Note :

• Y a pas longtemps, la soyeuse MadCalypso badait un peu, alors je lui ai proposé un drabble sur le thème de son choix. Elle m'a proposé "feu". Et j'ai trouvé que c'était l'excuse parfaite pour réécrire un peu sur Unknown Movies et le Commissaire. Je préviens tout de suite que rien n'est relu, mais que laisser une review serait quand même bien bien cool !

• Le titre de cet OS vient d'une citation du film de David Lynch, Fire walk with me (qui précède la série Twin Peaks), dont l'intégralité est :

"For a long time you wouldn't feel anything. And then you'd burst into fire. Forever... And the angels would not help you. Because they've all gone away."

• Comme toujours, je m'engage à retirer cet écrit s'il dérange ITP de quelque manière que ce soit.

And then you'd burst into fire.

Il fit tourner son briquet entre ses doigts, pensif, avec l'étrange impression de danser au bord d'un précipice. Devant lui, sur son bureau, ses yeux accrochèrent la tasse de café vide dont le fond était maculé de cendres. Sa bouche se tordit. Il s'était pourtant promis de ne pas se remettre à fumer.

C'était cette maudite affaire de tueur cinéphile qui était trop stressante pour son propre bien.

Ses yeux revinrent sur le briquet. Il ne marchait pas bien, une fois sur deux le feu refusait de sortir lorsqu'il l'enclenchait. Ça avait le don de le mettre en rogne, mais pour une raison inconnue, il ne pouvait se résoudre à le jeter. Il observa attentivement les bords rayés, la petite molette qui avait commencé à rouiller — l'envie de voir une flamme s'élever le prit soudainement. Il releva la tête, chercha à travers la vitre qui séparait son bureau du reste du commissariat une silhouette, mais il n'y avait pas âme qui vive.

Personne pour le voir danser au bord du précipice.

Pile— s'il n'y a rien, je le laisse courir, j'abandonne tout, mon boulot, ma vie, cette enquête qui ne mène nulle part.

Flamme— si c'est le cas, je ne lâche pas, je le poursuis jusqu'à la mort s'il le faut, je le tue, je le brûle, de toute manière c'est dans le feu qu'est sa place.

Son pouce bouge sur le petit objet. C'est moins un pile ou face qu'une roulette russe. Et il ne sait pas laquelle des options est la plus mortifère. Au fond, c'est lui-même qui aspire aux flammes, à la chaleur, à la brûlure, lorsqu'il poursuit le tueur cinéphile. Il est un papillon qui se grille les ailes en tout connaissance de cause. Et si l'autre finit par se consumer, nul doute qu'il l'entraînera avec lui.

Il prend une inspiration. Un danseur, il est un danseur. La molette roule sous sa dernière phalange.

Dans le bureau noir, il y a une étincelle.