Elle sentait son souffle de plus en plus faible. Avec le peu de force qui lui restait, elle tourna sa tête vers l'autre côté de la pièce, ce qui lui demanda une énergie folle.
Il était là. Les yeux ouverts. Morts. L'observant même jusqu'à la fin comme s'il voulait l'emporter avec elle jusqu'au bout. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle l'avait tué. Argos était mort. Enfin. Elle essaya de se redresser, rien n'y fait la douleur l'a lancé tellement qu'à chaque mouvement elle ne put laisser échapper que de multiples gémissements.
Soudain, elle entendit son prénom. Était-elle en train de rêver, était-elle déjà en train de partir? Dans tous les cas, elle n'avait plus peur de mourir après tout ce qu'elle avait subi cette année... la mort de Camille, le retour d'Argos... Cependant, quand elle revit le visage d'Ulysse et celui de Sarah. Elle se dit que ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas partir comme ça, malheureusement elle n'avait pas non plus la force de rester. Ses yeux commençaient à se fermer petit à petit, elle sentait son cœur ralentir de plus en plus, elle n'essayait même plus de bouger, ni même de récupérer le peu de souffle qui lui restait, c'était trop tard, elle n'y arrivait plus...
Elle entendit à nouveau son prénom. Concrètement elle n'avait jamais été aussi proche de la mort qu'aujourd'hui.
"Adèle, c'est moi, thomas" elle ne reconnut pas la voix tout de suite. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Ce n'était plus possible. Elle partait petit à petit.
"Adèle" hurlât-il.
Thomas se tenait à genoux au-dessus d'elle. Il avait posé son arme à côté de lui. Ses yeux commencèrent à devenir rouges. Il ne voulait pas se laisser aller. Il était démuni. Elle était là. Presque morte. Il n'avait plus la force de réagir de faire quoi que ce soit, même d'appeler ses collègues était trop difficile pour lui. C'était trop tard. Elle était là, dans une flaque de sang, qui au fur et à mesure des secondes s'élargissaient encore et encore...
Était-il prêt à la perdre? Il ne s'était jamais vraiment posé la question. Tout ce qu'il aurait voulu lui dire depuis ce séminaire, mais qu'il n'avait jamais pu. Leur face à face à la prison... Toute la merde qu'Aurélie avait foutue dans sa vie dès son arrivée. Toute la confiance qu'elle avait détruite entre eux. Tout se mélanger dans sa tête. Thomas serra les poings. Il n'osait pas la toucher. La déplacer, de peur d'accélérer les choses. Adèle la "sale gosse" d'il y a quelques années était devenue une femme. Une femme qui pouvait enfin apprendre à aimer. Malgré leurs passés communs difficiles. Leurs pertes communes, leur peur de se donner l'un à l'autre. Malgré leur peur de réapprendre à aimer. Baransky avait vu juste. Il était amoureux d'elle. Mais n'osait affronter ses sentiments. C'était sa collègue, sa partenaire, il n'avait jamais vécu cela avant. Mais les regards ne trompent pas, il le savait après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. C'était elle, cette femme fragile qu'il avait réussi à dompter malgré des débuts difficiles. Il ne pouvait pas continuer sans elle, c'était juste impossible...
"Je ne pourrais pas continuer sans toi...", chuchota-t-il après s'être approché de son visage.
"Commandant ! J'ai appelé les secours, elle est...?" Xavier venait d'entrer dans la pièce l'arme au poing. Il ne savait pas quoi dire, cela faisait seulement quelques jours qu'il faisait partie de l'équipe. Il trouva cela déplacé de poser une main sur l'épaule du commandant. Il resta donc là, derrière, en retrait. Attendant également l'ambulance. L'écho de la sirène commença à retentir non loin d'eux, la lumière du gyrophare vient tinter la pièce dans laquelle il était, en bleu. Le temps s'était comme suspendu.
Thomas était debout, bras croisés devant la vitre de la chambre. Elle n'était pas encore réveillée. Les médecins lui ont dit qu'elle avait eu beaucoup de chance. Que la balle avait juste traversé. Cependant qu'il lui faudrait beaucoup de repos, car elle avait perdu beaucoup de sang. D'où la pâleur de son visage. Mais comme lui avait indiqué une infirmière, les transfusions sanguines lui permettraient bientôt de reprendre des couleurs, mais également un peu d'énergie. Thomas se mordit la lèvre. Il avait l'autorisation d'aller la voir, mais n'arriver pas à passer le pas de la porte, comme ci, il savait qu'a ce moment précis. Au moment où elle se réveillerait, qu'il serait là ! Il lui dirait, du moins il essayerait de lui dire ce qu'il ressent vraiment. Qu'il n'a jamais eu aussi peur de l'a perdre.
Il ne sait jamais senti aussi démuni et perdu qu'a ce moment même. Son portable sonna. Il décrocha:
"Oui courtine, oui elle va bien, elle a besoin de repos. Dite à Jess de prendre Ulysse à la crèche et de s'en occuper. Dites à Lamarck que tout va bien, je reste sur place. Oui, d'accord, merci, on se rappelle"
il raccrocha, regarda une dernière fois son téléphone et revint fixer adèle à travers la vitre.
Il se tenait là. Devant la vitre immobile. Elle était là. Bien vivante. Maintenant, le plus dur était enfin derrière elle, enfin pour la plupart de ses démons... De toute manière il était hors de question pour lui de rentrer. Il en était incapable. Il avait autorisé Lucas à dormir chez un ami, histoire que son fils ne se pose pas trop de questions sur toute cette histoire. Il ne voulait pas le mêler à ça, lui aussi avait souffert cette année avec l'histoire d'Agathe. Et leur rupture avait été très difficile à encaisser pour son fils. Comment se remettre d'un premier amour ? Comment surmonter tout cela à son âge… ? Avec le temps bien sûr.
Thomas se recentra sur lui, à son tour, comment aimer à nouveau sans souffrir. Sans la peur de perdre cette personne qu'on aime tant. La perte si tragique de sa femme l'avait fermé à toute relation. Depuis sa mutation dans cette DPJ, combien de femmes avait-il réellement aimé ? Aucune. Il a bien eu des histoires, pour la plupart d'un soir…
Se remémorant Celle avec adèle il ferma les yeux. Il repensa à ce moment où il l'avait retrouvé dans son appartement un soir, dans cette chemise bleu bien trop grande pour elle, qu'elle lui avait probablement prise en fouillant chez lui. De ses mots prononcés "juste une nuit, aucune conséquence." Cette soirée où il s'était laissé aller avec elle, cette fille qui pour lui ne représenter rien à l'époque. Celle qu'il avait violemment repoussée en lui disant qu'il n'avait pas besoin d'elle dans sa vie. Comment dire que les choses avaient bien évolué ? Même lui avait clairement du mal à faire le tri dans ses sentiments…
Mais ce n'est pas anodin d'avoir le cœur qui bat quand elle se rapproche de lui, d'avoir envie de l'embrasser pendant un séminaire, ou de la prendre dans ses bras pour l'a calmé... Il ne sait jamais poser autant de question. Jamais. Que penserait Julia, as-t-il enfin droit au bonheur ? Va-t-il le droit d'aimer ? Que va penser Lucas, lui aussi ne doit pas souffrir de cette situation. Comprendra-t-il les choses ? Il souffla, se frotta le visage. La fatigue, ça n'aide pas. Il se décida à entrer dans la chambre d'adèle, remarqua le fauteuil près du lit. Il enleva son manteau, le déposa sur l'un des accoudoirs. Il se tenait là à côté d'elle à quelques mètres. Elle était En sécurité. Pourtant il ne l'avait jamais trouvé aussi vulnérable que sur ce lit d'hôpital. Il l'observait. Elle était si paisible. Enfin. Il l'a trouvé sereine pour une fois. Il aimerait tellement pouvoir lui parler. Mais ce n'était pas vraiment son genre. IL attrapa le fauteuil qu'il rapprocha du lit. Il avait tellement de choses à dire, à lui dire, mais ne savait pas pour ou commencer. Pourtant ça avait l'air si simple de dire seulement "je suis là". Il leva les yeux au ciel comme pour s'excuser d'avance pour ce qu'il allait dire. Il Attrapa la main d'adèle, sentit comme une décharge en lui. Il ne lui avait jamais vraiment tenu la main en fait. Le peu de contact qu'ils avaient eu, s'apparenter à une étreinte. Elle avait la peau si douce.
Il n'y avait rien à faire. Il n'arrivait pas à lui parler. Ni même à avoir un autre contact que tenir sa main. Il s'endormit sur le fauteuil. Épuisé.
Dans la nuit, il sentit un pincement dans sa main, comme si quelqu'un essayer de s'accrocher à ses doigts. Cela le fit sursauter. Il regarda Adèle, elle était en sueur. Son visage s'était complètement crispé. Il ne l'avait jamais vu comme cela. La douleur, un mauvais rêve. Il ne savait pas. Il regarda sa montre. Il était déjà 3 heures du matin, il ne savait pas quoi faire, s'il devait prévenir l'équipe ou rester avec elle. Sortir ne prendrait que quelques minutes. Il retira sa main. S'apprêter à sortir quand il l'entendit enfin:
"Thomas..." murmura-t-elle.
Il se stoppa net dans son action, son corps se figea il se retourna. Adèle essayait tant bien que mal de garder les yeux ouverts. Avec le peu d'énergie qui lui rester elle réussit a articulé
"Je l'ai tué, j'ai tué Argos..." dans sa voix résonna à la fois le soulagement, mais également de l'angoisse. Thomas s'avança près d'elle. S'assit au bord du lit.
"C'est terminé Adèle. Argos. Ce jeu. Ces manipulations. Il ne vous fera plus de mal maintenant. Vous êtes libre. "
Elle ferma les yeux, le simple fait d'avoir pu sortir ce poids, lui avait demandé une énergie immense. Et thomas le savait.
"Vous devez vous reposer, j'allais demander quelqu'un j'avais peur pour votre blessure"
"Non restez j'ai juste fait un mauvais rêve" réussit-elle à articuler en laissant couler une larme le long de sa joue. Thomas ne put répondre simplement qu'en replaçant sa mèche rebelle derrière son oreille et en commençant à caresser doucement sa joue. Il sentit que cela l'apaiser. Il avait tellement envie de lui parler. Mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Ce n'était clairement pas le moment. Elle était faible. Pas vraiment prête à se livrer. Et puis elle avait vraiment besoin de repos. Il se leva du lit dans le but de se rasseoir dans le fauteuil, mais adèle interpréta cela comme un départ, elle se surprit, avec une force et volonté incroyable, à essayer d'attraper le poignet de Thomas, réussissant simplement à agripper son pull.
"Restez...thomas restez s'il vous plaît..." chuchota-t-elle. Elle laissa tomber son bras le long de son corps. Les sourcils froncés de peur qu'il ne puisse pas. Il lui reprit sa main entre les siennes Et lui souffla
"Ne vous inquiétez pas, je reste là"
Un mois était passé. Adèle avait été complètement blanchie dans la mort de l'avocat et celle d'Argos. Elle n'avait pas repris le travail. Elle avait expliqué au commissaire Lamarck qu'elle avait besoin de temps avant de revenir. Du temps pour elle. Enfin, elle pouvait souffler sans avoir peur de se retrouver à nouveau en face de son bourreau qui lui avait quand même pris, une grande partie de sa vie. Elle pouvait profiter d'Ulysse. Et faire enfin connaissance avec sa sœur, Sarah.
En cette fin d'après-midi ensoleillé. Sarah avait décidé de rentre visite à adèle sur sa péniche. Elle était encore très chamboulée par ce qui s'était passé. Et même si elles ne connaissaient pas encore très bien elle avait su lui faire confiance dès le début dans cette épreuve douloureuse qu'elles avaient partagée. Autour d'une boisson, Ulysse dans les bras, adèle lui raconta alors toute son histoire. Son enlèvement, sa sœur jumelle Camille, la mort de ses parents, Argos. Ulysse... Sarah l'écouter depuis près d'une heure. Elle ne posa pas de question. À 15 ans ça fait quand même sacrément de choses à encaisser. Elle semblait parfois terrifiée par les côtés sombres du passé d'adèle et en même temps rassurée de voir qu'elle avait bien changé et évolué depuis qu'elle avait Ulysse, puis sa nouvelle famille a la DPJ.
"Je ne sais pas quoi te dire adèle, tu as dû beaucoup souffrir, je suis désolée de tout ce que tu as traversé... "
"La vie tu sais ce n'est qu'un déroulement de conséquences parfois heureuses parfois dramatiques, mais maintenant tout va bien, je t'ai toi, j'ai Ulysse, cailloux…"
Elles éclatèrent de rire. "J'ai ma famille, et ça croit-moi c'est merveilleux"
Sarah perdit son sourire, ses yeux commencèrent à se remplir de larme, Adèle le remarqua
"Sarah, qu'est-ce qu'il y a, ça ne va pas?" Elle pencha sa tête essayant de capter le regard de Sarah qui semblait vouloir définitivement lui fuir.
"Tu sais, l'adoption, mes parents... enfin nos parents, je l'ai très mal vécu. De savoir que j'ai un vrai membre de la famille dans ma vie maintenant…, même deux" dit-elle en pointant Ulysse "ça fait beaucoup, je suis heureuse. Mais j'aurais voulu connaître nos parents, nous contraire tous ensemble tu sais une vraie famille quoi" elle se leva pris son sac rapidement, elle ne voulait pas pleurer devant adèle. Adèle se leva à son tour, posa Ulysse dans sa zone de jeux et rattrapa Sarah par le bras
"Attends Sarah, qu'est qu'il y a j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout"
Sarah s'arrêta. Elle faisait dos à adèle. Elle n'osait même pas se retourner.
"C'est juste que, chaque jour je fais en sorte que mes parents soit fiers de moi, fiers de m'avoir adopté. Je n'ai pas de frère ni de sœur. Je ne sais pas comment ça marche. Et si on ne s'entendait pas. Si tu ne m'aimais pas. Tu sais je fais des bêtises je ne suis pas toujours gentille. J'essaye de faire ce que je peux pour être quelqu'un de bien..."
"Sarah, tu n'as que 15 ans, pourquoi tu te mets autant la pression comme ça, on vient tout juste de se retrouver. Je n'ai pas besoin d'avoir une sœur parfaite, je ne le suis pas non plus… J'ai juste besoin de toi. De ce que tu es simplement. Je m'en fiche de savoir les bêtises que tu as faites, j'en ai fait aussi, tu sais. Mais le principal maintenant c'est que je puisse te voir autant que possible. Et Ulysse aussi. On est une famille on a besoin d'être ensemble"
Sarah lâcha son sac et se blottit tellement fort dans les bras d'adèle qu'elle pouvait à son tour sentir sa sœur craquer sous le poids de l'émotion. Plus rien ne pourrait les séparer maintenant. Il leur manquer plus qu'à faire plus ample connaissance. Tranquillement. Sans pression. Car elles avaient vraisemblablement besoin l'une de l'autre.
Sarah était partie depuis déjà une bonne heure. Adèle était assise dans la cuisine regardant les lumières scintiller sur le pont en face de sa péniche. Perdue dans ses pensées elle n'entendit pas Jess rentrer. Quand elle posa son sac sur la table, adèle sursauta
"Désolée adèle je pensais que tu m'avais entendu..."
"Ce n'est pas grave", sourit timidement Adèle. Il y eut un petit silence de quelques secondes. Jess ne put s'empêcher de s'asseoir à côté de son amie et de lui demander droit dans les yeux :
"Tu...tu comptes revenir hein, dit. Tu ne vas pas nous laisser comme ça... on a besoin de toi à la DPJ, Emma revient la semaine prochaine. Hippolyte est toujours aussi chiant, Lamarck demande souvent de tes nouvelles, et... et rocher... bah Rocher il tourne en rond..."
Adèle détourna son regard de celui de Jess pour replonger sur les lumières du pont.
"Je ne sais pas…, j'ai pensé partir quelque temps loin d'ici, avec Ulysse"
"Partir" s'étrangla Jess "ah non tu ne peux pas partir, ce n'est pas possible, je ne peux pas rester seule sur la péniche, je ne sais pas la conduire, puis bah j'ai besoin de toi moi, j'ai besoin de vous deux, adèle c'est sérieux la...?"
Adèle se leva brusquement semblait complètement perdue, elle passa la main dans ses cheveux à plusieurs reprises.
"Écoute je ne sais pas, je ne sais pas ce que je dois faire, je sais plus"
"Mais de quoi tu parles?" s'étonna Jess qui se leva également de sa chaise pour venir au plus près d'adèle.
"Attends me dit pas que tu ne viens plus à la DPJ à cause de rocher...!"
Adèle se mordit la lèvre, leva les yeux aux ciels
"Tu veux bien arrêter, ce n'est pas le moment d'accord"
Jess se planta devant adèle, lui pris les mains chose rare en soit et se laissa aller:
"Adèle, nous deux au début ce n'était pas une évidence. Mais tu es devenue ma coloc, et par la suite mon amie. Je te confierais Sydney les yeux fermés. Même le prochain ou la prochaine" dit-elle en regardant son ventre arrondi "Mais tu sais ma belle, tu peux être la meilleure criminologue du monde, et être nulle en amour. Je t'avais dit quoi en Anjou..."
« L'amour c'est comme tout ça s'apprend oui je sais » Adèle retira ses mains de celle de Jess « il s'est passé quoi ensuite ? Aurélie est arrivée dans sa vie. Il n'a pas réussi à faire la part des choses entre elle et sa femme. Il pense encore à elle, je ne suis pas psy pour rien. Thomas n'a pas fait son deuil. J'ai eu tout un tas de choses à gérer puis maintenant j'ai Ulysse. Je ne peux pas, je t'ai dit, si ça arrive je vais tout gâcher, je ne sais pas faire ça, ce genre de chose. Ce n'est pas pour moi tout simplement. Puis y'a pas que ça, le boulot tout, écoute je ne suis pas prête c'est tout… »
Jess prit une mine de chien battu, elle n'arrivait pas à comprendre que son amie se mette dans des états pareil. Pour elle l'amour s'était tellement simple on s'envoie en l'air et puis voilà. Elle savait qu'au fond d'elle, elle avait besoin d'être rassurée. D'être entouré. Rocher était la bonne personne pour elle. Jess le savait. Il fallait juste que cela se passe, normalement. Et pour le travail. C'était une évidence. Adèle était la meilleure criminologue qu'elle eut connu après Chloé.
Jess alla dans la cuisine prête à se servir un verre.
"Au fait, Lamarck veut te voir demain. Je ne sais pas pourquoi. Il m'a dit de te faire passer le message tu viens quand ça t'arrange il m'a dit"
Adèle se mordit la lèvre
"okay"
Devoir revenir à la DPJ pour elle s'était pas imaginable pour le moment, pourtant elle ne pouvait pas se cacher éternellement sur sa péniche. Mais cela ne concerner pas seulement thomas. Cela concerner aussi sa carrière en tant que criminologue. C'était clair, elle était en pleine remise en question.
Devant la DPJ, Adèle était comme pétrifiée. Elle tenait son sac en bandoulière des deux mains, et se persuada de ne rester que le temps nécessaire. Le commissaire voulait l'a voir d'accord. Avec un peu de chance, elle serait sortie aussi vite que rentrer. D'un pas décidé, mais toujours aussi hésitante, elle fit son entrée à la DPJ. Elle passa devant Jess qui lui souffla un « courage » en plus d'un grand sourire. Adèle le lui rendit timidement. Elle marchait tête baissée avec le plus gros poids du monde. Soudain elle percuta Hippolyte qui se tenait de dos devant elle.
"Pardon" s'exclama-telle surprise par leur accrochage.
Hypo eu un grand sourire et l'a pris assez violemment dans ses bras, en oubliant qu'adèle ce n'était pas vraiment la pro des câlins, mais il s'en foutait.
"Vous nous avez manqué vous ! Ça y'est vous revenez enfin? Tout va bien? bien remise, c'est dingue je demandais des nouvelles à Jess, mais là de vous avoir devant moi, je suis très, très, très content"
Adèle ne put s'empêcher de sourire à tant de démonstration d'affection. Ça n'avait pas été tout rose avec hypo au début. Mais comme le reste de l'équipe, elle le voyait par cette marque d'affection, qu'elle avait réussi à faire sa place. Enfin, elle avait clairement sa place quelqu'un part. Cela lui revint en pleine figure comme une prise de conscience. Légère, mais c'était là. En elle. Dans son cœur. C'était eux ses vrais amis, sa vraie famille. Elle se dégagea de son étreinte qui en devenait presque étouffante.
"Merci Hippolyte, je suis désolée de vous avoir fait peur comme ça... je…je dois vous laisser je dois aller voir le commissaire Lamarck...»
Hippolyte l'a tenait par les épaules, il s'en éloigna en faisant de grands yeux.
"Vous n'allez pas donner votre démission hein, car si vous le faites, franchement je fais une grève de la faim. Je démissionne moi aussi ! Pire je quitte ce monde cruel"
"Hippolyte tu n'as pas autre chose à faire" ralla Jess
"Et toi à l'accueil t'as pas des papiers à trier?"
"Je te jure que tes papiers c'est toi qui va les trier" Hippolyte se tourna vers adèle
"Et c'est elle la mère de mes enfants, on ne choisit pas sa famille"
Adèle sourit à nouveau, chacun partit à ses activités. Elle souffla un grand coup, le bureau de Lamarck n'était qu'à quelques mètres. Elle savait également que si elle tournait la tête vers la droite elle trouverait le bureau de thomas. Elle voulut regarder, mais n'eut pas le courage. Ce n'était ni l'heure ni le moment.
Elle avança d'un pas décider frappa.
"Entrez".
Se glissant discrètement entre le cadre de la porte, Adèle passa d'abord la tête
"Vous vouliez me voir commissaire?"
Lamarck était assis à son bureau, la tête dans de la paperasse, il prit la peine de se lever pour accueillir adèle, lui montra le fauteuil devant lui. Elle retira son sac, pris place avec un bon soupçon de stress.
« Adèle comment allez-vous, ça fais un mois que je vous laisse prendre le temps pour vous. Vos collègues attendent votre retour. On vous remplace temporairement par des criminologues du coin, mais je ne vais pas vous mentir. C'est difficile pour l'équipe. L'intégration ne se fait pas, mais surtout vous leur manquez »
Adèle sourit timidement au commissaire, elle semblait avoir du mal à le regarder dans les yeux, elle était perdue, ne sachant pas ce qui été bon pour elle ou pas. Maintenant sa priorité c'était Ulysse, Sarah… Le travail, elle n'y avait pas vraiment repensé. Se replonger dedans comme elle le faisait si bien avant, c'est vrai que c'est tout ce qu'elle savait faire. Mais ça, c'était avant. Quand Argos était encore là. C'était son moyen de maîtriser les choses, de maîtriser sa vie… Mais maintenant qu'il n'était plus là. Elle avait l'impression que le travail c'était secondaire… Elle avait essayé, elle avait aidé des tas de personnes. Mais elle en avait assez. Enfin c'est ce dont elle essayait de se persuader…
« Commissaire… je suis désolée… » Bredouilla-t-elle « je ne sais pas quoi vous dire, j'ai encore besoin de réfléchir, je ne pense plus être faite pour ce travail… je… je pense que j'ai encore besoin de temps »
Le commissaire qui nerveusement faisait tourner son stylo dans ses doigts, le posa calmement sur son bureau, regarda adèle droit dans les yeux, et la fixa intensément, malgré le fait qu'elle éviter le moindre contact visuel.
« Adèle, après Chloé, je ne pensais réussir à m'attacher à vous. Vous étiez si virulente dans votre comportement. Si fragile, si brisée. Vous aviez besoin d'être encadré. Les débuts été catastrophique. Je ne vais pas vous mentir, je ne vous voulais pas à la DPJ. Mais Chloé a insisté. Elle croyait en vous. Et je vous ai laissé une chance. Une chance que vous avez saisie. Vous avez votre place ici. On est une famille. Et vous en êtes un membre à part entière. Vous faites du très bon travail, on a besoin de vous.»
Adèle sentait les larmes commençaient à monter en elle. Elle se pinça les lèvres et baissa la tête
« Je suis désolée commissaire, je ne sais pas quoi vous dire, et si j'y arrivais plus. Si la mort d'Argos était la fin de tout ça. Vous êtes la seule famille que je n'ai jamais eue. Mais j'ai peur de m'investir à nouveau dans cette équipe, dans ce travail. Je vous ai tous mis en danger à cause d'Argos, à cause de lui ma vie a pris trop d'ampleur dans cette DPJ, j'ai trop mis le Bazard ici »
Le commandant se racla la gorge. Il voyait bien que la situation lui échapper. Adèle était têtue. Il savait qu'elle se sentait responsable de beaucoup de choses à cause d'Argos. Mais celui-ci enfin mort, elle pouvait enfin évoluer sereinement dans son travail. Vraisemblablement elle était perdue. Et il lui fallait encore un peu de temps. Il continua.
« Un bazar maîtrisé Adèle. J'ai l'impression que tout ce que je pourrais vous dire aujourd'hui ne servira pas à grand-chose. Vous savez ce que je pense. Et je n'ai pas besoin de réunir l'équipe pour qu'il vous en parle aussi. Je le répète vous avez votre place. Vous avez vécu des moments difficiles. Mais votre travail, c'est vous. Il fait partie de vous. Vous êtes une personne investie dans chaque enquête que vous avez pu mener. Depuis que je vous connais, vous n'avez jamais rien lâché. Et c'est cela qu'on ne veut pas perdre. Alors, prenez le temps qu'il vous faut. Votre place vous attend.
Adèle acquiesça timidement. Un sourire en coin. Elle savait que le commissaire avait raison. Mais une partie d'elle se refuser encore de revenir. Elle remit son sac sur l'épaule. Voulu rajouter quelque chose, mais ne put que sortir un simple :
« Merci commissaire … »
Elle tourna les talons, ouvrit la porte. Marqua une pose. Le commissaire s'interrogea, en l'espace de quelques secondes il imagina adèle se retourner vers lui et lui dire qu'elle allait revenir. Elle souffla calmement. Puis sortie.
Adèle ferma la porte du bureau du commissaire Lamarck, et s'adossa rapidement dessus. Elle commençait à perdre pied. Elle ne savait plus comment gérer le flot d'émotions trop présent à cet instant. Argos depuis son plus jeune âge avait conditionné sa vie. Même une fois échappé, une fois mort, il était toujours là. C'était un étrange sentiment. D'un côté elle se disait que c'était enfin le temps d'avancer, d'aller de l'avant avec Ulysse, et Sarah… Mais d'un autre côté, elle avait l'impression que sa vie entière était devenue une vaste blague. La criminologie ne lui était pas tombée dessus par hasard, toutes ses thèses, ce qu'elle avait pu étudier. Tout avait été fait dans le but de cerner Argos, de le comprendre, de retrouver Camille, de le retrouver, et potentiellement le tuer. Voilà qui était chose faite maintenant… Et son principal problème était : Et maintenant ? Que devait-elle faire ? Avait-elle suffisamment envie de s'investir à nouveau dans des enquêtes, dans la recherche de criminelles ? Dans une relation… ?
« Une relation… N'importe quoi…» murmura-t-il avant de lancer des regards à gauche et à droite de peur de croiser quelqu'un qu'elle n'aurait pas envie de croiser. Elle décrocha son dos de la porte et partie en direction de la sortie. Elle avait l'impression de ne plus appartenir à ce lieu... Son pas s'accéléra, car elle semblait soudainement prise d'une angoisse de devoir à nouveau justifier le fait qu'elle ne soit pas encore revenue bosser à la DPJ. Elle passa devant le bureau de Jess lui adressant un simple « À ce soir » et sortie d'un pas décidé.
Jess n'eut même pas le temps de lui répondre que la porte de sortie venait de se refermer derrière elle. Une fois dehors, Adèle prit une grande inspiration. Les larmes coulèrent le long de ses joues, elle les essuya rapidement avec le bout de son pull qui dépasser de sa veste en cuir. Ulysse était à la crèche. Elle n'avait pas envie de rester dans la DPJ pour parler à Jess. Elle avait besoin de parler et en même temps elle savait qu'elle n'y arriverait pas. Elle avait besoin de se retrouver avec elle. De lui raconter. Peut-être pouvait-elle l'orienter… Elle leva les yeux au ciel. Elle ne s'était jamais sentie à ce point démunie. Elle chercha ses clefs et partie en direction de sa voiture. S'installa, marqua une pause puis démarra.
À la DPJ, Jess était adossé à son comptoir, les yeux vides d'expression. « Ça va, je ne vous dérange pas » Jess sursauta et fit mine de ranger une pile de feuilles vierges qui se trouver à sa droite.
« Non non, je rangeais des papiers » elle regarda en direction de son interlocuteur « Ah c'est vous s'exclama-t-elle…. » Rocher eu un léger sourire, il fronça les sourcils « Donc parce que c'est moi, ce n'est pas important que fassiez semblant de travailler »
Jess souffla lâcha son paquet de feuilles d'un coup brusque
« Vous étiez-ou d'ailleurs » dit-elle en mettant les mains sur ses hanches « Elle est passée elle n'est pas bien, je pensais que vous seriez là au moins pour l'accueillir »
Rocher surpris ne put que répondre aussi honnêtement que possible « Vous savez le monde continu de tourner, on est sur une nouvelle enquête j'étais en plein interrogatoire, je ne savais pas qu'elle passerait aujourd'hui, et quand bien même, ce n'est pas mon problème… »
Jess fut un peu surpris de la réaction du commandant lui pour autant si soucieux de ce qui pouvait arriver à sa collègue. Elle ne pensait pas que cela pouvait lui passer complètement au-dessus.
« Commandant… ? » S'étonna Jess, Rocher mit à son tour ses mains sur ses hanches, « Écoutez, j'ai essayé d'avoir de ses nouvelles pendant 1 mois. J'ai essayé de l'avoir plusieurs fois au téléphone sans réponse. Si elle n'a pas envie de revenir, que voulez-vous, elle a le droit de prendre un peu de recul… ! »
Jess avait la bouche ouverte, elle ne savait pas quoi répondre aux paroles de Rocher. Elle avait été témoin de leur rapprochement en Anjou, de sa détresse pendant son enlèvement. Elle le savait, rocher se protéger, mais de quoi ? Et être aussi dur et ferme, Jess ne l'acceptait pas du tout :
« Écoutez, elle ne va pas bien du tout, elle est complètement perdue, elle a besoin de vous. Son silence, son absence c'est aussi pour se protéger de quelque chose de nouveau pour elle, elle a tellement souffert, enfin, commandant, je suis choquée par vos propos. C'est adèle quoi, c'est bon il serait peut-être tant de lâcher prise. Il n'est que 14h elle m'a dit à ce soir, je ne sais pas ce qu'elle va faire. Et certainement le faire seule, et ça, ça ne me plaît pas du tout. Alors oui je m'intéresse beaucoup trop à ce qui ne me regarde pas. Mais Adèle est mon amie. Et elle a clairement besoin de vous »
Elle avait tenu son discours tout en fronçant les sourcils et en faisant de grands gestes désespérés de ne pas être comprise. Rocher restait droit, stoïque. Il n'avait pas bougé d'un pouce et n'avait pas laissé échapper le moindre sentiment. Comme à son habitude.
Jess bouillait intérieurement. Elle prit plusieurs dossiers sous le bras, et partit en direction du bureau d'Hyppolite : « Avec tout mon respect commandant, je ne m'attendais pas à tant de détachement de votre part. C'est simple pourtant d'être là pour elle. Mais vous êtes tellement têtue et encore plus, pour vous lancer. Il serait quand même tant de l'admettre » Rocher la regarda partir.
Jess était souvent maladroite, mais elle restait une personne droite et très honnête, maladroite, mais honnête. Qu'il admette quoi ? De se lancer ? Il resta là quelque seconde à se remettre de cette conversation assez particulière. Il avait beau être le supérieur de Jess, elle n'avait pas eu peur de se frotter à lui et de le remettre à sa place. Mais peut-être avait-il vraiment besoin d'être bousculé.
Rocher sortit de la DPJ. Il regarda le parking. Il souffla. Que s'imaginait-il ? Qu'Adèle l'attendrait là, sur le capot de sa voiture. Comme à son habitude ? Il alla en direction du banc en béton en face de l'entrée. Réajusta son manteau, et pris le temps de s'asseoir. Le regard perdu dans le vide, il ressassait cette conversation avec Jess. Il était partagé entre l'énervement et le fait qu'elle puisse mettre son nez partout. Et en même temps touché par cette amitié débordante qu'elle avait pour adèle. Elle ne lui avait pas dit cela par hasard. Il était tellement têtu, qu'il s'était surtout vexé de ne pas avoir eu de nouvelle de sa collègue pendant tout ce temps. Il n'avait d'ailleurs pas compris cette mise à l'écart. Il avait été là pour elle à l'hôpital. Se sentant même prêt à franchir le pas une fois qu'elle serait sortie. Et finalement, plus rien à partir de ce moment-là. Il connaissait Adèle. Il se doutait bien que parler d'eux lui provoquer certainement une trouille bleue. Il souffla se frotta le visage et reparti de plus belle dans ses pensées. Il se demandait même si elle avait déjà eu des histoires sérieuses. Avec des hommes. Quelque chose. Est-ce qu'elle avait déjà aimé auparavant ? Il ne savait pas. Il ne voulait rien lui imposer. Leur relation. Leur attachement commun et leur envie irrésistible de prendre soin l'un de l'autre, naturellement, avec le temps. Rien n'avait été préparé. Ni prévu. C'était comme ça. C'était elle. Il aimait sa manière d'être têtue. Son investissement dans les enquêtes. Sa manière d'être avec chaque membre de l'équipe. Sa démarche, ses vestes en cuir, ses cheveux, ses yeux… Elle quoi… Il l'aimait…tout simplement.
« Merde », souffla-t-il. Comme ci, il venait de se rendre compte que ce mois les avait encore plus éloignés qu'avant. Comme s'il venait se rendre compte également que ce n'était pas gagner. Autant pour lui que pour elle. Les sentiments, ça ne se contrôle pas… Et ensuite ? Il y a Lucas, Ulysse, Adèle aime sa liberté. Elle ne supporterait pas de vivre enfermée en appartement. Il sourit nerveusement. Il ne l'avait pas revu pendant un mois et pensé déjà à emménager avec elle.
« Quel abruti… » Pensa-t-il, il accrocha son regard dans l'horizon. Il avait vraisemblablement envie de la voir. De la retrouvé. Il ne pouvait pas se mentir encore & encore. Il avait tellement eu peur de la perdre après toute cette affaire… C'était là tout de suite maintenant, c'était le moment pour lui. Peu importe cette fois-ci que pour elle, ça ne le soit pas... Peu importe son état. Il avait envie de lui parler. Et de toute manière, il serait là pour elle, même s'il avait peur qu'elle le repousse. Ou tout simplement de la retrouvé dans un état différent d'habitude
. Il sortit son téléphone de sa poche.
« Oui Jess, c'est rocher…oui j'ai votre numéro… en même temps j'appelle l'accueil donc la plupart de la population de paris à votre numéro » il sourit sans pour autant perdre la raison de son appel « Je cherche adèle, vous savez ou je pourrais l'a trouvé ? Pourquoi je ne l'appelle pas ? Elle n'a pas répondu à mes appels pendant 1 mois, elle ne va sûrement pas le faire maintenant. Hum… Oui je ne pense pas non plus sur la péniche. OK d'accord, je vais essayer je verrais bien, merci » il raccrocha et prit la direction de sa voiture.
