Il aimait à le maudire, à le menacer, il aimait à se dire qu'il le tuerait. Que quand il le reverrait il le ferait souffrit, comme il avait souffert, et qu'après il le tuerait. Mais, au fond de lui, il savait que jamais il ne pourrait.
Comment pourrait-il ? Comment pourrait-il regarder dans ces grands yeux bleus effrayés et lancer le sortilège de mort ? Comment pourrait-il poser son regard sur la silhouette fragile de son ami, et souhaiter lui enlever la vie ? Oui, au fond de lui, il savait que si un jour sa route croisait celle du Traitre, il se contenterait de lui demander pourquoi.
Parce que même s'il s'efforçait de le nier, il y avait une curiosité morbide qui le poussait à vouloir savoir à tout prix ce qui avait décidé un garçon, un tout jeune homme, à vendre la vie de deux de ses amis. De deux personnes, et d'un bébé. Comment quelqu'un qui avait été un garçon si gentil et innocent avait-il pu condamner un bébé de 1 an à faire face à un monstre ?!
Après tout, il connaissait bien Le Traître. Il était son ami, il était comme son petit frère. Il savait qu'il n'avait pas un mauvais fond, qu'il était quelqu'un de bon. Parfois, il se demandait si il l'aurait vendu, lui. Si son ami l'aurait indirectement, tué. C'était malsain, mais c'était la seule chose à laquelle il arrivait à penser.
Lorsqu'il était arrivé chez son frère, chez son meilleur ami, lorsqu'il avait vu les ruines, lorsqu'il avait compris et qu'il était parti à la poursuite du Traître, tout était flou dans son esprit, il savait juste qu'il devait venger son ami. Une fois devant le lâche, il avait réalisé la situation dans laquelle il se trouvait. Il courrait après son ami parce qu'il avait indirectement tué son autre ami. Et il n'avait pas pu retenir le rire qui l'avait pris, il avait trouvé la situation tellement improbable qu'il en avait déduis que ce n'était qu'une farce, un grande blague.
C'était tordu, mais il ne pouvait pas croire que parmi tout les traîtres qu'il pouvait y avoir, c'était un de ses meilleurs amis qui les avaient trahis. Qui plus est, d'eux quatre, s'il y avait fallu désigner un traître, jamais personne n'aurait désigné Peter. Même une fois qu'on sut de source sure qu'il y avait un traître dans l'Ordre, personne ne pensa à Peter. Parce qu'il était leur frère. Parce qu'il était leur ami.
Il le savait, mais chaque matin amenait avec lui le rappel et la douloureuse brulure de la trahison. L'assassin est toujours le vieil ami de quelqu'un.
