Prologue

Chaque enfant a besoin de l'amour de ses parents, c'est un fait indéniable. Mais comment un enfant peut-il s'épanouir, alors que sa famille la rejette avec véhémence ? Une famille qui rejette ses différences. Eva Dwayne Jenkins, fille de Dragons Célestes, était l'une de ces enfants. Elle naquit dans un grand palais, entourée de son père, Howard Jenkins, sa mère, Angora Dwayne et ses frères et sœurs aînés, Madalina, Adélaïde et Thomas. Les quatre premières années de sa vie, tout se passa normalement sa famille l'aimait, la chérissait, la chouchoutait.
Mais à quatre ans, on se rend peu compte de la conséquences de nos actes.

La famille maternelle d'Eva était issue d'une tribu très ancienne, aux pouvoirs mystiques, et dont les membres s'étaient éparpillés aux quatre coins du monde au fil des siècles. La dernière branche de cette tribu encore connue était la famille Dwayne, qui elle s'était rangée du côté des nobles. Le métissage fit que l'énergie chamanique propre à la tribu Damhnaic, se dilua de moins en moins de descendants avaient la chance d'acquérir cette magie, et il était désormais très rare d'en trouver qui la possédaient.

Angora, issue de ce métissage avec ses frères et soeurs, rejetait avec violence ces pouvoirs pour une raison que son mari ignorait elle s'était mise en colère, peu après leur mariage, quand il avait voulu lui en parler, et il n'avait jamais voulu recommencer. Angora considérait ceux qui possédaient ces pouvoirs comme des monstres incontrôlables et dangereux. Et déjà à la naissance de sa petite dernière, elle ressentit un très léger flux d'énergie venant du nourrisson : apeurée, elle était méfiante envers ce petit bout de chou.

Alors quand Eva, à quatre ans, manifesta un contrôle sur la nature qui l'environnait, Angora fut prise d'une horreur épouvantable. La petite fille venait d'accélérer, dans le jardin du palais, la croissance d'un pommier, jusqu'à ce que celui brise une fenêtre, sous les yeux de ses sœurs et sa mère, qui s'occupaient d'elles. Maddy et Adèle crièrent de peur quand les morceaux de verre leurs tombèrent dessus et Angora lança un regard terrifié à sa petite dernière. Et Eva de la regarder avec un regard brillant de joie, pour soudain s'éteindre en voyant l'expression froide de sa propre mère.

Dès lors, l'enfant fut coupée de tout. On ne l'emmenait plus en promenade dans la ville, ni dans le grand jardin fleurit. On ne lui achetait plus de jouets, de cadeaux ni de jolies robes. On l'oubliait. On la tourmentait. On la rejetait. On avait peur d' dans l'esprit d'une fillette de quatre ans, cela sonne étrange. Eva ne comprenait pas. Son père, qui reniait absolument toute chose étrange, toisait désormais sa fille cadette avec mépris. Ses sœurs ne jouaient plus avec elle et l'évitaient comme la peste la plupart du temps, l'insultant, n'acceptant pas que cette « sorcière » fasse partit de leur famille. Maddy avait gardé une cicatrice sur la joue de l'incident de la fenêtre, un morceau de verre l'ayant entaillée profondémment au visage. Il ne restait qu'Angora et Thomas.

Quand sa mère la voyait, c'est comme si Eva n'était qu'une étrangère. Elle était pourtant la seule à s'occuper de sa fille, de manière froide, indifférente. Pas de tendresse, ni de baisers, ni de caresses sur les joues. Juste des paroles formelles, un vouvoiement brusque et des ordres. A l'âge de huit ans, Eva avait déjà oublié le goût de l'amour et la chaleurs des câlins de ses parents et de ses frères et sœurs. Thomas, lui, avait du mal à accepter cette situation. Alors âgé de douze ans, le garçon n'avait pas oublié l'amour qu'il portait à sa petite sœur. Mais ses parents lui interdisaient formellement de rester avec elle trop longtemps ou de lui manifester la moindre tendresse. Il avait le droit de l'aider à faire ses devoirs et lui apprendre à lire, écrire et compter.

Eva voyait le fossé qui la séparait de sa famille se creuser de plus en plus. Et la situation devenait bien pire au fil des ans. Quand elle eut douze ans, un premier avril, il n'y eut aucune fête d'anniversaire. Mais dans l'après-midi, alors que la fillette devenait de plus en plus curieuse vis-à-vis de son don, elle voulu s'exercer sur les paquerettes blanches qui s'étalaient en un parterre éclatant sur la verdure. Le jardin fut bientôt rempli de camélias, de roses et d'edelweiss.
Véritablement heureuse pour la première fois depuis cinq ans, l'enfant déboula dans le palais en riant, les pots de fleurs éclosants de milles couleurs sur son passage comme un feu d'artifice. Elle entra dans sa chambre et sentit plus qu'elle ne vit le seau rempli de charbon lui tomber dessus. Le metal la blessa au front et le charbon lui laissa un mauvais goût dans la bouche. Mais les rires qui retentirent derrière elle répandirent sur sa langue le goût amer de la colère. Maddy et Adèle jubilaient, contentes de leur stupide poisson d'avril. Angora fit son apparition au détour du couloir et poussa un cri d'horreur.

« ARRETEZ DE ME TOURMENTER ! »

Noire de charbon, sa robe verte tâchée et avec une entaille sur le front, ses poils se hérissèrent sur ses bras et elle laissa une colère monstrueuse éclater. De longues racines sortirent des pots de fleurs, s'agitèrent et envoyèrent valser ses deux sœurs dans un mouvement brusque, fauchant leurs jambes. Malgré huit ans de tristesse et de colère accumulés, la fillette réussi à se contrôler tout juste pour ne pas laisser les racines, semblables à des fouets, hérissées d'épines, tuer Maddy et Adèle. Les deux filles se relevèrent, apeurées, le bas de leur robe déchiré.

Les racines disparurent dans une poussière argentée.

« Allez-vous en... »

Eva avait murmuré d'une voix vibrante de colère, les larmes coulant sur ses joues. Alertés par le vacarme, Howard et plusieurs serviteurs arrivèrent en catastrophe.
Angora aida ses deux autres filles, terrifiées, à se relever, et jeta un retard de dégout à Eva.

« Toi... Tu n'es qu'un monstre dangereux ! Ne t'approches plus de mes filles, avec ton pouvoir incontrôlable !

- Ce n'est pas moi qui ai commencé ! Vous n'aviez qu'à leur dire de me laisser tranquille ! Riposta Eva avec hargne, sa plaie au front se mettant à saigner.

- La ferme insolente ! »

Eva sentit une gifle éclater sur sa joue de la part de son père. Elle s'appuya contre le mur. Puis elle se retrouva seule, dans le couloir, observant les pots de fleurs brisés et le sol de sa chambre tâché de charbon. Enfin, elle éclata en sanglot puis cria, mettant un violent coup de pied dans le seau. Celui-ci atterrit face à des chaussures à lacets parfaitement cirées.

« Eva !»

La fillette releva ses yeux marrons vers Thomas, qui le regardait avec inquiétude. Il l'aida à nettoyer sa plaie et à laver sa chambre, et il lui ordonna gentimment d'aller prendre une bain. Pour la première fois, Eva se laissa faire, laissant son orgueil de côté, devenant la petite fille qu'elle devrait être et qui avait grandit trop vite. Elle sanglota longuement dans son bain, sa servante s'agitant autour d'elle sans dire mot.

Bonjour à tous ! Après quelques temps d'absence, je re-upload mon prologue, car en relisant (et aussi avec l'avis d'une amie) j'ai constaté qu'en effet, ce rejet d'Eva par sa mère était assez irrationnel... Enfin ça allait un peu vite, donc j'ai rajouté quelques trucs pour qu'il y ait une "vraie" raison que l'héroïne soit rejetée.
Enfin bref, rien ne change dans le premier chapitre. Bises !