L'orage grondait sur Londres depuis de longues heures. Sirius, réveillé
en sursaut par un coup de tonnerre plus puissant que les autres, se leva, ayant
subitement soif. Il enfila un peignoir, puis traversa la maison déserte
en soupirant.
Quel calme depuis que tous sont partis…
La veille, les Weasley avaient regagné le Terrier et les autres membres
de l'Ordre s'étaient dispersés, Dumbledore ayant eu
besoin d'eux pour des missions diverses. Remus avait été
le dernier à partir. Avant de refermer la porte du 12, Square Grimaud,
il s'était tourné vers son amant et lui avait lancé
en souriant :
— Soit sage pendant mon absence !
Personne ne connaissait la nature exacte des relations qui unissaient le lycanthrope
et l'ancien prisonnier d'Azkaban. Sauf peut-être Dumbledore
qui semblait toujours tout savoir et Maugrey, qui n'avait pas manqué
de les voir s'embrasser à travers la cloison du salon quelques
jours plus tôt. En prenant une bouteille d'eau dans le réfrigérateur,
Sirius se sentit subitement déprimé. Remus lui manquait. Il n'avait
plus l'habitude de dormir seul. De plus, cela faisait des mois que la
maison avait été animée par les va-et-vient des membres
de l'Ordre et aujourd'hui, le silence se faisait pesant. Soupirant
à nouveau, Sirius retraversa le hall. Alors qu'il allait poser
le pied sur la première marche de l'escalier, un « pop »
caractéristique d'un transplanage se fit entendre derrière
lui. Surpris, il se retourna et tomba nez-à-nez avec Bill Weasley, trempé
jusqu'aux os dans ses vêtements moldus.
— Bill ? Que se passe t'il ? Il y a un problème ? S'alarma
Sirius, inquiet.
— Tout va bien ! Je suis venu voir si tu ne t'ennuyais pas trop
tout seul. Et je t'ai amené des provisions, ajouta t'il en
désignant le panier qu'il tenait à la main. Ma mère
ne veut pas que tu meures de faim !
— C'est gentil à elle, sourit l'ancien Maraudeur. Et
à toi.
Ils allèrent ranger la nourriture à la cuisine. Puis, Sirius conduisit
le jeune homme au premier.
— Tu devrais aller te changer, histoire de ne pas prendre froid.
— Merci !
— Au fait, tu repars de suite ?
— Eh bien… si ça ne te dérange pas, je préfèrerai
rester jusqu'à ce que l'orage se soit calmé. Je me suis
rendu compte que le transplanage est dangereux quand il y a autant d'énergie
dans l'air.
— D'accord. Je vais te préparer ta chambre. Fais comme chez
toi !
Après s'être assuré que son invité ne manquerait
de rien, Sirius retourna se coucher. Il somnolait, incapable de trouver le sommeil,
dérangé par les coups de tonnerre incessants qui faisaient trembler
les vitres de la vieille demeure. A un moment, entre deux éclats tonitruants
du ciel, il entendit des coups frappés timidement à sa porte.
— Entrez !
Bill pénétra dans la pièce, hésitant un peu. Il
avait enlevé son jean et son tee-shirt trempés et ne portait plus
qu'un boxer noir. Ses longs cheveux flamboyants, encore un peu humides,
étaient détachés, lui tombant jusqu'au milieu du
dos. Sirius ne put s'empêcher d'admirer le torse musclé
du jeune homme, sentant alors une chaleur intense l'envahir. Il remercia
l'obscurité qui masquait son trouble et demanda, d'une voix
qu'il voulait assurée.
— Qu'y a t-il ?
— Je… tu vas me trouver idiot… hésita Bill en fixant
le sol.
— Mais non ! Vas-y !
— Je… j'ai peur de l'orage… j'aimerais…
dormir près de toi.
A ces mots, et pour la première fois de sa vie, Sirius regretta de dormir
nu. Il se déplaça, se collant contre le bord du matelas, faisant
de la place, puis fit signe à son ami de le rejoindre. Le jeune homme
entra dans le lit, s'installant confortablement sur le dos, un bras sous la
tête, l'autre reposant sur son torse. Sirius essaya de chasser les idées
troublantes qui envahissaient son esprit. Il se tourna pour faire face au mur
et ne plus voir le corps si tentant de son jeune ami.
Je ne dois pas penser à ça… Je ne peux pas trahir Remus…
Il faut que je dorme…
— Je suis heureux que nous soyons seuls ici… tous les deux…
La voix de Bill était tremblante. Surpris, Sirius se retourna pour lui
faire face. Le jeune homme fixait le plafond.
— Que veux-tu dire ?
— Rien… excuse-moi… on devrait dormir…
Il ferma les yeux. Sirius soupira, mais ne bougea pas. Il resta à contempler
le profil de son ami, son front dégagé, ses paupières closes,
ses joues pâles, ses lèvres fines entrouvertes comme une invitation
au baiser… N'y tenant plus, l'ancien Maraudeur se redressa sur un coude,
puis se pencha au-dessus de son invité, frôlant de ses lèvres
la bouche offerte. Le jeune homme ouvrit brusquement les yeux et Sirius s'écarta,
gêné.
— Je suis désolé… souffla t'il. Je n'aurais jamais
du faire ça… je ne sais pas ce qui m'a pris…
Un sourire apparut sur le visage de Bill, surprenant son ami.
— Je ne t'en veux pas… cela fait des mois que j'en rêve…
— Que veux-tu dire ? S'étonna Sirius, pas certain de comprendre.
— Que je suis tombé amoureux de toi… mais comme tu es avec
Remus, je me suis résigné… Lorsque ma mère a demandé
à Charlie de venir te voir ce soir, j'ai proposé d'y aller à
sa place, même si j'ai une peur terrible des orages et qu'il a fallu que
j'en affronte un pour venir.
Alors que son ami ouvrait la bouche pour parler, le jeune homme posa un doigt
sur ses lèvres.
— Laisse-moi finir, s'il te plait… sinon, je ne pourrais jamais
tout te dire… Je suis venu ce soir dans le fol espoir qu'il se passe quelque
chose entre nous, même si je sais que tu ne seras jamais à moi…
J'aimerais tant… juste une nuit…
Une larme coula sur sa joue parsemée de tâches de rousseur. Sirius
l'essuya doucement. Un sourire éclairait son visage.
— Je dois avouer que s'il n'y avait pas eu Remus… mais il est là…
je ne peux pas l'oublier…
— Je ne te le demande pas !
— Je sais… Mais… je dois dire que j'ai aussi un peu peur de
ta mère… J'imagine sa réaction si elle apprenait que j'ai
débauché l'un de ses fils… Je crois qu'elle me livrerait
elle-même à Fudge et aux Détraqueurs !
Bill eut un petit rire en imaginant sa mère traînant Sirius par
les cheveux jusqu'au Ministère de la Magie.
— Oui, elle en serait capable ! Mais je ne préfère pas qu'elle
ait connaissance de mes penchants sexuels… déjà qu'elle
me casse les pieds avec ma boucle d'oreille et mes cheveux longs…
— Je les trouve très bien tes cheveux… souffla Sirius en
prenant une mèche rousse entre ses doigts pour jouer avec. Ecoute…
Moi aussi, j'ai très envie que l'on passe cette nuit ensemble, mais à
une seule condition.
— Laquelle ? Demanda Bill, tout en se doutant déjà de la
réponse.
— Personne ne doit savoir. Secret absolu. Je connais Remus… si jamais
il l'apprend, il sera triste… et je ne veux pas le faire souffrir…
— C'est promis. Ca restera notre secret. Jusque dans la tombe.
Pour sceller le pacte, le jeune homme se redressa un peu et posa ses lèvres
sur celles de son aîné. Sa langue partit à la rencontre
de celle de Sirius tandis que ses mains se promenaient sur son dos nu, descendant
jusque sur ses fesses.
L'ancien Maraudeur laissa Bill prendre l'initiative, savourant pleinement les
frissons de plaisir qu'il sentait monter le long de sa colonne vertébrale.
Puis, il décida de reprendre les choses en main. Il délaissa les
lèvres du jeune homme pour descendre dans son cou, puis sur son torse.
Il parsemait la peau claire de petits baisers, ne laissant aucun endroit inexploré,
sauf les deux boutons de chair qui se dressaient sur son passage. Il les ignora
sciemment, se contentant de tourner autour, provoquant ainsi des grognements
de frustration de la part de leur propriétaire. Lorsqu'il sentit qu'il
l'avait suffisamment fait attendre, il les suça, l'un après l'autre,
pendant que sa main descendait sur le ventre ferme du jeune homme, jusqu'à
la lisière de son boxer. Il frôla le tissu, allant au-delà
du pli de l'aine, puis remontant doucement. Il n'avait pas besoin de regarder
pour savoir que son futur amant était dans un état très
avancé d'excitation. Il glissa sa main sous l'élastique pour aller
caresser le membre déjà dur, faisant de lents va-et-vient. Au
bout d'un moment, il délaissa les tétons pour enlever à
Bill son boxer qui devenait un peu trop gênant.
Lorsqu'il revint s'installer, le jeune homme le poussa fermement sur le dos,
puis commença à le caresser, dessinant les contours de son tatouage,
suivant les monts et les vallées des muscles, descendant jusqu'à
la taille. Il embrassa fougueusement son amant tout en prenant son sexe dans
sa main. Lorsqu'il put parler, Sirius lança d'une voix rauque :
— Tu es très doué…
Bill rougit violemment, ce qui fit sourire son compagnon d'une nuit. Sirius
sentait des vagues de plaisirs de plus en plus forte monter en lui et obligea
son amant à arrêter ses caresses.
— Oui, très doué… souffla t'il, le faisant rougir
de plus belle.
Il reprit le contrôle des opérations, obligeant le jeune homme
à lui tourner le dos. Humectant ses doigts de salive, il les insinua
entre les fesses de Bill, caressant doucement l'entrée sensible du jeune
homme.
— C'est la première fois ? Interrogea t'il, un peu inquiet.
— Non…
Sirius ne répondit pas, mais était soulagé. Il savait que
la première fois était toujours la plus douloureuse, se souvenant
encore des larmes qui avaient coulé sur les joues de Remus lors de leur
première nuit d'amour.
Ce n'est pas le moment de penser à lui !
Il pénétra doucement d'un doigt l'intimité du jeune homme,
puis, lorsqu'il fut certain que son compagnon acceptait cette intrusion, il
y entra un second, puis un troisième. Son autre main était posée
sur le sexe de Bill, le caressant doucement.
Le jeune homme sentit qu'il n'était pas loin d'atteindre la délivrance
sous les mains expertes de son amant. Il souffla :
— Prends-moi…
Sirius s'exécuta avec d'infinies précautions pour ne pas lui faire
mal. Il le pénétra entièrement, puis commença à
donner des coups de reins, d'abord doucement, puis de plus en plus fort. Soumis
à une double stimulation, Bill ne tarda pas à se libérer
dans la main de Sirius. Celui-ci ne put tenir beaucoup plus longtemps, sentant
la jouissance se répandre dans ses veines comme de l'or en fusion. Lorsqu'il
se retira, Bill se tourna vers lui et vint se blottir dans ses bras. Sirius
caressa doucement ses cheveux flamboyants, déposant de petits baisers
sur le front du jeune homme qui commençait à s'endormir.
— Merci, Sirius…
Son amant sourit et ne tarda pas à s'endormir lui aussi, malgré
le bruit du tonnerre qui redoublait à l'extérieur.
Le lendemain matin, lorsque Sirius ouvrit les yeux, il était seul. Il
se redressa sur un coude, passa une main dans ses cheveux noirs parsemés
de fils d'argent, se demandant s'il n'avait pas rêvé. Lorsqu'il
vit un morceau de parchemin posé sur la table de nuit, il sut que non.
Sirius,
Merci encore pour cette nuit d'orage… Notre orage…
Bill.
Il regarda le mot avec émotion, le relut plusieurs fois, puis le détruisit,
les larmes aux yeux. Il savait que ce qui venait de se passer ne se reproduirait
plus et le regrettait. Même s'il aimait Remus, il savait à présent
qu'il y aurait toujours dans son cœur une petite place pour Bill Weasley
et que le souvenir de cette nuit reviendrait le hanter les soirs d'orage jusqu'à
la fin de ses jours.
Fin.
