Résumé : Les Sueproris, aussi appelés humains, ont toujours eu des préjugés sur les Chairems. Ceux-ci, à cause de leur capacité à se transformer en animal, sont haïs et exterminés.
La guilde exterminant les Chairems dont Axel est à la tête est chargée de massacrer une tribu de Chairems loup. Aussi étonnant soit-il, cette mission fera basculer les liens qui unissent les deux races. Qui aurait cru qu'un jour ces deux espèces puissent coexister sans aucun différend ?
Pairings : Surprise, surprise ! Il n'y aura cependant pas de yaoi, désolée. =p
Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Square Enix. Univers inspiré de Fire Emblem Radiant Dawn (inclut donc Path of Radiance), jeu développé par Nintendo (Intelligent Systems).
En attendant (ou pas) le prochain chapitre des Décisions (si vous lisez), je publie cette fic qui est restée sur le feu depuis un petit moment. Ce chapitre a été écrit il y a quelques mois de cela, et j'en suis à la moitié du deuxième.
J'espère qu'elle vous plaira ! :)
Chapitre 1 : Introduction.
Il n'y avait rien de plus bruyant que l'établissement d'une corporation. Surtout celles au centre de la ville, où sont regroupées la plupart des plus importantes guildes, régulièrement chargées d'affaires par le maire de la ville de Wight – Leon, soit dit en passant. Dans un bâtiment de recherches scientifiques, c'était plutôt calme puisqu'ils se concentraient tous sur leurs expériences, mais dans la corporation d'extermination de Chairems… C'était tout autre chose. Notamment celle nommée « Flurry », l'une des organisations les plus efficaces de Wight. A n'importe quelle heure, n'importe quel jour, tout était animé. On entendait des personnes courir dans tous les sens, des discussions enjouées ainsi qu'évidemment des éclats de rire. Pourtant, sous cette joie se cachaient des assassins hors pairs, des Sueproris abattant des Chairems sans pitié. Ces derniers étaient considérés comme des monstres sanguinaires prenant l'apparence de Sueproris – aussi qualifiés « d'humains » –, mais leurs caractéristiques physiques d'animal restaient présentes, généralement une queue. Ces exterminations s'exécutaient depuis la nuit des temps.
A Flurry, plusieurs hommes bavardaient en toute tranquillité dans le salon, soit en nettoyant leurs armes, soit en mangeant un petit encas.
— Vous trouvez pas que ça fait longtemps qu'on a pas eu à se débarrasser de Chairems ? interrogea l'un d'eux à ses collègues.
— T'en plains pas, rétorqua un deuxième. Tu préfères te retrouver sur un terrain où la mort te guette à chaque seconde ?
— Bah non, s'indigna le premier. Mais on va pas gagner notre vie sinon !
— En plus, le général Hawerra semble de mauvaise humeur ces temps-ci…, ajouta un troisième. Je n'ai pas envie que ses foudres s'abattent sur moi !
— On parle de moi ? intervint quelqu'un, la voix remplie de sévérité.
Les trois hommes qui discutaient sursautèrent en entendant la voix de leur chef. Lentement, ils se retournèrent pour faire face à deux pupilles vert émeraude, en dessous desquels deux petites larmes violettes inversées étaient tatouées. Le veston de couleur grège aux bordures blanches qui protégeait le torse de l'homme, d'environ vingt-six ans, était orné d'épaulettes supportant deux étoiles dorées. Un pantalon bouffant lui couvrait les jambes, au bout duquel remontaient des bottes noires jusqu'aux mollets. Il s'agissait de l'uniforme caractérisant les personnes gradées « général » : il n'était pas difficile à reconnaître puisqu'il n'y en avait qu'un seul à Flurry qui, en plus de disposer d'un regard si transperçant aidant à l'identification de l'homme, possédait une crinière de feu tirée vers l'arrière aux nombreux pics défiant la loi de la gravité : Axel Hawerra, le chef de cette corporation.
Les trois hommes s'excusèrent immédiatement de leur impolitesse, mais le rouquin sourit et éclata de rire. Il adorait se montrer dur alors qu'en réalité, il plaisantait. Ce côté taquin était apprécié de la plupart des troupes, même si les nouvelles recrues étaient en général intimidées.
— Allez, ne vous en faîtes pas ! rassura Axel après s'être calmé. Je fais si peur que ça ?
— Euh…, bafouilla l'un d'eux, non, pas du tout… Mais on ne sait jamais si vous êtes réellement en colère.
— Croyez-moi, il m'en faut beaucoup plus pour être furieux ! ricana le général.
Axel laissa ses hommes et décida de sortir du bâtiment, étant donné que le maire de Wight l'avait convoqué. Dans la rue, beaucoup de voitures circulaient et klaxonnaient, les tramways bloquaient de temps à autre la marche des habitants de hauts gratte-ciel s'élevaient tout autour du centre ville, les magasins regorgeaient de clients et tout le monde marchait sereinement dans ce brouhaha. La modernité et l'activité économique de cette ville était plus que visibles.
Il suffit au rouquin de contourner quelques établissements de corporation pour atteindre la mairie, et arriva donc à destination en cinq minutes. La bâtisse était beaucoup moins imposante que celles des guildes, mais elle avait son importance au sein d'une commune. D'une couleur rougeâtre au toit noir, de nombreuses fenêtres étaient intégrées dans les murs.
Le général de Flurry entra et fit directement face au maire, assis confortablement derrière son bureau au fond de la salle. Il s'approcha de lui et le salua, puis attendit une réaction de sa part. Leon soupira et se cala un peu mieux dans son fauteuil. Les traits soucieux, la lueur dans ses yeux d'un bleu virant au gris exprimaient clairement qu'un problème s'offrait à eux. Axel haussa un sourcil, se demandant bien ce qui pouvait tracasser autant le brun, rarement aussi dépité. Il ne put s'empêcher d'observer la cicatrice dessinée entre les deux yeux de son interlocuteur cette marque le troublait toujours autant.
Finalement, Leon se décida à parler.
— Axel, j'aimerai que tu partes dans la forêt située à l'Ouest de la ville, déclara-t-il froidement.
— Pourquoi ça ? s'enquit de demander l'assassin, intrigué.
— La corporation de recherches Révélation a récemment découvert qu'une horde de Chairems loup s'y cachait, expliqua Leon. Il ne faut pas que ces créatures atteignent la ville, il serait donc plus judicieux de les éliminer tout de suite.
— Compris, acquiesça Axel en souriant. Une lettre signée de ta main et hop, j'y vais de ce pas !
Le brun soupira une seconde fois, exaspéré par le comportement aussi familier de son interlocuteur. Même si cela faisait déjà plusieurs années qu'ils travaillaient ensemble, Leon avait du mal à accepter cela. Il se saisit de la poignée de l'un des tiroirs de son bureau pour y piocher une feuille de papier, préalablement préparée. Tout y était déjà inscrit : objet, date, corps de la lettre, signature. Il la tendit à Axel qui s'en empara en le remerciant. L'assassin s'en alla immédiatement, préférant mettre ses troupes au courant le plus tôt possible afin d'organiser leur attaque.
Lorsqu'il annonça la nouvelle dans le hall, après avoir rassemblé tous les soldats, ceux-ci furent à la fois soulagés et tristes. D'un côté, ils allaient de nouveau avoir leur salaire, mais de l'autre, certaines personnes trouvaient cela regrettable de tuer des Chairems, aussi sanguinaires soient-ils. Mais de toute façon, qui laisserait en vie de telles créatures, trompant les Sueproris en voulant se faire passer pour eux ? Personne.
— Ceux qui veulent pas m'accompagner restent ici, évidemment, décréta Axel en croisant les bras. J'ai pas besoin de flemmards ou de peureux avec moi,
Il marqua une pause dans ses instructions pour évaluer le nombre d'hommes dont il aurait besoin. Leon n'avait pas précisé combien de Chairems il y aurait, mais connaissant ces bêtes-là, il valait mieux y aller à dix même s'il n'y avait que deux créatures à exterminer.
— Je partirai avec une unité de vingt-quatre personnes, tous grades confondus, stipula-t-il. Cependant, je préfère ne pas emmener les recrues et les plus faibles d'entre vous, vous pourrez vous faire tuer. J'aimerai également trois infirmiers, donc le nombre de combattants tombe à vingt-et-un. Faîtes votre choix !
La quarantaine de personnel qui avait écouté leur chef se mit à se déplacer dans un bruit assourdissant. Ceux qui voulaient partir avec Axel s'avançaient, tandis que ceux qui ne se sentaient pas aptes à participer à une telle mission reculaient vers le fond de la salle. Le général fronça les sourcils en apercevant certains de ses meilleurs soldats hésiter entre venir ou rester, mais il s'abstint de tout commentaire.
Lorsque la foule se calma et que le rouquin put y voir un peu plus clair, il se mit à passer devant le rang de soldats qui s'étaient alignés afin de juger s'il était bon ou non de les emmener. Ils étaient en tout vingt-huit à désirer partir.
Au bout de dix minutes, Axel put faire son choix et les vingt-et-un militaires s'en allèrent se préparer convenablement. Il y avait pile poil trois infirmiers volontaires, et il sourit à la vue d'une jeune fille, ayant tout au plus dix-sept ans. Ses courts cheveux noirs encadraient son visage aux traits fins et délicats, son regard bleu océan pétillait de malice. Un t-shirt à manches longues noir aux arabesques rouge pâle recouvrait son corps, par-dessus duquel se trouvait un gilet gris à manches courtes en coton son jean bleu foncé était en partie caché par des bottes couleur mauve terne grimpant jusqu'au bas des genoux le tout revêtu d'une blouse blanche aux poches remplies de divers instruments de soin.
— T'es sûre de vouloir partir avec moi ? interrogea Axel en arborant un sourire moqueur.
— Bien sûr, répondit la jeune fille en fronçant les sourcils. Je suis déjà assez restée en retrait comme ça.
— Très bien, mademoiselle Xion Hawerra, céda le rouquin. Fais gaffe quand même.
— Je serai prudente, ne t'inquiète pas ! tranquillisa Xion.
Xion était effectivement la petite sœur d'Axel, même si la ressemblance n'était pas frappante. On pouvait néanmoins reconnaître leur côté obstiné de leur caractère. Le rouquin ébouriffa la chevelure de sa sœur, ce qui provoqua un léger grognement venant de celle-ci.
— Bon, va te préparer ! conclut Axel en partant au premier étage de l'établissement à son tour.
La brune leva les yeux au ciel, sachant pertinemment ce qu'elle avait à faire. Les deux infirmières à ses côtés souriaient sereinement, ayant toujours trouvé la relation que leur collègue entretenait avec son seul membre de famille amusante. Xion leur adressa un regard désespéré, voyant que rien ne les changerait.
Toutes trois se dirigèrent vers l'infirmerie, une grande pièce située à gauche du hall. Elles prirent quelques bandages de plus, des désinfectants, ainsi que des pommades. Tout ce dont elles avaient besoin pour des secours de premier soin.
Axel, dans sa chambre, se saisit d'un revolver à six tirs ainsi que de quelques charges contenant ses balles et d'un couteau. Il s'agissait de là les deux armes principales utilisées à Flurry. Il descendit ensuite rejoindre sa troupe, qui était déjà prête. Il inspira et expira pour se détendre, puis s'adressa de nouveau à ses soldats.
— Je vous rappelle que les Chairems n'hésiteront pas à vous attaquer en vous voyant, alors faîtes-en de même. Je voudrais que les plus gradés se mettent en début de file.
Rappeler les règles de base s'avérait toujours utile. Comme dit, les plus gradés s'avancèrent, et le premier à se positionner derrière Axel fut un homme d'une cinquantaine d'années, les traits peu marqués par le temps ; cependant, les multiples cicatrices au visage prouvaient un long vécu sur les champs de bataille. Un bandeau noir cachait son œil droit, mais son unique œil doré reflétait l'âme d'un guerrier hors pair. Sa longue chevelure noire attachée en une queue de cheval, grisée sur le haut de son crâne, retombait sur ses épaules où l'on pouvait apercevoir une étoile ocre sur son uniforme grège : Xigbar Sevrem, général de division. Il était très respecté à Flurry de part son expérience des combats et son efficacité au sein de la corporation.
Le rouquin s'assura des places de ses soldats, puis ils se mirent en marche pour la forêt à l'Ouest de la ville. Ils s'y rendirent en camion étant donné que la forêt se situait assez loin. En chemin, tout le monde discutait de la manière dont ils allaient s'y prendre pour exterminer ces créatures, et Xigbar ne se gênait pas pour dire que les loups étaient très coriaces, inquiétant ainsi certains officiers. Axel, quant à lui, s'amusait à poser des questions à Xion.
— Combien y a-t-il de peuples Chairem ? demanda-t-il avec un sourire.
— Cinq, répondit la jeune fille en soupirant. Les loups, les renards, les chats, les hirondelles et les faucons.
— Bien, bien, acquiesça le rouquin en réfléchissant à sa prochaine question. Hum, quels sont leurs caractéristiques physiques quand ils sont sous notre forme, celles des Sueproris ?
— On peut voir la queue des félins et les ailes des oiseaux, avança machinalement la jeune fille.
— Et… quel est le peuple Chairem le plus fort ? conclut Axel.
— … Tu n'as pas fini avec tes questions débiles ? répliqua Xion en fronçant les sourcils. C'est celui des loups.
Axel hocha la tête et arrêta de jouer au professeur. Il était évident que sa sœur connaissait les attributs des Chairems, mais il avait tout simplement envie de poser des questions pour la taquiner. Il n'avait pas l'occasion de profiter pleinement de la présence de Xion, aussi il se demandait si le savoir de cette dernière était assez complet afin de voir s'il pouvait compter sur elle en cas d'une analyse de Chairem.
Le reste du trajet se déroula sans encombre, même si quelques soldats se sentaient de plus en plus nerveux alors qu'ils s'approchaient de leur destination. Quand les camions stoppèrent leur moteur, tous les combattants descendirent avec rapidité pour examiner le terrain. Des arbres, notamment des chênes et des bouleaux, obstruaient la vue à cause de leur grand nombre. Des feuilles mortes étalées sur le sol ralentissaient leurs mouvements, mais une extermination dans un environnement pareil était faisable. Seulement, vingt-cinq personnes sur un sentier aussi étroit risquait de perturber les capacités de chacun, aussi Axel ordonna à sa troupe de se répartir sur le terrain de sorte à ce qu'ils soient assez éloignés les uns des autres. Lui-même se positionna en première ligne, et fit signe à ses soldats d'avancer sans perdre leur formation.
Puis soudain, un rugissement effroyable retentit dans tout le périmètre, et un loup doré se jeta brusquement sur l'un des soldats pour lui trancher la gorge, tel une créature déchaînée. Cette arrivée brutale d'ennemis fit sursauter la plupart des soldats, qui s'empressèrent de sortir leurs armes pour les pointer sur le canidé. Malheureusement pour eux, d'autres Chairems de son espèce déboulèrent à leur tour, environ huit, et leurs rugissements continuaient de résonner alors qu'ils leur infligeaient des morsures mortelles. Un deuxième loup doré était parmi eux, et d'un seul coup de patte, il propulsa un officier contre un bouleau.
Axel, furieux, se racla la gorge et dégaina avec vitesse et dextérité son pistolet, puis tira une balle sur l'un des deux loups ambrés, qui semblaient être les plus dangereux au vue de leur acharnement contre sa troupe. La balle partit dans un sifflement strident, et alla se ficher dans l'abdomen du premier mammifère qui les avait attaqués. Celui-ci se tortilla dans tous les sens et vrombit de douleur, et Xigbar, non loin de là, profita de cet instant de faiblesse pour tirer à son tour des lasers de ses fusils. Ces tubes luminescents, nouvelle invention à Wight, difficile à manier de part son poids et sa faible précision, produisaient des brûlures légèrement plus faibles que celles du second degré une fois qu'elles avaient atteint une matière organique. Si elle n'était pas de ce type, il ne s'agissait que d'une simple trace. Le Chairem, touché à plusieurs reprises, s'effondra sur le sol et respira difficilement.
— Un de moins, grogna Xigbar en se dirigeant vers un autre loup.
Les soldats se démenaient tant bien que mal à éviter d'être touché mortellement, mais les assauts de leurs adversaires étaient bien trop rapides pour eux. Néanmoins, ils avaient l'avantage de ne pas posséder une corpulence aussi volumineuse que celle des Chairems, aussi ils en bénéficièrent pour les attaquer à tout-va pour les empêcher de réagir, soit avec leurs armes à feu soit avec leurs couteaux. Et ainsi, en s'y mettant à trois ou quatre, leur ennemi était rapidement exterminé. Quant aux créatures sanguinaires, elles se contentaient d'attaquer sauvagement leurs ennemis à coups de griffes, de morsures ou de charges physiques, seules offensives dont elles disposaient. Seulement, cela ne leur suffit guère pour vaincre les Sueproris, qui étaient parvenus à établir des stratégies pour les contrer.
Xion et les deux autres infirmières, une fois le danger écarté, s'autorisèrent à apporter quelques soins aux blessés pour qu'ils ne meurent pas à la prochaine attaque encaissée. Elles durent s'affairer à leur tâche de manière efficace et véloce afin de ne pas laisser le temps aux Chairems de les prendre par surprise.
Axel n'eut pas besoin d'avoir de l'aide extérieure pour se battre, étant donné qu'il s'en sortait parfaitement en alternant son revolver et sa dague pour contrer les offensives du loup, qui se trouvait être le deuxième de couleur dorée. Il n'y en avait qu'une paire qui possédait ce pelage peut-être étaient-ce des spécimens spéciaux ? Le rouquin ne s'en préoccupa pas plus et se contenta de l'assaillir jusqu'à l'épuisement pour atteindre son but. Le Chairem ne se ménageait pas non plus, chose qui se voyait pleinement sur l'uniforme du Sueprori : taché de sang aux endroits où des plaies s'étaient ouvertes, tissu en lambeaux, l'affrontement semblait déjà avoir été extrêmement rude… Il s'apprêtait à mordre une nouvelle fois son adversaire pour lui arracher un bras, mais il sentit une balle transpercer sa patte, ce qui le déstabilisa durant quelques secondes. Secondes qui lui coûtèrent cher, car Axel lança son couteau qui se ficha dans son flanc gauche. L'animal, rugissant fortement, tomba lourdement à terre, perdant à grande vitesse son sang. L'assassin s'avança aussi bien qu'il le put, et retira brutalement son arme du corps du Chairem, puis s'écroula à son tour. Après avoir éliminé trois loups puis celui-ci, il était complètement épuisé. Il lança un regard méfiant au cadavre gisant près de lui, et fut rassuré en voyant qu'il ne bougeait plus du tout. Xion arriva à grandes enjambées pour rejoindre son frère pour de le soigner.
— Héhé, merci p'tite sœur, murmura Axel en toussotant.
— Les autres soldats ont réussi à éliminer tous les loups, informa-t-elle en désinfectant l'une des plaies du rouquin. Vous avez réussi votre mission.
— Ouais, mais ça a été difficile, soupira l'assassin. Regarde l'état dans lequel on se trouve !
Effectivement, tous les soldats, exténués, s'étaient assis pour récupérer un peu. Mais la plupart d'entre eux se voyaient recouverts de bandages, qui furent vite teintés de rouge. Xion acquiesça lentement de la tête et finit de soigner son frère tout en essayant de ne pas faire attention au loup à côté d'elle. Elle avait peur d'eux. Les mêmes mots revenaient à chaque fois quand on parlait de Chairems : « sanguinaire », « cruel », « monstre », « trompeur ». Personne n'avait de respect pour eux, et encore moins de la compassion.
Une fois que la jeune fille eut fini sa besogne, Axel se leva péniblement et alla rejoindre ses soldats afin de prendre de leurs nouvelles. La jeune fille rassembla ses affaires, et au moment où elle s'apprêtait à se relever, une ombre la surplomba puis le Chairem à côté d'elle bondit sur ses pattes et la plaqua au sol violemment. Le regard de la bête était féroce, apeurant ainsi Xion qui n'arrivait pas à détacher ses yeux de ces prunelles de la même couleur que les siennes. Elle était indéniablement effrayée, mais aucun de ses muscles ne répondait à son cerveau qui lui criait de fuir.
— La petite sœur du chef, hein, souffla le Chairem. Une paire encore ensemble. Dis-lui bien que nous ne sommes pas vos ennemis… C'est-
Malheureusement, ou heureusement, le loup n'eut pas le temps de continuer sa phrase car un couteau atteignit de nouveau son flanc gauche, et s'effondra encore une fois. Xion tourna lentement la tête sur le côté et aperçut Xigbar, l'auteur de ce coup. Celui-ci s'approcha d'elle, les traits durs.
— Petite inconsciente ! tonna-t-il. Tu as baissé ta garde, même si un ennemi semble mort, il faut te méfier quand même !
— O-Oui…, acquiesça la jeune fille en se relevant. Mais… ce Chairem avait l'air de me dire quelque chose…
— Peuh, tu ferais bien mieux de les laisser déblatérer des choses sans les écouter ! siffla le général de division, visiblement en colère.
Axel arriva soudainement et prit sa petite sœur par les épaules, lui demandant avec inquiétude si elle n'était pas blessée. Xion répondit par la négative, et elle baissa la tête. Le rouquin soupira, ayant eu peur durant une dizaine de secondes qu'il allait perdre le dernier membre de sa famille. Il lui suggéra de retourner avec les autres soldats afin d'éviter d'autres incidents de ce genre. Elle hocha la tête et osa un regard en direction du Chairem : celui-ci, aussi affaibli soit-il, entre la vie et la mort, avait encore assez de force pour lui adresser un regard insistant pour lui rappeler ce qu'il avait tantôt dit. La jeune fille prit un grand bol d'air, et avec tout son courage, interpela son frère.
— Axel, on devrait recueillir ce Chairem, déclara-t-elle avec assurance.
Silence. Le rouquin dévisagea sa sœur, les sourcils froncés. Il observa ensuite le loup gisant au sol. Pour enfin s'exprimer.
— Mais t'es pas bien ? s'exclama-t-il avec vivacité. Tu veux qu'on emmène ce monstre avec nous ?
— Je sais que ça paraît insensé, mais il a voulu me dire quelque chose ! se défendit la jeune fille.
— Te dire quelque chose ? questionna Axel, sceptique. Laisse, les Chairems disent que des conneries.
— Il a dit qu'ils n'étaient pas nos ennemis…, énonça Xion.
— Ils racontent tous ça, insista l'assassin.
L'infirmière savait que l'exterminateur était borné, mais à ce point… D'un côté, son entêtement était compréhensible qui voudrait recueillir un Chairem ? Mais Xion sentait qu'elle devait entendre ce que le loup avait à lui dire, même si précédemment elle était terrorisée face à lui. De plus, elle avait pu percevoir une once de tristesse dans sa voix… Elle n'allait pas abandonner de sitôt.
— … Il pourrait également devenir un des nôtres, tenta-t-elle avec hésitation.
— Tu perds la tête, petite ! rugit Xigbar en intervenant dans la conversation. Tu crois qu'un Chairem pourrait nous rejoindre sans vouloir te tuer après coup ?
— Mais vous ne comprenez pas que je veux simplement savoir ce qu'il voulait me dire ? s'écria Xion, exaspérée par le comportement obstiné des deux hommes.
Sa phrase résonna sur tout le terrain. Axel et Xigbar restèrent muets durant quelques instants, puis le plus âgé des deux s'en alla en rouspétant. Le rouquin soupira et en fit de même seulement, il adressa quelques mots à sa sœur.
— Fais ce que tu veux, dit-il, mais après qu'il t'aura expliqué ses trucs, il retourne de là où il vient.
Xion mit un temps avant de comprendre ce que son frère venait de dire. Il acceptait ? Pour de vrai ? Un large sourire naquit sur son visage, et elle remercia Axel. Celui-ci haussa les épaules et ordonna à ses hommes de transporter le Chairem en vitesse. Les soldats tressaillirent face à cet ordre, mais ils durent s'y plier. Ils s'approchèrent du loup, qui à leur grande surprise, se changea en un Sueprori des plus banals : petit, environ la même taille que Xion, ce fut sûrement ses cheveux blonds en bataille qui donna la couleur de son pelage en tant qu'animal – ou bien l'inverse. Ses vêtements, un simple t-shirt noir et un pantalon de la même couleur, étaient en lambeaux et tachés de sang.
La cadette Hawerra était certaine que le loup avait changé de forme pour leur permettre de l'emmener plus facilement. Les officiers s'exécutèrent après s'être remis de leur état de torpeur, et déposèrent délicatement le corps du garçon sur un brancard à l'intérieur du camion. Le trajet risquait d'être calme…
Le Chairem se réveilla doucement sous la lumière du jour. Il voulut se relever mais les picotements que lui procuraient son corps l'en dissuada aussitôt râlant et rouspétant, il se contenta d'observer la pièce dans laquelle il se trouvait. Premièrement, il était allongé dans un lit. Deuxièmement, une fenêtre coulissante légèrement ouverte se situait à sa gauche, c'était pourquoi il sentait que l'air était assez froid. Troisièmement, la pièce possédait un rideau tiré à sa droite, et une carafe d'eau accompagnée d'un verre étaient posés sur la table de chevet. Deux chaises trônaient au coin d'un mur.
— Une infirmerie sueprori…, marmonna le garçon en tentant une nouvelle fois de se lever.
Cette fois-ci, il réussit à se redresser correctement et s'adossa contre la rambarde du lit. Il ferma les yeux et repensa aux récents événements. Il sentit une grande colère monter en lui, une furieuse envie de tuer, revoyant les corps des loups de sa tribu tomber un à un, tués par ces Sueproris qui les haïssaient tant. D'ailleurs, pourquoi était-il ici ? Etait-il le seul survivant ? Le blond n'avait pas du tout les idées claires. De plus, il avait été soigné, puisque son corps entier était recouvert de bandages et autre pansements, tout ceci propre aux humains.
Alors qu'il tentait de se lever, le rideau fut tiré pour faire place à une jeune fille. Quand le Chairem la vit, il se rappela immédiatement de lui avoir dit quelque chose… De complètement insensé.
Xion se précipita vers lui.
— Ne te lève pas ! s'exclama-t-elle. Tu ne t'es pas encore remis de tes blessures.
— … C'est toi qui m'as soigné ? demanda le garçon en se rasseyant sur le lit avec réticence.
— Oui, c'est moi, confirma Xion.
Malgré l'assurance avec laquelle la jeune fille parlait, le Chairem sentit qu'elle n'était pas à l'aise. Ses fins doigts qui s'étaient saisi de la carafe pour remplir le verre tremblaient légèrement, détail qui n'échappa pas à l'œil attentif du blessé. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.
— Je te fais peur ? interrogea-t-il avec amusement.
— N-Non, pas du tout ! répliqua précipitamment Xion.
— Tu viens de te trahir, souligna le blond en souriant de plus belle. Tu as répondu trop vite, ça veut donc dire « oui ».
— … Qui serait rassuré en présence d'un Chairem ?..., balbutia la jeune fille en détournant les yeux.
Cette phrase déclencha une pointe de furie chez le jeune homme. Il détestait les préjugés. A la voir comme ça, cette infirmière ne s'était certainement jamais confrontée aux Chairems… A part peut-être la dernière fois lorsqu'il l'avait agressée. Il l'avait fait pour le bien de toutes ces créatures haïes ; de sa race. Le blond essaya du mieux qu'il put de ne pas se jeter sur la Sueprori, car malgré le fait qu'elle l'avait soigné, elle restait tout de même une humaine qui avait participé au génocide de sa tribu.
— Je me souviens pourquoi je suis ici, lâcha-t-il soudainement. Je t'avais dit que nous n'étions pas vos ennemis, c'est ça ?
— Effectivement…, approuva Xion en se triturant les doigts
— Vous, les Sueproris, commença le garçon, vous pensez que nous sommes des créatures sanguinaires. C'est faux.
— Mais, vous ne faîtes que tuer ! coupa l'infirmière en fronçant les sourcils.
— Laisse-moi finir, rétorqua le Chairem. Nous ne sommes pas sanguinaires de nature. Enfin, ça dépend des peuples, mais bon… Bref, il y a quelque chose qui nous rend agressifs.
— Xion, ne l'écoute pas, intervint soudainement Axel, qui venait d'entrer dans la chambre.
Le garçon soupira d'exaspération, lassé d'être coupé à tout moment. Pour contenir sa rage, il fallait absolument qu'il parle du phénomène qui survenait chez les Chairems, espérant ainsi calmer les Sueproris. Il observa le nouveau venu, et se souvint qu'il s'agissait du soldat qui l'avait salement amoché. Rien qu'à cette pensée le blond avait envie d'ignorer Axel, ou bien de bondir sur lui, mais cela aggraverait l'image que les Sueproris avaient d'eux. Seulement, il n'eut pas à lui adresser la parole puisque le rouquin le fit de lui-même.
— Tu penses qu'on va te croire ? grinça Axel.
— De toute façon, vous ne voulez pas avoir tort, en tant que Sueprori, glissa le Chairem. Et puis, je ne sais pas ce qui nous rend agressif ainsi, alors je n'ai pas de preuve pour que vous me croyez.
— Tu vois Xion ce qu'il t'en coûte de croire une bête pareille ! s'énerva le général.
La jeune fille baissa la tête. Finalement, les Chairems étaient vraiment des trompeurs, tous de la même trempe. Elle aurait dû écouter son frère et Xigbar, qui avaient une meilleure expérience qu'elle à ce sujet. Ces créatures mi-humaine, mi-animale ne pouvaient pas être des personnes dignes de confiance, c'était connu. Xion releva la tête et soupira.
— J'ai compris, souffla-t-elle. Tu partiras dès que tu te seras remis de tes blessures, dit-elle à l'intention du Chairem.
— Non, il part maintenant, rectifia Axel.
— Désolé, je peux pas bouger, ricana le blond.
Même s'il avait pu se redresser, il n'avait pas encore récupéré toute sa force. Et puis, autant finir ses explications puisqu'il était là. Axel s'apprêtait à répliquer de manière violente ce qu'il en pensait, mais l'alarme de la bâtisse retentit, l'arrêtant dans son élan. Cela fit sursauter les trois individus, qui ne s'attendaient pas à une telle intervention. Ils entendirent ensuite une jeune femme parler à travers les haut-parleurs de la corporation.
— Un Chairem loup a été aperçu en ville ! Le maire nous demande d'aller le tuer ! Je répète, un Chairem loup…
Le garçon n'en crut pas ses oreilles. Un Chairem loup ? Il y aurait donc un survivant ? Cela attisa sa curiosité et il essaya de se lever, sous le regard haineux d'Axel.
— Il vient te chercher ? interrogea-t-il.
— J'en sais rien, répondit le blond. Je ne sais même pas si ce Chairem fait partie de ma tribu. Mais dans tous les cas, je vous accompagne au dehors.
— Tu n'avais pas dit que tu ne pouvais pas bouger ? rappela Xion, sceptique.
Le sourire du Chairem s'agrandit aussitôt.
— Toujours aussi crédible, un Sueprori ! s'esclaffa-t-il. Bien sûr que je peux marcher, et même attaquer. Bon, ce sera moins efficace que si j'avais toutes mes capacités…
— Qu'est-ce que tu veux faire ? questionna le général, ayant très peu envie de se faire attaquer par le blessé.
— Je vais essayer de parler à ce Chairem, histoire d'éviter qu'il massacre tout le monde, expliqua le jeune homme.
Les deux Hawerra se lancèrent un regard interrogatif. Ils n'étaient pas contre cette perspective, mais qui pouvait leur affirmer que cette créature disait vrai ? Mais d'un côté, ils n'avaient pas vraiment le choix. S'ils continuaient à hésiter, il se pourrait que le Chairem en ville décime toute la population. Ce fut avec réticence qu'Axel acquiesça.
— Ton nom ? demanda-t-il en croisant les bras.
— Roxas, indiqua l'autre en souriant malicieusement.
Voila pour le premier chapitre ! Une petite review ? :)
Comme je l'ai dit dans les Décisions, je n'aurai pas internet durant tout l'été, donc pas d'update. ^^"
