Note de l'auteur : une manière de me retirer ce que j'ai à l'esprit. Non achevée pour l'instant mais qui sait ... L'inspiration viendra sûrement.
Un nouveau départ
Prologue
Elle était tout pour moi. Mon amie ... Ma meilleure amie, ma confidente, mon amante, mon âme-soeur et même la mère de mon enfant. J'avais espéré pouvoir l'aimer jusqu'à ma mort, la regarder vieillir à mes côtés. Mais le destin en a décidé autrement. Au plutôt sa maladie. J'ai regardé ma femme rendre son dernier souffle, il y a aujourd'hui dix ans. Je pensais que les jours, les mois, les années atténueraient cette peine, cette souffrance ... Mais rien. J'ai essayé du mieux que je pouvais d'élever notre fille. La seule partie d'elle qu'il me reste. Je ne remercierais jamais ce scientifique considéré longtemps comme fou pour permettre à deux femmes d'avoir un enfant. Parce que c'est grâce à lui que je vois une partie de Nyamirin chaque jour. Que ce soit ce regard rouge roi ou ces cheveux châtains clairs. Ma fille est aujourd'hui âgée de seize ans. Ma fille qui, sans le vouloir, rouvrira une blessure que je croyais cicatrisée. La maladie m'a belle et bien séparé de Nyamirin mais le destin semble vouloir que je poursuive mon chemin. Alors pardonnes-moi mon amour si j'ouvre de nouveau mon coeur.
Dix ans que j'essaie de me reconstruire. En vain. Cette homme m'a tout prix. Non, je peux me consoler en me disant qu'il m'a pris mon innocence, ma fierté et même une partie de ma santé mentale mais non, il ne m'a pas privé de la seule chose avec laquelle il me retenait. Mon fils. Profitant de son départ pour le travail, j'ai simplement attrapé mon fils de six ans et suis partie direction un centre pour femmes subissant des violences conjugales. Après plus de six ans à vivre cachée ... A ne sortir que pour travailler, un agent de police m'a annoncé une chose qui me fait trembler malgré que cela devrait me rassurer. Sa mort. Pourtant, une partie de lui vit encore. Dans mon fils. Lui qui lui ressemble à mon grand désespoir. Que ce soit par ce regard vert émeraude froid, distant ou encore par ses cheveux noirs. Mon fils ne possède que mes traits fins et mon nez. Ainsi que mon kyoto-ben. Depuis dix ans, j'essaie de l'élever seule. J'essaie de faire de lui un homme bien. Un homme capable d'aimer sa femme uniquement en la couvrant de douceur et de bonheur. Un homme ne ressemblant en rien à Kukaï. Mais là où je croyais un jour pouvoir me tourner de nouveau vers le futur, mon passé refait de nouveau surface avec cette femme ressemblant trait pour trait à Kukaï. Et pourtant je n'arrive pas à m'éloigner d'elle. Que dois-je faire?
Fin du prologue
Une femme avait le regard vague tout en feuilletant le dossier placé devant elle. Son assistance, témoin de la scène souffla après plusieurs minutes à fixer sa patronne inconsciente du monde extérieur et surtout de sa présence.
- Madame Kruger? Est-ce-que tout va bien?
La dénommée Kruger releva son regard. Depuis quand son assistante était dans son bureau? Ce n'était vraiment pas une bonne journée pour elle. Ses pensées étaient toutes dirigées vers un lieu en particulier. Lieu ne s'avérant pas être son entreprise. Elle décida de laisser la question en suspens. Non tout n'allait pas bien mais personne ne pouvait y faire quelque chose.
- Quand prendras-tu l'habitude de me tutoyer et de m'appeler par mon prénom Yukino.
Yukino rougit d'embarras tout en réitérant sa question.
- Puis-je faire quelque chose pour vou... T'aider Natsuki?
Natsuki glissa le dossier en direction de son assistante.
- Je n'arrive pas à me concentrer. J'espère que tout se passe bien.
Yukino rigola tout en se relevant, dossier en main. Toujours et encore la même inquiétude. Elle aurait dû s'en douter.
- Je suis sûre que tout va pour le mieux pour Kaori. Tu devrais cesser de t'inquiéter pour ta fille.
Natsuki fixa l'extérieur et attrapa sa veste au vol.
- Les cours ne sont pas faciles à Fuuka et ... Elle est entrée en milieu d'année. Je vais aller l'attendre au portail. Je suis sûre qu'elle aura beaucoup de choses à me dire.
Yukino secoua la tête en voyant sa patronne se diriger vers l'extérieur. Elle murmura doucement.
- Une telle mère poule.
Pendant ce temps à l'Académie de Fuuka.
- Que s'est-il encore passé?
- M'man je ...
- Yuki je dois m'entretenir avec ta mère. Attends-là dehors.
Attendant la sortie de son fils, la mère souffla légèrement tout en s'asseyant en face de la directrice. Celle-ci secoua la tête.
- Je suis désolée Shizuru mais Yuuki est difficile à gérer en ce moment.
- Quelle était la raison aujourd'hui Ahn?
Ahn ajusta ses lunettes et repris plus difficilement.
- Yuuki ... Des rumeurs courent sur toi et ... Je ne peux pas tout contrôler tu sais.
- Quel genre de rumeurs?
- L'admission de Yuuki. Il est entrée avec des notes très basses et beaucoup se demande pourquoi il a réussi à intégrer cette école. Sans compter que tu as un poste d'enseignante ici sans vraiment de qualification. L'une des rumeurs suggère que tu ... Tu as offert une ... Compensation à un des membres de la direction.
Shizuru secoua la tête tout en se relevant.
- Je ... La mère de Kukaï connaissait l'ancien directeur. Et elle a tenu à ce que nous intégrons cette école. Je n'ai pas eu mon mot à dire. Elle est la seule qui m'a aidé. Elle est la seule que je regrette de mon passé.
Ahn se releva et posa une main sur l'épaule de Shizuru.
- Yuuki ne devrait pas réagir de cette manière ... Il ne fait que davantage les provoquer.
- Il cherche juste à me protéger.
Ahn caressa doucement la joue de Shizuru et releva son menton. Elle s'avança vers ses lèvres et sentit un mouvement de recul ne lui appartenant pas.
- Tu devrais être plus honnête envers toi et envers lui. Cela atténuerait les rumeurs si tu ferais face à ce que tu es Shizuru. Tu n'as toujours pas répondu à ma proposition.
Shizuru murmura le regard vague.
- Si je réponds non ... Tu arrêteras de défendre mon fils?
Ahn fronça les sourcils et se réinstalla derrière son bureau.
- Tout le monde ne cherche pas à te nuire Shizuru. Même si tu ne souhaites pas de ma présence en tant que compagne, je n'ai pas l'intention de changer mon avis sur ton fils. Il est plus intelligent que ses notes laissent paraître. Je n'ai pas l'intention de te retenir avec ton fils. Quel estime possèdes-tu de moi Shizuru? Je ne suis pas Kukaï.
- Je suis désolée ...
Ahn fit signe à Shizuru de s'en aller.
- Il nettoiera la salle de Kendo pendant trois semaines à partir de demain. Peut-être que ça lui permettra de comprendre que sa pratique n'est pas là pour se battre mais pour canaliser son énergie.
- Maman?
Natsuki sourit légèrement tout en se dirigeant vers sa fille.
- Je ... Tout s'est bien passé?
Kaori hocha la tête tout en prenant place du côté passager.
- Je suis au lycée maintenant, je peux rentrer à pied ou en bus.
Natsuki hocha la tête et fixa un instant sa fille bien silencieuse.
- Tu es sure que tout va bien?
Kaori murmura doucement.
- Je crois que oui.
Arrivée chez elle, Kaori se dirigea dans sa chambre et sortit un album photo. Elle retraça les traits sur la photo. Elle sentit une prise sur son épaule.
- Elle me manque aussi.
- Maman?
- Hum?
Kaori fixa un instant les photos puis secoua la tête.
- J'ai des devoirs à faire alors ...
Natsuki sourit tout en se dirigeant à l'extérieur. Seule, Kaori avala difficilement sa salive tout en retraçant une photo du bout des doigts.
- Ce n'est pas une coïncidence. Mais comment puis-je lui dire?
- Je suis désolé M'man.
Shizuru se retourna et vit son fils la tête baissée vers le sol. Shizuru se rapprocha et caressa ses cheveux.
- Tu finiras par te faire renvoyer et je devrais démissionner. Je sais que tu essaies de me protéger Yuuki mais je vais bien. Tu ne dois pas te servir de tes bases de Kendo pour faire du mal aux autres. Laisses parler les gens Yuuki. Ils finiront bien par arrêter. Concentres-toi plutôt sur tes études.
- Mais ...
- Comment ont été les cours aujourd'hui?
Voyant que la discussion n'évoluerait pas, Yuuki s'affala sur une chaise tout en fixant sa mère.
- Y'a une nouvelle.
- En milieu d'années?
Yuuki hocha la tête tout en saisissant une canette de soda.
- Il semblerait que sa mère ait été promue alors elle a dû intégrer rapidement l'Académie. Tu la verras demain. Elle a pris ta matière en option.
- Tu as l'air bien renseigné.
Yuuki rougit légèrement puis sourit à sa mère.
- Elle est jolie.
- A-t-elle un prénom?
- Kaori Kruger.
Shizuru hocha la tête tout en se dirigeant vers le salon.
- J'ai entendu dire que tu étais assez populaire avec les filles alors sois gentille avec elle. ça doit-être dur de ne connaître personne.
Yuuki se contenta de finir sa canette et de monter vers sa chambre.
- Tu as besoin d'aide?
Kaori sursauta légèrement face à l'intrusion. Natsuki s'assit sur le rebord du lit et caressa doucement les cheveux de sa fille. Celle-ci murmura doucement.
- J'ai fini. Maman?
- Hum?
- Parles-moi encore d'elle.
Natsuki caressa machinalement sa bague tout en murmurant.
- Je t'ai promis de te parler d'elle quand tu seras en âge de comprendre mais ... Il est tard.
- Tu cherches toujours une excuse.
- Très bien. Que veux-tu savoir?
- Tout.
Natsuki sourit faiblement tout en caressant le visage de Kaori.
- Nous avions dix ans la première fois que l'on s'est rencontré. Nyamirin a été patiente avec moi dès le premier jour. Elle m'a toujours poussé à plus. Que ce soit dans le fait de me faire des amis, de travailler ou encore dans la vie de tous les jours. Elle était ma force mais également ma plus grande faiblesse. A vingt ans, on lui a diagnostiqué un cancer du sein bénin. Tu sais ce que ça veut dire?
- C'est un cancer inoffensif.
Natsuki secoua la tête.
- C'est ce que nous avions cru. Elle voulait absolument un enfant avant de se faire opérer à cause des complication mais ...
- Mais?
Natsuki fixa sa fille tout en cherchant ses mots.
- Tu n'es en rien responsable tu entends? Nous étions toutes les deux préparées à cela.
- Elle est morte à cause de moi?
Kaori sentit l'étreinte se faire plus ferme.
- Non! Je t'interdis de penser ça tu entends?
- Mais ...
- Nyamirin a pu te tenir dans ses bras jusqu'à tes six ans. Alors tu n'y es pour rien. Après ta naissance, elle a refusé l'opération par peur de mourir. Et quand elle s'est décidée ... Il était trop tard.
Natsuki déglutit difficilement tout en retenant ses larmes.
- Avant de mourir elle m'a dit que je ne serais jamais seule. Que même si elle partait, elle serais là auprès de moi. Parce qu'une partie d'elle coule dans tes veines. Nyamirin vit en toi. N'oublies jamais cela.
Kaori hocha la tête et serra légèrement sa mère.
- Il y a une réunion parent-prof en fin du mois.
- C'est donc cela qui te perturbe?
Kaori hocha la tête.
- Les étudiantes sont gentilles mais très curieuses et ça me met mal à l'aise d'en parler.
- Je peux demander à Tate de venir si tu veux.
Voyant la grimace sur le visage de sa fille, Natsuki rigola légèrement.
- Tate est un homme bien. Tu préfères peut-être que je demande à Mai?
- Non! Tante Mai va trop parler. Je préférerais ne pas y aller.
Natsuki allait répondre mais son téléphone vibra.
- Je dois répondre. Nous rediscuterons de ça plus tard. Vas dormir.
Kaori n'aimait pas la foule. Elle préférait le silence. Mais il semblerait qu'elle était devenue l'attraction de la classe. Elle chercha un coin pour s'isoler et fut surprise de trouver un jeune homme sur le toit de l'Académie. Celui-ci la fixa un instant puis continua à grignoter son paquet de chips. Kaori s'installa à proximité sans le moindre bruit.
- Tu en veux?
- Non merci.
- Pour la manière je suis Yuuki Viola.
- Kaori Kruger.
- Je sais ... Toutes les folles commères sont déjà sur ton dos non? Elles se lasseront si tu les envois bouler. Simple conseil.
Kaori hocha simplement la tête et vit le jeune homme se lever.
- Tu viens? Ma mère déteste les retardataires.
- Ta mère?
- Notre prof de littérature anglaise.
Kaori gela sur place devant la femme qui lui faisait face. Ce n'était donc pas une coïncidence. La femme qu'elle avait perçu lors de sa recherche du premier jour. Elle trembla légèrement face à cela essayant de masquer ses larmes mais en vain. Elle avait des hallucinations. Voilà pourquoi elle ne voulait pas que sa mère vienne ici. Parce que ça la détruirait encore une fois. Kaori avait vu sa mère s'effondrait à la mort de son autre mère. Natsuki avait sombré. Pendant plusieurs mois, Natsuki était l'ombre d'elle-même. Ne prêtant plus d'attentions ni à sa fille ni même à son travail. Mai avait alors été d'un grand secours. Elle avait été la mère de substitution de Kaori. Jusqu'à l'entente d'une gifle en plus d'une colère explosive de Mai. Ce qui avait ramené à la réalité Natsuki. Ce qui lui avait fait prendre ses responsabilités. Depuis lors, Natsuki était devenue ce parent sur-protecteur. Mais aussi ce parent seul, ne prenant pas le temps de faire autre chose que travailler et veiller sur sa fille. Natsuki avait réussi à se reconstruire mais il ne fallait pas grand chose pour que cela vole en éclats. La vue de cette femme serait sans doute l'élément déclencheur.
- Mademoiselle Kruger?
Elle ne sait pas pourquoi elle avait tourné les talons et était sortie de ce cours. Ce qu'elle sait fut qu'elle se dirigea vers les toilettes et explosa en sanglots. Elle ne pouvait pas gérer cela. Pas à seize ans. Elle entendit une légère frappe et vit la femme de son tourment s'inviter à l'intérieur. Celle-ci s'accroupit à hauteur de Kaori et caressa ses cheveux. Pendant un instant, elle ferma les yeux se remémorant une touche similaire. Mais ce n'était qu'une douce torture. Elle ne put que murmurer faiblement.
- Maman ...
Shizuru fronça légèrement les sourcils face au murmure. Elle avait été surprise par la nouvelle étudiante. Les mêmes yeux et couleurs de cheveux. Mais de là à ce que la jeune femme l'appelle de cette manière. Elle posa une main sur le front de la jeune femme.
- Tu as de la fièvre. Je vais te conduire à l'infirmerie et appelez ta mère.
- Non ... Je vais bien Madame Viola. Je vais aller en cours. Je suis désolée pour mon comportement.
Shizuru fixa la jeune fille se levait et l'imita dans son geste. Le cours ayant repris, Shizuru lança des regards en direction de la jeune fille qui semblait hors d'atteinte. A la fin de la sonnerie, elle vit son fils allait à la rencontre de la jeune fille. Elle se dirigea dans son bureau et saisit la fiche de Kaori. Elle composa alors le numéro indiqué en cas d'urgence.
- Quoi qu'ait cette petite, sa mère a le droit de savoir.
Natsuki n'avait jamais descendu aussi vite les marches de son perron. Et encore moins roulé à une vitesse aussi folle. Elle passa le pas de l'entrée de l'Académie et se dirigea rapidement vers l'infirmerie grâce aux indications de certaines étudiantes. A l'entrée de celle-ci se tenait Yuuki qui la détailla légèrement.
- Vous êtes la mère de Kaori?
- Elle est là-dedans?
Yuuki hocha la tête et sentit une légère pression sur son épaule.
- Merci.
- Maman?
- Par Kami tu n'as rien.
- Mais pourquoi?
Natsuki détailla sa fille à la recherche de la moindre égratignure mais se fit arrêter par une tierce personne.
- Madame Viola s'inquiétait pour l'état de votre fille. Mais tout est normal.
- Madame Viola?
- Ma prof de littérature.
Natsuki tendit une main à sa fille pour la faire descendre du lit.
- La directrice semble nous attendre allons.
Tout ce que souhaitait Kaori se résumait à une chose. Ne pas voir Madame Viola durant le trajet jusqu'au bureau de la directrice. Mais il semblerait qu'elle n'ai pas pensé assez fort. Elle sentit sa mère se raidir d'un coup lorsqu'elle distingua la personne en question. Natsuki s'avança vers Shizuru, ne prenant pas en compte le regard des autres personnes et surtout pas le regard interrogateur sur le visage de Shizuru. Celle-ci sentit une légère caresse sur son visage ainsi que des mots dont elle ne comprenait pas la signification.
- Je suis en train de rêver ... Par Kami Nyamirin ... Tu es en vie.
Natsuki sentit une prise ferme sur son poignet.
- Ce n'est pas elle c'est Madame Viola.
Natsuki se reconnecta à la réalité tout en fixant sa fille. Celle-ci semblait d'un coup apeurée. Elle sentit une légère caresse dans ses cheveux. Natsuki déglutit difficilement tout en s'adressant à Shizuru.
- Je m'excuse pour ... ça. Allons Kaori ... La directrice nous attend.
Malgré les multiples murmures, Shizuru était concentrée sur le départ de Natsuki. Elle frissonna légèrement se souvenant de ce regard.
- Il n'avait pas de soeur ... C'est une simple coïncidence.
Natsuki entra dans le bureau de la directrice suivit de près par sa fille. Après une réflexion éclaire, elle donna son trousseau de clés à sa fille.
- Vas m'attendre dans la voiture.
- Mais ...
- S'il te plaît.
Kaori souffla légèrement puis s'inclina tout en refermant la porte. Natsuki reporta son regard vers la femme lui faisant face. Celle-ci lécha légèrement ses lèvres tout en parlant d'une voix claire.
- Votre fille semble légèrement en difficulté.
Natsuki secoua la tête tout en s'installa sur le siège présenté.
- Ecoutez ... Ma fille et moi avons vécu des choses difficiles alors ... Cela ne se reproduira plus.
- Je suis désolée pour votre perte.
Natsuki hocha simplement la tête tout en poursuivant sur un autre terrain.
- J'aimerais le transfert de ma fille dans un autre module optionnel. Elle est assez bonne en sport alors ...
- Je regrette mais quelque soit votre raison, la réponse est non.
Voyant le regard dur de Natsuki, Ahn reprit plus doucement.
- Shizuru est quelqu'un de bien qui se soucie de chaque élève. Votre fille ne fait pas exception à la règle. Quel que soit le problème entre elle et votre fille, il y a matière à discuter et à régler le malaise. Non pas en l'évitant ou le contournant mais en agissant en adulte.
Natsuki sortit son carnet de chèques de son veston puis murmura doucement.
- De manière adulte? Combien?
Ahn rigola légèrement.
- Alors c'est de cette manière que vous réglez les choses? Ma réponse est toujours la même. Nous avons certes besoin de fond mais pas de cette manière.
- Vous semblez familière avec cette femme. Que penserez la direction s'il avait notion de votre relation hors professionnelle?
Ahn se raidit légèrement mais se releva. Tout en se rapprochant de l'oreille de Natsuki, elle murmura.
- Qui que vous soyez ... Ne vous avisez jamais de poser une main sur Shizuru. Vous n'êtes pas la seule à souffrir Kruger-han. Et pour votre gouverne, Shizuru est l'une de mes amies d'enfances. Rien de plus rien de moins.
Natsuki se releva mais s'arrêta lorsqu'elle sentit une main sur son poignet.
- Je n'hésiterais pas à virer votre fille et faire de son avenir scolaire un enfer si vous osez encore une fois faire référence à Shizuru. Il n'y a pas que vous qui possédait des connaissances ou de l'argent. Suis-je assez claire?
Tout en remontant vers sa voiture, Natsuki se maudit intérieurement. Qu'est-ce-qui avait bien pu lui passer par la tête pour réagir de cette manière? Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle vit sa fille appuyée sur le capot de sa voiture en compagnie d'un jeune homme.
- Hum Hum.
Le jeune homme sursauta puis s'inclina en signe de respect devant Natsuki.
- Je suis Yuuki Viola. Je voulais m'assurer que votre fille va bien.
Natsuki tilta légèrement sur le nom de famille mais s'abstient de tous commentaires.
- Elle va bien. Kaori nous y allons.
- Maman?
- Hum?
Natsuki s'arrêta dans son travail et fixa sa fille au-dessus de son ordinateur. Celle-ci s'avança et se cala instinctivement sur les genoux de sa mère. Natsuki soupira légèrement tout en caressant le dos de sa fille.
- Yuuki m'a dit que sa mère s'excusait pour la gêne occasionnée.
- Sait-elle au moins la raison de notre trouble?
Kaori secoua la tête dans la poitrine de sa mère. Natsuki reposa sa tête sur le haut du crâne de sa fille tout en reprenant.
- Est-ce-que ça va aller?
N'ayant pas de réponse, Natsuki décida de laisser sa question en suspens. Elle reprit tout en passant une main dans les cheveux de sa fille.
- Elle est plus grande que Nyamirin. Et ses yeux sont un peu plus foncés. Mais le reste ... Promets-moi que tu me le diras si c'est trop dur pour toi.
- Je promets.
- Hey!
Kaori referma son sac et se tourna vers le jeune homme responsable de ses propos.
- Bonjour Yuuki.
Celui-ci fixa un instant le reste de la classe et se rapprocha de Kaori.
- A propos d'hier ... Je ...
Kaori secoua la tête faisant taire le jeune homme dans sa demande.
- Je ne veux pas en parler. Pas ici.
Yuuki vit Kaori s'en aller et après une brève hésitation la suivit. Celle-ci monta sur le toit de l'école et s'installa sur un muret. Elle s'assura d'être seule avec Yuuki puis elle murmura difficilement.
- Pour ce qui est d'hier ... C'est difficile pour moi de t'expliquer mais ...
- Nyamirin Kruger ...
Kaori fixa le jeune homme qui frotta l'arrière de sa tête.
- J'ai ... J'ai vu son acte de décès sur internet. Je suis désolé ... J'ai perdu mon père aussi ...
Kaori souffla légèrement puis reporta son regard vers un point fixe.
- Je ... Je me souviens pas de beaucoup de choses mais ... Ma mère si et ... Ta mère lui ressemble beaucoup alors c'est assez perturbant. J'ai peur que ça ne détruise encore ma mère ... Je ne sais pas si tu comprend mais je veux juste protéger ma mère ... Même si je ne sais pas de quoi au final.
Yuuki se cala contre le muret.
- Tu sais ... Ma mère s'est enfuie parce que mon père était pas quelqu'un de bien. Il tapait dessus alors ... Je comprend que tu veux la protéger.
- Je suis désolée ...
Yuuki haussa les épaules tout en essayant de paraître détaché de la situation.
- Il est mort ... Mais je lui ressemble ...
- Mais tu n'es pas comme lui. Tu es quelqu'un d'attentionné et de gentil. Regardes tu essaies de me remonter le moral et de protéger ta mère.
Yuuki hocha simplement la tête tout en réinstallant son sac sur le dos.
- Tu vas venir en cours n'est-ce-pas?
Kaori descendit du muret tout en hochant la tête.
- Oui ... Je dois m'excuser auprès de ta mère de toute manière.
- Que fais-tu?
- Rien de spécial.
Natsuki rétrécit la fenêtre de son ordinateur pour faire place à son fichier de travail. Yukino fixa un instant sa supérieure puis finit par lâcher.
- Tu es sûre que tout va bien?
Natsuki frotta inconsciemment son alliance avec son pouce. Yukino avait dès lors sa réponse.
- Non apparemment quelque chose te tracasse.
- Mais ...
- Ton tic de frotter ton alliance ...
Natsuki cessa immédiatement puis se reconcentra sur son travail.
- Je vais bien ... Tu peux disposer.
Une fois seule, elle ragrandit son précédent fichier puis secoua la tête.
- Les Viola n'existent nul part ... Qui est-elle réellement?
Elle saisit machinalement son téléphone puis composa un numéro. Après une brève tonalité, elle fut accueillit par une voix grave.
- Yuuchi. C'est Natsuki ... tu as toujours des contacts dans la police?
- Je pensais que tu venais prendre de mes nouvelles mais non ... Oui j'ai toujours mes contacts pourquoi?
- Pourrais-tu te renseigner sur une personne pour moi? Shizuru Viola.
- Oui mais pourquoi?
- Pour rien ... Oh et n'en parle pas à Mai s'il te plaît.
Natsuki n'attendit pas une réponse et raccrocha. Elle s'attarda un instant sur la photo puis ferma définitivement le fichier. Elle caressa son alliance puis secoua la tête. Elle avait du travail.
Shizuru fixa Kaori tout en poursuivant ses explications sur le texte qu'elle avait choisit d'étudier. Celle-ci était concentrée vers l'extérieur ne semblant prendre aucune information sur ses dires. Elle avait été surprise que la jeune femme souhaite la voir avant le début du cours. Encore plus surprise par ce qu'elle avait à lui dire. Kaori s'était excusée en signalant à son enseignante sa ressemblance avec un membre de sa famille. Sa mère décédée. Les excuses avaient également englobé le geste de Natsuki Kruger. Shizuru s'était alors demandée qui était réellement Natsuki pour Kaori. Un tuteur? Une tante ? Shizuru essaya d'attirer l'attention de la jeune femme.
- Kaori? Une remarque sur le style de cet écrivain?
Kaori fixa rapidement Shizuru puis détourna le regard. C'était trop difficile de la voir. Mais elle devait faire avec. Pour empêcher d'inquiéter sa mère. Elle se concentra sur le texte et murmura.
- Il a voulu retranscrire un style bien japonais en l'adaptant à sa culture.
Shizuru resta un instant silencieuse puis en demanda plus. Kaori reprit plus faiblement.
- Au lieu de recevoir une lettre posthume de la femme qu'il a aimé, il lui a écrit une lettre lorsqu'il a su qu'elle était morte. C'est une sorte de Shigofumi inversée. Son amour était japonaise alors il a essayé de retransmettre une chose en relation avec sa culture.
- Pourquoi a-t-il fait cela?
- Il ... Il voulait simplement un geste, un mot de la part de cette femme mariée mais rien ... Alors il a décidé de le faire à sa place. Pour lui transmettre ses émotions. Parce qu'il n'a pas pu le faire lorsqu'elle était en vie. Je pense qu'il a voulu prouver qu'au-delà de la mort, il pouvait exprimer son amour. Et c'est ce qu'il a fait. La mort n'est qu'une barrière physique. Je pense que si l'on adresse à un mort ses pensées les plus profondes, il peut l'entendre ... Nous pouvons exprimer l'absence d'un être cher par les mots. Parce que c'est tout ce qui restera. Des gestes ... Les gestes s'effacent dans les souvenirs. La chaleur et l'odeur également. Tout ce qu'il peut rester son des mots. Des promesses.
Kaori essaya de restreindre ce sentiment mais en vain. Peu à peu ses pensées s'étaient tournées vers une autre personne que celle des écrits. Elle se souvient uniquement de la dernière caresse de sa mère sur son visage. Ainsi que sa dernière parole à son égard "je serais toujours là auprès de toi". Une sonnerie arrêta le cours. Alors que la salle se vida, Kaori resta un instant seule avec ses pensées. Elle sentit une légère pression sur ses épaules. Faisant face à un regard rouge roi, elle se décala légèrement tout en mettant ses affaires dans son sac. Après une brève inclinaison à l'égard de Shizuru, elle se retira. Shizuru resta le regard vague puis se fit interrompre par l'entrée de son autre classe. La vérité c'est que les propos de Kaori l'avait retourné.
- Elle se prénomme Shizuru Fujino. Viola est un nom d'emprunt.
- Pourquoi?
Tate frotta sa joue mal rasée puis murmura.
- Son ex-mari Kukaï Lee.
Natsuki chercha un instant dans sa mémoire puis déclara ses pensées.
- Lee ... Un rapport avec les ressources pétrolières?
- Son arrière petit-fils.
- Pourquoi a-t-elle changé d'identité?
Tate soupira légèrement.
- Il ... Mon pote m'a dit qu'il était violent avec elle. Qu'il avait engagé un détective privé pour la retrouver. Et selon le dire de ce détective ... Il s'en fichait de la retrouver morte ou en vie, il voulait juste récupérer son fils. Natsuki pourquoi t'intéresses-tu à elle?
- Pour rien.
Tate secoua la tête.
- Ce n'est pas Nyamirin. C'est une simple coïncidence. Et elle n'a aucun lien avec elle.
- Comment peux-tu en être sûre?
- La génétique ne ment pas.
- Mais ...
- Nyamirin était du groupe sanguin A positif, elle est O positif. Aucun lien alors laisses tomber.
- Je n'ai rien en tête.
Tate se releva et saisit son blouson.
- Tu me fais venir dans ton bureau avec des infos d'une femme qui en a déjà bavé et tu n'as rien en tête. Nous nous connaissons depuis plus de vingts ans Natsuki, je sais quand tu me mens. Et Mai aussi.
- Tu lui en as parlé?
- Je ne cache rien à ma femme. Tout comme tu ne cachais rien à Nyamirin. Elle me manque aussi mais même si tu ne veux pas l'entendre, cette femme n'est pas Nyamirin. Nyamirin nous a quitté. Alors laisses tombé. Et retires cette alliance.
Seule, Natsuki fixa l'objet en question puis la retira de son doigt. Elle fixa la finesse argentée puis l'écriture à l'intérieur. Elle finit par la renfiler tout en murmurant.
- Jamais ...
