Playlist

« Yours » Ella Henderson

« What a time » Julia Michaels et Niall Horan

« Hundred » The Fray

« Sorry » Aquilo

« Take me to church » Hozier

« Be alright » Dean Lewis

Chapitre n°1

Point de vue d'Aodhan

Une paire d'ailes bleues aux reflets argentés apparait en un éclair dans le ciel sombre de New-York. Cet ange là est en train de voler aussi vite que son second. Ce n'est pas pour rien que le dénommé Campanule est comparé à un papillon. Il éprouve un sentiment de liberté incomparable. Voler dans les airs lui ai indispensable, sentir l'air sur ses plumes, sur son visage et le reste de son corps. Le sentiment de voler telle une fusée sans avoir peur de quoique ce soit. La température extérieure et le temps permet cette pause. Nous avons passé la journée à nous entrainer, à élaborer et mettre en place des stratégies. Le sentiment de liberté est la meilleure sensation du monde. De là haut, le monde humain semble si petit. On se sent bien, sans contraintes, sans quelconque pression, sans jugement, on est libre. Personne ne peut de douter d'autre chose que d'un vol amical dans un ciel calme et sombre de la ville de la Grosse Pomme.

Mes yeux sont rivés sur le corps de mon meilleur ami. Illium est comme mon frère. Nous avons grandis ensemble. Nous avons passés notre jeunesse ensemble et nous sommes parmi les rares à faire partis du Cadre des Sept de l'Archange de New-York. Ce qui est exceptionnel et dont je ne me lasserai jamais. Raphaël ne nous considère pas uniquement comme un membre des Sept, nous sommes une famille. Notre loyauté est éternelle et il ferait n'importe quoi pour nous. Difficile de le croire mais c'est vrai et je suis fier. Mon ami aux ailes bleues est si rapide, le plus rapide d'entre nous et il force l'énervement de notre maitre d'arme préféré lors des entrainements car il n'arrive pas à l'atteindre avec une arme blanche ou alors en exercice extérieur. Il est trop rapide. Ce qui lui donne un avantage conséquent en cas de conflit ou de danger avec un Ancien.

Illium est l'ange le plus incroyable que je connaisse et je ne dis pas ça uniquement parce que je le considère comme un frère mais son caractère est unique. Il ne peut pas se faire réprimander. Quand on le regard, on a envie de le protéger, de le serrer dans nos bras et on ne peut lui en vouloir pour quelque chose. Rare sont les liens amicaux que j'ai eu dans ma vie, celui avec cet ange bleu est unique. Nous avons un lien fraternel incroyable. Il a été là dans les pires moments de ma vie.

Au balcon de la Tour, je peux voir le regard amusé de notre Archange. Les pirouettes dans les airs de notre ange bleu préféré sont captivantes, on ne peut détacher le regard. Même les humains sont étonnés à chaque fois. Rare sont ceux qui prennent le temps de lever la tête en sortant des transports publics, des bureaux ou d'un café sont ébahis à chaque fois. Nous ne circulons quasiment pas sur le sol terrestre sans provoquer une curiosité massive. Ce que je conçois.

Du haut de l'immeuble, on a une vue panoramique sur New-York. Un peu en contrebas, ceux qui ont la chance d'avoir un appartement duquel la Tour est visible, les gens peuvent voir les anges décoller et atterrir. Je conçois que ça les fascinent. L'ancien logement d'Elena était comme ça. Elle a dû le quitter à contrecœur.

Ma peau de marbre a plus de mal à se fondre dans le décors. Le ciel nocturne de New-York est illuminé par les millions de lumières qui scintillent la nuit. Cela donne des repères lorsque l'on vole dans les cieux. C'est une ville qui ne dort pas. Mes ailes ont tendance à briller sous les rayons du Soleil, ce qui rend les gens curieux. On me le dit souvent.

Campanule s'élève de plus en plus haut dans le ciel. S'il continue, il va toucher la stratosphère. Ce n'est pas conseillé. Le manque d'oxygène s'y fait ressentir mais c'est un ange qui aime prendre des risques. Il est sérieux quelques fois, sauf quand il doit voler dans le ciel telle une fusée avec des amis ou alors seul.

Sauf que ce vol nocturne n'est pas comme d'habitude. Mon ami s'immobilise en vol. Il adore nous jouer des tours et nous faire peur, ce qui fonctionne à chaque fois. On l'a suffisamment prévenu qu'un jour, la blague ne sera pas bonne et qu'il se passera quelque chose. On en a peur. Surtout que depuis quelques temps, je m'inquiète pour lui. Nous sommes amis depuis l'enfance, on se connait quasiment par cœur. C'est la seule personne que je laisse approcher suffisamment près de moi pour me donner une tape amicale dans le dos, me claquer sa main dans la mienne. Je déteste les contacts physiques, aussi brefs et légers soient-ils. Je ne suis pas forcément à l'aise avec le contact. Sans doute dû à mon passé mais aussi avec mon corps. Avec Illium, ils sont bienveillants. Non pas que les autres ne le soient pas. Je suis persuadé de la bienveillance et du lien de confiance incroyable qui règne entre nous Sept. Nous ne sommes pas qu'un groupe qui travaillons ensemble, un lien familial s'est crée. Ce lien est précieux.

Sauf que les yeux habituellement rieurs d'Illium ne le sont pas. Ils ne le sont plus. Il semble perdu dans le vide. Son corps est immobile dans les airs avant de tomber. La gravité l'attire. Son corps tombe tel un projectile qui pèserait une tonne. Ma conscience me hurle de crier quelque chose mais je me précipite aussi vite que possible vers le corps de Campanule. Il prend de la vitesse et je ne suis pas assez près pour lui venir en aide. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas y croire. Mon ami doit être secouru. Me résoudre à ne pas réussir à l'attraper est inenvisageable. De plus, le vent s'est levé et cela ne joue pas en ma faveur. Ma concentration est uniquement sur l'ange bleu. Je ne peux pas regarder ailleurs. Depuis quelques temps, nous savons que sa puissance augmente. Nous sommes inquiets. Plusieurs fois, j'ai essayé d'en parler avec lui, de peur de le frustrer plus qu'il ne l'ai déjà je n'ose pas le mettre en colère mais d'un côté je me dis que c'est noyer le poisson. Faire l'autruche, ne pas regarder le problème en face et en quelque sorte le laisser dans sa souffrance que je refuse d'admettre. Mon frère n'a pas le droit de souffrir. Je ne peux pas l'aider, personne ne peut l'aider parce que la puissance d'un ange ne se contrôle pas. Mes ailes m'amènent le plus rapidement possible vers son corps mais je ne suis pas assez rapide comparé à la vitesse à laquelle il va. Alors je prie intérieurement pour que Raphaël puisse le rattraper avant qu'il ne s'écrase sur le sol.

« Raphaël, Illium tombe ! ».

Voilà ce que je réussi à dire. Le lien mental est nécessaire et c'est une vrai chance de l'avoir. Je prie de toute mes forces pour que notre Archange soit plus près que moi, qu'il puisse intercepter Illium à temps. Autrement, je ne m'y ferais jamais. J'aurais cette image sur la conscience pour le reste de mon existence d'immortel. Je vivrais avec les remords. Illium ne doit pas nous quitter, certainement pas de cette façon. Je ne peux pas envisager l'impensable. Pas Campanule. Pas lui. Mon monde serait sur le point de s'effondrer. Déjà que mon cœur est sensible alors imaginer le pire, non. Illium n'a jamais luit d'une telle façon. Son corps menace d'exploser. Des nuances de dorées, de bleues se mêlent à l'air. Cela me fait penser à un feu d'artifice. Les humains en dessus doivent avoir les yeux rivés sur ce triste spectacle. Personne ne doit y assister. Le corps de Campanule se contorsionne, ses poings sont serrés, ses ailes ne lui servent plus et son visage est dans le vide, comme son corps . Il tombe vers le sol comme un projectif. Un projectif impossible à rattraper.

« Je ne peux pas le rattraper ! ».

J'ai beau voler aussi vite que possible, mon front est perlé de sueur. Je ne peux voir qu'une chose: Illium. Mon cœur est serré dans ma poitrine. J'ai l'impression que l'on va me l'arracher de ma cage thoracique. Au quel cas, je me l'arrache moi-même. Je ne peux pas m'y résoudre. Non. Alors je m'approche aussi vite que possible, sans me rendre compte de l'environnement autour de moi. Ma respiration semble ralentir, comme si je ne m'en soucis pas. Mon regard est rivé sur lui.

Une chance incroyable que Raphaël soit parvenu à rattraper notre ange bleu à temps. Mon cœur peut recommencer à battre. Ma respiration peut reprendre un rythme normal. Mais je n'y arrive pas tout de suite, j'ai tout d'abord besoin de savoir que mon ami est encore en vie, qu'il va bien, que son âme est encore présente dans son corps. Je veux toucher sa main, ses cheveux, n'importe quoi du moment que je me rende compte qu'il est en vie. Je veux le toucher. Les courants d'airs sont devenus plus fort en quelques minutes et les chances de le récupérer en morceaux étaient minces mais je ne pouvais me résoudre au contraire et je sais que Raphaël non plus. Nous le savons tous. Raphaël tient fermement Illium dans ses bras et essaye d'établir un contact visuel bien qu'un contact mental ne soit pas possible pour l'instant. Du moins en apparence, peut être que dans quelques minutes ce sera possible. J'ai envie de hurler à Campanule qu'il est pris en charge, que nous sommes près de lui, que j'ai tenté de l'attraper mais cela n'a pas d'intérêts. Il est en train de souffrir sous mes yeux, sous les yeux de Raphaël. Le voir ainsi me rend malade. Mon cœur menace d'exploser. Les larmes me montent aux yeux mais impossible de pleurer.

Ce qui arrive à mon ami est impensable.

Ce qui arrive à mon ami n'est pas possible, pas maintenant.

Il est trop jeune. Beaucoup trop jeune. Cette histoire de Cascade est précoce pour lui. Rare sont les anges qui y survivent sans avoir un lien spécial avec leur Archange.

Cet événement exceptionnel ne doit pas arriver avant des siècles mais au fur et à mesure de son existence, pas en quelques secondes qui pourraient lui être fatal.

Je continue mon ascension rapide vers le toit d'un immeuble voisin quand un poids me bouscule, quelqu'un, quelque chose je ne suis pas en mesure de le distinguer et me fait perdre l'équilibre. Je dois tourner plusieurs fois sur moi-même pour me rendre compte des choses, du moins tenter de le faire. Je regagne mon équilibre. Je ne perçois rien d'autre que les toits des immeubles aux alentours qui tournent autour de moi. Des diverses lumières, des reflets sur les vitres m'aveuglent un peu mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. Je tente de garder mon équilibre. Ne pas tomber. Reprendre mes esprits à la seconde est difficile, j'ai envie de prendre appui sur quelque chose afin de me mettre les idées en place et de voir qui m'a bousculé. Tout tourne autour de moi. Je me sens perdu, sans repère susceptible de me rassurer. J'entends des voix que je ne distingue pas tout de suite. Cette personne a bien fait, au quel cas je me serais écrasé lamentablement sur le toit. Ce qui n'est pas conseillé après ma blessure suite à la bataille de New-York avec Lijuan. Les regard du Principal et d'Elena croisent le mien. Je me sens désorienté et soulagé que ma course vers le toit soit terminée. Elena m'a aidé.

Mon regard se reporte tout de suite vers mon ami ailé dans le ciel. Des lueurs dorées de mon ami se mêlent aux lueurs blanches de notre Archange qui essaye d'absorber l'énergie émise en surplus. Un feu d'artifice doré, bleu et blanc se crée dans le ciel new-yorkais. Des nuances de couleurs font comme un feu d'artifice. Je suis impuissant. Nous le sommes tous. Des éclairs jaillissent. Je ne pensais pas qu'il était possible d'absorber l'énergie d'un autre ange de cette manière. Raphaël relâche le surplus qui endommage le corps de notre angle bleu préféré. Il réitère le processus plusieurs fois jusqu'à ce que sa respiration devienne normal. C'est vraiment horrible à regarder. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Les éclairs jaillissent à nouveau. Le feu d'artifice semble prendre fin peu à peu. Je me permets de respirer normalement mais ne détache pas mon regard pour autant.

« Campanule » tentais-je de dire par le lien mental.

Dmitri se trouve déjà sur le toit de la Tour, le visage dur près à intervenir si besoin. Je devine à quel point, il doit se sentir mal. C'est celui qu'il préfère parmi les anges mais derrière la façade stricte, intimidante de Dmitri, il y a un vrai cœur d'artichaut. Nous sommes pris par le temps. Il n'y a que ça à faire. Le regard de Dmitri ne se détache pas d'Illium non plus. Nous le regardons sans savoir quoi faire. Il est entre les mains de Raphaël.

En attendant que Raphaël n'amène Illium sur le toit, je croise le regard d'Eléna qui ne sait pas quoi dire. Sans réponse de ma part, je tente de reprendre mes esprits avant de formuler une phrase correcte mais elle prend la parole en premier. Je me sens inutile, perdu et sans repère. Je suis stable sur mes pieds. La réalité me frappe de plein fouet, comme une gifle qui nous prend par surprise. Les choses prennent une tout autre ampleur et ça me terrifie.

« Nous étions obligés de te bousculer, excuse-nous » dit-elle troublée.

Elle sait que je n'aime pas les contacts physiques mais je ne lui en veux pas du tout. Elle a agit pour m'aider.

« Je… Et Illium ? » dis-je en tentant de formuler une phrase correctement.

« Aucune idée ».

Le silence. Je le déteste dans ces moments là. Elena ne sait pas quoi dire, moi non plus et je ne veux pas émettre une mauvaise supposition. Elle est aussi désolée que moi. Mon regard se fixe sur la Tour où Dmitri est toujours debout sur le balcon. Je me dirige alors vers le toit de celle-ci, aux cotés du vampire. Raphaël descend doucement en maintenant l'ange à ses côtés afin qu'il ne tombe pas à nouveau. Son attention lui ai dédiée. Je lui tends la main histoire de le savoir debout, ce qu'il a dû mal à faire, ses pieds peinent à le tenir en équilibre. Il est sonné. Cela parait évident. Il tente de murmurer quelque chose mais n'y parvient pas la première fois. Je me doute que cela le frustre. Il doit se sentir faible. Ce sentiment ne doit pas transparaitre lorsque l'on fait partie des Sept, c'est bien connu mais fendre l'armure que chacun d'entre nous s'est forgée depuis des siècles est nécéssaire parfois. Alors si je sais que l'ange bleu n'aime pas se montrer faible, cette situation ne le rend absolument pas. Il a souffert, il s'est battu avec son propre corps pour ne pas d'abord se laisser prendre par la Folie mais aussi pour ne pas se faire consumer sous nos yeux. Sa puissance a augmenté de façon exponentielle. Ce n'est pas normal ni logique. Il a dû affronter cela seul, sans aide, dans les airs pendant des secondes qui lui ont paru, comme à nous interminables avant que notre Archange ne lui vienne en aide, pour son et notre plus grand soulagement collectif. Voir un autre ange souffrir dans ces conditions a dû rappeler la sienne à Raphaël. Il a acquis cette puissance au double de l'âge d'Illium et cela n'a pas été facile alors à son si jeune âge, il aurait pu se consumer dans le ciel en une minute. Sans l'intervention de Raphaël, cela aurait été le cas. Sinon, je me serais porté volontaire, même si ma santé avait été mise en péril. Je suis loyale envers les Sept, Illium est mon meilleur ami, comme mon frère. Pour moi, c'est logique de vouloir l'aider. Nous l'amenons à l'intérieur, dans le bureau de la femme de Dmitri. Je n'ose imaginer sa réaction une fois qu'elle sera mise au courant. Je lâche la main de mon ami avec tristesse. Elle est froide et non plus chaude comme avant. Son énergie a été puisée pour lui permettre de rester en vie. Je ne veux plus jamais voir ça de ma vie. Notre Archange aide l'ange bleu à s'asseoir, en prenant conscience qu'il peut tomber à tout moment. Il l'installe délicatement sur la chaise et une fois cela fait, de nouveau une réaction se produit. Illium tombe de la chaise que Raphaël pousse brutalement. Il allonge rapidement Illium sur le sol. Des bulles rouges foncées se forment au coin de sa bouche sans prévenir, Elena commence à paniquer mais se précipite vers le téléphone pour contacter la mère de Raphaël au plus vite. Ses conseils sont précieux. Nous avons besoin de l'aide de Caliane. Ses conseils vont nous aider à prendre des mesures pour l'aider. Raphaël se concentre toujours sur son Sept. Il le regarde dans les yeux et tente de lui parler afin d'avoir son attention, aussi brève soit-elle. Il serre les doigts de l'ange entre les siens. Il ne le quitte pas des yeux. On prend conscience de l'importance du lien que l'on a avec l'Archange. Un lien bien plus important que l'on ne le pensait tous jusqu'à présent.

« Concentre toi » dit Raphaël à Illium. « Regarde moi, je t'en pris ».

Nous devinons son inquiétude dans ces quelques mots prononcés. Raphaël n'a jamais été aussi tendu. Il faut dire que les cas de poussée de puissance extrême sont rares, si rares qu'ils n'existent que quelques cas dans l'Histoire angélique et il a fallu que notre ange bleu préféré y soit de la partie. Je m'en mords les doigts. Je croise le regard de Dmitri qui tente de m'apaiser par les paroles transmises par le lien mental que nous avons tous.

« Il est pris en charge. Sain et sauf. Je vais appeler Keir pour des examens complémentaires. Je sais que ce n'est pas logique mais je veux m'assurer que ses organes internes soient intacts ».

Les yeux d'Illium reprennent leur couleur dorée peu à peu mais son teint est pâle. Il veut prononcer un mot sans y parvenir. Il a besoin de temps pour retrouver l'usage de la parole.

Raphaël est en communication avec sa mère, ses nerfs sont mis à rude épreuve. Le corps de l'un de ses Sept est impuissant, son esprit est embrumé. Il tient le cou de Campanule.

« Mère ».

Le mot prononcé par Raphaël est sec. Il ne sait plus quoi penser, comme nous tous. Nous n'avons jamais vu un ange dans un tel état. Même lorsque j'ai été blessé il y a des années pendant des mois, j'ai eu honte de mon état et Illium n'a pas eu peur. Il n'a pas détourné les yeux. Je sais que cette période a été horrible pour lui. M'en parler lui a demandé du temps. À cette période, j'ai été isolé volontairement pour me préserver du regard des autres mais aussi des autres Sept. Un ange ne doit pas se montrer vulnérable ou faire preuve de faiblesse. Ce sont des sentiments humains, pas angéliques. Nous n'avons pas les mêmes perceptions des uns des autres. Un humain est spontané alors qu'un ange agit avec précaution, intuition. Parfois, je comprends Campanule qui est fasciné par les mortels. Ils font attention à des choses qui ne nous semblent pas importantes alors qu'au final ce sont des détails qui peuvent faire une différence. Quand il m'entrainait boire un verre dans un bar, je ne comprenais pas tout de suite la mesure de ses observations sur les humains. Il observait leurs attitudes les uns avec les autres. Des attitudes naturelles et simples. Je ne sais pas si cet exemple est convaincant mais il est parlant. En attendant une réaction, Raphaël prend la main de son Sept, la serre afin de sentir la chaleur de son corps le réchauffer un peu. Son corps est froid, il commence à trembler. Il doit être somnolent mais ses yeux reprennent peut à peu leur couleur. Un soulagement. Même si ce n'est pas grand chose, ce détail prend vraiment son importance dans des situations aussi critiques, où nos respirations sont en suspend et où nos cœurs semblent ne pas vouloir battre correctement.

Les yeux de mon meilleur ami s'ouvrent et se ferment doucement. Il ne parle toujours pas. Qu'il garde son énergie pour plus tard.

« Est-il lié à toi ? » demande sa mère.

« Oui ».

« Absorbe son énergie. Immédiatement » annonce sa mère.

Le sang d'Illium se répand sur le sol. Les bulles foncées qui sortent de sa bouche continuent de se former et coulent le long de ses joues. Cette vision m'est insupportable et le visage de Raphaël ne se détourne pas, il affronte le problème, la vie de son Sept est entre ses mains en quelque sorte et il refuse que cela se propage. Illium a assez souffert. l'Archange est au-dessus de son visage. Le pouvoir de ce dernier devient dangereux pour lui alors que ça ne devrait pas. Ce n'est pas logique. Un pouvoir doit grandir doucement et non tuer directement. Raphaël doute. Il ne veut pas ôter la puissance de son Sept. Mais s'il doit la prélever pour lui sauver la vie, le choix est rapide et évident. Le contact avec la paume de Raphaël contre la peau de l'ange provoque une source de chaleur pour celui-ci. L'énergie circule d'un corps à l'autre. Quelques secondes suffisent pour que ce soit absorbé mais je ne sais pas si ça durera. Il a besoin de repos. Des larmes coulent le long des joues de l'ange aux ailes bleues. Elles se mêlent aux bulles de sang. Ses larmes signifient combien il doit souffrir, combien il doit se sentir perdu. Du monde l'entoure et il ne comprend pas directement. Il ne doit pas avoir conscience de son état et honnêtement je ne le lui souhaite en aucun cas. Personne ne doit souffrir sans avoir la possibilité d'exprimer sa souffrance interne, sa souffrance physique. Il a mal. Le contact entre Illium et l'Archange semble faire effet. Son visage se détend un peu plus, un soulagement prend possession de nos cœurs.

« On dirait que ça fait effet » souffle Raphaël. « Je sens son énergie dans mon corps ».

« Tu es sûr ? » demande sa mère. « Il faut tout lui enlever sinon les conséquences seront aggravées ».

« Que… » prononce Illium avec difficulté « se passe t-il ? ».

Le corps de ce dernier est froid quand on le touche et pourtant des perles de sueur sur son front montre qu'il a comme une poussée de fièvre. Or c'est l'effort engendré, la souffrance et le choc corporel qui a causé cette transpiration. Les doigts de Raphaël parcourent sa mâchoire, ses mèches de cheveux collées au visage. Il s'assure que ces mots sont bien sortis de sa bouche, qu'ils sont réels et non le fruit d'un espoir tellement voulu qu'il parait réel et concret. Et c'est le cas, ses mots sont biens réels. Le visage de l'Archange se détend un peu plus encore. Nous prenons alors conscience que ça va aller. Que les choses vont aller mieux. Je me sens chanceux ce soir. J'ai envie de prendre mon ami dans mes bras, de m'assurer d'entendre son cœur battre, de l'entendre respirer, de respirer son odeur, de m'assurer qu'il est en vie. C'est la seule chose dont je me soucie aujourd'hui.

« J'ai gagné ? ».

Même dans les moments les plus dramatiques, notre Campanule favoris trouve le moyen de faire de l'humour. Ce n'est pas le moment. Et pourtant, j'esquisse un léger sourire sur le visage. Les larmes me montent aux yeux. Le savoir sauvé me rend heureux, me soulage mais cet épisode était violent et je ne sais pas s'il y en a aura un deuxième. Les conséquences peuvent être irréversibles dans certains cas et c'est effrayant.

« Ce n'est pas le moment de faire de l'humour » dit Raphaël « Mais bienvenue parmi nous » ajoute t-il soulagé de voir que l'esprit de l'ange fonctionne.

Raphaël aide l'ange à se redresser puis l'aide à s'asseoir sur une nouvelle chaise qu'Elena est partie chercher dans le bureau de Dmitri. L'ange s'assoit sans tomber de celle-ci. Son esprit est encore embrumé. Il regarde dans le vide, ferme les paupières afin de ne pas être gêné par la lumière artificielle de la pièce. Il reprend doucement le contrôle de sa respiration.

« Raconte moi, que risque t-il ? » ajoute t-il à l'attention de sa mère.

« Les cas sont très rares. Ceux dont j'ai entendu parler ont été causés chez un premier ange âgé de 700 ans dont la vie s'est arrêtée. Le second avait l'âge d'Illium mais il a été sauvé grâce au lien de sang avec son Archange. C'est un lien puissant qu'il faut préserver à tout prix. Tu es intervenu à temps, c'est le plus important mon fils ».

« C'est la puissance d'Illium, pas la mienne. Cela lui revient. Je n'ai pas à intervenir dans le processus. Je suis intervenu pour le sauver. Il ne doit pas vivre ça seul ».

« Je ne suis pas prêt à quitter les Sept ».

Cette phrase nous bouleverse. Hors de question que tu quittes les Sept, pas nous. Nous avons besoin de toi. Tu es mon meilleur ami, mon frère de cœur et jamais je ne te laisserai partir en étant certain que c'est pour ton bien. Tout ce que l'on veut c'est ton bien, ton bonheur.

« Je ne suis pas prêt à te laisser partir » murmure t-il à Illium. « Jamais ».

Raphaël ne lâche pas Campanule du regard et le serre dans ses bras. Je pense qu'il a autant eu peur pour lui que pour nous. Les émotions qui s'en dégage sont sincères et on sera doublement, triplement vigilant quant à l'ange qui est encore en sueur et tremblant dans les bras de l'Archange. Ses bras se serrent contre son corps tremblant par le froid. Nous avons besoin de lui.

« Aodhan ? ».

Lorsque Raphaël prononce mon prénom, mes yeux se relève vers lui. Je quitte le corps de mon meilleur ami pour rencontrer celui de mon Archange. Je sens aussi les autres paires d'yeux sur moi. Ses yeux bleus me fixent et m'indique que ça va aller.

« Ramène Illium dans sa chambre, reste à ses côtés et tente de lui expliquer la situation s'il veut bien écouter mais rien ne presse à l'instant T. Il a besoin de repos ».

« Bien Archange ».

Je prends mon meilleur ami le bras appuyé autour de mon cou et le fait sortir de la pièce. C'est le pire sentiment. Mais savoir qu'il est en un seul morceau me fait espérer qu'il se remettra vite sur pied. Ses blagues me manquent déjà. Je ne peux pas imaginer une vie sans l'humour de Campanule, sans son sourire dès le matin ni sans sa joie de vivre. Personne. Je traverse le couloir jusqu'à l'ascenseur, la porte s'ouvre en quelques secondes. Les chambres de chacun des Sept se situent à l'étage au-dessus puis l'appartement de notre Archange est encore plus haut. Les secondes qui passent dans l'ascenseur me semble plus longue. Je serre un peu plus le bras de mon meilleur ami autour de mon cou pour me conforter qu'il est bien là, que je ne rêve pas. J'ouvre sa porte de chambre et l'amène jusqu'au large lit qui trône au milieu de celle-ci. Ses ailes toujours fermées, son regard dans le vide, il se laisse tomber sur les couvertures. Je ne l'ai jamais vu aussi faible de ma vie. Je suppose qu'il doit claquer des dents. Je le laisse une minute seul et pars dans la salle bain mouiller un gant de toilette pour lui essuyer le visage. Au contact du gant, il remue la tête mais ça lui fait du bien. Je l'essuie avec une serviette, pose le tout sur une petite table de nuit. Des couvertures sont rangées dans un placard, je ne veux pas qu'il attrape autre chose de ce qu'il a déjà eu. Et je ne lui demande pas de parler, il a besoin de repos. Illium bouge un peu quand je lui mets les couvertures sur le corps. La chaleur produite semble lui faire du bien.

J'ai dû mal à me résoudre à le laisser seul, sait-on jamais mais il a besoin de dormir. Ma présence n'apporterait pas grand chose. Il tente d'établir un contact avec moi et je ne peux me résoudre à refuser alors j'effleure sa main de mes doigts et quitte la chambre. Il a besoin de temps et de calme.

En sortant dans les couloirs, je croise Dmitri. Son regard trahit ses pensées, il est aussi secoué que nous tous. Normal. Pour la première fois de ma vie, je ressens le besoin d'un contact. Je n'en ai jamais réclamé. Pas spontanément en tout cas et la seule chose dont j'ai envie est de prendre mon meilleur ami dans mes bras.

« On en discutera plus tard. Nous avons eu assez d'émotion pour ce soir » me dit Dmitri par le lien mental.

Je me dirige vers les autres chambres jusqu'à la mienne. Dmitri tente de me rassurer et ses mots ont du poids. Keir va examiner la santé d'Illium plus tard, le temps que celui-ci se repose un peu avant de subir des examens complémentaires. J'ai dû mal à comprendre le raisonnement. Si la puissance acquise par l'ange bleu a été contenue par l'intervention de Raphaël alors tout devrait aller mieux par la suite. Mais je ne cherche pas à comprendre. Qu'il fasse le nécessaire. Je ne veux pas garder cette triste image de mon meilleur ami. Pas celle où il tombe telle une pierre sans prévenir, sans qu'il ne s'en rende compte lui-même. Je vais me réfugier dans un endroit calme. Ma chambre n'est pas l'endroit où je passe le plus de temps. Quand il ne faut pas s'entrainer avec le maitre d'armes, je me pose sur un toit pour dessiner. Je n'ai pas envie de toucher à mes carnets à dessins. Je m'allonge directement sur le lit pour récupérer un livre qui est sous l'oreiller. En principe, le domaine artistique m'ouvre l'esprit, m'aide à penser à autre chose. Quelques uns de mes travaux de peinture par exemple sont exposés au Refuge et à la Tour. Je ne sais pas pourquoi Raphaël a voulu les mettre aux murs. Je lis quelques pages du livre mais ne parvient pas à penser à autre chose. Ces images m'obsèdent. Elles me hantent l'esprit, défilent sous mes yeux. Une partie de mon monde s'effondre comme un château de cartes en quelques minutes. C'est le pire sentiment du monde. D'ailleurs, lorsqu'il va se réveiller, va t-il se souvenir de sa chute ? Dans ce type de cas, il ne vaut mieux pas s'en souvenir. L'amnésie temporelle a parfois du bon. Je ne veux pas qu'il garde ça en tête. Il va m'en vouloir de le lui raconter. Je sais qu'il déteste que l'on ai pitié.

Les dernières lueurs nocturnes font place au lever du soleil. La nuit était calme, pas de message alarmant mais ce n'est pas ce qui m'a rassuré pour autant. Je suis loin d'être le seul entre ces murs de fer et de verre. Je décide de prendre une douche histoire de m'enlever les traces de sang de mon meilleur ami que je n'ai même pas pris la peine d'enlever sur mon corps. Résultat, mes draps sont tachés. Le sang se nettoie et ce n'était pas ma priorité ce soir. Avant de me laver, je change mes draps et les couvertures sur le lit. Ensuite, j'enlève les tâches de sang collées à mes bras. L'eau chaude fait partir le sang sans difficulté. Mes ailes sont trempées. Je ne réalise pas tout de suite que je frotte trop fort sur mes plumes. J'en perds quelques unes dans la douche.


Bonjour !

Ce chapitre part de l'épilogue du tome 8 de la saga. Ce dernier chapitre m'a conforté dans l'idée d'écrire sur ce personnage. Il s'agit de mon imagination. J'ai choisi de le retranscrire ici sous un autre point de vue, celui d'un autre ange qui aura tout de même son importance dans cette histoire, il s'agit d'Aodhan un ange aux ailes blanches et aux yeux comme incrustés de poudre de diamants et à la peau de marbre. Mais le personnage principal reste Illium. Bref, vous allez comprendre.

Dans la saga, il y a beaucoup de personnages. Il faut savoir que les anges et vampires ont un lien mental leur permettant de discuter d'où les dialogues en gras et italiques. J'ai commencé à mettre les dialogues en gras pour un confort de lecture.

Il n'est pas nécessaire de connaitre la saga pour lire cette fanfiction, du moins cela vous donne quand même une meilleure compréhension sur le contexte et les autres personnages, ce qui est bien. Il est vrai que pour mes autres histoires, j'ai fait une note qui résume les personnages parce que j'en ai ajouté des nouveaux mais ceux qui sont évoqués dans cette histoire sont présents dans la saga.

Je vais essayer d'être le plus claires possible pour les descriptions et informations. Si jamais vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser.

Je ne sais pas combien il y aura de chapitre en tout.

Une playlist sera proposée à chaque fois.

Et j'ai retravaillé ce chapitre afin d'y ajouter des éléments.

Bonne lecture ! ;)