Disclaimer: Rien de tout ceci ne m'appartient, l'univers et les personnages -sauf les miens, bien sûr- appartiennent à J.K. Rowling -notre déesse-.


Cette histoire se base sur la quatrième année d'Harry, mais vous ne trouverez que très peu de similarités avec le livre en dehors des grands détails (coupe du monde de Quidditch - Tournois des Trois Sorciers). Si vous vous attendez à lire une version de la Coupe de Feu telle que dans les livres originaux, simplement revu avec des personnages aux caractères différents, avec des relations différentes, etc. passez votre chemin.

Pairing: Le couple principal de cette histoire -celui responsable du label 'romance'- sera Harry/Fleur. Il y aura au minimum deux autres couples importants dans l'histoire, mais je vous laisse la surprise de les découvrir en temps voulu.

Bashing: Il y aura un bashing:Weasley (Ron-Ginny-Molly) ainsi qu'un bashing:Dumbledore. En ce qui concerne la famille Weasley, j'espère éviter de tomber dans le 'les roux sont des crevards qui ne pensent qu'à la fortune et la gloire' que j'ai lu trop souvent dans les fanfictions avec du bashing:W. Ils ne seront pas aussi bons que dans les livres, mais ils garderont un côté humain -comme tous les autres personnages-. Ils seront des pourritures, mais ils ne seront pas que ça non plus.

Rating: J'ai choisi un rating M pour le langage assez cru qu'il y aura dans certains chapitres, ainsi que pour certaines scènes -violentes ou sexuelles- qui seront tout de même précisées en début de chapitre (si le sang, les tripes, la tuerie et le sexe de ne vous intéressent pas, ça vous permettra de passer le chapitre sans avoir la mauvaise surprise de le découvrir au milieu de votre lecture).

Note de l'Auteur: Ceci est ma première fanfiction depuis...très longtemps en fait, près de deux ans maintenant (quatre même, puisque je ne peux décemment pas considérer ma dernière fanfiction comme un réel travail aboutit). J'espère très sincèrement que cette histoire vous plaira. Le rythme de publication n'est pas encore décidé, j'entame ma cinquième -et dernière- année d'étude sous peu, et selon le niveau de travail que j'aurais à fournir je posterais soit un chapitre toutes les semaines, soit un toutes les deux semaines (pour ce dernier point, je vous tiendrais au courant dans les futurs chapitres).

Sur ce, bonne lecture.


Chapitre I - Un été chez les Dursley.

"Take a deep breath. It's just a bad day, not a bad life"


Little Whinging, une ville aisée de la banlieue sud de Londres où chaque maison semblait fabriquée à l'identique dans un style caractéristique d'après-guerre, dormait dans un silence paisible. La chaude nuit du milieu du mois de juillet ne semblait aucunement déranger les habitants du comté du Surrey. Plus précisément, les moldus vivant dans ce lieu ne semblaient pas être dérangés outre mesure par l'atmosphère lourde qui englobait la ville depuis plusieurs jours.

Au quatre Privet Drive, enfermé dans l'ancienne chambre délabrée de son cousin, Harry ne partageait pas le sommeil tranquille des centaines de milliers de personnes du voisinage. A chaque fois que la fatigue semblait le gagner et qu'il laissait ses paupières se fermer, il sentait son cœur s'emballer comme pour le garder éveiller, il le sentait gonfler à tel point que sa poitrine devenait une prison prête à exploser sous la pression. Cependant, une fois qu'il reprenait ses esprits et chassait Morphée, la sensation disparaissait aussi tôt, laissant place à un immense vide.

Le jeune Potter en était donc arrivé à faire une bataille de regard avec une fissure dans le plafond de sa chambre, avec l'espoir infime de tomber de fatigue avant de perdre. Un léger soupir lui échappa alors qu'il tendait les mains au-dessus de son visage, paumes vers le plafond. En dehors de ses problèmes de sommeil récurrents et étranges il n'avait, pour une fois, pas grand-chose dont il pouvait se plaindre. Sa famille était égale à elle-même en terme d'affection, pas qu'il s'en plaigne, il ne saurait sûrement pas quoi faire si soudainement sa tante et son oncle devenaient des personnes respectables et aimantes. Mais il n'était plus affamé et épuisé par les corvées. Pétunia continuait de lui donner régulièrement des choses à faire, et il s'occupait toujours de la cuisine sous les mots doux de Vernon et Dudley, mais ça ne lui prenait pas plus de quatre heures par jours. Une nouveauté sans précédent qui lui permettait d'avoir enfin du temps libre pour faire ce qu'il voulait.

Malheureusement, d'être le seul sorcier à des kilomètres, et du fait d'être qui il était, l'ennui l'avait rapidement gagné durant ces journées interminables et ennuyeuses. Il avait donc commencé, depuis quelques jours, la relecture de ses divers manuels de cours qu'il avait emporté avec lui. La pensée lui arracha un sourire amusé, Hermione serait probablement étonnée et ravie de voir qu'il prenait enfin sa scolarité plus au sérieux. A l'inverse, son parrain serait, quant à lui, scandalisé de voir que le fils de son meilleur, et turbulent, ami se plongeait dans les livres comme l'aurait fait Lily. Un doux sourire effleura ses lèvres à la pensée de Sirius.

Il n'avait pas pu partir vivre avec lui comme ils l'avaient prévu au pied du saule cogneur quelques semaines plus tôt, la fuite du rat obligeant le maraudeur à rester un fugitif recherché par toutes les polices magiques. Cependant son parrain n'avait pas voulu que l'été d'Harry ressemble aux précédents, et il avait pris la peine de passer voir Pétunia et Vernon quelques jours avant le retour du garçon dans la famille. Harry n'avait aucune idée de ce qui avait été dit durant cet entretien, mais il doutait que son parrain ait été très courtois. Être un criminel évadé de prison et recherché, tant dans le monde magique que moldu, doit aider à faire valoir quelques arguments.

"Tu vas perdre" murmura Harry à l'intention de son plafond.

De longues secondes passèrent en silence pendant que le garçon gardait son regard fixé sur la fissure au-dessus de lui. Ses pensées vagabondaient entre ses amis et les nouveaux membres de sa famille qu'il avait découvert cette année, à savoir Sirius et Remus. Même si ce dernier n'était pas vraiment lié à lui comme son parrain, il le considérait comme un oncle et avait bon espoir de pouvoir le revoir pour approfondir cette nouvelle relation. Il retint une grimace au souvenir de la transformation de l'homme et de la course dans la forêt. Il n'avait jamais rien eu contre un peu de sport, mais il n'était pas spécialement fan de la course d'orientation dans une forêt mortelle avec un loup-garou derrière. Mais Remus était un homme qu'il avait appris à apprécier tout au long de l'année, il était calme et réfléchit, et l'apprentissage du sort du patronus les avait considérablement rapproché.

Un éclat de lumière rouge attira l'attention d'Harry une seconde trop tard, alors qu'il se retournait pour voir un sortilège crépitant arriver droit sur lui beaucoup trop rapidement pour qu'il puisse l'éviter. Dans un mouvement automatique il leva les mains pour protéger son visage et ne put que serrer les dents en attendant l'impact. Deux secondes passèrent avant qu'il n'ouvre les yeux avec précaution. Il n'avait rien, pas une marque, aucune trace qu'il ait reçu une quelconque attaque. Se levant rapidement en récupérant la baguette en houx qui dormait sous son oreiller, il scruta attentivement la pièce. Ses fenêtres étaient fermées et intactes, et ne connaissant aucun sortilège qui pouvait traverser les murs sans les endommager, le garçon se concentra sur l'intérieur de la pièce. Il ne savait pas qui avait jeté le sort ni ce qu'il s'était passé, il n'avait rien entendu, pas même un murmure, et même en se concentrant sur chaque détail il ne pouvait rien trouver qui laissait supposer que quelqu'un était entré dans la chambre.

Alors qu'il relâchait légèrement la prise sur sa baguette en se palpant le torse, toujours dénué de blessures, un second éclair attira son attention. Cette fois-ci plus alerte, il eut tout juste le temps de s'écraser sur le sol pour éviter un trait de lumière jaune qui passa à l'endroit exact où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Harry resta un instant à sa place, attendant d'autres mouvement, et comme rien ne semblait décider à venir il s'approcha doucement de la fenêtre. Cette fois il était certain d'avoir vu l'attaque venir de l'extérieur, bien qu'il ne comprenne toujours pas pourquoi les vitres étaient toujours intactes. Les jointures de ses doigts blanchirent sous la pression qu'il exerçait sur sa baguette et, après un soupir résigné, il ouvrit délicatement la fenêtre en essayant de se faire le plus discret possible. Il laissa quelques secondes s'écouler en se collant contre le mur, attendant une nouvelle salve de sortilèges. Comme rien n'arrivait il glissa un œil discret vers le jardin sur lequel donnait sa chambre. Chaque maison de Privet Drive avait un petit terrain sur une dizaine de mètres, derrière lequel se trouvait une autre maison avec son jardin et ainsi de suite. Le jeune sorcier calcula rapidement l'angle par lequel était arrivé le deuxième sortilège et se risqua à avancer un peu plus vers la fenêtre pour apercevoir son assaillant. Malheureusement il ne pouvait rien voir, l'obscurité cachant une partie des jardins.

Levant les yeux au ciel en priant tous les dieux qu'il connaissait pour que jamais Hermione n'apprenne ce qu'il allait faire, il prit appuis sur le meuble devant la fenêtre pour s'installer sur le rebord extérieur. Il ne pouvait pas sortir en prenant les escaliers, son oncle ayant barricadé sa porte de chambre sous une dizaine de serrures et cadenas.

"Aux grands mots les grands remèdes" chuchota-t-il alors qu'il lançait un regard effrayé en direction du sol. La pensée d'avoir prit trop de coup sur le crâne l'effleura, mais il préféra se concentrer sur le fait qu'il était aventureux, et non uniquement stupide.

Il n'était qu'au premier étage de la maison, cependant près de quatre mètres le séparait du sol du jardin, et il n'avait pas madame Pomfresh pour lui faire repousser quelques os s'il ratait sa chute. Repensant au fait qu'il y avait probablement quelqu'un voulant sa mort dans le jardin à ses pieds, Harry relativisa en se demandant si faire repousser des os à un mort était réellement utile. Un glapissement d'horreur lui échappa alors qu'il plongeait dans le vide pour échapper à un nouveau sort qui venait de devant lui.

"Harry Potter, l'enfant qui a survécu, mort en tombant dans un buisson." marmonna-t-il pour lui-même en tentant de se relever.

Une douleur sourde lui traversait le dos de part en part et revenait dans son crâne pour bourdonner furieusement dans ses oreilles. Il avait des difficultés à tenir debout mais, malgré tout, restait à l'affût du moindre mouvement.

"Qui est là ?" lança Harry en maudissant sa voix qui trembla sur le dernier mot.

Seul le silence lui répondit. De longues minutes passèrent avec une lenteur angoissante sans qu'il ne voit un seul mouvement dans l'ombre. Il allait renoncer, essayer de retourner dans sa chambre et de se convaincre que le manque de sommeil commençait vraiment à avoir une mauvaise influence sur son cerveau quand un nouvel éclair de lumière attira son attention sur sa droite. Se retournant d'un bond en levant sa baguette, un expelliarmus sur le bout des lèvres, Harry resta bloqué sur place en voyant un autre homme apparaître lentement devant lui. Il avait la couleur et la transparence des fantômes de Poudlard, mais il semblait moins ancré dans le monde que ne l'étaient les esprits. Debout devant lui, l'homme le dépassait de plusieurs centimètres. Il avait une forte carrure et des muscles saillants se dessinaient sous sa chemise partiellement déchirée. Mais la chose qui attirait le plus l'attention du garçon était son visage, carré et couvert de griffures et de saleté, il resplendissait pourtant d'une force à toute épreuve. Une barbe d'une semaine, mal rasée, entourait son visage, ses cheveux noirs courts étant aussi désordonnés que les siens. Ses yeux d'un rouge profond étaient braqués dans ceux, émeraudes, d'Harry, et semblaient l'évaluer pendant ce qui parut une éternité pour le garçon. Un sourire doux et amusé s'installa sur les lèvres du fantôme inconnu alors qu'il hochait la tête. Puis, aussi soudainement qu'il était apparu, il explosa dans un nuage de brume argentée qui resta en suspens dans les airs un instant avant de s'amasser à nouveau pour former quelque chose de plus petit, de plus compact, qui tomba lourdement sur le sol. Harry s'avança prudemment vers l'objet devant lui et glissa une main sur la couverture de l'ouvrage qu'était devenu l'homme.

"Godric Gryffondor, mémoire et recueil." lut-il à voix haute.

A l'instant où les derniers mots franchirent ses lèvres, un nouvel éclair de lumière surgit d'un buisson devant lui. Maudissant son inattention, sa main se referma automatiquement sur l'ouvrage pendant qu'il plongeait derrière un des massifs de fleur de sa tante. Grimaçant en voyant les roses préférées de Pétunia, il pria Merlin qu'elles ne soient pas abimées, sinon même son parrain ne serait pas une menace suffisante pour calmer la fureur de la femme.

"Quelle étrange situation."

Harry sursauta en entendant la voix sortie de nulle part, et esquiva un nouveau sortilège en s'aplatissant dans la boue. Maudissant ses réflexes qui l'avaient fait se relever, il rampa jusqu'à la cabane à outil de son oncle en faisant le tour de tous les jurons qu'il connaissait.

"Une amie, chère à mon cœur mais un peu extrême dans ses méthodes, t'aurait jeté un sort pour avoir prononcé de tels mots."

"Qui est là ?" demanda doucement Harry.

"Je suppose qu'il n'y a que toi et ton adversaire." répondit la voix amusée alors qu'un sortilège orange s'écrasait dans le massif où il était quelques minutes auparavant.

Le garçon grimaça en voyant les roses crépiter sous le feu qu'avait déclenché l'inconnu. S'il survivait à cette nuit, Pétunia allait définitivement le tuer le lendemain.

"Qui êtes-vous ?" insista le garçon en cherchant une échappatoire.

"Quelqu'un qui peut t'aider."

"Quelqu'un qui ne répond pas à une simple question surtout."

"Certes. Je peux tout de même te venir en aide."

"Et comment ? Je ne peux pas faire de magie, j'ai une voix dans la tête, et quelqu'un essaie de me tuer."

"Recule derrière la bordure à ta droite."

N'ayant pas de meilleure idée, et coincé avec quelqu'un ne semblant pas lui vouloir que du bien, Harry obéit à l'ordre et se glissa sans un bruit derrière la petite bordure en béton qui séparait le début du jardin de l'allée qui menait au devant de la maison. A peine eu-t-il atteint sa nouvelle cachette qu'il entendit une voix masculine envoyer un sortilège explosif en direction de la petite cabane. Des morceaux de bois volèrent dans toutes les directions, le bruit de l'explosion réveillant tout le voisinage. Harry entendit du mouvement, son adversaire devait sans doute vérifier qu'il avait réussi son coup, et une boule d'angoisse se logea dans son estomac. Il était sans défense et, dès que l'inconnu serait assez près, il serait aussi sans aucune cachette viable.

"Quelle étrange situation." répéta la voix, intriguée.

Le garçon ne prêta pas attention aux paroles qui résonnaient dans son crâne. Il entendait l'homme devant lui s'approcher, et il commençait à apercevoir du mouvement dans la maison de son oncle, s'il n'agissait pas rapidement il allait être coincé entre les deux et, lui et sa famille se feraient tuer. Serrant sa baguette de toutes ses forces, il ferma les yeux cherchant à rassembler tout le courage qu'il avait, et compta les pas de l'intrus. Dans deux mètres il passerait à côté de la bordure. Harry retint son souffle. Un mètre.

"Potter." susurra l'inconnu.

Harry leva lentement les yeux pour faire face à une baguette brandie entre ses deux yeux. Derrière l'arme se tenait un homme d'une vingtaine d'année qui lui lançait un regard amusé.

"Qui...Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous voulez ?"

"Ce que je veux Potter ? Toi évidement." répondit l'intrus d'une voix rauque, un sourire malsain lui barrant le visage.

"Que...Pourquoi ?" demanda le survivant en écarquillant les yeux de surprise. Qu'on veuille le tuer à Poudlard quand il y avait des manigances et que toute l'école était impliquée était une chose, qu'on cherche à le tuer chez son oncle quand il était sans défense en était une autre.

"Pour mon maître voyons Potter, quelle question." lui répondit l'homme avec un sourire clairement amusé.

"Votre maître ?" répéta-t-il bêtement. Le seul sorcier qu'il connaissait qui se faisait appeler ainsi, il le croisait presque chaque année depuis trois ans.

"N'essaies pas de te faire passer pour plus bête que tu ne l'es Potter. Cela étant, je n'ai pas besoin de toi vivant pour te ramener au Seigneur des ténèbres." sourit l'homme avec malice.

Le jeune sorcier était paralysé par la peur. Il vit le bout de la baguette face à lui s'illuminer de vert avant que le sortilège de mort ne vole dans sa direction, trop peu de distance le séparant de son adversaire pour qu'il puisse l'éviter. Il fixa le sort parcourir les centimètres qui les séparaient, soudainement renvoyé aux souvenirs que les détraqueurs faisaient émerger quand ils étaient proche de lui. Il allait mourir, tué par le même impardonnable qu'on lui avait envoyé treize ans plus tôt.

"La mort est le commencement de l'immortalité."

Les paroles de la voix inconnue furent les dernières choses qu'Harry pu entendre avant que le sortilège ne s'écrase avec violence contre son torse, l'envoyant voler plusieurs mètres plus loin. Alors que son corps rencontrait brutalement la palissade en bois qui séparait le jardin des Dursley de celui de leurs voisins, son adversaire eut la surprise de subir le même sort. A l'instant où l'Avada kedavra avait touché le garçon, il avait été expulsé du jardin par les enchantements protégeant le lieu. Sa rencontre avec la maison la plus proche, celle de l'autre côté de la rue, lui ôta la vie, son dos percutant les marches de pierre devant la porte.


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Albus Dumbledore lançait un regard las en direction de son phénix. Fumseck venait de renaître quelques jours plus tôt, et il reprenait enfin le contrôle de ses ailes pour voler. Si le directeur avait pu choisir, il aurait préféré être en voyage pendant que ça arrivait. Malheureusement sa directrice adjointe, Minerva Mcgonagall, avait insisté pour le voir aujourd'hui concernant la prochaine rentrée et les mesures de sécurité à prendre pour que le conseil d'administration de l'école les laisse enfin en paix. Bien sûr, le sorcier savait qu'il devait faire quelque chose, tout du moins en façade, pour montrer que la menace de Sirius Black était toujours prise en compte et que des incidents comme ceux ayant eu lieu l'année passée ne se reproduiraient plus. Mais il ne pouvait s'empêcher de regretter d'avoir eu à revenir si tôt après la renaissance de son phénix.

"Albus, vous m'écoutez ?" Le ton de la directrice des rouges et or était terriblement semblable à celui de Severus Rogue.

"Évidemment Minerva, et je trouve l'idée du ministre tout aussi absurde que vous. Des aurors au sein de l'école n'apporteront rien de mieux que les détraqueurs de l'année dernière."

"Vous allez parler au ministre donc ?"

"Je vais essayer de le convaincre que l'école peut se passer de son aide concernant sa sécurité." soupira le vieil homme, conscient de la complexité de la tâche.

Un chant amusé résonna dans le bureau alors que Fumseck passait devant le directeur, attrapant la coupelle de bonbons au citron, avant d'y mettre le feu. Dumbledore grimaça légèrement en voyant ses confiseries disparaître sous un acte de rébellion adolescente de son phénix. Il s'apprêtait à lancer un sortilège pour récupérer ce qu'il pouvait, sous le regard sévère de l'enseignante en métamorphose, quand tous les objets en argent sur les étagères autour de lui commencèrent à émettre des bruits strident et sauter sur place. En une seconde il était debout, baguette en main.

"Albus ?" demanda Minerva, saisissant rapidement l'urgence de la situation.

"Harry est attaqué." lâcha-t-il gravement en disparaissant dans une explosion de feu.

Un instant plus tard, il apparaissait sur le pas de la porte des Dursley, celle-ci s'ouvrant brusquement pour laisser place à Vernon violet de rage. Albus haussa légèrement un sourcil devant l'état de l'homme, mais voyant qu'il était en bonne santé et soumis à aucun sort, il laissa une partie de sa magie passive atteindre la famille pour les renvoyer au sommeil qu'ils venaient de quitter. Il leur lança un rapide regard pour vérifier qu'aucun mal ne leur avait été fait, et ne put que remarquer l'absence du jeune Potter. Tournant rapidement sur lui-même pour inspecter les environs, il remarqua du coin de l'œil quelque chose étalé sur les escaliers d'Arabella Figg. D'un mouvement de baguette, il lança un accio informulé, et le cadavre vint jusqu'à lui se posant à ses pieds sous la lumière d'un des lampadaires. Il reconnut sans peine un élève de Serdaigle qu'il avait vu quitter Poudlard quelques années avant la chute du seigneur des ténèbres. Sa colonne était brisée à plusieurs endroits, de même que pour ses jambes et ses bras. Dumbledore ne savait pas ce qui s'était passé, mais l'homme était mort brutalement et sur le coup, peut-être n'avait-il même pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Il retroussa la manche gauche du garçon et retint un soupir en voyant une marque noire se dessiner sur son avant-bras.

"Harry." murmura-t-il en partant en courant en direction du côté de la maison.


~o~oO00Oo~o~


Blanc.

Tout était blanc.

Totalement, intégralement, blanc.

Et la couleur lui déchirait la rétine ainsi que toutes les zones du cerveau qu'il devait utiliser pour traiter l'information visuelle. Décidant que la cécité ne l'intéressait pas vraiment sur le long terme, il referma les yeux.

"Tu comptes dormir encore longtemps ?"

Harry ignora sans peine la voix qui lui parlait. Il était bien, pour la première fois de sa vie il se sentait réellement bien. Un sentiment de liberté et de bonheur se propageait dans chaque parcelle de son corps et il semblait revivre. Il avait senti plusieurs fois quelque chose de similaire, quand il se réveillait dans l'infirmerie à Poudlard, tant qu'il était drogué aux diverses potions anti-douleur de madame Pomfresh. Mais là il était encore mieux, il flottait sur un nuage utopique de bonheur, porté sur un océan de douceur au gré du vent paisible qui lui caressait le visage.

"Très imagé, dois-je comprendre que tu te sens bien ?" continua la voix clairement amusée.

Si ce n'était ces interventions trop sarcastiques pour leur propre bien, il aurait pu se croire au paradis. La notion du lieu après la mort fit revenir les souvenirs des dernières minutes à sa mémoire. Se rappelant de la lumière verte et de la douleur inimaginable qui l'avait traversé, il se mit assis brusquement et grogna sous la lumière toujours aussi blanche.

"Enfin, le paresseux décide de se lever."

Une insulte attendait sagement sur le bord de ses lèvres pour sortir. Après quelques respirations pour se calmer et retrouver ses esprits, Harry observa les environs. La première chose qu'il nota était le blanc, exclusive couleur du lieu, qui l'empêchait d'apercevoir quoi que ce soit. Ensuite, il nota sa totale nudité. Il n'était pas au courant qu'un Avada Kedavra mettait complètement nu, mais après tout personne n'était jamais revenu pour témoigner.

"Si, toi. Bon tu avais un an, ça joue sur ta mémoire."

Il se retint de lever les yeux au ciel à la remarque et se tourna vers le son de la voix. Derrière lui se tenait l'homme qu'il avait vu plus tôt sous forme fantomatique. Nu lui aussi.

"Ne me demande pas, je n'ai jamais compris non plus pourquoi on est toujours nu ici." le coupa-t-il dans ses pensées en levant les mains au ciel par dépit.

"Ici ?" souleva Harry.

Étrangement la situation n'engendrait, chez lui, aucun sentiment particulier. Il était toujours aussi serein et calme qu'au moment de son réveil.

C'est peut-être ça la mort.

La mort. L'idée lui tournait dans la tête depuis un petit moment maintenant. Il se souvenait parfaitement avoir reçu l'impardonnable, et le lieu correspondait totalement à l'idée qu'il se faisait du paradis. Ce qu'il ne comprenait pas en revanche, c'est pourquoi il était seul avec un inconnu.

"Nous sommes aux portes de la mort." lui annonça doucement l'autre homme.

Harry haussa un sourcil et suivi la direction du regard de son interlocuteur. A moins de deux mètres de lui se trouvait une simple porte en bois, debout sans mur autour, juste une porte. Un sourire effleura les lèvres du garçon quand il reconnut le bois de la porte.

"La porte qui m'amène à ma mort est faite du même bois que ma baguette ?"

"La mort possède souvent un étrange sens de l'humour. Je n'ai jamais réussi à m'y faire." commenta l'autre avec une grimace amusée.

Seul un regard interrogateur lui répondit.

"Quand je me suis retrouvé, comme toi, dans cette situation, la porte que je devais emprunter était verte."

"En quoi est-ce un mal ?" demanda Harry sans comprendre.

L'homme lui offrit un sourire goguenard et sembla revivre le souvenir de ce moment, ses yeux s'illuminant de diverses émotions. Le jeune sorcier ne comprit pas pourquoi il vit principalement de la joie dans ces deux rubis, l'idée d'être heureux en se retrouvant ici lui échappait.

"Ce n'est pas un mal." reprit l'autre homme.

"Alors pourquoi cette couleur en particulier ?"

"Je pensais que la magie me choisirait un héritier un peu plus vif."

"Hein ?"

L'autre ne lui répondit pas et Harry chercha sur son visage une indication sur le sens de ce qu'il venait de dire. Comment pouvait-il être l'héritier de cet homme alors qu'il était le dernier descendant de la famille Potter. Il ne connaissait pas la totalité de son arbre généalogique, principalement parce qu'il avait entendu dire qu'il était terriblement vaste, mais cet homme ne semblait pas partager beaucoup des caractéristiques de sa famille.

"Non en effet." répondit-il à ses pensées.

"Alors pourquoi dire que je suis votre héritier ?"

"Parce que c'est le cas, jeune Potter. Tu es l'héritier légitime, et par le sang, de ta famille. Mais il existe des héritages qui se transmettent autrement." lui expliqua patiemment l'autre.

"Je ne comprends pas."

"Je vois ça."

Harry leva les yeux au ciel devant les réponses à moitié vides de sens de son interlocuteur. Il allait passer la journée à essayer d'avoir la totalité de l'histoire.

"D'après ce que vous venez de dire, je serais votre héritier ? Mais pourquoi maintenant ? Et comment surtout ?"

"Tu es mon héritier parce que la magie en a décidé ainsi, mais ça ne remonte pas à ce soir. Cela fait quelques années que ce lien entre toi et moi s'est créé."

"La magie a fait de moi votre héritier ?" demanda Harry sceptique.

"En effet. Souvent, des familles sorcières ne disposent pas d'héritiers légitimes. Je ne me suis jamais marié, n'ai jamais eu d'enfant, et le peu de famille que j'avais a quitté ce monde avant moi. A la fin de ma vie, je me suis donc retrouvé à la fin de ma lignée, sans héritier. Mais j'avais des choses à transmettre, je ne voulais pas que l'œuvre de ma vie soit vouée à disparaître sans que quiconque puisse en profiter. Avec l'aide d'un ami, nous avons réalisé un rituel particulièrement complexe dont je te passe les détails, et ainsi j'ai pu avoir une lignée. Des héritiers, choisi par la magie s'ils sont dignes de l'être, pourraient proclamer mon nom, mon titre et tous mes biens comme leurs."

Harry haussa un sourcil devant les explications de l'homme. Il pouvait comprendre que certains sorciers seraient prêts à tout pour pouvoir transmettre leur nom et continuer leur lignée, les Malefoy étant l'exemple le plus parlant qu'il ait en tête. Cependant là c'était totalement différent, le choix des héritiers était hasardeux, et il se pouvait que jamais personne ne se montre digne d'être héritier de cet homme, peu importe qui il était.

"Tu as raison, c'était risqué." répondit l'homme.

"Risqué ?"

"J'aurais pu ne jamais avoir un seul héritier, les qualités, les défauts, et la magie qui ont fait de moi ce que je suis devenu auraient pu ne jamais plus exister chez un autre sorcier."

"Vous voulez dire que pour que quelqu'un soit nommé comme votre héritier, il faut qu'il soit exactement comme vous ?" demanda Harry stupéfait. Il ne s'agissait plus d'un risque, mais quasiment d'une certitude d'échec à ce niveau.

"Oui, et non. Nos choix déterminent qui nous devenons. Quelqu'un possédant les mêmes caractéristiques que moi peut avoir une vie totalement différente."

"Mais il doit quand même vous ressembler pour que votre rituel fonctionne."

"Oui. Il doit se montrer digne de moi pour recevoir mon héritage."

"Vous avez déjà eu des héritiers ?"

"Un seul, plusieurs siècles après ma mort."

Harry sentit sa mâchoire se décrocher. Un seul héritier sur plusieurs siècles. Il ne pouvait pas vraiment dire que le souhait de l'homme s'était réalisé selon lui, son nom avait dû tomber dans l'oubli depuis bien longtemps, et tout ce qu'il avait voulu transmettre aussi.

"Tu sautes rapidement aux conclusions, jeune Potter." commenta l'homme amusé.

"Pourquoi ?"

"Mon nom existe toujours, bien que personne ne le porte réellement. Et ce que j'ai voulu transmettre a bien été transmis. Le but de ce rituel était de fournir quelque chose en plus à toute personne s'en montrant digne. Une existence entière de recherches, de connaissances, d'artefacts et de diverses autres choses. Mon premier héritier était Gultrot Ragnor, un sorcier venu d'Irlande qui a dû faire face à de nombreuses menaces."

Harry fronça les sourcils en entendant le nom de l'homme, il était persuadé de l'avoir déjà vu ou entendu quelque part ailleurs. Suivant le fil de ses pensées, l'autre homme reprit la parole.

"Gultrot Ragnor est surtout connu pour ses prouesses magiques. Durant ses deux cents douze ans d'existence, il a vaincu cinq mages noirs différents qui menaçaient l'Angleterre, et il a créé les détraqueurs pour garder la prison qu'il avait construit pour les serviteurs de chacun de ces hommes." l'éclaira-t-il.

La mâchoire du garçon finit à nouveau par se décrocher en entendant les exploits du dernier héritier de l'homme face à lui. Se remettant de ses émotions, il détailla l'homme face à lui.

"Qui êtes-vous ?"

"Tu ne le sais pas encore ?"

"Je...non." admis Harry en rougissant de honte, sentant qu'il aurait dû comprendre depuis longtemps.

"Ce n'est pas grave." lui répondit l'homme en souriant.

"Donc, de qui suis-je l'héritier ? On m'a déjà accusé d'être celui de Serpentard il y a peu, je doute que ça puisse être pire."

"Héritier de Serpentard ?" souleva l'homme, son ton choqué trahissant son air calme.

"Une longue histoire." le coupa Harry d'un mouvement de main.

"Que je tiens à entendre bientôt, jeune Potter."

"On va avoir tout le temps que vous voudrez, de toute manière je suis mort."

Un sourire énigmatique lui répondit.

"Bien, il est temps de t'aider alors. Rowena se serait sûrement moquée de moi pendant des années d'avoir un héritier si peu vif."

"Rowena ?" demanda Harry en commençant à comprendre.

"Une amie et une sœur."

"Non, vous..."

"Il semblerait que tu ais enfin compris, mon héritier."

"Ce n'est pas possible." chuchota Harry pour lui-même.

"Avec la magie tout est possible jeune Potter. Où dois-je maintenant t'appeler jeune Gryffondor ?" lui répondit Godric dans un rire.

Pour la troisième fois en l'espace de quelques minutes, le garçon sentit sa mâchoire essayer de rejoindre son torse. Il aurait dû comprendre depuis longtemps qui était la personne en face de lui, ou tout du moins qui il essayait de faire croire qu'il était, après tout il avait commencé à attendre sa voix après avoir touché le livre de ses mémoires. Cependant il n'arrivait pas à comprendre comment tout ceci avait pu arriver.

"Je t'ai dit que tu avais été nommé comme étant mon héritier il y a un moment déjà. Cela fait un peu plus d'un an maintenant."

Harry calcula rapidement pour tomber à la fin de sa deuxième année, là où il avait sauvé la sœur de son meilleur ami d'un basilic et de Tom Jedusor.

"L'épée." souffla-t-il.

"L'épée ?" releva Gryffondor en haussant un sourcil surpris, comprenant qu'il parlait sans doute de la sienne.

"Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé ?" souleva Harry, clairement surpris. Il s'était attendu à ce que l'homme, vu la légende qui l'entourait, soit une sorte de Dumbledore totalement omniscient.

"Non. Lorsqu'un sorcier se montre digne de mon héritage, le rituel que j'ai effectué utilise une petite partie de sa magie pour recréer une image de moi dans ce monde. Plus le temps passe entre ma mort et l'époque à laquelle vit mon héritier, plus il faudra de temps à la magie pour me faire revenir."

"Donc vous ne savez rien de ce qu'il se passe maintenant ?"

"Malheureusement non." souffla Gryffondor avec un regard ennuyé.

"Ça va en faire des choses à expliquer." marmonna Harry provoquant un fou rire chez l'autre homme.

"Gultrot m'a répondu quelque chose de similaire, jeune héritier." lui répondit Godric une fois son rire calmé. "Bien que son langage ait été nettement plus fleuris."

"Je suppose que je ne peux pas faire autrement de toute manière." soupira le survivant en secouant la tête.

"Si tu souhaites recevoir mon aide et accepter cet héritage, je crains que tu n'ai peu de choix."

Harry ouvrait et refermait la bouche sans qu'aucun son ne sorte. Un des sorciers les plus célèbres de l'histoire lui proposait son aide pour faire face à ce qu'il devait constamment affronter, sans même savoir quelle était la menace. Le garçon haussa un sourcil amusé à la pensée, Gryffondor était bel et bien la maison des téméraire qui préféraient réfléchir après avoir agi.

"Salazar me disait constamment la même chose." soupira l'homme face à lui.

Seule une grimace lui répondit, Harry ayant toujours du mal à se voir associé à Serpentard comme s'il s'agissait de la chose la plus normale qui soit. Depuis sa deuxième année il avait craint de découvrir un jour qu'il était affilié d'une manière ou d'une autre à ce fondateur là.

"J'aurais aimé pouvoir continuer cet échange avec toi, jeune héritier, mais tu vas devoir retourner dans ton monde si tu veux éviter de réveiller les suspicions de ton entourage."

"Comment ça ?"

"Un sorcier te cherche et va bientôt trouver ton cadavre, si tu retournes rapidement d'où tu viens nous pourrons lui faire croire que tu ne sais pas ce qui s'est passé."

"Mais...pourquoi ?" chercha à comprendre le garçon, à nouveau perdu par les révélations de l'homme.

"Mes héritiers ne sont pas choisi au hasard, jeune Potter. Je ne sais encore quel fardeau tu dois porter. Tant que nous n'aurons pas éclairé ta situation ensemble, ne faisons confiance à personne." lui conseilla Godric, le couvant d'un regard rouge sympathique. Pour la première fois, Harry eut l'impression que la personne face à lui comprenait réellement ce qu'il ressentait, et sa situation. Après tout, l'homme était connu pour avoir affronté nombre de Seigneurs des Ténèbres au cours de sa vie.

Harry déglutit difficilement. Le regard rouge de l'autre homme était redevenu dur et sévère. Peu importe ce qu'il avait découvert avant son réveil ou pendant leur échange, il était loin d'être heureux de la situation dans laquelle se trouvait le garçon.

"Retourne dans ton monde maintenant, je m'occuperais de te protéger jeune héritier." annonça calmement Godric sous le regard médusé du garçon.

"Mais...mais je ne peux pas repartir. J'ai été touché par le sort de mort." chuchota Harry, des larmes lui brûlant les yeux.

"Oui." acquiesça Godric, rajoutant à la confusion du garçon. "Mais tu n'es pas mort pour autant. Le sortilège de mort ne tue pas le sorcier qui le reçoit, il l'oblige à faire un choix. C'est à cause de ce choix qu'il a été interdit longtemps avant mon époque."

"Je ne comprends pas, quelqu'un qui reçoit l'Avada Kedavra meurt."

"Oui. Et non." répondit énigmatiquement l'homme.

"Je ne comprends toujours pas vous savez." soupira Harry.

"Si je voulais te tuer, je pourrais te lancer un simple sort de lévitation, te faire monter à dix mètres de hauteur puis te laisser tomber au sol. La chute serait amplement suffisante pour t'ôter la vie. Alors pourquoi avoir créé ce sortilège en particulier ?"

"Pour tuer plus rapidement ?" tenta le survivant.

"Pour ne pas mourir." lui répondit gravement Gryffondor. "La réalité derrière ce sort n'est connu que de très peu de personne, je ne sais pas si à ton époque quelqu'un le sait encore. Le sortilège de mort, lorsqu'il t'atteint, crée une porte vers la mort dans ton être."

"Donc je dois mourir."

"Une âme dois traverser la porte pour que l'effet du sortilège ait lieu." lui expliqua rapidement l'homme.

"Que...quoi ?"

"Il ouvre une porte qui nécessite une âme pour pouvoir se refermer. Tu peux choisir d'ouvrir cette porte toi-même et de rejoindre l'autre monde. Mais ton âme n'est pas la seule à pouvoir passer cette porte."

"Je...quelqu'un peut se sacrifier pour moi." souffla Harry si bas qu'il s'entendit à peine.

"Oui."

"C'est ce qu'il s'est passé cette nuit-là alors."

"Quelle nuit ?" demanda Godric, sortant le garçon de ses pensées.

"Quand j'avais un an, Voldemort est venu pour tuer mes parents et moi. Mon père est mort en premier, et ma mère est morte en me protégeant. Quand il a lancé l'Avada Kedavra sur moi, j'ai survécu et lui a péri le soir-là."

"Comment est morte ta mère ?"

"D'un sortilège de mort." répondit le survivant sans comprendre.

"Alors elle ne peut pas avoir pris ta place. Ce jour, quelqu'un a traversé ta porte pour toi. Volontairement ou non."

"Mais comment faire maintenant ? Il n'y a personne d'autre que moi." lâcha Harry avec désespoir.

"Je me suis occupé de ta porte lorsque tu étais inconscient. Une âme l'a déjà franchie."

"Que...qui ?"

"Une partie de l'âme de ton ennemi résidait en toi jeune Potter, elle a traversé pour toi. Mais il n'est pas le lieu de parler de ceci. Ton monde attend, et tu en peux rester ici plus longtemps si l'on veut éviter les soupçons du sorciers qui arrive." l'homme hocha la tête à son intention et tout devint noir.

Harry n'avait pas la plus petite idée de comment revenir dans son corps et, par la même occasion, dans le monde des vivants, mais il ne s'en soucia pas une fois les premières secondes passées. Une douleur terrible lui fendait le crâne, comme si celui-ci s'ouvrait en deux au niveau de sa cicatrice pour laisser sortir tout ce qu'il avait à l'intérieur de lui. En parallèle la douleur des chutes et des sortilèges, qu'il avait reçu plus tôt dans la soirée, revint en force lui déchirer le dos et les côtes. Serrant les dents pour retenir un hurlement de douleur, il sentit son esprit exploser alors qu'il reprenait brutalement ses esprits.


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Dumbledore se dépêcha en direction du jardin des Dursley. Il ne pouvait sentir aucune magie venant de cette partie de la demeure, mais Harry avec toujours eu un potentiel très discret et difficile à repérer. Le cadavre du mangemort qu'il avait trouvé plusieurs mètres plus loin n'avait rien pour le rassurer en revanche.

"Professeur ?" le coupa une voix ensommeillée.

Le directeur s'arrêta sur le coup pour voir, face à lui, Harry Potter bailler à s'en décrocher la mâchoire. Habillé de vêtements usés et bien trop amples pour lui, il n'arborait aucune marque de blessures. Quelques rapides mouvements de baguettes, sous le regard surpris du garçon, lui assurèrent qu'aucun sort avec effet à retardement ne l'avait atteint. Poussant un soupir de satisfaction, le vieil homme laissa ses épaules se détendre un peu.

"Bonsoir Harry." commença-t-il en regagnant son calme, reprenant son attitude bienveillante habituelle.

"Euh...bonsoir professeur." salua le garçon.

"Tu te demandes sans doute pourquoi je suis là ?"

"Je dois admettre que la question m'a traversé l'esprit." répondit Harry avec un sourire.

"J'aimerais savoir, avant cela, ce que tu fais dehors à cette heure de la nuit." questionna Dumbledore avec un sourire bienveillant, lui jetant un regard pétillant par-dessus ses lunettes en demi-lune.

"Oh...euh..." Harry lança un regard surpris autour de lui, avec une grimace en voyant le massif de rosier brûler. "Je n'en ai aucune idée professeur."

"Tu ne te souviens pas comment tu es arrivé ici Harry ?" le regard du directeur se faisait plus insistant.

"Absolument pas. Je me souviens simplement que je faisais une bataille de regard avec mon plafond professeur. Et je viens de me réveiller à moitié couché sur une bordure en béton de mon oncle." soupira le garçon en se massant le bas du dos.

"As-tu vu un homme ici Harry ?"

Le garçon haussa un sourcil surpris devant les questions du directeur. Son regard se faisait de plus en plus pénétrant. Albus retint difficilement un soupir face aux réponses du jeune sorcier et pressa un peu de légilimancie pour obtenir des réponses plus détaillées sur les événements qui venaient d'avoir lieu. Il utilisait régulièrement cette méthode avec le jeune Potter pour avoir la véritable version des faits et surtout pour savoir ce qu'il ressentait face aux expériences qu'il vivait. Il avait besoin de s'assurer que le garçon ne risquait pas de mal tourner comme l'avait fait Jedusor cinquante ans plus tôt. Se concentrant sur sa tâche, le vieil homme manqua de tomber à la renverse quand il pénétra dans l'esprit d'Harry.

Il n'y avait rien du tout. Aucun souvenir, aucune présence, il n'avait aucune accroche pour s'aider à garder pied dans le néant dans lequel il venait de se jeter tête baissée. Aussi rapidement qu'il était entré dans l'esprit, une présence menaçante l'expulsa avec force.

"Un problème professeur ?" demanda Harry concerné, en voyant Dumbledore soudainement blanchir et tituber.

"Non Harry, j'aimerais que tu m'accompagnes s'il te plaît." reprit-il après avoir passé de longues secondes à récupérer ses esprits. Le fait qu'il n'ait pas réussi à pénétrer dans l'esprit du garçon le dérangeait presque autant que l'attaque à laquelle il venait de faire face.

"Vous accompagner professeur ?" le ton du garçon était plus curieux qu'autre chose, ce qui ne manqua pas de continuer d'inquiéter le vieux sorcier.

"Chez ton parrain Harry, tu vas passer quelques jours où il se trouve actuellement, le temps de récupérer toutes tes affaires, puis tu iras au Terrier rejoindre tes amis." seul un haussement de sourcil lui répondit. "Tu dois savoir que ce soir, la maison de ton oncle a été attaquée. Les protections sont toujours actives, mais nous ne prendrons pas de risques inutiles." finit-il avec un sourire doux, ses yeux pétillant de malice.

"Non, effectivement c'est au mieux" sourit le garçon. "Donc si j'ai bien compris, Sirius n'est plus un fugitif ?"

"Si Harry, mais il est retourné vivre dans sa demeure familiale, que nous avons protégé, en attendant de mieux. Il est à l'abri bien plus qu'il ne le serait en courant les rues."

"Protégé ? Vous l'avez mis sous Fidelitas ?" questionna le jeune Potter avec intérêt.

"En effet Harry, je suis surpris que tu connaisses ce sortilège, il s'agit d'une magie de très avancée." chuchota Dumbledore, posant un regard calculateur sur la nuque du garçon qui avançait devant lui.

"Hermione attend beaucoup de Ron et moi chaque année." éluda-t-il d'un mouvement de main.

"Je me dois de te mettre en garde contre ceci cependant, comme je te l'ai dit il s'agit d'une magie complexe, il ne faut pas la prendre à la légère Harry." commenta le directeur sur un ton léger.

"Oh mais je ne connais que ses effets professeur, je suis bien loin de savoir le lancer. Et puis je sais d'expérience qu'il n'est pas aussi infaillible que ce qu'on en dit." soupira Harry en regardant le cadavre devant lui.

Dumbledore lui lança un regard en biais avant de s'avancer à ses côtés. Il retint un juron quand il vit qu'il avait laissé la marque sur l'avant-bras gauche clairement exposée, et se maudit en voyant le regard émeraude du garçon la fixer avec intérêt.

"C'est lui l'attaquant professeur ?" demanda-t-il innocemment.

"En effet Harry. Il s'agit de Niemens Regnar, un ancien élève de Serdaigle. Un garçon prometteur, très bon dans ses classes. Très ambitieux aussi." soupira le vieil homme.

Le jeune garçon se tourna vers le vieux sorcier pour obtenir plus de détails. Il vit un éclair de tristesse traverser les yeux d'habitude pétillant de joie de l'homme, et pour la première fois en quatre ans, il semblait porter le poids de toutes ces années sur les épaules.

"Professeur." commença doucement Harry.

"Oui ?"

"Cette marque, qu'est-ce ?" le garçon nota la soudaine fatigue qui venait d'envahir les traits du vieil homme.

"Il s'agit de la marque des ténèbres Harry. Voldemort, au sommet de sa puissance, avait une armée de mangemorts. C'est ainsi que les hommes qui l'accompagnaient se faisaient appeler. Pour pouvoir les appeler et les faire venir à lui sans délais, il leur apposait une marque. Comme tu t'en doute, de nombreux sorts vont avec." expliqua calmement le vieil homme, décidant que cacher des éléments au survivant sur les mangemorts ne pourrait que créer des problèmes à l'avenir.

"Donc c'est un des hommes de Voldemort qui m'a attaqué ?" Dumbledore lui lança un regard perçant en entendant le ton calme avec lequel il s'exprimait.

"Oui Harry."

"Vous pensez qu'il est derrière ça professeur ? Je veux dire, après l'évasion de Pettigrow il aurait peut-être pu faire quelque chose, essayer de réunir du monde ?" demanda le garçon d'un ton nettement plus inquiet.

"Je ne pense pas que Voldemort soit derrière l'attaque de ce soir Harry. Il est encore faible, peut-être n'a-t-il toujours pas récupéré une enveloppe physique, ce que j'espère." souffle Dumbledore sous l'acquiescement vigoureux de son interlocuteur. "Je pense que notre invité voulait finir le travail qu'avait entreprit son maître il y a de cela treize ans."

"Oh génial, j'ai même droit aux serviteurs mélancoliques maintenant." soupira-t-il en levant les bras au ciel dans un élan mélodramatique.

"Il faudra rester sur tes gardes Harry, mais je ne pense pas qu'un nouvel incident ai lieu. Si d'autres de ses serviteurs avaient voulu s'en prendre à toi, pourquoi ne le faire que maintenant ?"

"Très rassurant, merci professeur." grogna survivant sous le regard amusé du vieil homme.

"Je pense qu'il est temps d'y aller, tu as ce qu'il te faut ?"

Harry acquiesça en levant la main qui tenait sa baguette, il n'avait pas besoin de plus dans l'immédiat, seules ses affaires étaient encore dans sa chambre, sa chouette étant déjà partie pour porter du courrier à Ron la veille. Le vieil homme ne vit pas le livre qu'il tenait fermement contre lui, sous son haut, avec son autre main. Dumbledore posa une main sur son épaule, lui conseillant de rester proche de lui, et disparut dans un pop sonore.