1. Liberté

Une porte s'ouvre, un petit corps est projeté dans la boue, peu de temps après, ses chaussures suivent et lui atterrissent sur la figure, la porte se referme, puis plus rien. Le petit garçon se relève avec peine, il a probablement la joue enflée et quelques contusions aux bras, mais cela, il n'en saura jamais rien. Pourquoi ? Il ne va jamais chez le médecin.

Après un terrible effort, il se met debout et part d'un pas lent en direction du magasin le plus proche. Avant d'entrer, il enlève le peu de terre qu'il a sur lui, ce n'est pas le moment de passer pour un clochard, et rentre dans le magasin. Il prend la liste des courses et grimace, il n'y a que des choses lourdes à porter, mais il ne pouvait pas se plaindre car dans cette maison, il n'avait rien à dire : Ses parents étaient morts depuis bien longtemps, et une grande famille l'avait adopté.

Sasuke avait cru son rêve d'avoir une nouvelle famille enfin réalisé, mais il s'aperçu bien assez vite que ses nouveaux parents le traitaient plus comme un esclave, une bonne à tout faire, que leur propre fils.

Ses rêves s'étaient effondrés, le petit garçon n'était plus que l'ombre de lui-même. Le jour, il errait dans le village en travaillant pour ses parents et la nuit, il travaillait encore ou il était enfermé dans le grenier dur et froid de la maison, sans matelas, sans lumière, sans rien pour y dormir et y vivre. Le voilà dans le magasin, là au moins, il y a le chauffage, pas comme dans ce grenier puant.

Voilà, les courses sont finies, bien que les choses qu'il transporte soient lourdes, le petit garçon ne se décourage pas et continue sa longue route jusqu'à sa maison. Non, pas sa maison, leur maison, pas la sienne.

Il frappe à la porte et attend sous la pluie battante que quelqu'un vienne lui ouvrir. Cela ne tarde pas, un homme de grande taille ouvre la porte et pousse le petit garçon à l'intérieur d'un geste brusque. A ses côtés, sa femme vient d'apparaitre, elle arrache les sacs des mains de Sasuke et vérifie que tout est bien là. Soudain, elle pousse un cri, se rue sur son esclave et le frappe violemment à la joue.

C'était lui, lui qui avait oublié de prendre des pommes de terre, ce n'était pas elle qui ne l'avait pas noté sur la liste bien que la preuve soit évidente que la coupable n'était autre que la vieille femme. Pour sa punition, il fut jeté dans la boue, et l'on referma la porte sur lui en lui disant qu'il allait passer la nuit dehors. Il se remet debout difficilement, et se retient brutalement à une branche d'arbre qui finit par céder, et il se retrouve de nouveau par terre, les genoux et la joue en sang tellement les coups qu'on lui avait infligés avaient été brutaux.

Ne sachant plus marcher, il essaye vainement d'avancer sur les genoux, mais ils lui font si mal qu'ils lui tirent une larme de douleur à chaque fois. Il avance comme ca quelques mètres et s'allonge à demi trempé sous un arbre.

Là, il a bien trop mal pour dormir, ses côtes le font souffrir, ses genoux et sa joue n'arrêtent pas de saigner, alors il pense, il pense à tout ce qu'il avait enduré, lui qui avait surmonté tant d'obstacle, que faisait-il là ? Plongé dans ses réflexions, il somnola un peu et se réveilla aux aurores le lendemain. Ayant retrouvé un peu de force, il tenta de se mettre debout. Chose qu'il n'aurait pas du faire, la douleur se réveilla et Sasuke dut lutter de toutes ses forces pour rester debout et conscient.

Il fit quelques pas, puis quitta cette maison de cauchemar en se promettant de ne plus jamais y revenir. Il ne regrette rien, il n'y avait rien dans son grenier, rien qui ne lui appartenait à part ses loques qu'il avait sur lui, celles qu'on lui avait donné à l'orphelinat avant qu'il ne parte. Pendant de longues heures, il erra dans la ville, sans rien faire, il marchait, enfin libre de faire ce qu'il voulait. Cette liberté lui avait coûté beaucoup d'effort et de volonté, c'était uniquement grâce à cela qu'il avait survécu.

Ses jambes le ramenant à la réalité, il lutta contre la douleur, entra dans une impasse et s'effondra dans la boue. Quand il se réveilla, la première chose qu'il constata c'est qu'il n'avait plus mal nulle part. La blessure à sa joue et à ses genoux ne lui faisaient plus mal, la seule douleur qui se faisait encore ressentir, c'était ses côtes. A son réveil, il s'était vivement redressé et ses côtes l'avaient poussé à se recoucher. Prudent, il s'était donc rallongé en observant le lieu qui l'entourait. Où était-il ? Que faisait-il ici ? Cela ne ressemblait pourtant en rien à une chambre d'hôpital.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées, un bruit le fit tressaillir, il tourna vivement la tête vers la droite, et vit un jeune homme assis à l'envers sur une chaise et qui semblait s'être endormi en le veillant. Soudain, la tête de l'adolescent bougea, et il ouvrit un œil. Constatant que son patient était réveillé, il lui adressa un sourire, se rapprocha de lui et lui caressa tendrement les cheveux jusqu'à ce qu'il se rendorme