruit, déplora l'inspecteur Sandovan.

- Malheureusement les victimes qu deviennent bourreau sont fréquents, cela arrive dans un cas sur huit, informa Spencer.

- Quel gâchis…

.oooO°Oooo.

Lorsque la porte de sa cellule se rouvrit enfin, des jours s'étaient écoulés depuis son altercation avec l'homme. Michael avait simplement reçu sa nourriture à travers la trappe. Pas un mot n'avait été échangé. Mais en même temps, pas un cri ne lui était parvenu depuis les autres cellules. Il y avait bien entendu quelques plaintes ponctuelles mais pas les suppliques continues auxquelles il était habitué.

L'homme entra dans la pièce sans masque. Ce dernier ne servait plus à rien à présent. Il fixait attentivement Michael d'un regard pénétrant, presque curieux.

- Restes assis, ordonna l'homme alors que Michael entamait un mouvement pour se rapprocher.

L'homme s'avança en quelques enjambées et s'accroupit devant lui avant de défaire la chaîne reliée à sa cheville. Michael laissa échapper un son, mélange de surprise et de peur. Il était étrange de ne plus sentir ce poids familier à son pied. Un sentiment de liberté l'envahissait, enfin libéré de ses chaînes, et en même temps la terreur s'insinuait en lui en réalisant que le moment de sa mort était finalement venu.

- Est-ce que tu es sûr de toi ? Demanda l'homme.

- Quoi ?

- Tes sentiments pour moi, est-ce que tu es certain de ce que tu ressent ?

Michael avait du mal à comprendre ce qu'il se passait. L'homme était calme, attendant patiemment sa répondre. Son comportement n'avait rien à voir avec la colère sourde qui l'avait habité quelques jours plus tôt. Rien ne laissait présager le dénouement néfaste auquel le jeune homme s'attendait.

- Oui, souffla-t-il sentant un espoir fou l'envahir. Je vous aime.

L'homme hocha de la tête, pensif.

- Je vois. Nous verrons bien si cela fonctionne.

- De… de quoi parlez-vous ?

L'homme planta son regard dans le sien, le fixant avec amusement et une intensité qui lui était propre. Il semblait ne pas vouloir manquer une seule réaction de Michael. Cette intensité avait-elle toujours été là, camouflée par le masque omniprésent de l'homme ?

- Tu es spécial Michael, répondit l'homme. Être capable d'aimer un homme tel que moi, ce n'est pas donné à tout le monde. Je dois avouer que tes sentiments m'ont surpris mais après mûre réflexion, j'ai décidé de voir où cela pourrait nous mener.

- Vous voulez dire que…

- Nous allons vivre ensemble. Dehors.

Fou de joie, Michael se jeta dans les bras de l'homme toujours accroupi face à lui. L'impact les envoya tout les deux à terre. Cependant l'homme ne le réprimanda pas et se contenta d'aider le plus jeune à se relever avant de lui tendre un sac rempli de vêtements.

- Enfiles ces habits.

Michael entreprit de se changer sous le regard de l'homme. Enfin il allait quitter cette cellule. Mieux encore, il allait vivre au grand jour avec l'homme qu'il aimait. Sa bonne humeur s'assombrit alors que ses pensées revenaient aux autres. Il n'était pas seul dans ces cellules. Qu'allait-il advenir d'eux ? L'homme allait-il continuer à les voir ? Ou allait-il les tuer ? Michael avait du mal à décider laquelle de ces solutions lui déplaisait le plus.

- Qui a-t-il ? Demanda l'homme en remarquant son attitude.

- Les autres, que va-t-il leur arriver ?

L'homme pencha la tête sur le coté comme si la question lui paraissait incongrue.

- Je les ai relâché.

- Mais… la police ?

- Ne peut rien contre moi, termina l'homme sûr de lui. Je ne laisse jamais de trace.

Michael avala difficilement sa salive. L'homme semblait assez fier de lui, pourtant il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur. Et s'il avait tord ? Et si la police l'arrêtait ? Ça ne pouvait pas arriver, pas maintenant.

- Tu aurait préféré que je les tue ?

- Non !

- Alors cesses de faire cette tête, conclu l'homme. Et finit de t'habiller, ajouta-t-il en commençant à défaire le lit.

Michael le regarda faire, les sourcils froncés. L'homme lui tournait le dos, rangeant draps, couvertures et serviettes dans des sacs poubelles. Il sortit ensuite de ses sacs des bidons de javel, des gants et des éponges, et entreprit de nettoyer chaque surface de mobilier de la cellule. Comme quoi il avait beau être persuadé que la police ne le retrouverait pas, il couvrait quand même ses arrières.

Une fois habillé, Michael entreprit de l'aider à nettoyer la cellule. Cela pris presque deux heures au bout desquelles mobilier, sanitaires, murs et sols avaient été récurés à la javel. Michael commençait à avoir de sérieux vertige à cause des vapeurs du produits dans cet espace clos. L'homme l'attrapa par le bras, tenant son matériel et ses sacs de son autre main, et le conduit à travers les couloirs. Toutes les cellules étaient vides. Soit l'homme lui avait dit la vérité, soit les autres étaient tous morts.

Une fois dehors, le jeune homme put enfin respirer un peu librement. La lumière du jour, qu'il n'avait pas vu depuis des mois, l'aveugla et il du mettre sa main en visière pour distinguer à peu près son environnement. La bâtisse dont il venait de sortir ressemblait à une vieille grange. Il n'y avait cependant aucun corps de ferme aux alentours, seulement des bois à perte de vue.

Michael se tourna vers l'homme qui terminait de charger le coffre de sa voiture. Il avait l'air de quelqu'un de tout à fait normal vu comme ça. Personne ne pouvait se douter de la noirceur de son âme. Qu'est-ce qui l'avait poussé à tout arrêter ? Pourquoi l'épargner et choisir de partir avec lui ? Par amour ? Michael doutait qu'un tel homme puisse aimer. Par jeu peut-être. Ou par défi. Quelle qu'en soit la raison, Michael avait bien l'intention de tenter sa chance auprès de lui.

Le jeune homme rejoignit l'homme et monta dans la voiture coté passager. Ce dernier prit place au volant et s'apprêtait à démarrer lorsqu'il fut coupé par Michael.

- Où allons-nous ?

- New-York. J'ai un appartement là bas.

Le jeune homme sentit l'excitation le gagner. New York ! Il avait toujours voulu y aller, sortir de sa petite ville pourrie. Enfin sa chance était venue.

- Une dernière question, tenta Michael.

- Je t'écoute.

- Quel est votre nom ?

L'homme resta figé quelques secondes avant d'éclater de rire. Un rire comme Michael n'en avait jamais entendu venant de lui, un rire franc et sincère. C'était peut-être le signe que l'avenir ne s'annonçait pas si mal.

.oooO°Oooo.

Toute l'équipe était sur le parking du commissariat, prête à rentrée. Ils avaient dit au revoir à tout le monde, il ne manquait plus que l'inspecteur Sandovan qui finissait d'échanger quelques mots avec Derek. Le compagnon du policier était présent lui aussi, désolé que le FBI parte si vite.

- Est-ce qu'au moins vous pouvez faire mon profil ? Demanda-t-il dans une belle imitation d'un enfant capricieux.

- Ça c'est pas compliqué, répondit Emily.

- Je suis si facile à cerner ?

- Vous êtes intelligent et très narcissique. Vous jouez de votre charme pour obtenir ce que vous voulez. Et je pense que vous obtenez depuis toujours ce que vous voulez. Ça a boosté votre confiance en vous et vous donne malheureusement un coté arrogant qui doit vous desservir de temps en temps. Vous n'aimez pas montrer vos faille, pour ça prenez un soin tout particulier à devenir le centre d'attention afin que les gens ne voient de vous que ce que vous voulez bien leur montrer.

Le romancier éclata d'un rire franc, pas du tout vexé par le portrait pas forcément flatteur que Prentiss avait fait de lui.

- Vous ne mâchez pas vos mots, remarqua-t-il amusé. C'est bien, je ne mâche pas non plus les miens dans mes romans. Je vous enverrai à tous une copie dédicacée du prochain.

- C'est très gentil à vous, répondit JJ.

- C'est tout à fait normal. Après tout je vais m'inspirer de votre équipe pour mon prochain polar !

- Vraiment ?

- Oui, ça fait un moment que je n'ai pas créé de tueur en série, mais vous m'avez inspiré. Une équipe d'enquêteur spécialisés dans les tueurs en série, qui traquent les pires criminels que ce monde arrive à engendrer. Une chasse à l'homme contre un criminel froid et implacable, une course contre la montre pour sauver des innocents...

Derek échangea un regard avec ses collègues, amusé par le romancier qui semblait perdu dans ses envolées lyriques.

- Le tout sur fond d'amour inavoué entre les agents Reid et Morgan, continua David Jones. Ça va faire un carton.

- Quoi ?

L'exclamation choquée de Derek provoqua un fou rire chez ses collègues. Hotch s'approcha de Sandovan, lui serrant la main. Il était temps de rentrer à la maison.

XxXxX

Dans l'avion, chacun se détendait un peu après les quelques jours éprouvants passés à Midstone. Finalement l'identité du tueur de Lakewood resterait un mystère, tout comme les raisons l'ayant poussé à arrêter ses crimes et libérer ses prisonniers.

- Ça va Derek ? Demanda JJ en remarquant l'agitation de son collègue.

- Il plaisantait pas vrai ? Répondit le concerné vaguement inquiet. Pour le roman, c'était une blague.

- Tu peux toujours essayer de t'en convaincre, plaisanta Emily. Moi j'ai hâte de le lire !

Les deux jeunes femme éclatèrent de rire, ignorant superbement la moue réprobatrice de leur collègue. La simple idée d'imaginer l'agent spécial Derek Morgan, tombeur de ses dames, en train de se morfondre d'amour pour Spencer Reid ne les rendait que plus impatientes.

- Tu crois qu'il faut combien de temps pour écrire un roman ? Demanda Emily, des étoiles pleins les yeux.

- Quelques mois probablement.

- C'est bien trop long !

Derek croisa les bras, agacé par le comportement de ses collègues. On voyait bien que ce n'étaient pas elles qui allaient être dépeintes dans une relation homosexuelle. Ça les ferait moins rire si ce David Jones les mettaient toute les deux en couple. Lui et Reid. Vraiment ? Mais d'où lui était venue une telle idée ? Derek tourna son regard vers le petit génie qui ne suivait pas du tout la conversation. Le jeune homme n'avait d'ailleurs pas vraiment réagit à l'annonce du romancier. Il avait rougit comme une tomate bien mûre bien sûr mais ça s'arrêtait là. À croire qu'il était le seul à s'insurger.

- Hé ! Beau gosse ! Appela-t-il.

Les gloussements incontrôlés de ses collègues, lui firent lever les yeux au ciel. Il appelait le petit génie comme ça depuis des années et maintenant les gens allaient voir un sens caché à ces quelques mots à présent.

- Reid ! Rectifia-t-il en lançant un regard noir aux deux femmes. Tu n'as rien à dire ?

Le jeune homme sursauta, sortant brusquement de ses pensées.

- Quoi ? De quoi tu parles ?

- Du roman, soupira l'autre homme vaguement agacé. Ça ne t'inspire vraiment rien ?

Spencer observa un instant l'expression de Derek, attendant clairement qu'il le rejoigne dans son indignation. Il leva un sourcil clairement narquois tout en répondant à son collègue.

- C'est juste un roman. Je ne vois pas pourquoi ça te dérange autant. Est-ce que tu te sentirais atteint dans ta masculinité par hasard ?

Derek écarquilla les yeux alors que l'avion fut envahit de rires. Cette fois ouvertement boudeur, il croisa les bras sur sa poitrine et entreprit d'ignorer ses collègues jusqu'à atterrissage.

.oooO°Oooo.

Lorsque Sandovan rentra chez lui, il fut surpris de voir les lumières encore allumées. Frank Calahan avait été mis en détention à la prison du compté des heures plus tôt mais les rapports à écrire étaient interminables. Lorsqu'il avait quitté le commissariat, il faisait déjà nuit depuis longtemps. Son repas s'était constitué d'un sandwich pris à la va vite, et malgré l'heure tardive à laquelle il était partit, il y avait encore un travail monstre qui l'attendait sur son bureau pour le lendemain.

Épuisé, il accrocha son manteau dans l'entrée et rejoignit son compagnon dans le salon. Ce dernier était devant son ordinateur, frappant frénétiquement le clavier.

- Tu rentres tard, remarqua-t-il sans lever les yeux de l'écran.

- Et ça va être comme ça toute la semaine, répondit Sandovan en passant derrière lui pour l'embrasser dans le cou.

Son regard s'attarda sur l'écran et il secoua la tête, fataliste.

- Tu étais vraiment sérieux alors.

- Hmm ? Pour le roman ? Bien sûr.

Laissant son compagnon travailler, il s'éloigna un peu chagriné. Il n'aimait pas l'intérêt que l'autre homme portait à l'équipe du FBI.

- Qu'est-ce qui te trouble autant ? Demanda David en remarquant son comportement.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

- Ce n'est qu'un roman.

- C'est le FBI, rétorqua Sandovan énervé. Je ne voulais pas que tu les rencontres mais tu n'en fait toujours qu'à ta tête.

David cessa d'écrire et darda l'autre homme d'un regard perçant.

- Que voulais-tu qu'il arrive ?

- Je ne sais pas. N'importe quoi. Tu n'aurais pas du faire ça. T'approcher aussi près pendant l'enquête.

Le romancier se leva tranquillement et enserra son compagnon dans ses bras. Ses mains se mirent à caresser le dos du policier tendrement, l'aidant à évacuer la tension qui s'était accumulée avec les longues heures d'enquête.

- Il n'est rien arrivé, cesses donc de t'inquiéter autant. Tout est sous contrôle.

- Tu dis ça mais…

- Mais ?

- Tu as vu comme moi la réaction de Gerald Benson quand il t'a entendu rire. Tu as de la chance qu'il n'ai pas fait le rapprochement.

David Jones éclatant de rire, peu convaincu par les arguments de l'autre homme.

- Il a reconnu mon rire ? S'amusa David. Soit un peu sérieux. La police n'a jamais rien pu contre mois il y a huit ans. Ce n'est pas mon rire qui va y changer quoi que ce soit.

Sandovan enfouit son visage dans le coup de son compagnon, respirant son odeur à plein poumon. Il avait raison. Vu comme ça son argument ne tenait pas la route. Mais la réaction de Benson lui avait vraiment fait peur. Et il avait clairement vu que l'agent Jareau s'était posée des questions cherchant la raison de son comportement.

- Calahan est en prison, reprit David avec légèreté, le FBI est reparti. Il n'y a rien à craindre.

- Oui, tu as raison.

Satisfait, David se détacha de l'autre homme et alla étreindre son ordinateur en secouant la tête d'amusement. Benson ! Comme si cette larve larmoyante pouvait le faire mettre en prison. Il se souvenait très bien du jeune homme, de ses suppliques, de ses tentatives de marchandage, de son corps. Il lui avait fait vivre l'impensable et en huit ans il ne s'en était jamais remis. Il était comme les autres, faible et inutile. Même Calahan. Surtout Calahan. Ce minable avait-il vraiment cru pouvoir se montrer à la hauteur ? Il n'avait même pas tenu trois mois complets avant d'être arrêté. Le FBI arrivait et en deux jours il était sous les verrous. Pathétique. Ils étaient tous les mêmes. Sauf un. Le seul qui était sortit du lot. Le seul qu'il n'avait pas brisé mais au contraire révélé pour en faire un homme nouveau, un homme capable de regarder sa noirceur sans détourner le regard, de l'accepter tel qu'il était.

Son regard dériva vers son compagnon qui s'était écroulé sur le canapé, les yeux fermés, la tête reposée en arrière sur le dossier.

- Tu as l'air épuisé.

- Je sais.

- Viens te coucher, Michael.

.oooO°Oooo.

Fin.

.oooO°Oooo.

Voilà une idée qui me trottait dans la tête depuis (très) longtemps et qui restait dans les tiroirs faute d'une inspiration qui m'est venue alors que je ne l'attendais plus. Je m'excuse pour les fautes (il y en a toujours). J'ai beau relire encore et encore mais au bout d'un moment mon cerveau dit stop… En tout cas, j'espère que cette fic vous a plu !