Bonjour ou Bonsoir à tous!
e suis de retour après une loooongue absence sur ce forum! Et pas avec de la gnognotte, s'il vous plaît, je pense que cette histoire est l'une des plus ambitieuse qu'il m'ait jamais été donnée de poster.
Comme les trucs fluffy et mignon, c'est bien, mais que les trucs sombres, tristes et un peu trash, c'est cool aussi, j'ai décidé de faire une fic abordant des thèmes assez durs. J'espère qu'elle plaira tout de même, en tout cas ça ne m'empêche pas de prendre du plaisir à l'écrire!
Cependant, en raison du thème je me dois de prévenir les éventuels lecteurs de deux ou trois choses avant de commencer:
Cette fiction traite donc, comme je l'ai dit, de sujets assez durs, notamment le viol, les relations toxiques et, principalement, les violences conjugales. Mon but n'est pas de faire du trash pour du trash mais d'aborder un sujet qui me touche et me tient à cœur! J'espère avoir réussi à parler de ces sujets sans commettre d'impairs, si vous trouvez que c'est le cas vous pouvez bien sûr me le faire remarquer.
Si vous êtes sensible à l'un de ces sujets, je préfère vous prévenir à l'avance; lorsque des chapitres mettrons en scènes des violences (sexuelles ou physiques) assez explicites je préviendrais à nouveau en tête de chapitre.
Elle traite aussi du sujet de l'infidélité. J'ai toujours aimé lire les fanfics traitant de ce thème avec justesse, et j'ai donc essayé de faire de même... Mais je sais que l'infidélité a tendance à être mal reçue dans les fanfictions sur certains fandom, et je préfère donc prévenir: je ne cherche pas à faire l'apologie de l'infidélité dans cette fiction, seulement à la représenter dans un contexte particulier. Encore une fois, si vous avez la moindre remarque quant à ma gestion de ce thème, je suis ouverte aux critiques!
Enfin, je tient à m'excuser auprès de tout les fans de Marco car j'en ai fait un individu toxique dans cette fiction. J'adore Marco aussi et je shippe le Marco x Ace, mais... il fallait un bad guy pour les besoins de l'histoire, désolée. J'essaierais tout de même de nuancer un peu son personnage, vous verrez!
Je crois que j'ai tout dit! Comme je l'ai précisé, cette fic est l'une de mes plus ambitieuse, notamment de par les sujets qu'elle traite, et je suis assez peu confiante... n'hésitez pas à me donner votre avis, ça m'aidera beaucoup.
Bonne lecture, on se retrouve en bas!
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-Ace ?
-Laisse moi.
-Ace, je vais y aller là. Je rentre pas avant une semaine, tu le sais...
-...
-Allez, dis-moi au revoir. Je t'ai dit que j'étais désolé. Je recommencerais plus, promis... !
-T'avais déjà dis ça la dernière fois.
-Ace...
-Et me redit pas que je t'y ai poussé ou quoi. Ça a un nom, ce qui s'est passé, tu sais ? On appelle ça des violence conj...
-Ace, s'il te plaît, ne rend pas les choses plus difficiles.
-C'est toi qui dit ça ? Si tu voulait que les choses restent simples, il fallait y penser avant de me frapper !
-Ace.
Marco entoura le jeune homme de ses bras et enfouit la tête dans son cou.
-Je suis désolé... J'ai pas eu beaucoup de temps ces temps-ci, et puis le stress du travail, tout ça...
Ace tourna la tête pour ne pas croiser son regard, en tentant mollement de se dégager de son étreinte.
-Quand je rentrerais, on prendra un peu de temps tout les deux, d'accord ? On se fera un petit week-end... Même mieux, une semaine de vacances, ça te dirait ? Je m'arrangerais pour tes cours...
-...On verra.
-Ça me rend fou de savoir que je t'ai fait du mal...
-...
-Il faut que j'y aille maintenant. Prend soin de toi, je t'appellerais.
-Te force pas, profite de ton séminaire.
-Je t'aime.
-... Moi aussi...
Marco saisit doucement la nuque de son amant pour tourner son visage vers lui. Il posa un baiser chaste sur ses lèvres. Ace ne fit rien pour y répondre.
-Au revoir Ace.
-Salut.
Le brun ferma les yeux et écouta les pas de l'homme qui partageait sa vie s'éloigner de lui, puis la porte claquer. Il se laissa aller en arrière sur le lit ou il était assis et se couvrit les yeux avec son avant-bras.
-Merde...
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Ace avait rencontré Marco lors de sa seconde année de fac. Il étudiait alors la biologie et le blond, prof de fac et docteur en physique quantique, fréquentait les mêmes bâtiments que lui. Tout s'était fait assez naturellement entre eux. Un jour Ace avait demandé du feu à Marco à la sortie d'un cours, et lui avait tapé dans l'œil par la même occasion. Puis ils s'étaient recroisés plusieurs fois, il y avait eu le premier rendez-vous, le restau payé par Marco, le premier baiser dans sa voiture, la première nuit dans son appartement luxueux.
Ace ne se prenait vraiment pas la tête à l'époque. Il enchaînait les aventures qui venaient à lui sans qu'il eût vraiment à se forcer -sur le campus, il plaisait plutôt, surtout aux hommes – et ne s'attachait nulle part. Marco, de son côté, avait plutôt l'habitude de draguer ses étudiants les plus séduisants, et vivait une vie plutôt libre lui aussi. Mais chacun avait fini par s'attacher à l'autre, plus que de raison, c'était certain. Au bout d'un an, ils avaient officialisé leur relation à la surprise générale. Comment ce jeune brun à croquer s'était-il entiché d'un homme de presque vingt ans de plus que lui, qu'il aurait sans doute qualifié de chiant six mois auparavant ? Comment ce docteur en physique qui donnait des conférences dans le monde entier avait-il pu tomber amoureux d'une tête brûlée pour qui les études avaient aussi peu d'intérêt ? C'était un mystère pour tout leurs proches, qui généralement désapprouvaient leur couple.
Sabo, le frère de Ace, de deux ans son aîné, avait tout fait pour le raisonner lorsque ce dernier avait voulu emménager avec Marco au bout d'à peine six mois de relation officielle. Il ne comprenait pas comment un couple aussi dépareillé pouvait fonctionner. Il répétait sans cesse à Ace qu'il serait mieux avec quelqu'un de son âge, qu'il n'était pas bon d'être financièrement dépendant de quelqu'un dans une relation, que Marco ne lui plaisait pas, qu'il était trop jaloux et possessif et que c'était malsain de priver un jeune homme de sa liberté ainsi, qu'il n'avait pas le droit, etc.
Les collègues et amis de Marco étaient tout aussi incompréhensifs. Coucher avec ses étudiants, presque tous le faisaient de temps en temps, d'accord. Et c'est vrai que le môme était mignon comme tout. Mais officialiser leur relation, habiter ensemble ? Un cerveau comme Marco n'avait rien à faire avec un gamin inconséquent comme Ace, c'était l'opinion générale. Il méritait mieux, il devrait trouver quelqu'un de plus mature, quelqu'un qui partagerait sa passion, quelqu'un qui serait capable de comprendre quelque chose à ses conférences qui lui prenaient tout son temps. Ça lui passera, disait-on, il finira par se lasser.
Et pourtant, deux ans s'étaient écoulés depuis et le couple semblait tenir. Du moins de l'extérieur. Tout le monde avait fini par accepter leur choix d'être ensemble et les critiques s'étaient tassées. Ace avait été heureux. Jusqu'à ce que.
Marco l'avait frappé pour la première fois un mois auparavant, lors d'une crise de jalousie suite à une soirée que Ace avait passé avec un des amis de son petit frère Luffy, Zoro. Rien ne s'était passé entre eux, pourtant, ils s'étaient croisés à la sortie des cours et avaient décidé d'aller boire un verre ensemble. Le vert étant un grand amateur de boisson, ils avaient fini par passer la soirée au bar ensemble avant de tituber jusqu'à chez Zoro pour y dormir, complètement ivres tout deux. Mine de rien, c'était la première fois depuis qu'ils habitaient ensemble que Ace découchait sans prévenir. Et quand Marco avait découvert qu'il avait dormi chez Roronoa, il était entré dans un colère noire.
« Putain, Ace, mais ouvre les yeux ! Rend-toi compte que tu plaît, un peu ! Ce petit con te dévore du regard à chaque fois que vous vous croisez, crois pas que je l'aie pas remarqué ! Comment tu veux que je sois sûr qu'il se soit rien passé entre vous, si tu me dit que tu étais ivre mort en plus ? »
Ace ne comprenait pas. Peut-être qu'il plaisait à Zoro en effet, mais qu'est-ce que ça changeait ? Avant Marco, il aurait peut-être couché avec le beau sabreur, qui sait. Mais il était fidèle au blond, il l'avait toujours été, à partir du moment ou leur relation était devenue sérieuse. Comment celui qu'il considérait comme l'homme de sa vie pouvait douter de lui à ce point, alors qu'il lui jurait qu'il ne s'était rien passé ?
« Marco, je comprend pas pourquoi tu insiste, merde. Je t'ai dit qu'il s'était rien passé, maintenant, lâche-moi, ok ? T'es pas mon père, t'a pas besoin de me fliquer, je t'ai toujours tout dit et je vois pas pourquoi ça changerait ! »
« Pour toi c'est simple, Ace. T'es jeune et beau, évidemment que t'a pas peur que je te laisse pour un autre. Mais met-toi à ma place ! Tout les mecs du campus te regardent comme s'ils allaient te bouffer et toi tu t'en fous, tu les aguiche même, à te balader la chemise grande ouverte... »
« Je les QUOI ? Putain mais Marco, tu me fais pas confiance à ce point? Je t'ai jamais donné AUCUNE raison de douter de ma fidélité ! Je sors avec qui je veux et je me sape comme je veux, c'est pas un vieux con qui va me faire la leçon ! »
Il avait voulu partir, dégoûté.
« Ace, reste ici. »
« Je vais dormir chez Sabo et Luffy. Je reviens demain voir si t'es calmé, mais je te préviens, tu m'enlèvera pas ma liberté de faire ce que je veux ! »
« Ace, tu reste ici. »
« Me donne pas d'ordres. »
« Reste ici, MERDE ! »
Le coup était parti. Marco avait brutalement poussé Ace, qui se dirigeait vers le porte, contre le mur. Ce dernier, surpris, avait poussé une exclamation de douleur en sentant son épaule craquer contre la surface dure. Il avait glissé au sol, se tenant la clavicule, serrant les dents, choqué. Un silence s'était installé dans la pièce.
« Ace, je suis désolé, je voulais pas... »
« Je-vais-dormir-chez-Sabo. Dis rien et me touche pas, surtout. »
Il s'était relevé et était sorti sans un mot, des larmes plein les yeux. Sabo l'avait accueilli, affolé devant la mine déconfite de son frère lorsqu'il lui avait ouvert la porte. Il ne lui avait pas dit ce qu'il s'était passé. Sabo ne l'aurait jamais laissé revenir vers Marco. Il avait seulement murmuré « On s'est disputés... »avant de tomber dans les bras de son frère, dévasté. Il n'aurait jamais cru Marco capable d'être violent avec lui. Au contraire, le prof de fac était connu pour son calme olympien quasi-impossible à briser.
Il était rentré le lendemain, après s'être pris un sermon de son frère.
« Pense à toi un peu, Ace. Oublie pas que Marco a eu le temps de vivre avant toi, lui. Si tu veux profiter de ta jeunesse, tu en a le droit. C'est pas correct de sa part d'être aussi jaloux alors que tu lui est fidèle. Tu a le droit de sortir avec qui tu veux, tu-
-C'est bon, grand frère. J'ai compris. Je te jure que je vais profiter de la vie. Je laisserais personne restreindre ma liberté, tu le sais très bien. »
A son retour il avait trouvé Marco l'attendant devant un repas somptueux. Le blond s'était répandu en excuses, l'avait supplié de lui pardonner. Deux jours plus tard, il l'avait emmené en week-end à la plage, ne lésinant pas sur la dépense pour lui offrir un hôtel de luxe. Ace avait cru à sa bonne foi et à ses promesses de ne jamais recommencer. Il n'avait pas été long à lui pardonner. La vie avait repris son cours.
Et puis la veille il l'avait à nouveau frappé. Même scénario : il était sorti avec Luffy et ses amis pour l'anniversaire de ce dernier. Après une tournée des bars riche en éclats de rires, tournées de shots et danses endiablées, il avait fini par ramener son petit frère, trop ivre pour marcher, chez Sanji, un autre de ses amis. Sitôt arrivé chez le cuisinier, le gamin au chapeau de paille s'était effondré sur le divan et s'était endormi comme une masse. Il était tard et les derniers bus venaient de passer, Sanji avait donc proposé, un peu rougissant, à Ace de partager son lit, ce que ce dernier, mort de fatigue, avait accepté. Le lendemain, aux alentours de midi, Marco lui avait téléphoné.
« -...Allo ?
-Ace, tout va bien ? J'étais surpris que tu ne rentre pas hier soir...
-Ah, Marco ! Désolé, ton appel me réveille, j'ai la tête dans le cul... On a fait la fête trop tard hier, alors j'ai dû ramener Luffy chez...
-Mmh, quelle heure il est ? Avait marmonné Sanji derrière lui, se retournant sur le dos.
-Ace ? C'est quoi cette voix ?Tu a dormi avec...
-Ah, ouais, c'est que Luffy a pris le divan, alors il m'a proposé...
-... Bon. Tu veux que je passe te chercher ? »
Une fois rentrés chez eux, une dispute avait à nouveau éclaté. Marco, fou de jalousie, avait mis Ace hors de lui en refusant de croire que ce dernier n'avait pas couché avec le cuisinier.
« Putain mais Marco, fais moi confiance à la fin ! Je supporte plus que tu doute de moi comme ça ! »
Le ton était monté, Ace avait une fois de plus voulu partir. Cette fois Marco l'avait poussé au sol et, dans un élan de colère, lui avait mis un coup de pied dans les côtes avant de sortir de l'appartement, fou de rage. Ace était resté recroquevillé à l'endroit ou il était tombé, tremblant, et avait fini par s'y endormir, en larmes. Au matin, Marco était revenu avec des croissants, des excuses, et lui avait annoncé qu'il partait en séminaire à la capitale pour une semaine.
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Voilà ou il en était. Allongé sur son lit, uniquement vêtu d'un short, il regardait à présent le plafond, les yeux dans le vague. Il ne savait plus ce qu'il devait faire. Il commençait à accepter, tout doucement, que Marco avait été violent avec lui, et qu'il le serait encore sans doute.
Il se souvenait de ce que Sabo, étudiant en sociologie, lui avait dit une fois lorsqu'il travaillait sur les violences conjugales.
« Ce qui est terrible, c'est que les victimes se retrouvent coincées entre leur amour pour leur conjoint et leur envie de s'échapper d'une relation violente. Alors souvent elles se convainquent que ça n'arrivera plus, mais la plupart du temps il y a récidive. C'est pour ça qu'il y a autant de morts suite aux violences conjugales...
-Tu exagère Sabo, ça n'arrive pas si souvent que ça.
-Tu te trompe, tu sais. Rien qu'en France, les violences conjugales font en moyenne 150 morts par an. À 99% ce sont des femmes, mais ça arrive aussi aux hommes, alors garde ça en tête !
-Très peu pour moi, je sors pas avec des tarés.
-La plupart du temps ce sont des gens complètement insoupçonnables qui deviennent violents, des gens que leur entourage décrit comme étant plutôt calmes. Ne te base jamais sur des a-priori. Mais c'est rare que ça arrive aux hommes, c'est vrai... Si jamais ça arrive à une de tes amies,surtout, dis-lui de quitter son mec tout de suite ! Ça peux vite s'aggraver, ces histoires. C'est difficile de porter plainte, mais au minimum, il faut se mettre à l'abri et essayer de signaler l'homme en question aux autorités.
-Oui, oui, j'y penserais...
-Tu sais Ace, tu devrait plus t'intéresser à ce genre de problématiques sociales. On se dit toujours que ça arrive aux autres, et puis... »
Ace ferma les yeux très fort. Quitter Marco ? Il ne savait pas s'il en aurait le courage. Mais il le fallait peut-être... Ces violences avaient grandement remis en question l'amour qu'il ressentait pour le blond, qui l'avait avant tout charmé avec son calme imperturbable et sa sagesse. Il ne savait plus trop ou il en était, là... Sabo avait raison, peut-être qu'il ferait mieux de profiter de sa jeunesse... Les récents événements lui avaient remis les idées en place et il commençait à voir ce à quoi il avait été aveugle pendant deux ans. Marco était possessif. Trop. C'est vrai, il sortait beaucoup moins depuis leur mise en couple. Ça ne le dérangeait pas avant, dans la passion de leurs débuts, quand leur amour accaparait toute son attention. Mais ça lui revenait peu à peu, cette envie de voir du monde, d'avoir une vie d'étudiant normal, qui sort voir ses amis, se laisse draguer un peu, picole et fait la fête.
Je m'en fous, je sors ce soir, se dit-il en se redressant sur son lit. Et je vais pieuter chez qui je veux, Marco n'est pas là pour faire son tyran...
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-Tu veux boire quelque chose ?
-Une petite bière ne serait pas de refus.
-Tu sors de cours, Ace !
-Justement, je SORS de cours. Donc je peux boire, c'est pas comme si j'ALLAIS en cours...
-Il est à peine seize heures...
-Seize heure, c'est une heure excellente pour commencer à boire. T'es vraiment un vieux, Sabo.
-J'ai que vingt-quatre ans !
Le blond ponctua sa réponse d'un lancer de cannette de bière en direction de la tête de son frère. Ce dernier l'attrapa au vol en riant.
Après son unique cours de l'après-midi -il avait séché celui du matin- il avait voulu sortir en ville pour se changer les idées, mais il avait vite compris qu'il ne parviendrais pas à se comporter comme un simple étudiant en sortie, ni maintenant, ni ce soir. Il n'avait tout simplement pas la tête à ça. Il s'était donc réfugié chez son frère, qui était toujours ravi de l'accueillir.
Avant qu'il emménage avec Marco, ils habitaient ensemble, en compagnie de leur jeune frère Luffy, actuellement en première année de fac et âgé de dix-huit ans. Leur entente était parfaite et ils prenaient soin les uns des autres depuis l'enfance, c'est pourquoi les deux autres avaient un peu vécu son déménagement comme une déchirure. Surtout que dans les premiers temps, il passait tellement de temps avec son amant qu'il en avait quelque peu délaissé ses frères. Son aîné comme son cadet étaient donc toujours très heureux de le voir leur rendre visite.
-Alors, Marco est parti à la capitale, c'est ça ?
-...Ouais...
-T'a une petite mine. Il n'est parti qu'hier pourtant, non ?
-Oui, c'est ça.
-Ace...
Le brun leva les yeux sur son frère, dont le ton était soudain devenu sérieux.
-Oui ?
-...Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ?
Le plus jeune déglutit, mal à l'aise. Non, il ne pouvait pas. S'il le lui disait maintenant, Marco n'aurait pas le temps de rentrer de la capitale qu'il aurait déjà un procès sur le dos. Sabo était dans la vie active depuis environs un an à présent, et il travaillait dans les services sociaux : il ne plaisantait pas avec ce genre de problèmes. Mais en même temps, il était habitué à côtoyer des personnes victimes de violences conjugales, il serait d'un excellent conseil... Au delà de ça, Sabo avait toujours fait les bons choix pour lui et pour ses frères... Il devrait peut-être...
-...Non, pas particulièrement, lâcha-il après un silence, un sourire tremblant sur les lèvres.
Il ne pouvait pas lui dire. Parce qu'il savait. Il savait exactement quelle serait sa réaction.
« Quitte-le tout de suite. Il recommencera de toute façon. Tu lui a déjà donné une seconde chance. Laisse-moi lui coller un procès, je m'occupe de tout... »
Ouais, ce serait probablement quelque chose comme ça.
Et il ne pouvait pas quitter Marco, encore moins lui coller un procès au cul. Non, non, il ne pouvait pas... Le blond était tout dans sa vie, il ne pourrait continuer sans sa présence. Et pourtant... et pourtant...
-Ace... reprit Sabo. Si jamais il t'arrivais quelque chose, tu m'en parlerait, pas vrai ?
-B...Bien sûr. On s'est toujours tout dit, tu le sais bien.
Sur ces paroles, il se força à sourire, tout en se détestant intérieurement. C'était vrai, il n'avait jamais rien caché à Sabo. Il n'était pas du genre à dissimuler quoi que ce soit, habituellement. Mais là, c'était différent. Il ne savait vraiment plus ou il en était. Il avait besoin d'un peu de temps, avant de décider de ce qu'il fallait faire.
Putain, pourquoi il a fallu que ça déraille comme ça... On était heureux pourtant. Tout ça, c'est la faute de Marco, faut vraiment qu'il se calme...
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Le lendemain, Ace se prélassait au soleil sur la terrasse de leur appartement lorsque qu'il entendit son téléphone sonner depuis l'intérieur de l'appartement.
Il n'allait pas bien mieux. Malgré toute sa bonne volonté pour se changer les idées,aujourd'hui encore son ventre se tordait dès que ses pensées revenaient vers Marco. Le matin même, en prenant sa douche, il avait eu un haut-le-cœur en découvrant sur son torse un hématome en formation, là ou son amant l'avait frappé. Il était allé en cours, le matin, tentant de se concentrer pour oublier, mais les idées noires revenaient vers lui inlassablement.
Il était rentré en milieu d'après-midi et avait tenté de se détendre au soleil, sans grand succès. Le téléphone qui sonna le remplit d'espoir. Parler à un ami lui ferait peut-être du bien -il espéra cependant que ce n'était pas Marco.
S'élançant vers la table de la cuisine ou son smartphone vibrait, il s'en empara et dérocha en tentant de prendre un ton jovial :
-Allo ?
-Salut, Ace, c'est Sanji. Ça va ?
-Ah, salut, ça va pépére, et toi ?
Il était content que ce soit Sanji. Il aimait bien le cuistot, et ce dernier semblait le lui rendre.
-Bien, merci. Dis, ça m'embête un peu mais j'aurais un service à te demander.
-Bien sûr, dis-moi...
-Alors en fait... Mon four m'a lâché hier soir, il est en panne... Et mes exams approchent, j'aurai besoin d'un four pas trop trop loin de chez moi et de mon école à utiliser... J'ai besoin de pratiquer un peu chaque jour, tu comprend... J'ai demandé à tout mes potes, mais tu sais bien, comme c'est des étudiants, ils ont tous des fours un peu pourris... Et Luffy m'a dit que Marco et toi, vous en aviez un très bon... Alors, je me demandais si...
-Bien sûr, aucun problème, répondit Ace machinalement.
Sanji fréquentait une école de cuisine très prestigieuse et avait besoin de pratiquer quotidiennement. Ace comprenait bien qu'il puisse avoir besoin de leur four, et puis savoir que Sanji passerait du temps à l'appartement cette semaine le rassurait un peu. Il ne savait pas si la solitude lui ferait du bien vu son état d'esprit.
-Au contraire, c'est super si tu viens, ajouta-il avec plus d'enthousiasme. Je vais pouvoir me servir dans tes plats en plus...
-Haha, bien sûr, c'était prévu que je paye un loyer en bouffe !
-Super alors. Préviens moi quand tu veux passer, et je te filerais un double des clés si jamais tu veux passer pendant que je suis en cours.
-Woah, merci pour la confiance ! Mais, heu... Tu veux pas demander à Marco si ça le dérange pas, avant ?
-T'inquiète pas pour ça, il est absent cette semaine, dit Ace d'une voix blanche.
-D'accord... Bon, ben, je te dis quand je passerais alors ! Merci beaucoup, ça me sauve !
-Aucun problème, je te dois bien ça, après tout tu supporte Luffy à longueur de temps... Oh, excuse moi, j'ai un double appel, je dois te laisser. Salut !
-Salut Ace !
Le brun regarda son téléphone et son visage s'assombrit en voyant le numéro de Marco s'afficher. Il hésita à répondre.
-Allo ?
-Ace ? Comment tu va ?
-Bien. On s'est vu hier, tu te souvient ? Pas besoin d'appeler tout les jours.
-Ace, je suis vraiment désolé. Je m'en veux d'être parti à mon séminaire juste après ce qui viens de se passer...
-Arrête, j'ai plus 15 ans, je peux me gérer seul.
-Oui, mais j'ai peur... Que tu fasse une bêtise...
-Quoi ?
Ace eut un instant d'absence quand il compris.
-Attend, c'est pour ça que tu m'appelle ? T'a peur que j'aille voir ailleurs en ton absence parce que tu m'a frappé, alors t'essaye de me fliquer à distance ? Demande à un pote de me surveiller, pendant que t'y est !
-...
-Non, Marco, t'a pas fait ça quand même ?
-Bien sûr que non, arrête. Je veux juste pas que tu fasse des choses que tu pourrait regretter ensuite.
-C'est bon, Marco, si c'est juste ça que tu veux savoir, non, je sortirais pas ce soir. Et même si c'était le cas ce serait pas pour aller baiser je sais pas qui. Maintenant excuse-moi, je dois y aller.
-Ace, je-
Le brun raccrocha, excédé. La jalousie de son amant lui pesait de plus en plus, il n'en pouvait plus. Il en venait à regretter le temps ou il n'avait de compte à rendre à personne. Il repensa à ce que lui avait dit Sabo, à la pensée qu'il avait eue de quitter Marco. Il n'avait pas envie de penser à ça maintenant.
Putain, il était vraiment à bout.
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-Ace, quand est-ce que tu viens me voir ?
-Bientôt, je te dis.
-Maieuuuh ! C'est pas juste, en plus l'autre fois tu est venu voir Sabo pendant que j'étais en cours...
-Désolé petit frère, je connais pas ton emploi du temps par cœur, je pouvais pas savoir que tu serais pas là. Je repasserait bientôt, promis.
-T'a intérêt à ramener de la bouffe pour te faire pardonner !
-Aha, si tu veux, en plus ton pote Sanji va venir cuisiner chez moi, maintenant, donc j'en aurais plein.
-Oui, Sanji m'a dit ! Il était content que tu accepte ! Il me parle tout le temps de toi, je crois qu'il t'aime bien, hahaha !
-... Ah bon ?
-Oui ! Et dis, Ace...
-Oui ?
-Sabo s'inquiète tout le temps pour toi en ce moment... Il arrête pas de râler sur Marco à la maison.
-C'est parce que c'est un grand frère. C'est son rôle de se faire du mouron pour rien ! Et puis il a jamais pu saquer Marco, alors ne t'inquiète pas !
-Moi non plus je l'aime pas Marco ! Depuis que tu l'a rencontré, on ne se voit jamais...
-Tu exagère, on se voit presque toutes les semaines. Et puis c'est normal de finir par aller habiter ailleurs, on peux pas vivre toute sa vie avec ses frères.
-Moi, j'aimerais bien.
-Si t'étais moins chiant, je serais peut-être resté...
-Arrête d'être méchant, Ace !
-Mais oui. Bon, Luffy, je vais devoir te laisser, on frappe à ma porte, ça doit être Sanji. Je passe te voir bientôt, promis.
-Oublie pas que t'a promis, hein !
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Ace ouvrit la porte sur un Sanji souriant, les bras chargés de paquets.
-Salut Ace ! Merci encore de m'accueillir.
-Pas de soucis, entre, la cuisine est à toi.
Il s'écarta pour laisser passer le blond qui alla poser ses paquets d'ingrédients sur la table.
-Comment ça va ? Lui demanda le cuisinier ensuite, en remontant ses manches.
-...Bien, bien. Et toi ?
-Super. Marco est ou, d'ailleurs ?
Bordel, pourquoi tout le monde devait toujours lui parler de Marco ? C'est la dernière chose à laquelle il avait envie de penser.
-En séminaire à la capitale.
-Ah...
Sanji se mit à cuisiner. Ace, ne voulant pas le déranger, retourna dans le salon et s'installa sur le bureau de Marco pour avancer dans un long devoir qu'il devait rendre le lendemain. Habituellement il n'était vraiment pas appliqué, mais travailler lui vidait la tête alors il s'y mit sérieusement.
Au bout d'une petite heure environs, une délicieuse odeur commença à flotter dans l'appartement et le fit se lever pour ouvrir la porte de la cuisine. Sanji, dos à lui, s'affairait sur le plan de travail et ne semblait pas l'avoir remarqué.
-Qu'est-ce que tu cuisine de bon ?
Le blond sursauta et se retourna brusquement. Ace rit de sa stupeur, ce qui finit par faire rire Sanji aussi.
-Pour répondre à ta question, c'est un ragoût de mon invention. Et j'ai fait une tarte au citron aussi, pour le dessert.
-Cool ! Tu reste manger alors ?
Sanji rougit un peu.
-Je peux ?
-Ouais, bien sûr.
-Ah, c'est gentil...
Il se remit à cuisiner, l'air un peu gêné. Ace l'observa.
Il plaisait au blond, il le savait. Depuis leur première rencontre par l'intermédiaire de Luffy, il avait remarqué ses regards et ses rougissements, sa timidité qui augmentait brusquement lorsque c'était à lui qu'il parlait. C'était sans doute pour ça que Marco avait été aussi jaloux de lui, il l'avait forcément remarqué. A vrai dire, comme Ace l'avait rencontré après s'être mis en couple avec Marco, il ne s'était jamais vraiment demandé s'il lui plaisait ou non. Mais maintenant, après les réflexions sur sa relation qui le poursuivaient depuis deux jours et la brusque distance émotionnelle qu'il sentait entre lui et son amant, il se surpris à penser que oui, Sanji lui plaisait. Il le regarda, observa son visage penché sur son plat, son air concentré, ses grandes mains émiettant un quelconque ingrédient dans la marmite bouillonnante... Ses cheveux parfaitement coiffés luisaient sous les rayons du soleil qui passaient à travers la fenêtre... L'encolure de sa chemise, pas boutonnée jusqu'en haut, laissait apparaître la naissance de son cou pâle, de sa clavicule, l'ébauche des muscles fins de son torse...
Il eut envie de lui. Il s'en rendit compte et cela l'abasourdit. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas désiré quelqu'un d'autre que Marco. Il en était même presque venu à penser qu'il ne parviendrais plus jamais à désirer quelqu'un d'autre que lui, qu'après avoir connu l'ivresse de son corps tout les autres lui paraîtraient fade pour toujours. Pourtant les lèvres de Sanji appelaient les siennes, sa peau appelait ses mains. Un désir de nouveauté le prenait subitement, un désir de quelqu'un qui n'était pas Marco, parfaitement incarné en Sanji. Cet infidèle que Marco avait si peur de voir en lui, il se sentait le devenir doucement, pris d'une soudaine envie d'émancipation, d'échappatoire, de fuite de cette prison dorée ou son amant le tenait enfermé sans qu'il s'en rende compte depuis deux ans.
Qu'il aille se faire foutre, Marco,pensa-il. Il l'a bien cherché. Il n'avait qu'à pas me frapper. Je vois pas pourquoi je l'attendrait sagement à la maison.
-Sanji.. ?
Le blond leva les yeux vers lui.
-C'est presque prêt, dit-il avec un grand sourire.
Ace se mordit la lèvre. Non. Il ne pouvait pas faire ça. Il n'avait pas le droit. Pas pour ce connard de Marco, non. Pour Sanji. Il n'avait pas le droit de l'utiliser ainsi, comme passe-temps ou comme échappatoire à son traumatisme et à son couple malsain. Ça rendrait le cuistot malheureux, il le sentait. Le coq avait trop d'affection pour lui. Il voyait dans ses yeux un peu plus que du désir charnel il le sentait. Pas question de lui sauter dessus comme ça, ce serait profiter de ses sentiments.
-Sanji... Excuse-moi, mais j'avais complètement oublié que j'avais promis à un pote de le rejoindre, ce soir. Il faut que j'y aille.
-Ah... fit le blond, tentant visiblement de cacher sa déception. Pas grave, t'inquiéte ! Je t'en laisse la moitié au frigo, si jamais tu veux...
-C'est gentil, merci, lui sourit Ace avant d'attraper sa veste en cuir pour la passer par-dessus son t-shirt. Ah, et en fait...
Il alla chercher le double de ses clefs dans l'entrée et revint dans la cuisine.
-Tiens, si tu veux repasser dans la semaine, te gène pas, envoie-moi juste un message pour me prévenir.
Sanji avant les mains prises avec sa cuisine, il s'approcha de lui pour glisser les clefs dans la poche de son costard. Le blond leva les yeux vers lui à ce moment-là et rougit un peu. Ace arrêta de respirer. Il avait beaucoup trop envie de l'embrasser ce gamin.
Ça suffit Ace. Dégage, t'a aucun droit de faire ça.
Il céda toutefois un peu à son envie en posant la main sur l'épaule du cuistot et en se penchant pour déposer un baiser sur sa joue.
-Merci pour la bouffe, souffla-il.
Puis il sortit de la cuisine avec un signe de main.
-Bonne soirée !
-A-à toi aussi, bredouilla son cadet, l'air plus gêné que jamais.
Il ferma la porte de l'appartement derrière lui.
Putain, Ace, tu abuse. Marco a raison, t'es rien qu'un allumeur. Qu'est ce qu'il va se faire comme idées le pauvre... En même temps, l'avait pas qu'à être aussi mignon aussi ce môme...
En attendant, son envie ne s'était pas calmée. Il ne savait pas d'où sortait ce sentiment soudain, ce désir d'ailleurs. Peut-être qu'inconsciemment, il voulait se venger de Marco, ou alors le fuir.
Il descendit rapidement les trois étages qui le séparaient du bas de son immeuble. Une fois dehors, il marcha au hasard en direction du centre-ville, ne sachant pas vraiment ou aller. Un feu qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps lui chauffait le ventre. Une envie de liberté, de renouveau, une ivresse légère qui le poussait à vouloir laisser les choses arriver sans qu'il ne les contrôle vraiment, à sortir de la route proprette et bien tracée de laquelle il n'avait pas dévié depuis deux ans. C'était si grisant après l'ambiance morne des derniers jours, il ne savait pas vraiment ou aller, par ou commencer. Son téléphone sonna dans sa poche et il eut un sourire en voyant le numéro qui s'affichait sur l'écran. Il tombait à pic, celui-là.
-Allo ?
-Salut Ace, t'es libre ce soir ?
-Plutôt, ouais.
-Une petite beuverie n'est pas de refus alors ?
-Mon pote, j'ai jamais été aussi chaud pour me bourrer la gueule.
-J'en attendais pas moins de toi. Jsuis en route pour le Moby Dick, là.
-Le bar à rhum du centre-ville ? Tu me prend au sérieux, à ce que je vois.
-C'est sûr que c'est pas de l'alcool pour petites frappes. Tu te défile ?
-Bien sûr que non. J'y suis dans dix minutes.
-Parfait, à tout de suite alors.
Lorsqu'il raccrocha et glissa son téléphone dans sa poche, Ace sut. Il sut qu'il venait d'entrer dans quelque chose, de devenir ce que Marco avait toujours craint qu'il devienne.
Alors qu'il s'enfonçait dans la nuit, il se sentait devenir infidèle.
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Voilà, j'espère que ça vous a plu ! A la semaine prochaine pour le prochain chapitre !
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