Une nouvelle réunion de l'Ordre dans la cuisine poussiéreuse du QG de l'Ordre du Phénix, et de nouveaux visages déçus et attristés. Ils n'ont plus d'espoir, les membres de l'Ordre tombent tous les uns après les autres. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas courageux ou de bons sorciers, c'est juste que l'ennemi est trop. Trop fort, trop nombreux, trop immoral. La bonne humeur qui autrefois faisait vibrer les murs est maintenant disparue. Ce qu'il reste ce sont juste les sanglots étouffés, les hoquets de dégoût et les cris d'indignation. Parfois, l'on entend un rire, léger, qui rafraîchit et fait sourire. Mais il n'est jamais présent longtemps, rapidement l'on doit aller se battre, l'on doit aller mourir.

Malgré le jeune âge des combattant, leurs visage est tout le contraire. Il est abîmé, usé. Dans leurs yeux il n'y a pas de traces de joie et d'amusement, seulement de la résignation et de la douleur. Pour les plus chanceux, il y a de l'amour. Mais celui-ci est vite remplacé par la peur de perdre l'être aimé, et à nouveau, ils ne sont que tristesse. Ils ont choisi ce combat, ils ont accepté d'en être, rien en les en obligeaient. Ils ont voulu se battre pour leurs idées, pour que le bien triomphe, pourtant certains regrettent amèrement de ne pas avoir tourné le dos à la proposition d'Albus Dumbledore. Peut-être qu'on les aurait considérés comme lâches, mais au-moins ils n'auraient pas vu mourir leurs amis et leurs famille. Leurs esprits sont envahis de questions et de doutes, les 'Et si…' fourmillent, ils se demandent ce que cela aurait changé à leur vie et si cela aurait vraiment changé la situation.

Mais il n'y a pas de réponses possibles. Leur chef est bien trop sibyllin et ils ne le comprennent plus. Ou peut-être ne l'ont-ils jamais compris. Et pourtant, malgré leurs doutes et leurs peurs, ils se lèvent à chaque fois et vont se battre vaillamment, stupidement peut-être. Sur le champ de bataille, leurs doutes disparaissent, pris dans le feu de l'action, ils ne pensent plus, ils agissent. Tous leurs mouvements sont automatiques, ils ne réfléchissent pas quand ils lancent un sortilège de mort. Ils ont l'habitude maintenant, avant ils répugnaient à les utiliser, mais en ce moment c'est devenu banal et nécessaire. Durant ces instants ils oublient la peine et la douleur, mais dès que la montée d'adrénaline est descendue, tout est à nouveau sombre. Il n'y a plus tous les éclairs lumineux des sortilèges pour leur faire penser à autre chose, non, ils ramassent leurs morts et se préparent pour la prochaine attaque.

Après chaque bataille, ils se douchent, essayant d'enlever cette saleté qui est devenue leur seconde peau. Ils ne se sentent vivants que sur le champ de bataille, quand ils se tiennent grand quand le ciel s'écroule. Leurs vies leur semblent vides de sens, eux-mêmes sont vides. L'amour et l'amitié sont remplacés par la peur et la suspicion. Chacun dans son coin, ils sont silencieux, ils ne se parlent plus, ils n'ont n'en plus l'envie. Ils s'enferment dans leur bulle voulant se protéger. Ils n'osent pas parler aux autres de leurs doutes et de leurs peurs, ils ne veulent pas être considérés comme des traîtres ou des lâches. Ils n'ont plus envie et pourtant quand on les appelle ils se lèvent de nouveau. Leur vie est devenue une routine mortifère, mais c'est la seule chose qu'ils connaissent et qui les fait se lever.