RÉSUME : Alors que Tintin et le Capitaine Haddock s'apprêtent à partir à l'aventure afin de découvrir l'épave de la Licorne, une journaliste audacieuse et au caractère bien trempé, parvint à s'incruster dans l'expédition, au grand damne du vieux marin. L'expédition ne sera finalement pas aussi calme qu'il l'avait souhaité, et Tintin se fera un plaisir de compter les points...

NOTE : Remise à jour le 29/10/2015 (corrections, modifications).

AVANT- PROPOS :

Cette fan-fiction, basée sur l'univers de Tintin, contient un OC. Première du genre sur le Fandomn Français, j'espère qu'elle sera appréciée, et ne choquera pas les prurits du genre. Au sujet de l'histoire en elle-même, il s'agit d'un mixte entre l'œuvre originale de Hergé « Le Trésor de Rackham le Rouge » dans ses deux versions (bande dessinée et anime), ainsi que du film de Peter Jackson, « Le Secret de la Licorne ». Vous reconnaîtrez donc au court de l'histoire, certains passages de ces trois versions différentes, ce qui est l'un des buts recherchés, par amusement avant tout, mais aussi pour respecter un maximum l'univers de Tintin.

DIS CLAMER : L'univers d'Hergé, et ses personnages ne m'appartiennent pas.


TINTIN ET LE TRÉSOR DE RACKHAM LE ROUGE

UNE HISTOIRE DE FAMILLE

CHAPITRE I

Château de Moulinsart,

Belle matinée que celle de ce Samedi 08 Avril 1941. Un matin de printemps comme Nestor les aimait ; ensoleillée, un soupçon de brume matinale auréolant les bosquets de la propriété Moulinsart, ainsi que la rosée qui faisait scintiller les pelouses verdoyantes. Une vision bucolique, auxquelles se mêlaient le chant des rouges-gorges et des pinçons, la beauté silencieuse des premiers bougeons. Un décor paisible qui faisait le charme de ce vieux manoir, bien loin de l'agitation de Bruxelles.

Oui, c'était un lieu serein, dont Nestor était chargé de s'occuper quotidiennement et ce, depuis plus de quarante ans. Une dévotion qui était quasi familiale, car enfant, son père occupait la fonction, et avant lui son grand père. Une histoire de famille en somme, où chaque génération chérissait les vieilles pierres grises du manoir, fidèles elles-mêmes et toujours aussi immuables, tout en mettant un point d'honneur à accomplir leurs devoir dans une rigueur exemplaire.

Tel était le rôle de majordome. Tel était la fierté de Nestor ; être fidèle à la propriété et ses maîtres, quel qu'ils soient.

Car longtemps. Pendant très longtemps, et ce depuis l'époque de Louis XIV, la propriété avait appartenu à la prestigieuse lignée des Haddock, offerte par le roi lui-même en 1685 en réponse aux bon et loyaux services du Chevalier François de Haddock.

Jusqu'à ce que deux cent ans plus tard, les derniers descendant de sa lignée ne perdent aux jeux le titre de la propriété de Moulinsart, qui fut racheté quelques années plus tard par Ivan Ivanovitch Sakharine, descendant du sinistre Pirate Rackham le Rouge. Le destin ne saurait être plus cruel, car cette perte, fut le résultat d'une sinistre malédiction lancée par le Pirate lui-même, suite aux événements tragiques de 1698 où, au mépris du code de la Marine, le Chevalier François de Haddock envoya par le fond la Licorne pour empêcher Rackham le Rouge de s'en emparer. Cet acte -considéré de lâcheté par les détracteurs- entacha l'honneur de la marine et déshonora le capitaine sur plusieurs génération- entraînant sa descendance dans la déchéance le plus totale. Telle était la malédiction de Rackham le Rouge.

Mais fort heureusement, un heureux événement rééquilibra la balance. Le secret de La Licorne enfin résolu, la malédiction prit finalement fin et Nestor de pouvait que s'en réjouir ; Les Haddock étaient de retour à Moulinsart.

L'enfant qu'il avait connu, était désormais un homme. Un homme marqué par la vie certes, mais qui par son caractère inflammable et fort généreux; représentait un défit permanent. Ainsi qu'un avenir haut en couleur, car grâce à son amitié étonnante avec ce jeune reporter, connu sous le nom de Tintin, qui l'avait aidé à se remettre en selle et à reprendre ce qu'il lui revenait de droit, c'était désormais une série de futures aventures aussi palpitantes les unes que les autres, qui s'annonçait.

Et la première étant la plus belle de toutes, celle qui permettrait au Capitaine Haddock ne renouer définitivement avec le passé prestigieux de sa famille. Une fabuleuse chasse au trésor, pour retrouver l'épave de la Licorne.


Et c'est sur ces pensées là, qu'en ce matin du 08 avril 1941, à deux jours du départ du Sirius, sur lequel son maître et Tintin allaient embarquer, que le majordome lustrait les antiques armures du hall d'entrée.

Depuis quelques semaines, les journaux faisaient état de cette future expédition, et bien qu'étant aux premières loges, il n'avait pu s'empêcher de rire intérieurement de ces journalistes de bas étage. Des hyènes et des charognards, se battant pour faire la une des journaux, qui n'avaient rien à envier au jeune Tintin et qu'ils ne lui arrivaient même pas à la cheville.

Refermant le heaume d'un énième casque après y avoir enfoncé son plumeau, le Majordome s'apprêta à passer à l'armure suivante, lorsque soudain, la cloche de la porte d'entrée retentit, annonçant un visiteur.

Sortant sa montre à gousset et avisant l'heure forte matinale – il était bientôt huit heures- il haussa un sourcil. Habituellement, les gens n'arrivaient qu'aux alentours de dix heures, le capitaine Haddock étant intraitable aux sujets des horaires de visites, mais fort heureusement, il était absent.

Qui pouvait donc bien sonner à cette heure si matinale ?

Lorsqu'il ouvrit la porte, un inconnu se tenait sur le perron, plongé dans une contemplation silencieuse du parc. De taille moyenne, l'homme était vêtu d'un blouson de cuir, qui semblait beaucoup trop grand pour lui, et dont les manches ne laissaient pas entrevoir les mains. Il portait sur sa tête un bonnet de cuir, fourré de laine, semblable à ceux des aviateurs et Nestor aperçut alors en bas des marches, une petite Harley. Et l'étranger venait apparemment de très loin, au vu du volumineux sac de voyage ainsi qu'à l'usure de ses bottes sanglées.

« Oui ? Que puis-je faire pour vous, Monsieur ? » Demanda le majordome.

Surpris l'inconnu se retourna, ne révélant pas le visage d'un homme, mais plutôt celui d'une jeune femme.

« Oh, excusez-moi, je ne vous ai pas entendu ouvrir, s'excusa-t-elle tout en retirant son bonnet, laissant s'échapper une cascade de longs cheveux noirs sur ses épaules. Vous m'avez surprise…

- Vous m'en voyez le plus surpris des deux, répondit Nestor en la dévisageant d'un air décontenancé. Je vous ai prise pour un homme… »

La jeune femme le gratifia d'un ravissant sourire, dont les joues étaient marquées de légères fossettes.

« Etant donné la façon dont je suis vêtue, je ne peux que vous pardonner cette erreur, Monsieur… ?

- Nestor, répondit-il en se courbant avec toute la courtoisie qu'il devait à une dame. Je suis le majordome et maître d'hôtel de la propriété du Château de Moulinsart, au service de Monsieur le Capitaine Archibald Haddock. Et puis-je vous retourner la question, Mademoiselle… ?

- Cannelle. Cannelle Dupré, se présenta à son tour la jeune femme. Je viens voir justement le Capitaine Haddock au sujet d'une affaire à laquelle j'aimerais traiter avec lui. Est-il disponible ?

- Malheureusement non, répondit Nestor d'un air contrit. Le capitaine Haddock est partit très tôt ce matin afin de faire des achats concernant son expédition, et ne reviendra malheureusement pas de la journée… »

A ces mots, le visage de la jeune femme se décomposa.

« Quand doit-il partir ?

- Après demain, aux aurores », répondit Nestor en sortant sa montre.

Puis la regardant avec sollicitude, il lui demanda.

« Pardonnez mon indiscrétion mais est-ce important, Mademoiselle ? »

Le regard de la jeune femme se voila légèrement, et le majordome remarqua alors qu'elle avait les yeux d'un bleu céruléen. Une couleur peu commune mais qu'il semblait avoir déjà vu quelques part. Toutefois, il n'eut pas le temps d'y songer plus car la jeune femme, semblant sortir de sa torpeur, lui répondit.

« Oui, murmura-t-elle. C'est une affaire assez personnelle en fait…. »

Puis ayant un sourire forcé, qui ressembla plus à une grimace, elle haussa les épaules et l'espace d'un instant Nestor cru déceler dans son regard quelques larmes qui disparurent aussitôt dés qu'elle battit des cils.

« Mais c'est également pour une raison professionnelle, reprit-t-elle d'un air soudainement enjoué. Je suis reporter à la National Géographique, et j'aurais souhaité le rencontrer afin de faire partie de son expédition, mais bon… »

Elle se passa une main derrière la nuque, comme embarrassée.

« Je n'ai pas réussi à le joindre par téléphone, et lorsque je tente de le voir en personne, je le rate, ce n'est décidément pas de chance…. »

Nestor lui sourit.

« Oui. C'est malheureux. Mais si Mademoiselle me le permet, je lui peux lui conseiller de se rendre à l'hôtel auquel réside actuellement Monsieur jusqu'à son départ…

- c'est en effet une bonne idée, s'enthousiasma la jeune femme. Mais j'ignore où…

- Il s'agir d'un hôtel à proximité du port, lui répondit Nestor. Entrez, je vais vous donnez l'adresse… »

Il fit signe à la jeune femme, à présent ravie, de le suivre jusqu'au salon des invités, et là, après avoir chercher un petit calepin dans lequel il feuilleta rapidement les pages jusqu'à trouver l'adresse précise, il s'empressa de recopier l'adresse sur une feuille puis la tendit à la journaliste.

Cette dernière lança un bref coup d'œil au portrait du chevalier de Haddock, et se saisit de l'adresse, remerciant d'un sourire le majordome, qui regretta aussitôt ses pensées amères sur les journalistes ; tous n'étaient finalement pas que des hyènes, car cette Cannelle Dupré était radicalement différente. Sans doute du fait, que les femmes journalistes étaient rares, étant donné qu'elles entraient tout juste dans la profession, apportant ainsi un autre regard et une touche de féminisme dans le métier. D'autant plus qu'elle se démarquait assez par son allure d'aventurière, ce qui était fort peu courant pour une femme, elles qui étaient si attachées à la coquetterie.

« Vous désirez boire quelque chose ? » proposa-t-il alors, soucieux de bien remplir son devoir.

Après tout, même si le Maître n'était pas là, il se devait de parfaitement bien accueillir les visiteurs. Une règle que tout majordome se devait de respecter, au risque de voir des plaintes apparaître à son sujet et d'être renvoyé. Fort heureusement, Haddock avait suffisamment confiance en lui et en ses capacités pour lui éviter le renvoi, et puis la jeune femme semblait fort sympathique.

« Non merci, Nestor, répondit-elle toute fois. Je crois que je ferais mieux d'y aller. »

Elle posa les yeux sur l'adresse, qu'elle rangea ensuite dans une des poches de son blouson.

« Et puis je ne voudrais pas vous déranger, vous sembliez fort occupé, rajouta-t-elle en désignant le seau ainsi les chiffons et le plumeau, posés sur la rambarde en marbre de l'escalier…

- Oh non, je vous assure… »

Elle secoua la tête, riant doucement.

« J'insiste, fit-elle alors qu'ils retournaient vers la sortie. Ne vous dérangez pas pour moi…

- Et bien, dans ce cas, bonne chance !

- Merci ! »

Elle descendit alors à toute vitesse les marches, et enfourcha sa moto. Puis sur un dernier signe de tête adressé au majordome, la jeune femme alluma le contact et une dizaine de secondes plus tard, sortit de la propriété, ne laissant derrière elle plus qu'un nuage de poussière sur l'allée central.


Jour du départ.

Au départ du Sirius, les préparatifs se faisaient avec entrain. Une ambiance de bonne humeur générale flottait sur les quais que rien ne saurait troubler, et ce malgré les rumeurs qui parcouraient les journaux. De plus, le temps semblait être de la partit, car depuis deux jours, le soleil les couvait de ses chaleureux rayons, et la mer était en proie à une douce agitation, la brise du large soufflant avec légèreté sur le bord.

Ainsi, le capitaine Haddock traça d'un air satisfait une croix sur l'une des dernières caisses à embarquer.

« Très bien les gars, celle-ci également », annonça-t-il.

A ce moment là, Tintin arriva.

« Bonjour Capitaine ! » Saluât-il en levant la main afin que ce dernier, puisse l'apercevoir par delà la cohue. Le jeune homme portait sa valise et à ses cotés Milou gambadait joyeusement.

Haddock l'aperçu et un sourire vint éclairer son visage.

Effectivement, rien ne saurait troubler cette merveilleuse journée ! Son meilleur ami était là, et ensembles ils allaient retrouver le plus beau trésor au monde ! Le Navire de son ancêtre, le chevalier François de Haddock et accessoirement les nombreuses richesses qui s'y trouvaient. Une aventure pleine de rebondissements qui s'annoncerait des plus plaisantes. Tout ce dont un vieux loup de mer tel que lui pouvait rêver.

« Salut moussaillon, répondit-il joyeusement. Prêts pour l'aventure ? »

Il s'avança vers son ami, et alors qu'il s'apprêtait à l'accueillir un « youh-youh ! » retentit dernier eux.

« Oh non ! s'écria Tintin en apercevant soudainement quelque chose par-dessus son épaule.

- Quoi encore ? se demanda le capitaine Haddock en se retournant. Mille sabords ! »

Voila qui annonçait finalement des problèmes à venir ! L'excentrique professeur Tournesol qu'ils avaient rencontré la veille. Mais que faisait-il ici ?

« Bonjour messieurs, fit le professeur Tournesol, je vous annonce que mon appareil est réparé ! »

Il désigna alors du bout de son parapluie, les caisses empilées les unes sur les autres situées dernière lui. Fronçant les sourcils, le capitaine s'approcha alors du vieil homme, s'adressant à Tintin par dessus son épaule ;

« Ne bougez pas, je vais m'occuper de cet amphitryon ! »

Voyant qu'il s'approchait, le professeur Tournesol annonça d'un air satisfait :

« Voyez-vous, maintenant qu'il est en pièces détachées, il ne reste plus qu'à l'assembler… »

Mais Haddock ne l'écouta pas une seule seconde, car prenant son marqueur à la main, il fit une croix sur la caisse, barrant avec énervement la fiche technique de l'appareil. Hors de question que ce vieux cinglé ne vienne avec eux !

Une fois fait, il reposa brutalement le crayon sur la caisse.

« Voila ! C'est compris ! » Fit-il à l'adresse du professeur avant de s'éloigner, laissant se dernier regarder la croix avec perplexité.

Puis retournant vers Tintin d'un air satisfait, il pila net en voyant soudainement apparaître à leurs tour Dupont et Dupond.

« Quoi encore ! s'écria-t-il.

- Dupont et Dupond, prêts à embarqués ! » clamèrent les deux compères en se mettant au garde à vous.

Ils avaient tout deux troqués leurs traditionnels costumes contre un uniforme de marin, constitué d'un pull blanc à col noir et bleu, d'un pantalon et d'un béret tout aussi noir, orné d'un pompon rouge.

« Mais nous n'avons pas besoin d'avoir deux policiers à bord, s'exclama Tintin avec incompréhension.

- Chuutt ! »

Les policiers regardèrent aux alentours puis se penchèrent vers Tintin et Haddock.

« Ne le dites à personnes car nous sommes venues incognito, fit Dupont.

- Ivan Ivanovitch Sakharine et ses complices se sont échappés, précisa à son tour Dupond. Nous avons reçu l'ordre de vous protéger au cas où ! »

Tintin et Haddock se regardèrent, une ombre soucieuse voilant soudainement leur visage. Néanmoins l'euphorie du départ, toujours présente, eut tôt de balayer leurs inquiétudes. Si Sakahrine venait tout juste de s'échapper, il n'y avait aucun risque que leur expédition soit directement menacée. Mais les représailles étaient toujours à craindre, et puisqu'il en était ainsi….

« Bien, annonça finalement le Capitaine. Il y a deux couchettes libres à l'avant et ensuite sur le pont !

- A vos ordres Capitaine ! » Firent d'une seule et même voix Dupont et Dupond.

Et tandis qu'ils embarquèrent à leur tour, le capitaine échangea un sourire avec Tintin. Tout semblait être rentré dans l'ordre ! Ils allaient enfin pourvoir partir d'ici ! Puis portant ses mains à son visage, il cria à l'équipage.

« Parer à lever l'ancre ! »

Mais soudain un bruit de moto retentit sur le quai, suivit par des bruits de klaxon tonitruants.

« Que se passe-t-il encore ? se demanda le jeune reporter en fronçant les sourcils.

- Aucune idée, répondit Haddock en regardant dans la même direction. Il s'en passe des choses décidément aujourd'hui… »

Tout à coup, surgissant entre deux caisses, un motard apparu à toute vitesse et sembla leur foncer dessus. Milou glapit de terreur, et courut sur la passerelle, tandis que Tintin et Haddock regardèrent sans comprendre le véhicule leur foncer droit dessus.

« Attention ! » cria le capitaine réagissant enfin et écartant son ami, afin qu'il ne se fasse pas écraser.

Mais à leur grande surprise, le motard pilla et effectua un dérapage contrôlé, laissant une grosse trace noire sur le quai, et ne blessant miraculeusement personne.

« Capitaine Haddock ! s'écria le motard en coupant le contact de sa moto. Capitaine Haddock, c'est bien vous n'est ce pas ?

- Tonner de Brest, c'est plutôt à moi de demander qui vous êtes ! hurla le marin. Vous avez faillit nous écrasés, espèce de bougre d'ectoplasme à roulette !

- Capitaine », tenta Tintin.

Le motard émit un léger rire, enlevant ses lunettes de route ainsi que son bonnet.

« J'avais eu vent que vous pouviez avoir des insultes assez colorée, mais à ce point là, je suis flattée d'en avoir d'aussi exotiques… »

Haddock écarquilla les yeux. Nom d'une pipe, il s'était attendu à tout, sauf à ça ! Une femme ! Qui plus est, assez jeune pour être la sœur de Tintin !

« Surpris ? fit la concernée. Remarquez, avant-hier, votre majordome a eut la même réaction en s'apercevant que je n'étais pas un homme…

- Nestor ? Mais que vient faire ce bougre dans cette histoire ? Et puis vous êtes qui ? »

La jeune femme eut un léger sourire et contourna la moto. Elle était de taille moyenne et avait une silhouette élancée. Sa peau, légèrement cuivré, trahissait sans doute des origines métisses, de même que ses cheveux de jais légèrement ondulé. Et Haddock ne réagit pas, de son coté Tintin fut brièvement surpris par la couleur peu commune de son regard. Sacrebleu, ce bleu…!

« Cannelle Dupré, se présenta-t-elle. J'ai essayé de vous contacter il y a quelques jours, ainsi qu'hier en me rendant à votre hôtel, mais il semble que nous nous soyons ratés. Je suis journaliste au…

- Nous avons déjà un reporter » la coupa Haddock en désignant Tintin, qui jusque là, ne cessait pour autant, en dépit de sa surprise, de dévisager la jeune femme avec un certain amusement.

Cette dernière eut un léger sourire.

« Oui, je sais qui est Monsieur Tintin, seulement voila, je travail pour le National Géographique…

- La revue scientifique ? S'étonna Tintin.

- C'est exact, confirma la jeune femme dans un hochement de tête. En fait, je suis historienne, mais je rédige des articles pour la revue depuis bientôt deux ans. Lorsque j'ai appris que vous vous apprêtiez à faire une expédition, je me dis que cela pourrait être assez intéressant d'y participer. Mon sujet de recherche se trouve être les échanges commerciaux et maritime entourant la période où le vaisseau de la Licorne aurait sombré…

- Tout ceci, m'a l'air passionnant s'exclama Tintin. Qu'en pensez-vous capitaine ?

- Hé bien, je ne vois pas vraiment le rapport avec la Licorne répondit Haddock de mauvaise grâce en s'éloignant. De plus, je suis désolé mais nous avons un bateau à prendre…

- Au contraire capitaine, répliqua la jeune femme en se saisissant de son sac, La Licorne figure parmi les exemples les plus emblématiques du pouvoir royale de l'époque, ce dont j'aimerais approfondir pour mon article. De plus… »

Haddock s'engagea sur la passerelle, semblant l'ignorer totalement et hurlant à l'équipage de larguer les amarres.

« Capitaine ! » s'écria la jeune femme.

Elle s'élança derrière lui, suivie de Tintin. Haddock, se retourna vers elle, passablement agacé. Maudits journalistes ! Ne pouvaient-ils donc pas les laisser en paix !

« Capitaine, plaida-t-elle une nouvelle fois, vous êtes le descendant du dernier homme â être monté sur La Licorne et par conséquent, le seul à connaitre le récit historique exacte de son naufrage ! Je vous en supplie, accordez-moi cet article ! »

Elle lança un regard désespéré à Tintin, et bien que ce dernier semblait lui accorder toute sa sympathie, le jeune homme était quelque peu embarrassé par la situation.

« Et bien…

- NON NON et NON ! Le coupa le Capitaine Haddock. Nous avons déjà deux policiers à bord, je n'ai pas envie qu'une satanée journaliste ne vienne fouiner sur le pont ! De plus il est hors de question d'avoir une… »

Mais il ne put terminer sa phrase que la sirène du navire retentit alors dans les airs, l'interrompant soudainement et signalant surtout le départ du port.

« Tonner de Brest ! » S'exclama-t-il avec surprise.

Il se tourna vers le bastingage et lorsqu'il s'aperçu qu'on avait retiré la passerelle et que désormais le navire s'éloignait doucement du quai, le capitaine sentit alors un flot de colère l'envahir.

« Mille million de sabord ! Cracha-t-il. Qui as donné l'ordre de lever l'ancre !

- Mais c'est vous-même capitaine, lança un matelot qui passa à proximité.

- Espèce de bâchi bouzouck ! hurla Haddock en désignant la jeune femme, qui affichait un sourire agréablement surpris, si ce n'est réjouit, au vu de la situation. Vous ne voyez pas qu'elle est toujours là ! Faites là descendre tout de suite !

- Allons capitaine, fit Tintin calmement. C'est impossible, vous n'allez quand même pas la jeter par-dessus bord ! »

Cette déclaration arracha un éclat de rire à Cannelle Dupré, qui croisa les bras.

« Oh il en serait bien capable, lança-t-elle. Les vieux marins comme lui, craignent par dessus tout le fait qu'une femme soit à bord. N'est ce pas capitaine ? On dit que cela porte malheur…. »

Vieux marin ! Mais pour qui se prenait-elle à le traiter de vieux marin ! La fusillant du regard, le capitaine s'avança alors vers elle d'un air menaçant

« Très bien, puisqu'il est trop tard pour vous faire débarquer Mademoiselle, je n'ai qu'un mot à vous dire ! Je ne veux, en aucun cas vous croiser sur le pont ! Est ce bien clair ? Car sinon je vous promets, nom de dieu, que femme ou pas, je vous fais passer par-dessus bord pour aller nourrir les requins ! Est-ce clair ? »

Tintin éclata de rire, tandis que la jeune femme se contenta de sourire.

« Parfaitement Capitaine. Merci beaucoup pour cet accueil chaleureux… »

Prit de court par l'attitude désinvolte de la jeune journaliste, Haddock la dévisagea un instant, puis fronça les sourcils, plus mécontent que jamais. Finalement le voyage ne s'annoncerait pas aussi bien qu'il l'aurait espérer !

« Tintin, lança-t-il en se retournant. Si vous me chercher, je suis sur le pont ! »

Puis sur ce, s'éloigna définitivement dans un flopée de jurons. Seuls, le jeune reporter se tourna alors vers Cannelle, un sourire amusé sur les lèvres.

« Ma foi, c'est la première fois que je vois le capitaine Haddock dans un tel état. Mes félicitations et bienvenue à bord… »


A SUIVRE