Le jeune homme aux cheveux roses marchait vers le bar que son ami lui avait indiqué. L'endroit était situé dans un coin assez reculé où ils étaient certains de ne pas rencontrer de fans hystériques. Bien sûre, il y avait une possibilité, mais disons qu'elle était petite. Il aurait préféré un endroit plus fréquenté, sachant qu'il y aurait moins d'animation à cet endroit, mais il avait tout de même accepté, souhaitant passer un moment agréable avec ses amis.
Assis dans le fond de la banquette, le jeune chanteur regarda la fenêtre, espérant quitter cet endroit au plus vite. Les autres se disputaient gaiement à propos de l'heure à laquelle le dernier venu arriverait, ne se préoccupant pas de lui après avoir essuyé quelques cuisants échecs. Il avait accepté l'invitation du bassiste sans trop réfléchir, pensant qu'il pourrait s'amuser, mais il avait oublié à quel point ces gens-là pouvaient être insignifiants. Bien sûre, c'étaient de bien gentilles personnes, mais elles étaient assez simples d'esprit. Il tourna son regard vers la porte d'entrée du bar et ses yeux tombèrent sur un jeune homme à peine sortit de l'adolescence qui referma la porte de l'établissement derrière lui.
Il referma la porte d'entré derrière lui et jeta un coup d'œil dans la salle, à la recherche de son ami. Au bout de quelques secondes, il vit celui-ci lui envoyer la main, et c'est avec le sourire fendu jusqu'aux oreilles qu'il se rendit à la table. Avec lui se trouvaient trois autres personnes qu'il connaissait, deux de vue et un pour avoir été dans le même groupe que lui durant trois ans. Il atteignit leur table et entendit l'accueil avant même de s'être installer.
« Hey Jun! C'est super que tu sois là!
La voix de Riku était évidemment celle qui l'avait accueillit. Son meilleur ami n'aurait pu faire autrement.
Jun s'assit et vit Riku tendre la main vers trois des quatre autres personnes assises à la table, celles-ci déposant des billets de 1000 yens dans sa paume. Devant son air intrigué, le blond haussa les épaules et lui expliqua les faits.
« Ils ont tous parié 1000 yens que tu arriverais après que Asa-chan soit partit.
Le guitariste jeta un regard en coin au-dit Asa-chan qui s'était raidit en entendant le surnom, après quoi il fit mine de se vexer.
-Vous osez parier sur moi? Mais vous n'avez aucun respect ma parole! »
Sa voix puissante avait résonné plus fort qu'il ne l'avait voulu et toutes les têtes s'étaient tournées vers eux. Il attendit un bon moment, s'étant composé une expression colérique sur le visage. Voyant que les trois concernés commençaient à se sentir mal, son masque fondit et il partit d'un grand éclat de rire. À cet instant, une voix froide et méprisante intervint dans son petit manège.
En entendant Riku dire Asa-chan, il s'était raidit. Le surnom était tellement ridicule. Comment les gens pouvaient-ils supporter l'attitude de collégienne du blond? Il avait à présent très envie de quitter les lieux. Il fut surpris de voir le visage de Jun prendre les traits de la colère et qu'il éclat. Il n'aurait jamais cru ça du plus jeune. Lorsqu'il entendit son rire après que les autres aient commencé à se sentir mal, c'est lui qui se frustra. Il s'était fait avoir. Il détestait se sentir aussi bête qu'à cet instant. Il fallait qu'il le remette à sa place.
«J'espère que ça ne te dérange pas trop d'avoir mis tes amis mal à l'aise devant autant de personnes.
La personne visée s'arrêta de rire et ses yeux perplexes croisèrent ceux fâchés du jeune chanteur. Ce ne fut pourtant pas le plus jeune qui répondit.
-Asagi! Tu sais parler?
Lorsque Wataru croisa son regard, il comprit qu'il ferait mieux de se taire. Ruiza et Kisaki échangèrent un regard entendu, sachant ce qui était en train de se produire.
-Tu ne crois pas que ce genre d'acte est infantile et même puéril?Continue l'ère glacière ambulante1.
C'était maintenant au jeune guitariste de se sentir mal à l'aise.
-Mais ce n'était qu'une petite blague… essaya-t-il de se défendre.
-Qui a installé un froid… Tu crois que c'est plaisant de se sentir mal pour rien? Dit Asagi de sa voix acide.
Le musicien au cheveux roses prit une grande respiration, fixant ses mains. Il leva à nouveaux les yeux vers son interlocuteur et, cette fois, on pouvait y lire une vraie colère.
-Je préfère largement placer un petit froid que d'être le froid lui-même2…
Ce fut comme si Asagi venait de se faire cracher au visage. Il voulu répliquer, mais son vis-à-vis se levait déjà. Il prit sa veste et dirigea son attention vers Riku qui l'implorait du regard.
-Jun, murmura-t-il.
L'interpellé lui sourit d'un air désolé.
-Je m'excuse… il enfila la veste et poussa sa chaise, mais ce soir, je n'ai pas envie de frapper un iceberg.»
Sur ce, il tourna le dos à la table, fit un signe de la main et quitta les lieux, laissant la table dans un froid encore plus grand que celui qu'il avait causé.
Ce fut Riku qui brisa le silence le premier.
« T'aurais pas pu fermer ta gueule comme tu le faisais si bien au début de la soirée? on sentait une grande animosité dans sa voix. C'était quoi le problème?»
Sans répondre et sans même un regard pour les autres musiciens qui le fixaient, Asagi prit ses affaires et quitta le bar à son tour.
L'air frais le calma automatiquement. Lui qui avait si peu l'habitude de se frustrer contre quelqu'un, il avait été surpris par sa propre réaction. Habituellement, il se fâchait un instant après quoi il se mettait à rire, mais pas cette fois. C'était pire que du venin. À chaque fois qu'il repensait à cette situation, à cette personnes, une haine surgissait violemment dans son esprit, lui donnant l'envie de frapper sur quelqu'un.
Il prit la direction de la gare, impatient d'aller gratter sa guitare pour se détendre. La route jusqu'à la gare parvint tout de même à le calmer un peu et il marcha tout en chantonnant l'air de Pink Spider. Lorsqu'il arriva à la gare, il s'assit sur un banc et regarda l'heure; 22 :07. Le train venait de partir et le prochain était à 23h00. Il décida d'aller se promener aux alentours, histoire de faire passer le temps plus rapidement.
Il se dit que faire le tour des rues serait sûrement plus intéressant que de fixer les rails.
Il s'alluma une cigarette et partit déambuler dans ces rues qui lui étaient inconnues. Il ne put pourtant pas se rendre bien loin.
Il sentit un coup sur l'arrière de sa tête et tout devint noir.
S'insultant mentalement de s'être garé aussi loin du bar, Asagi conduisait dans les petites rues sa Mercedes noire. Fouillant dans ses poches, il mit la main sur son paquet de cigarettes pour se calmer les nerfs, pour constater qu'il était vide.
Il s'arrêta donc dans une petite supérette. Lorsqu'il en ressortit il s'alluma immédiatement la cigarette tant désirée après quoi il remonta dans son véhicule. Il décida de prendre la grande rue et due tourner dans une ruelle pour un chemin plus directe. Quand ses phares atteignirent le bout de la ruelle, il vit trois ombres glisser devant lui assez rapidement. Intrigué, il stoppa son auto et descendit à nouveau. Il se figea sur place en voyant une tignasse rose ressortir des sacs poubelles posés contre le mur.
Le blond bouillait intérieurement. Il l'aurait bien étripé sur le champs si Asagi ne s'était pas défilé. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris? Habituellement, il aurait au moins continué à garder le silence. Il avait l'habitude de ne « jamais perdre son temps » avec des paroles inutiles. Il gardait sa voix pour les enregistrement et les concerts.
Le chanteur de D était également partit en laissant les gens qui l'entouraient au dépourvu.
« Mais qu'est-ce qui lui prend, lui , tout à coup? Tempêta le blond.
Kisaki haussa les épaules, geste d'impuissance.
-Il s'est fait avoir…
Riku leva un sourcil, intrigué. Il ne comprenait pas ce que le bassiste voulait dire. Et le rapport non plus, il ne le voyait pas. Ruiza se permit d'intervenir, étant dans le même groupe que Asagi, il avait plus de chance de pouvoir expliquer clairement la situation.
-Asa-kun est du genre à ne pas trop aimer se faire surprendre. Et je crois que là, il a été aussi surpris que nous de voir la réaction de Jun. En plus, la voix de Jun est relativement plus puissante qu'une voix de japonais moyen… donc les gens ont plus été portés à faire attention à notre table qu'à leurs conversations. Conclu le blond.
Kisaki enchaîna, sachant où l'autre voulait en venir et voyant que les deux chanteurs ne voyaient pas le lien.
-Il a eut l'impression d'être humilié en public si vous préférez.
La compréhension se lu alors dans les yeux des deux autres. Wataru avait, pourtant, encore une question qui lui brûlait les lèvres.
-D'accord… Mais pourquoi il n'est pas resté si Jun est partit?
Les deux « Asagialistes »3 pouffèrent. Ce fut le roux qui répondit.
-Asagi est un peu comme un riche égocentrique face à la plèbe4. Et Riku, toi et Jun êtes, pour lui, la plèbe…
Le chanteur de 12012 se refrogna. Le guitariste blond en profita pour clore le sujet.
-Jun a plutôt été chanceux. Habituellement, Asagi commence ses relations sociales avec des disputes du genre… dit-il d'un air amusé.
-Ouais, je crois même que sa dernière copine avait un tempérament pire que celui de Jun…termina le bassiste, mi-amusé, mi-exaspéré. »
En ouvrant les yeux, le guitariste ne vit qu'un grand rideau blanc qui l'entourait. Il s'assit, la peur qu'il soit mort le tenaillant durant un moment, mais la douleur qu'il ressentait à l'arrière de son crâne dissipa ses doutes. À cet instant-là, une petite infirmière vint écarter le rideau et il eut un vue d'ensemble sur la pièce où il se trouvait. Une chambre d'hôpital avec plusieurs patients. Des cas pas trop graves de fractures mineures, entorses et autres blessures du genre.
« Comment vous sentez-vous monsieur? Demanda la jeune femme.
Il la regarda sans répondre, inquiet de savoir comment il avait atterri là. Voyant, après un temps qu'il n'obtiendrait pas de réponse sans poser de question, il se décida à parler.
-Eh bien, j'ai assez mal au crâne et j'aimerais savoir comment je suis arrivé ici, sinon tout va bien!
Ne répondant pas immédiatement, elle vérifia la machine servant à prendre le pouls, histoire de voir s'il n'avait pas fait un chute de pression durant son sommeil forcé.
-C'est un beau jeune homme du nom de Sato-san qui vous a transporté ici, nous informant qu'il vous avait trouvé inconscient et sans identité dans une ruelle. Elle soupira. Par chance, Sato-san est l'une de vos connaissance et il nous a donné votre nom, Yamato-san. »
Jun réfléchit un moment. Il ne connaissait aucun Sato dans le quartier. En fait, il ne connaissait personne dans ce quartier. Avant qu'il ait pu demander le prénom de ce Sato, l'infirmière quitta la chambre et referma la porte.
Le matin suivant, le guitariste du se résigner à appeler Kisaki pour lui dire qu'il ne serait pas là. Il ne voulait pas dire qu'il était à l'hôpital, alors il lui dit qu'il avait de la fièvre. Il serait sûrement allé à cette répétition, mais on refusait de le laisser sortir avant midi. Il du donc se résigner et demander à aller se promener à l'extérieur, histoire de ne pas devenir fou.
Ce fut avec un immense soulagement qu'il se rendit dans le petit jardin aménagé à l'arrière, veste et foulard enfilés. Il était seul, ce qui lui convenait parfaitement car il avait besoin de réfléchir. Il ne savait pas comment il rentrerait chez lui puisqu'il n'avait plus ni ses clés, ni son porte-feuilles, ne pouvant ni prendre le métro ou le train et encore moins appeler un taxi. Il ne se souvenait pas non plus de ce qui s'était passé. Uniquement de Asagi et lui en train de s'engueuler, lui dans la rue, puis le noir.
Asagi… à la pensée de ce nom, il eut envie de botter la poubelle devant laquelle il passait. Il se dit qu'il était mieux de ne pas le croiser seul, sinon il y aurait des dégâts.
Il fit volte-face, prêt à retourner à l'intérieur pour plaider sa droit de sortie, et se retrouva nez à nez avec le chanteur. Il se retint de pousser un juron et essaya de passer, voulant croire que ça n'était qu'une coïncidence. Lorsque ledit chanteur prit la parole, ses illusions partirent en fumée.
« Comment va la tête? Dit-il d'une voix ne trahissant aucune émotion.
Inspirant un bon coup pour calmer la rage qui montait en lui, le plus jeune répondit sur le même ton.
-Très bien merci…
Le simple fait que le brun sache qu'il avait mal à la tête prouvait que c'était lui le Sato-san. Ne voulant pas y croire, il fit un bref signe de tête et se dirigea vers l'entrée. Il fut arrêté par la voix de ténor du plus vieux.
-Tu as une dette envers moi… »
Le guitariste reprit son chemin et passa devant l'autre sans rien dire. Il ne comprenait pas pourquoi il éprouvait autant de hargne envers lui. Il lui avait monté la tête pour des broutilles la veille, mais il ne pouvait pas que se baser sur cette première impression, surtout qu'il lui avait sauvé la vie. Il s'arrêta, la main sur la poigné, et se retourna pour constater que son sauveur l'avait suivi.
Lorsque Kisaki raccrocha, il se doutait de quelque chose. Le numéro qui s'était affiché n'était pas celui du guitariste et celui-ci n'avait pas l'habitude de se déclarer malade. Seul le ton de sa voix, son ton habituel, lui avait assuré qu'il allait bien.
Lorsqu'il arriva en salle de répétition, il ne manquait plus que le chanteur. Étant à la veille d'une tournée, ils devaient tout de même pratiquer, alors il leur annonça que la répétition aurait lieu sans Jun. Le chanteur l'appris à son arrivée et eu immédiatement des soupçons. Il savait parfaitement que le guitariste ne manquerait de répétition pour rien au monde.
Asagi suivait encore le jeune guitariste lorsque celui-ci se rendit à la réception pour remplir l'autorisation de sortie. Il restait obstinément muet, mais il n'attendait que d'être à l'extérieur pour lui exposer les raisons de sa venue. La veille, lorsqu'il l,avait transporté à l'hôpital, ça avait été spontané, mais il voulait plus. Il voulait que le jeune paye sa dette. C'est ainsi que, lorsqu'ils sortirent du bâtiment, le chanteur proposa au plus jeune de le raccompagner chez lui en voiture, sachant parfaitement qu'il ne pouvait faire autrement que d'accepter, puisqu'il avait tout perdu.
Sa Mercedes était garée le plus près possible de la sortie, faisant quelque peu tache à côté de tous les modèles de classe moyenne. Lorsqu'ils furent installés, le chanteur prit la parole.
« Tu as une dette envers moi Yamato…
Sa froideur déconcentrait le jeune qui n'était pas habitué à des gens aussi peu amicaux.
-Je sais… alors je règle ça avec un chèque et on en parle plus jamais? Répondit-il avec un sourire plein d'espoir.
Asagi pouffa en le regardant d'un air méprisant. Croyait-il vraiment pouvoir l'acheter?
-Tu sais très bien que j'ai déjà tout l'argent dont j'ai besoin… il eu un reniflement dédaigneux. Je parle plutôt de me payer en nature5…
Les yeux du guitariste s'agrandirent. Il ne pensait tout de même pas à ça?
-Euh… fut la seule réponse qu'il fut capable de formuler.
-Je parlais de travaux à faire, répondit l'autre, acide.
L'inquiet poussa un soupir de soulagement6. Il avait vraiment eu peur durant un moment.
-Et en quoi consisteraient ces travaux? Demanda le jeune homme aux cheveux roses, perplexe.
Le brun sourit un fraction de seconde, voyant qu'il avait gagné la partie. Il réfléchit un petit instant avant de répondre.
-Hum… ce ne sera rien de bien compliqué… Par exemple, il faut que je fasse repeindre mon salon, la couleur ne s'agence plus avec le reste et je n'ai pas le temps de le faire… Il prit un autre temps pour y songer avant de poursuivre. Sinon, je dois faire changer les dalles de marbre de la salle de bain… Elles sont toutes usées et craquelées et ce n'est pas très élégant7…
Jun y pensa un bon moment. D'un côté, il ne croyait pas que le chanteur ferait son possible pour rendre son travail agréable, de l'autre, il ne voulait surtout pas avoir de dette envers cet homme-là. Et puis, il avait déjà fait des travaux dans son appartement, n'ayant jamais eu les moyens d'engager des professionnels. Et comme Kisaki les tuait au travail toute la semaine, les week-ends comme seul repos, depuis l'annonce de leur tournée qui aurait lieu dans deux mois, il se dit qu'il aurait bien du temps pour faire ça. Il poussa un soupire résigné avant de soumettre sa réponse.
-C'est d'accord, mais à la condition que personne ne sache pour ce marché et mon séjour à l'hôpital… »
Le chanteur de D sourit en signe d'affirmation. Ils étaient arrivés chez le guitariste.
Jun méditait dans son bain. Avant de sortir de la voiture, il avait laissé son numéro de portable et celui de son logement au chanteur. Il n'était pas sûre que ce soit une très bonne idée, tout comme l'arrangement lui-même, mais il ne pouvait plus reculer. Il maudissait intérieurement son orgueil de mâle.
Ils étaient enfin samedi. Riku avait hâte de se rendre chez Jun. Il y avait des jours qu'ils avaient prévu de jouer au tagball. Il était venu lui-même le chercher, sachant que l'autre n'avait pas de voiture. Regardant le papier-peint fleuri qui recouvrait les murs du couloir, idée brillante du propriétaire pour donner un semblant de vie à son vieil immeuble. Il fit son chemin dans l'escalier métallique, qui ne datait pas d'hier, et alla appuyer sur la sonnette de l'appartement 4. Sans attendre aucune invitation, il fit comme à son habitude et ouvrit la vieille porte en bois grinçante, lui donnant vue sur l'autre qui prenait son porte-feuille et ses clés sur la petite table en plastique qui résidait dans l'entrée. Le guitariste prit ensuite sa veste et tous deux sortirent.
À peine eurent-ils atteint le hall d'entrée que le portable du plus jeune se mit à sonner. Se stoppant, il s'appuya contre le mur et décrocha, intimant au plus petit de partir devant.
« Moshi moshi, Jun desu…
-Yamato, je t'attendrai devant chez toi dans quinze minutes… sois prêt!Dit une voix froide, facilement reconnaissable. »
Asagi raccrocha immédiatement après avoir parlé, l'empêchant ainsi de protester.
Le jeune adulte bouillait. Il n'avait rien pu dire. Et le blond l'attendait déjà dans sa Toyota noire. Il soupira à la pensée de la déception de l'autre. Il ne pouvait pourtant pas se défiler. Il voulait s'acquitter de sa dette envers le blond au plus vite. Il se dirigea vers le petit véhicule d'un pas lent, pour se donner le temps de trouver une excuse. Lorsque le chanteur vit son ami arriver avec un air piteux, il su que leur activité venait de tomber à l'eau. Il baissa la vitre, le voyant se diriger du côté conducteur, tout en lui lançant un regard intrigué.
« Mon père va passer me chercher dans un moment… Ma mère est tombée dans l'escalier ce matin, elle est à l'hôpital…
La façon dont il frottait ses chaussures sur l'asphalte montrait qu'il s'en voulait d'abandonner le blond, ce qui rassura un peu ce dernier. Il était toutefois ébranlé que la mère de son meilleur ami ait chuté dans un escalier. Celle-ci avait de la difficulté à marcher, certes, mais elle était constamment surveillée pour éviter ce genre d'incidents.
Il lui sourit et proposa de venir avec lui, mais l'autre refusa.
-Dans ce cas, on ira une prochaine fois… Embrasse ta mère pour moi! Sur ce, il remonta sa vitre alors que l'autre se détournait de l'auto et se dirigeait vers le hall d'entrée de l'immeuble gris-beige.
Lorsqu'il le vit monter du côté passager et boucler sa ceinture dans des gestes furieux, le brun fut satisfait. Il avait cru, durant un moment, que l'autre serait partit et n'aurait pas tenu son engagement, mais il n'en était rien.
Il démarra en trombe, faisant rugir le moteur de sa Mercedes, et roula en fou jusqu'à chez lui, de manière à ce que le jeune ne se souvienne pas du chemin. Ils ne s'étaient toujours pas dit un mot lorsqu'ils arrivèrent devant l'immeuble où résidait le chanteur. Le bâtiment était en briques roses et le toit était de tuiles noires. C'était un bâtiment récent et ça devait assurément coûter les yeux de la tête pour y habiter.
Le chanteur le fit entrer dans le hall dont les murs étaient d'une teinte rosée qui s'harmonisait parfaitement avec la moquette beige. Il y avait un immense lustre de cristal au plafond et des vases en marbre remplis de fleurs étaient placés à côté des portes d'ascenseur. Ils prirent l'un des deux ascenseur, ses portes en or ne faisant aucun bruit, pour se rendre au 7e étage. Asagi vivait au 752. Quand ils y pénétrèrent, Jun fut étonné par toute la simplicité des lieux. Simple dans le sens où on ne trouvait là que le stricte nécessaire. La petite table dans l'entrée était en bois massif et dessus il y avait un petit cendrier en céramique qui était plis utile pour y mettre des clés que pour son utilisation principale. Les murs étaient d'un blanc immaculé avec, pour seul contraste, une moulure en bois qui les séparaient en deux.
Le plancher était en marbre partout, le couloir, le salon et la cuisine, même la salle de bain. Même les comptoirs étaient faits de cette matière. Dans le petit salon se trouvaient deux canapés en cuir noir et une table basse en cristal, qui devait valoir un bras et un jambe. Un écran géant et une chaîne stéréo reposaient tranquillement contre le mur du fond, l'air de ne servir que très rarement. Les portes d'armoires de la cuisine étaient vitrées, ce qui laissait apercevoir la vaisselle en argent et en porcelaine que le chanteur avait acquis.
Celui-ci invita l'autre à s'installer sur l'un des canapés. N'ayant pas pris le même, ils pouvaient aisément se faire face, l'un attendant de savoir, l'autre le détaillant. Ce fut quand le plus jeune lui demanda ce qu'il devait faire que le plus âgé se mit à parler.
Le détaillant de manière approfondie pour la première fois, Asagi se rendit compte que Jun était une assez belle personne. De taille moyenne, la silhouette à peine musclée, mais juste assez pour savoir qu'il devait être fort. Ses bras, surtout attirèrent son attention, les muscles de ceux-ci lui montrant qu'il devait avoir une bonne pratique et même un certain talent. Ses mains étaient couvertes de corne et devaient sûrement être rêches. Il n'avait aucune parcelle de gras superflue sur le corps, ce qui l'embellissait d'autant plus. Ses lèvres étaient pulpeuses et bien dessinées. Son nez était un peu plus gros que la moyenne, mais il n'en avait pas moins un magnifique visage. Asagi ne pouvait passé de commentaire sur ce détail puisqu'il avait lui-même un nez sensiblement plus gros que la normale. Et il y avait les yeux du plus jeune. Deux yeux d'un brun des plus banal, mais où on pouvait y lire facilement toutes ses humeurs. La lumière se reflétait dans ses iris, donnant l'impression qu'il y vivait de petites étoiles.
Lorsqu'il entendit la voix du guitariste, il revint à ce qu'il les préoccupaient pour le moment. Il ne put tout de même s'empêcher de penser qu'il avait pêché un fort joli poisson.
« Aujourd'hui, je vais te donner une tâche facile qui consiste à faire un grand nettoyage. Les planchers, les murs et les plafonds de chaque pièces devront être impeccables. Et tu devras également nettoyer le balcon et les fenêtres de celui-ci. Tout doit être propre lorsque je reviendrai. Je ne veux ni salissures, ni traces d'eau sur le plancher. Tout ce dont tu as besoin est dans la deuxième armoire de la salle de vain. Tu ne touches à rien, excepté le nécessaire. Si jamais tu as faim, tu n'auras qu'à prendre une orange de l'oranger qui est sur le balcon… des questions? »
L'autre était bouche-bée. L'homme qui ne disait jamais plus de cinq mots en ligne venait d'aligner au moins cent mots en l'espace de deux minutes. Il secoua la tête de gauche à droite pour répondre à la question posée et se leva, prêt à commencer son dur labeur de femme de ménage.
Asagi, quant à lui, prit ses clés et sa veste et quitta, alors que l'autre était en train de rassembler ses outils de travail dans la salle de bain.
Le chanteur n'avait aucune envie de lui mettre des bâtons dans les roues. Il fallait effectivement nettoyer selon lui. De plus, il avait des choses beaucoup plus utiles à faire que de déranger le travail du jeune homme.
Ce fut presque avec le sourire que le jeune homme aux cheveux roses entama sa dernière corvée, qui consistait à nettoyer les fenêtres. Son t-shirt noir était quelque peu détrempé et il avait relativement chaud, mais il avait tellement hâte de terminer qu'il ne s'en souciait pas. Il se doutait bien que Asagi lui ferait faire autre chose dans les semaines à venir, alors il voulait profiter de tout le temps libre qu'il pourrait avoir. Il commença son travail avec empressement tout en s'appliquant, ne voulant pas que l'autre le fasse recommencer. Ça lui prit une demi-heure pour faire le bas de ces immenses fenêtres. Il était trop petit pour en atteindre le haut, comme toutes personnes de taille moyenne, alors il se mit en quête d'un escabeau. Il fit le tour du logement, tout en évitant soigneusement la chambre du maître, mais n'en trouva point. Il décida donc de prendre une vieille chaise pliante qui se trouvait sur ledit balcon, ne voulant pas salir les chaises de la salle à manger dont les dossiers et les sièges étaient recouverts de velours bourgogne. Il ôta ses vieilles bottes à semelles compensées et grimpa dessus, la chaudière d'eau qu'il utilisait se trouvant au sol, il devait descendre à chaque fois qu'il voulait humidifier ou nettoyer son linge.
Lorsque son travail fut terminé, il posa le linge sur la rampe, de manière à ce qu'il sèche, et se cueillit une orange dans l'arbre que lui avait désigné le chanteur. Il commença à l'éplucher, cherchant une poubelle des yeux. C'est en allant à l'intérieur et en regardant dans l'armoire sous l'évier qu'il la trouva. Il jeta ses pelures, mangea le fruit et commença à ranger son matériel. Il était exténué, sa journée lui étant finalement entrée dans le corps, et son rythme diminua quelque peu quant à la rapidité à laquelle il s'activait. Il vida l'eau sale de la chaudière dans ledit évier et il resta figé un petit moment à regarder l'eau s'infiltrer dans le tuyau. Se réveillant après avoir fixé ;e fond pendant encore cinq minutes, il continua son rangement. Il retourna sur le balcon, s'étant aperçut qu'il avait oublié le linge sur la rampe. Quand il ouvrit la porte, une bourrasque s'abattit sur lui. Il referma précipitamment la porte coulissante et se retourna. Le linge n'était plus sur la rampe, mais bien accroché après un clou qui se situait sur la colonne qui séparait le balcon de Asagi de celui du voisin. Il étira son bras pour le prendre, mais il était hors de portée. Il prit donc la chaise pliante qu'il avait utilisé pour les fenêtres et l'installa près de la rampe. Il remonta dessus et fit un autre essaie. Il le frôlait du bout du majeur, mais n'était toujours pas capable de le prendre. Il dut avancer le pied et se mettre sur le pointe de celui-ci.
Mauvaise idée.
La chaise se replia un peu sur elle-même faisant perdre l'équilibre au guitariste. Voyant le sol sous lui commencer à se rapprocher, il ferma les yeux.
En rentrant chez lui, Asagi vit le jeune homme placer la chaise sur le bord de la rampe. Lorsque celui-ci monta dessus, quelque chose réagit à l'intérieur du chanteur. La chaise était beaucoup trop près de la rampe. Il déposa ses clés et se rendit à la cuisine, les yeux fixés sur le guitariste. Lorsqu'il vit celui-ci avancer son pied, il se précipita à l'extérieur, l'autre basculant finalement dans le vide.
Il avait eu une poussée d'adrénaline et avait réagit par instinct.
Se précipitant sur le plus jeune, il se pencha par-dessus la rampe et encercla sa taille. Il le tira de toutes ses forces et tous deux se retrouvèrent assis sur le balcon, l'un soulagé, l'autre abasourdi. Il prirent un moment à se remettre et c'est le chanteur qui réagit le premier. Il relâcha l'autre et se releva gracieusement. Après avoir épousseté ses pantalons, il tendit la main au plus jeune tandis que celui-ci s'appuyait à la rampe pour se remettre sur pied. Jun la prit avec une certaine hésitation, mais il fut debout en un rien de temps. Quand ils furent face à face, un malaise régnant déjà entre eux, le plus jeune fit un sourire pour détendre l'atmosphère. Le plus vieux répondit par un gifle, ce qui surpris son vis-à-vis.
« Tu es totalement inconscient… sa voix froide n'était qu'un murmure.
-Hein? Parce que j'ai peut-être fait exprès de tomber… répondit l'autre avec hargne.
Le maître de la demeure pouffa tout en le toisant avec mépris.
-Parce que tu crois que c'était une bonne idée de prendre une chaise aussi instable, pour monter dessus, alors que tu es sur le bord de la rampe d'un balcon, au septième étage, bien sûre…Le guitariste ne voulait pas lui donner raison, mais comme il ne trouvait rien à lui répondre, il se contenta de se taire. De plus, poursuivit le chanteur, que faisais-tu à jouer au singe sur cette chaise?
-J'essayais d'attraper le linge… Il s'est prit après le clou qui est là… dit-il en désignant l'endroit où le linge n'était plus.
Le chanteur se détourna et ouvrit la porte.
-Tu devrais peut-être faire plus attention à toi… C'est la deuxième fois que je sauve ta vie. Et il entra, l'autre le suivant en silence. »
Lorsqu'il se réveilla, il se dirigea vers la salle de bain, se sentant un peu nauséeux. Il prit un cachet dans l'armoire à pharmacie, après quoi il se déshabilla et entra dans la douche. Il en ressortit cinq minutes plus tard, se sécha et alla s'habiller dans sa chambre. Il passa ensuite par la cuisine pour avaler un morceau, il ne voulait pas faire une chute de pression durant la journée, après quoi il alla au salon et se mit à écrire des paroles, faisant jouer sans cesse le même instrumental. Après vingt minutes, il s'arrêta, regardant les petites boulettes qui jonchaient sur le plancher. Il n'arrivait pas à avoir d'idée concrète. Il regarda l'heure; 8h30.
Il lui restait beaucoup trop de temps libre.
Le brun se mit à faire un peu de ménage, ce qui ne lui prit pas de temps puisqu'il avait été fait deux jours plus tôt.
Imbécile de guitariste qui avait failli se tuer.
Il prit ses clés et son manteau de cuir et quitta. Il monta dans sa Mercedes et partit en direction du plateau de tournage. Il y trouverait sûrement quelque chose d'utile à faire. Ayant une heure d'avance, il prit son temps pour se rendre et fit de même lorsqu'il arriva et qu'il alla porter ses effets. Il alla voir à quoi ressemblait le décor, même s'il se doutait qu'il ressemblerait un peu à tous les autres. Il fut agréablement surpris de voir celui-ci aussi réussit. Il ne s'y attarda pas trop longtemps, histoire d'aller aider le staff.
Une heure plus tard, il était dans la salle d'essayage en train d'enfiler son costume, les voix de Ruiza, Hide-zou et Tsunehito en bruit de fond. Poussant un soupir de résignation en voyant son reflet, il s'en détourna et ouvrit la porte, prêt pour le tournage. Il n'arrivait pourtant pas à se concentrer entièrement.
Il était sûre que le guitariste de Phantasmagoria allait encore passer proche de la mort aujourd'hui.
Riku avait trouvé ça étrange que Jun ne veuille pas qu'il l'accompagne jusqu'à l'hôpital. Habituellement, il lui demandait de venir, car il avait besoin d'un soutient moral pour supporter le contact de sa famille. Son père était sur le point de le renier à cause de sa carrière de musicien, ses frères lui en voulait d'avoir fait ce qu,eux n'osaient pas faire et sa mère lui faisait porter le fardeau de ses problèmes de santé. Son père et lui avaient passé un marché; s'il ne réussissait pas sa carrière d'une manière assez convaincante pour son géniteur, il se marierait avec une amie d'enfance, une certaine Shina Suzuki, dont le père était dans la classe beaucoup plus qu'au-dessus de la moyenne. Cette situation permettait à Jun d'avoir tout l'argent dont il aurait besoin et de garder son nom, puisque Suzuki était la cadette d'une famille de cinq.
De plus, la réponse de Jun sur la santé de sa mère avait été des plus évasive.
C'était vraiment louche.
Jun s'alluma une cigarette. Il attendait Asagi devant l'entrée pour sa deuxième journée de travail. Il s'était sentit mal de refuser les invitations des membres du groupe pour le week-end et eux n'avaient rien fait pour l'aider. Ils n'avaient pas arrêté d'insister, en particulier Kisaki et Riku. Le guitariste était sûre que ces deux-là le trouvaient louche, mais il ne devait rien laisser paraître.
Alors qu'il était perdu dans ses pensées, la Mercedes s'arrêta devant lui, mais il ne s'en aperçut pas. C'est lorsque le chanteur klaxonna qu'il se réveilla et se précipita du côté passager. Au moment où il ouvrit la portière, il vit que le conducteur pianotait sur le volant avec impatience, ce qui lui donna le réflexe de se dépêcher à monter. Malheureusement, il se cogna le front.
« Itaiii! Fut tout ce qu'il trouva à dire, ou plutôt hurler.
Un bruit en provenance du brun se fit entendre et il avait une expression des plus bizarres. Après quelques secondes, l'expression disparut, mais le guitariste avait eu le temps nécessaire pour la sonder et être perplexe. Est-ce qu'il avait…?
-Alors, tout va bien? Dit le cube de glace.
Non, il avait sûrement rêvé.
-C'est ça, fous-toi de ma gueule… répondit le plus jeune.
S'en suivit un autre bruit peu singulier, mais le plus vieux avait déjà détourné le visage, empêchant Jun de voir son expression.
Plus aucun mot ne fut prononcé par la suite. C'est seulement arrivés au 752 que Asagi brisa le silence qui les entourait. Il pointa le salon et lui dit quoi faire.
-À partir d'aujourd'hui, tu peins les murs du salon. La couleur, les pinceaux et les rouleaux sont ici, dit-il en pointant la table basse. Il ne te reste plus qu'à déplacer les meubles et à étendre la toile. »
Le jeune aux cheveux roses ôta son manteau et commença le travail. Il en avait au moins pour deux jours. Par chance, ce jour-là, il s'était hasardé de vieux vêtement. Ça ne lui dérangeait donc pas de se salir. Il fallait simplement ne pas salir le reste.
Les deux divans se retrouvèrent sur le balcon, tous deux recouverts de pellicule plastique, et la table basse et la télévision se retrouvèrent dans la cuisine, avec la télé elle-même et Asagi qui travaillait à la table, des écouteurs sur les oreilles et un stylo à la main.
Ce fut la même chose le jour suivant. Le chanteur resta chez lui, essayant de composer un texte, pendant que le guitariste peinturait le salon.
Aucun des deux ne tentait de parler à l'autre, mais il étaient tous les deux très conscients de la présence de l'autre. Ce silence n'était pourtant pas pesant, juste étrange. Bien sûre, tous deux étaient si affairés qu'ils ne s'en rendaient compte que lorsqu'ils se permettaient de souffler.
Vers 3h30, le guitariste avait fini son travail, les murs étaient d'un beau gris clair qui ressortait bien avec les dalles de marbre noires.
Il allait commencer à replacer les meubles, mais il sentit la main du chanteur sur son épaule. Celui-ci lui donna un verre d'eau, qu'il but d'un seul trait.
« Tu en as assez fait pour ce week-end… dit le brun. Je replacerai le reste moi-même, mais pour l'instant je vais aller te reconduire. »
Le jeune le remercia, après quoi il quitta, avec une nouvelle impression du plus vieux. Celui-ci avait été agréable, presque gentil, avec lui, ce qui était plutôt étrange. Le plus veux le suivait en silence. Le calme était revenu et le guitariste sentait qu'il s'y habituerait facilement.
« Hé, Asagi! Résonna la voix du blond.
L'interpellé se retourna et attendit que son ami arrive à sa hauteur. Celui-ci arriva, essoufflé d'avoir essayé de rattraper cet homme qui marchait à grandes enjambées.
-Qu'est-ce qu'il y a? fut la seule réponse que le blond obtint.
Ruiza prit le temps de reprendre son souffle avant de parler.
-Kisaki m'a envoyé un texto pour nous inviter à aller au bar demain… Alors si jamais tu veux venir, tu es le bienvenu… même si ça s'est plutôt mal passé la dernière fois… finit-il dans sa barbe.
Le vocaliste réfléchit un moment. Pour une fois, il avait vraiment envie d'y aller, il ne savait trop pourquoi. D'un autre côté, il avait le pressentiment que ça allait encore mal finir. Il inspira un bon coup et laissa sortir la réponse d'elle-même.
-C'est d'accord, dit-il de sa voix grave, je viens! »
Ils ne se rendirent pas dans le même bar cette fois-ci. Celui-ci était beaucoup plus fréquenté, mais il fallait être V.I.P. pour y accéder, ou un invité de V.I.P.. Ils y entrèrent assez rapidement pour un bar du genre. Ruiza était plutôt impressionné par le décor, alors que Asagi, comme à son habitude, y était complètement indifférent. Lorsqu'ils arrivèrent à la table, une jolie fille à la silhouette bien découpée la quittait.
Plusieurs eurent l'air surpris de voir Asagi s'installer avec eux, surtout ceux qui avait assistés à sa dernière scène.
Kisaki, Wataru et Riku étaient là, mais il y avait aussi Jui, Tero, Rame et Matoi qui étaient de la partie, ainsi que Jun.
Les deux nouveaux venus s'installèrent, Ruiza à côté de Wataru et Asagi à côté de Jui8.
Les deux divas s'enfermèrent dans une bulle, se mettant à parler de ce dont les divas parlent entre elles.
La soirée était bien entamée, tout le monde s'amusait bien, les deux chanteurs étaient dans leur monde, tandis que les autres pariaient sur celui qui obtiendrait le numéro d'une des femmes du bar le plus rapidement. Le record était de 5 minutes 30, fait par Wataru, lorsque le tour du guitariste aux cheveux roses vint. Kisaki lui proposa la femme qui était venue les voir un peu plus tôt, mais il refusa, disant qu'il en serait incapable. Le bassiste mit alors 2000 yens sur la table, un enjeu plus gros que ceux déjà récoltés. Ce ne fut pourtant pas assez pour le convaincre. Ce fut ce qui attira l'attention du chanteur de D. Il ne trouvait pas que c'était normal qu'un homme de classe moyenne comme Jun ne veuille pas aller draguer, surtout si l'enjeu était aussi gros pour une chose aussi futile. Il fallu que Tero, Riku et Matoi mettent leur contribution pour qu'il se décide à passer à l'action. Avant de partir pour la quête du numéro de téléphone, il proposa de ramener à boire. Chacun fit sa commande, sauf les deux isolés. Il se permit donc de s'adresser directement à eux.
« Et vous… vous ne prenez rien? Demanda-t-il innocemment.
-Je suis capable d'y aller par moi-même, répondit automatiquement Asagi.
Jui, quant à lui, enchaîna plus amicalement.
-Non merci. Je n'ai pas très soif… »
Le jeune homme se leva alors pour aller chercher à boire et le numéro de téléphone. Tous le regardèrent faire, intrigués par ce jeune homme qu'ils n'avaient jamais vu à l'œuvre. Il commença par passer commande, après quoi il engagea la conversation avec la dame. C'était Matoi qui chronométrait. Après 2 minutes, femme sortit un crayon. Wataru, qui avait juré haut et fort que personne ne pourrait le battre un peu plus tôt, était béat devant la rapidité à laquelle le plus jeune avait fait son acquisition.
Il arriva à la table, les mains pleines, le plateau qu'il tenait chancelait et le numéro dépassait de la poche de sa chemise. Il déposa le tout et voulu rejoindre sa place, mais vit qu'elle était prise par Ruiza, à qui Tero montrait quelque chose, et que tout le monde avait décalé de siège. Il se dirigea donc vers la seule place vacante, entre Kisaki et Asagi.
Kisaki lui donna une claque dans le dos et on lui demanda quel était son secret. L'air amusé, il refusa de leur révéler quoi que ce soit. Ils eurent beau dire ou faire, aucun d'eux ne réussit à le faire avouer.
Asagi et Jui étaient de nouveau dans leur monde.
Après un long débat pour lui faire admettre son secret, Jun décida de leur révéler, à une condition.
« Si vous voulez le savoir, il faudra battre mon record!
Tous s'activèrent alors, chacun leur tour, à essayer de pulvériser le record du plus jeune, sans succès. Seul les deux divas ne leur prêtaient pas la moindre attention. Ce, jusqu'à ce que Kisaki les mettent au défi de le faire.
-Et vous, dit le bassiste, vous êtes trop intimidés par le jeune pour essayer de le battre? Et son sourire moqueur apparut tandis qu'il disait cela.
Jui se leva le premier. Il se dirigea vers la même femme et, après moins d'une minute, il revint, les mains vides. Il se rassit, l'air boudeur, et se mit à se plaindre.
-Elle m'a dit qu'elle était déjà prise, cette sale menteuse! S'exclama-t-il. »
Cette déclaration entraîna l'hilarité générale, excepté chez le plus jeune et le glacier9.
Celui-ci trouvait que quelque chose n'allait pas dans l'attitude de Jun. Il était trop calme et son succès avait été trop facile. Il y avait quelque chose qu'il ne disait pas.
Le chanteur de D se leva à son tour. Il se dirigea vers la jeune femme. Les autres le suivirent du regard. Intrigués de le voir, à son tour, approcher la demoiselle qui avait rejeté Jui, alors que c'était une beauté naturelle10.
Lorsqu'il l'aborda, ce ne fut point pour lui demander son numéro de téléphone.
« Avez-vous un lien quelconque avec Yamato?
La femme fut si surprise qu,elle failli laisser tomber son verre.
-N… non! Balbutia-t-elle.
Il s'assit sur le tabouret libre à côté d'elle et commanda une bière.
-C'est étrange… il soupira, car il semble que Jui ait une attitude bien plus charmeuse que Yamato…
La femme avait l'air quelque peu nerveuse, comme si elle cachait quelque chose. La bière du chanteur arriva et il se mit à la siroter tranquillement, comme si de rien était. Il sentait le regard de ses compagnons scotchés sur eux, se demandant tous ce qu'il était en train de faire.
-Pourquoi avoir donné votre numéro à Yamato si vous étiez prise? Se contenta-t-il de dire.
La jeune femme abandonna. Elle n'avait pas le cœur à mentir après ce que le guitariste venait de faire.
En soupirant, elle déposa son verre et tourna la tête vers le chanteur qui avait fait la même chose.
-Parce que c'est pas lui que je suis prise… fini-t-elle par admettre. »
Se contentant de cette réponse, le brun retourna à sa place, sous les regards intrigués des autres. Il répondit la même chose que Jui, sans émotion toutefois.
Lorsque tous eurent repris leurs conversations, Asagi se tourna vers Jun, qui avait l'air dans un autre monde, sûrement épuisé d'avoir fait autant de bruit toute la soirée.
-Je connais ton secret… fini-t-il par dire froidement.
Le plus jeune allait demandé de quoi il parlait, lorsqu'il comprit. Le visage résigné de Shina… Il ne sut pourquoi, mais il partit dans une grande fureur. Il prit son verre et en vida le contenu à la figure de Asagi, tout en se levant de sa chaise.
-Alors de un, s'il te plaît, Précieux, tu fermes ta gueule… ce qui fit tourner toutes les têtes autour d'eux, secondo, ne te mêle pas de la vie des autres! Dit-il avec hargne.
Il ne vit pas le coup venir. Il se retrouva affalé au sol, un Asagi offusqué au-dessus de lui, du sang qui n'appartenait pas au chanteur sur le poing.
-Évite de te faire remarquer dans ce cas, répliqua le dominant, acide. »
Sur ce, il tourna les talons et quitta avant d'avoir envie de le tuer.
Ruiza l'avait suivit, évidemment. Il courait derrière lui à en perdre haleine. Il consentit à s'arrêter seulement lorsqu'il eut atteint la Mercedes, se souvenant que c'était lui-même qui allait reconduire le blond.
Celui-ci essaya à plusieurs reprises de lui faire dire quelque chose, sans succès. Il gardait obstinément le silence. Ce fut seulement lorsqu'ils atteignirent le bloc du plus jeune et que celui-ci ne voulu pas descendre que Asagi finit par se résigner.
« Tu veux savoir ce qui s'est passé? Fini-t-il par s'emporter. J'ai simplement découvert quelque chose que je n'aurais pas du et ça l'a mis en colère. Voyant que son auditeur s'apprêtait à dire quelque chose, il ajout; et ce n'est pas de nos affaires alors tu ne sauras pas ce que c'est! Sur ce, je te prierais de quitter mon véhicule pour que j'aille me reposer… Bonne nuit! »
Voyant qu'il ne pouvait gagner, Ruiza descendit de l'auto et prit la direction de chez lui.
Lorsqu'il arriva chez lui, la porte était déjà déverrouillée. Il avait un bonne idée de qui était là. Il prit donc tout son temps pour se débarrasser, avant de se diriger vers le salon où son « invité » l'attendait.
« Alors, Asa-chan, tu t'es bien amusé? Questionna le chanteur.
Il tenait une coupe de vin rouge à la main et lui souriait d'un air moqueur. Sa jupe était noire et son bustier à col en V était pourpre. Ses cheveux noirs faisaient ressortir le blanc de son teint et ses faux cils accentuaient son regard sensuel11.
-Excepté le fait que je sens la bière et que j'ai mal aux jointures, j'ai passé une excellente soirée à parler avec Jui… répondit-il avant d'aller dans sa chambre pour changer de t-shirt.
Lorsqu'il en ressortit, il alla dans la cuisine et passa sa main endolorie sous l'eau froide. Il se prit par la suite un verre d'eau et resta planté, debout devant la fenêtre de la cuisine, à le boire. La voix de l'intrus le sortit de ses rêveries.
-Je t'ai manqué? Demanda-t-il en passant un bras autour de sa taille et posant son menton au creux de son épaule.
Sans bouger, ni même ressentir quoi que ce soit, il prononça sa réponse, la voix totalement indifférente.
-Pas vraiment…
Au lieu de se vexer, l'autre se mit à l'embrasser dans le cou et se mit à remonter le t-shirt du brun avec ses deux mains.
Celui-ci, toujours aussi indifférent, prit les mains baladeuses et les retourna à leur propriétaire. Celui-ci émit un grognement de mécontentement et repartit de plus belle, glissant ses mains dans le pantalon de Asagi.
-Ne me repousse pas, s'il te plaît, Asa-chan… lui murmura-t-il à l'oreille. Ce ne serait pas bon pour ma santé mentale.
La supplique fit rire ledit Asa-chan.
-Ton mental est aussi en santé qu'un bébé mort-né. »
L'autre vocaliste se contenta d'émettre un petit rire avant de continuer ce qu'il avait commencé à faire. Le plus grand se laissa faire, cette fois, se disant qu'une fois de plus ou de moins ne changerait rien.
1 Désolée, c'était trop tentant!
2 CASSÉ!!
3 Des spécialistes de Asagi autrement dit…
4 La plèbe est un mot qui provient de l'anglais d'Angleterre pour désigner les gens du peuple.
5 C'est louche!
6 Hein? Pourquoi?
7 Ça fait un peut Kaya comme phrase!
8 Ils serait placés comme ça dans ma tête.
9 Je le maltraite un peu trop!
10 Cadeau pour Trucydae!
11 Guess who's it!
