Le tonnerre gronde dehors. Des gouttes de pluie éclatent en millions de petits éclats en ricochant sur le sol de pierres.
Il peut les entendre. Toutes ces gouttes, s'effacer et disparaître après leur mince existence.

Les plaques d'égout brillent à la lumière des réverbères, et l'eau qui ruisselle sur les pierres usées de la ville semble les purifier des périples de la journée passée.
Malgré la tempête, quelques passants se risquent à s'aventurer dehors. C'est en courant que -par la fenêtre- il les aperçoit disparaître dans la pénombre de la ville déjà endormie.

Un homme d'un certain âge est avachi sur une chaise à bascule, une pipe au bec, un chapeau lui recouvrant légèrement le visage. C'est dans la pièce sombre et inanimée qu'il se balance à tempos irréguliers et plutôt lents; lui arrivant même de fredonner par moments. Ses yeux mi-clos semblent scruter le vide ou alors mimer une longue réflexion.

Deux coups d'horloge sonnent extirpant l'homme à la pipe éteinte de ses pensées. Il dirige alors sa main vers la droite, cherchant vaguement puis atteignant l'objet désiré. C'est alors qu'il tourne délicatement un petit bouton faisant sortir des grésillements de l'engin en question. Il prend ensuite ce qui semble être une vieille photo qu'il déchire en quatre puis éparpille les morceaux un peu partout dans la pièce sans se lever. Il soulève et tourne ensuite sa chaise à bascule pour se mettre face à la porte d'entrée. Baisse son chapeau sur ses yeux, met les pieds sur la table basse et ses bras en croix. Il attend.

Il sait qu'il va venir et que tout va recommencer comme avant.
Il était temps.