Me voici pour une nouvelle histoire. Une bonne partie de la suite est déjà écrite.
J'espère que ça vous plaira :)

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

A bientôt :3

.

Actualisation 8 Novembre : les points virgules n'ont pas été retranscrit de word à , so, je vais tout corriger. Désolée pour ceux qui ont été du coup confus par certaines phrases et leur lourdeur apparente :s

.

.

.

Le désert. Des kilomètres de sable étendu, déployé devant la charrette tirée par deux chevaux au galop, se confondaient avec l'horizon dans un mirage perturbant. Un vent s'était levé plus tôt dans la matinée et entrainait à présent le sable ; un fouet qui claquait régulièrement contre les visages des passagers.

Un riche héritier, d'une trentaine d'années environ, commanditait cet équipage. Enturbannés, les trois égyptiens, dont le désert était aussi familier que la poche d'une mère kangourou pour son petit, menaient l'homme d'occident vers le marché reculé qu'il avait réclamé comme itinéraire.

Ce paysage se situait hors du temps (et peut-être un peu hors de l'espace), dans un monde où les lois paraitraient détraquées si l'on tentait de les faire correspondre à ce que nous connaissons dans notre réalité.

L'homme occidental couvrait sa tête de tous les tissus qu'il pouvait amasser autour de lui, et sans cesse pestait des menaces à voie basse. C'était un homme que les égyptiens à bord auraient décrit comme glacial, avec des manières d'occidentaux qu'ils détestaient ; s'ils avaient pu, ils auraient sans doute jeté ce prétentieux aux chacals ; et si le dit prétentieux avait pu, il se serait bien vite débarrassé de ces hommes à la peau couleur miel, qui bavardaient beaucoup trop et dans un langage qui lui était inaccessible. Alors, à bord de ce véhicule, une tension s'installait au fil des heures et pesait dans toutes les poitrines.

Les doigts de l'homme occidental, comme agrippés de peur, se crispèrent davantage sur les bords de bois foutu. Mais il ne s'agissait pas, ô non, de peur, mais bien d'une certaine faim qui l'agitait là, mêlée à une impatience qui rongeait son estomac et sa poitrine. Il n'attendait plus qu'à arriver pour choisir enfin ce qui apaiserait les feux brûlants en son corps depuis des mois.

Au bout d'un chemin qui semblait interminable, perturbé d'une tempête et l'étouffant de sable, le jeune homme vit finalement le fameux marché au loin. Une vague de chaleur déferla dans son ventre, tandis que sa langue s'assécha encore -si cela était possible. Il pensa d'abord à sauter du véhicule pendant la conduite, puis se souvint qu'il était riche, et donc digne. Quand ils y parvinrent pour de bon, il ne fit qu'un saut hors de la charrette, balançant, au visage de ces hommes qui lui avaient fait vivre un voyage jugé comme terrible, quelques pièces et un nouveau juron.

Ici, la tempête ne se faisait plus sentir, et ceci grâce aux deux murs de béton qui se dressaient, haut de plusieurs dizaines de mètres et impérieux, autour du marché isolé. Il put alors défaire le turban improvisé qui lui couvrait la moitié du visage et la gorge, et soupira de soulagement. Devant ses yeux, s'étalaient des stands qu'il avait imaginé bien plus rustiques ; en vérité, ces derniers étaient tous construits en matériaux solides, et parfois luxueux. C'était de toute façon réservé aux personnes de son rang, et même s'il fallait que ce soit reculé pour être protégé des curieux, ça ne perdait pas pour autant toute la dignité qu'un tel lieu devait arborer pour des gens de son grade.

Il ferma un instant les paupières, et savoura pleinement le fait d'être enfin arrivé en ce lieu. Puis, il ne put s'empêcher de lécher ses lèvres d'avance, l'appétit nouant son estomac si fort qu'il en tremblait presque.

Certes, il y avait ce type de marché à travers le monde entier, et il n'avait pas été forcé de traverser plusieurs pays puis tout un désert pour aller dénicher ce qui apaiserait ses douleurs ; mais c'était un homme de goût qui raffolait d'exotisme, et il voulait aujourd'hui trouver une perle rare, un cadeau qu'il amènerait une fois de retour dans son pays, et que nul autre ne pourrait comparer.

Alors il rouvrit ses paupières, dévoilant deux yeux gris comme l'océan un jour de pluie, et s'avança entre les premiers stands.

Les premiers corps qu'il vit étaient un peu trop abimés à son goût ; même s'ils aiguisaient ses sens les plus profonds et lui donnaient envie de s'approcher pour en profiter, ils étaient malheureusement un peu trop décharnés. Les premiers stands vendaient habituellement les esclaves qui étaient là depuis le plus longtemps et qui n'avaient pas été vendus aux stands suivants. Ainsi, plus l'on progressait dans le marché, plus les esclaves étaient récents, de bonne qualité, et couteux. Forcément, un homme dont la richesse était celle que ce client détenait, ne pouvait que s'avancer jusqu'au bout de l'allée pour trouver chaussure à son pied.

Ce marché ci ne vendait que des hommes ; il était arrivé à notre héritier de fréquenter des marchés mixtes également, mais tous ceux qu'il avait acheté précédemment avaient malheureusement finis par ne pas survivre à ses attentions particulières. Certes, tuer son esclave, même dans ce monde étrange, était hors la loi, mais cet homme était d'une malice et d'une intelligence impressionnante, et ces dons lui avaient valus d'être acquitté de tous les procès qu'il avait subi. Puis, de toute façon, personne ne prenait jamais vraiment la défense des esclaves, et les dérapages étaient rapidement pardonnés. Surtout si l'on allongeait les billets et une élégance comme cet homme-là.

Mais il avait décidé de changer, et effectué tous ces kilomètres pour tenter de trouver enfin quelqu'un un tant soit peu digne de lui, et qui ne le décevrait pas comme l'avaient fait tous les autres. Et si alors, une pulsion trop forte arrivait… alors il avait décidé de tenter de viser plus haut là aussi, et d'attaquer des proies de plus gros calibres, c'est-à-dire des humains normaux et non des esclaves bien trop accessibles. Il s'était déjà exercé à ceci, et la satisfaction et le sentiment de récompense qui l'avaient nourri, étaient d'une grandeur qui surpassait bien tout ce qu'il avait connu avant. De plus, cela déjouait davantage la loi, qu'il abhorrait par-dessus tout.

Donc, aujourd'hui, il désirait réellement trouver un esclave qui, tentait-il de le jurer, ne finirait pas découpé en morceaux parce qu'il n'avait pu contrôler un tant soit peu une idée curieuse et macabre lui passant par la tête. Celui qu'il choisirait aujourd'hui, il essaierait de le garder des semaines, des mois, et enfin la vie, comme sont censés le faire un maitre et son esclave. Et si c'était au marché exclusivement masculin qu'il tentait de trouver cette perle rare, c'était simplement parce que les hommes étaient moins instables et meilleurs à baiser.

Il épousseta son costume encore sableux, et fit un sourire largement falsifié à quelques visages qu'il croisait, principalement des femmes, d'autres riches puissants de ce monde, appartenant à la catégorie qui domine les humains et les esclaves. Alors il parvint au dernier stand, où les prix frôlaient le ridicule, et leva son regard perçant sur les nouveaux arrivés.

En effet, leur viande était fraiche, et il ne put s'empêcher de nouveau de lécher ses lèvres. La faim qui le tiraillait déjà sembla devenir une crampe puissante rien qu'à la vision de ces corps nus, jeunes, aux magnifiques yeux d'un violet pétillant et attachés de cuir aux poignets et aux chevilles. Intérieurement, il retint un gémissement rien qu'à la vision, et passa sa langue sur les bouts de ses dents.

D'abord, il scanna du regard l'étendu des esclaves ; ils étaient moins d'une dizaine, et la plupart arboraient de façon si forcée une attitude aguicheuse. Cela sonnait si faux qu'il eut une légère nausée. Cependant, il pouvait comprendre le pourquoi de cette attitude ; le système était ainsi fait. S'ils ne rapportaient pas assez d'argent ici, ils seraient violemment punis, un peu abimés donc, et régresseraient de stand en stand jusqu'à finir aux premiers, totalement décharnés, épuisés et vidés de toute substance.

Mais l'occidental ne voulait pas un acteur ; il voulait une perle authentique, réelle, qui ne jouerait pas un prétendu rôle pour obtenir des faveurs. Il en voulait un qui crierait d'arrêter s'il n'en pouvait plus, un qui l'écouterait attentivement si notre héritier était d'humeur à discuter, un qui jouirait quand il le baiserait. Il faillit rebrousser chemin en ne voyant que ces jeunes hommes qui se la jouaient clairement tapins, puis ses yeux gris tombèrent sur le dernier.

Ce dernier se tenait droit au lieu de gesticuler, et ses pupilles d'un noir profond comme les abysses ne parurent dire absolument rien. Elles reposaient sur un visage taillé à la serpe et malin ; oui, une intelligence semblait briller derrière ces yeux, et cela plut terriblement à notre homme. Rehaussé à ces critères, le jeune homme arborait une beauté grandiose qui semblait douce et éternelle ; un mélange d'innocence, de naïveté, de rêve et d'assurance pourtant. La peau, légèrement tannée, ne constituait plus qu'une friandise pour notre homme qui déjà s'imaginait toutes sortes de situations gourmandes avec cet esclave-là. En témoignaient la dureté qui s'était installée entre ses cuisses, et la couleur de ses yeux qui s'était modifiée pour tirer vers un bordeaux sombre.

« Celui-là ? Chanceux, celui-là a connait bien anglais, » demanda justement en anglais le marchand, avec un accent très prononcé.

L'occidental ne put répondre tout de suite, car l'esclave avait soudain posé son regard sur lui. Pendant un instant, les deux hommes se figèrent ; le croisement de ces quatre pupilles dans un lieu invisible comme l'air, fit des étincelles dans une dimension parallèle. Un écoulement froid, comme une eau gelée, s'écoula dans leurs colonnes vertébrales respectives. Oui, l'héritier avait déjà entendu des histoires sur une sensation comme celle-là, celle du vrai désir pour son esclave nourricier, mais il n'y avait jamais cru. Mais à présent, l'appétit qui le dévorait semblait brûler ses intestins et n'avait clairement jamais été aussi incontrôlable. Sa tête sembla tourner et il crut qu'il allait bondir sur sa proie pour lui taillader la gorge. Mais il pouvait se contrôler, et de toute façon, ces hommes étaient dans des cages.

« Celui-là, » répondit-il d'une voix fortement enrouée, réussissant enfin à détourner son visage du jeune homme qui le fixait avec un air insondable. Il se demanda si l'esclave avait ressenti la même chose.

« Signer acte de vente, » exigea le vendeur, tendant un tas de papiers. « Quel nom, monsieur ? »

« Hannibal Lecter, » répondit l'héritier en saisissant les papiers et il se pencha pour les remplir.

« Hannibal Lecter… Bien choisi pour esclave, lui très obéissant et vierge, serré… » dit le vendeur, et un rire gras et salace suivit sa phrase.

Le désir qui transparaissait dans la voix du vendeur, et comment il se permettait soudain de parler de la propriété de Hannibal, fit d'un coup éclater un rouge vif dans les yeux de ce dernier. Le monde sembla s'arrêter et presque tout le monde alentours se figea.

En une demie seconde, Hannibal avait bondi sur le petit vendeur au regard vicieux, empoignant sa gorge de dix griffes pointues. La colère ou la jalousie était sortie trop impulsivement, et il se retrouva handicapé de longs ongles qui étaient sortis en une fraction de secondes, aussi coupant que des rasoirs, et deux canines recouvrant sa lèvre inférieure, toute aussi aiguisées et dangereuses.

Il était inhabituel pour quelqu'un de son espèce de déraper si vite, si impulsivement, et tous les autres de sa catégorie qui virent cette scène, ou simplement la sentirent, furent aux aguets. En effet, une agression pourrait lui entrainer des poursuites, et l'entraide privilégiait souvent. Alors deux trois autres hommes ou femmes de sa catégorie s'approchèrent, furtivement, pour l'enlacer. Une étreinte qui semblait beaucoup trop sensuelle pour un humain lambda, mais c'était ainsi qu'ils se comportaient entre eux. Hannibal sentit les mains glaciales de ses congénères à travers ses vêtements, et il réalisa soudain ce qu'il venait de se dérouler. Instantanément, il retroussa dents et ongles.

Il s'excusa dans un murmure, comme forcé de le faire par la situation et les lois de ce monde, puis savoura encore quelques instants les mains apaisantes qui l'aidaient à calmer la colère en lui. Il sentit une bouche derrière son oreille, glaciale, et les mains s'insinuaient comme des serpents partout le long de son corps. Cela marcha comme c'était censé le faire ; les tensions s'apaisèrent. Le marchand s'était relevé et tut, envoyant un collègue à sa place chercher l'esclave tandis qu'il demanda à aller se reposer à l'intérieur du cabanon derrière.

Hannibal Lecter était toujours surpris par la réaction qu'il avait eue, et se sentait maintenant un peu gêné, d'abord pour lui-même puis face aux autres. Or, la gêne était clairement un sentiment inhabituel pour lui. Il laissa les autres retourner à leurs occupations, et quand il tourna la tête vers la cage de sa nouvelle acquisition, cette dernière était ouverte et vide. Alors il finit de remplir les papiers, et puis un autre vendeur s'approcha, tenant une laisse en cuir accrochée par un collier épais au cou du jeune homme magnifique. L'odeur qui s'approchait avec ce dernier, constituait le délice le plus pur, exotique et affamant qu'il eut été donner de sentir à Hannibal.

Mais il évita de le regarder pour ne pas déraper une nouvelle fois, et sortit de sa poche de veste une trousse pleine de billets pour conclure l'achat. Une fois les formalités faites, il lui fut remis la laisse et son esclave au bout, ainsi qu'une tenue en lin pour le retour. Alors Hannibal tendit cette dernière à l'esclave, et pendant que ce dernier s'empressait de s'habiller avec ce qui semblait être du soulagement, le riche héritier put contempler ses traits de plus près. En son ventre, un feu brulait toujours, et faisait des vagues à mesure qu'il découvrait son nouveau compagnon. La faim, toujours présente, semblait consumer ses pensées et râcler les parois de son crâne. Il était obligé de couper ses inspirations s'il ne voulait pas consommer immédiatement, en public, le jeune homme. Il se sentait comme un toxicomane devant une seringue pleine d'héroïne, et tenta de chasser ses pulsions pour cerner ce que dégageait l'esclave. Il y lut d'abord de la crainte, car les doigts de ce dernier tremblaient.

« N'ai pas peur, » murmura-t-il doucement, avec un ton qu'il voulait rassurant mais qui peut-être sonnait effrayant, tant sa voix était grave d'appétit. Il imagina que le bordeaux de ses yeux demeurait vif.

« Je n'ai pas peur, » répondit l'autre en tentant de sonner fort et assurant, et cela plut immédiatement à Hannibal. L'esclave acheva de boutonner la chemise en lin et leva sur l'héritier ses deux yeux violets, les ancrant avec une certaine force pour montrer qu'il ne se laissait pas faire, et une pointe de colère transparaissait. Hannibal pouvait imaginer la frustration de l'esclave qui devait trouver sa condition hautement injuste ; l'hérédité avait déterminé sa destinée d'obéissance et il allait être arraché de son milieu et probablement d'une famille qui l'avait chéri ici. Mais le monde était ainsi fait. Cependant, Hannibal voyait aussi que les iris brillaient, et que son menton tremblait légèrement, comme s'il cachait un désir instinctif. Peut-être le même qu'il ressentait lui-même et qui les prédestinaient à s'unir.

« Comment t'appelles-tu ? » souffla simplement Hannibal, avec toute la douceur qu'il pouvait trouver malgré les envies sexuelles et sanguinaires qui le secouaient.

« William. »

Cela étonna Hannibal. « Ce n'est pas classique, comme prénom, par ici. »

« Mon père est un admirateur de Shakespeare, » lança-t-il un peu durement, se forçant à ne pas ciller devant le regard rouge de son maitre. « Ça t'étonne, hein, que je sois cultivé ? »

Hannibal fronça les sourcils et ne put s'empêcher de tirer légèrement sur la laisse en laissant échapper un grognement guttural, pour le faire se plier. « Ne me tutoie pas. Et tente de maitriser ton langage. » Hannibal détestait l'impolitesse. Le ton qu'il avait employé était cette fois autoritaire et si acéré, que William en face ne put rien faire d'autre que frissonner et baisser les yeux, instinctivement, poussé par une force invisible. C'était sans doute la première fois qu'il rencontrait quelqu'un de la catégorie de Hannibal, et il sembla clairement surpris du pouvoir qu'avait eu sa voix sur lui. « Oui, je sais, ça doit être hautement frustrant de ne plus être complètement maître de ses actions. Ton corps répond au mien si je le décide… avec certaines limites, ne t'en fais pas. »

Hannibal laissa du mou à la laisse pour que William puisse se redresser, et ce dernier releva le regard. Cette fois-ci, il se donnait moins cet air dur, et une drôle de nostalgie s'étendait sur son visage. L'héritier leva les doigts avec prudence, pour frôler la joue creuse de William ; le contact les électrisa tous les deux et ils ne purent le cacher, ni à eux-mêmes ni à leur compagnon. Le mouvement des doigts tenta de transmettre un peu de réconfort, car à présent il était clair qu'une tristesse envahissait l'esclave, et Hannibal espéra qu'il n'était pas du genre à pleurnicher. Il détestait les pleurnichards.

« Et appelle-moi maître. »