L'univers, les personnages (du moins la majorité) et de nombreuses choses que vous reconnaîtrez appartiennent à JK Rowling. J'ai voulu écrire une histoire "policière", d'enquête tout du moins en m'attardant sur les personnages, donc différents points de vue. Tout a été relu et commenté par ma sœur. J'ai posté cette histoire sur un autre site en 2012, mais je ne l'avais encore pas posté ici. Voici le premier chapitre pour poser l'histoire et le contexte, bonne lecture !


Chapitre 1. Les ordres de Rufus Scrimgeour.

7 avril 1988

Alastor Maugrey buvait tranquillement son thé noir sans sucre dans sa cuisine austère, en vérifiant l'état de ses scrutoscopes quand le feu dans sa cheminée en briques rouges se mit à grésiller. Il se retourna d'un bond vers sa glace à l'Ennemi, qui était accroché à côté de sa porte d'entrée, mais il ne vit rien d'autre que le néant. Son regard se reposa sur l'âtre de sa cheminée et un visage fin entouré de cheveux longs que Maugrey connaissait bien puisqu'il le voyait tous les jours y était apparu.

- Maugrey ! s'exclama l'homme.

- Williamson ? dit l'Auror de sa voix rauque.

- Un meurtre a été commis. À Poudlard ! Scrimgeour nous appelle d'urgence, déclara l'Auror qui portait le nom de Williamson d'une voix paniquée.

Si le directeur du bureau des Aurors en personne les appelait d'urgence, alors…

- J'arrive ! grommela Maugrey.

- Je suis déjà au bureau, à tout de suite.

- Ouais, ouais.

Alastor Maugrey claudiqua jusqu'à sa chambre et enfila rapidement une veille robe de sorcier marron, puis, il prit de la poudre de cheminette dans une petite boîte en ivoire qui était au-dessus de sa cheminée, et la lança dans l'âtre.

- Ministère de la magie !

Quelques instants plus tard, il atterrit sur le parquet de bois foncé du hall du Ministère de la magie. Il contourna la fontaine de la Fraternité Magique pour se diriger vers l'ascenseur situé au fond du hall. Amos Diggory le salua de loin, ainsi que Ludo Verpey, qui était en grande discussion avec lui. Verpey venait d'entrer au Département des jeux et sports magiques, et il n'inspirait pas grande confiance au vieil Auror. Vigilance constante, pensa-t-il en rendant son salut à ses deux collègues. Il esquiva une note de service volante, et entra dans l'ascenseur.

- Bonjour Mr Maugrey, belle journée n'est-ce pas ? dit Mafalda Hopkrik en entrant dans l'ascenseur à sa place.

- Oui, grommela-t-il.

Quelle bavarde celle-là ! Il l'écoutait toujours, juste au cas où, mais globalement, il était exaspéré par son babillage. Une fois arrivés au deuxième étage, Mafalda rejoignit son bureau, et Alastor se dirigea vers le Quartier Général des Aurors. Il salua Eric Munch, le vigile, avant de pousser la lourde porte en bois du Quartier Général.

- Ah Alastor, nous n'attendions plus que vous !

L'homme qui venait de parler était Rufus Scrimgeour, le directeur du bureau des Aurors. Ses cheveux fauve et broussailleux tombaient sur son regard perçant, il remonta ses lunettes en fer en s'adressant à Alastor Maugrey. C'était un homme que l'Auror appréciait pour sa perspicacité et son discernement. À côté de Scrimgeour, se tenait Nick Williamson, le coéquipier de Maugrey. Il portait une longue robe écarlate et semblait toujours aussi paniqué que quand il avait contacté Maugrey quelque temps plutôt. C'était un bon Auror, quoiqu'un peu émotif. Enfin, la dernière personne présente dans le bureau était Millicent Bagnold, ce qui était assez exceptionnel puisqu'il s'agissait de Madame la Ministre de la Magie. Millicent Bagnold était une petite femme aux cheveux gris, compétente et assez sèche.

- Bonjour, grommela Maugrey.

- Bien, je vais vous mettre au courant de l'affaire, déclara Scrimgeour en sortant quelques documents d'une pochette en carton qu'il tenait à la main.

Maugrey s'assit de façon à voir ses trois interlocuteurs et la porte d'entrée de la pièce, on ne savait jamais. Williamson se tordait les mains, et la Ministre avait un air très grave.

- Tôt ce matin, à Poudlard, le corps de Scarlett Nott a été retrouvé par le professeur de potion dans un couloir menant aux cachots. Il en a tout de suite averti le directeur Dumbledore, et vous êtes attendus tous les deux à Poudlard dès demain pour enquêter sur ce crime horrible.

Le directeur du bureau sortit une photo du dossier. Une jeune fille aux cheveux noirs assez courts gisait sur le sol en pierre d'un couloir, probablement celui qui menait aux cachots dont Scrimgeour venait de parler. La fille avait le visage lacéré de griffures et le visage déformé par la peur. Elle était littéralement éventrée, ses organes et ses viscères étaient apparents et semblaient avoir été déplacés. Il n'y avait pas de sang sur le sol, ce qui laissait supposer que le crime avait été commis par la magie ou dans un autre lieu. On pouvait voir les souris et les araignées qui s'éloignaient du corps en vitesse sur la photo.

Williamson détourna les yeux de l'image, il en avait presque la nausée.

- Le professeur de potions, c'est toujours Severus Rogue ? demanda Maugrey d'une voix qui ne laissait pas de doute sur ses pensées.

- Alastor, non ! Dumbledore nous a assuré de sa rédemption et de la confiance qu'il porte.

L'Auror se pencha vers son patron, et tapa sur la table d'un coup de poing sec qui fit sursauter Nick Willamson.

- Vigilance constante !

Le faux œil de Maugrey se planta sur la porte.

- Quelqu'un est là.

Scrimgeour ouvrit la porte à la volée, laissant apparaître Gawain Robards, un jeune Auror fraîchement recruté. Il sembla surpris, voir terrifié de voir son directeur ouvrir la porte, et il passa la main dans ses cheveux blonds avec un air inquiet.

- Que voulez-vous Robards ?

- Je… Je venais voir Williamson…

- Vous repasserez !

- Bien, bien, Monsieur.

Il referma la porte violemment et se tourna vers les deux autres Aurors.

- Bien, vous êtes donc chargé de l'affaire, voilà le dossier, déclara-t-il en désignant la pochette en carton qu'il tenait à l'instant.

- Vous êtes les meilleurs Aurors du service, il est essentiel que cette affaire soit traitée dans les plus brefs délais et avec discrétion, dit alors la Ministre qui parlait pour la première fois de la matinée. Les Nott sont une famille très influente.

- Bien sûr, nous ferons tout notre possible, annonça Williamson, avec l'approbation muette de Maugrey.

- Nous devons rencontrer Monsieur et Madame Nott, nous allons donc vous laisser. Imaginez, le frère de la pauvre petite à huit ans ! Faites tout ce qui est en votre pouvoir.

Sur ces paroles, Rufus Scrimgeour et Millicent Bagnold quittèrent le bureau des deux Aurors. Maugrey rouvrit la porte après leur départ, et appela Gawain Robards, qui rappliqua en vitesse.

- Bien, je veux tout savoir d'elle ! Qui elle aimait, qui ne l'aimait pas, ce qu'elle mangeait, la couleur de son pyjama, le prénom de son arrière grande tante ! s'exclame Maugrey. Demain, nous serons à Poudlard.

- Oui chef, je m'y mets tout de suite ! dit Robards en hochant la tête frénétiquement.

- Ne m'appelle pas chef !

Maugrey et Williamson passèrent le reste de la matinée à étudier le dossier déjà constitué par Scrimgeour. Ce n'était que des dates de naissance, des bulletins de note, des photos de famille. Williamson ne pouvait s'empêcher de penser aux parents de la pauvre petite, ce qu'ils devaient ressentir en voyant leur fille là, étendue sur le sol. Il espérait du fond du cœur qu'ils n'avaient pas vu la photo et les médicomages pourraient rétablir le corps pour l'enterrement. Il fallait qu'ils découvrent qui avait commis cet horrible crime ! Scarlett Nott méritait réparation.

À midi, Maugrey resta au bureau pour faire quelques recherches sur la famille Nott. Williamson rentra manger chez lui.

- Ah chéri, tu es pile à l'heure pour le dîner ! s'exclama Abby Williamson en voyant son mari arriver dans leur cuisine par la cheminée.

- Toujours Abby, je ne louperais pour rien au monde ton gratin de pomme de terre !

- Papa !

Un petit garçon de trois ans portant une robe d'enfant violette à étoiles courait vers Williamson. Un grand sourire se dessina sur le visage de l'Auror et il prit son fils dans les bras.

- Fais-moi tourner !

Obéissant à la demande de son fils, Williamson le fit tournoyer dans les airs jusqu'à ce qu'Abby les appelle pour manger.

- Tu seras là demain soir, pour le dîner avec les MacMillan ? le questionna Abby.

- Justement Abby, je voulais te dire qu'il y a eu un nouvelle affaire urgente et je pars demain à Poudlard avec Maugrey, lui appris l'Auror.

- Quoi ? Mais ce dîner est convenu depuis des mois ! Tu n'es jamais à la maison en ce moment, il y a toujours une nouvelle affaire !

- Les meurtriers ne prennent pas de vacances Abby, et mon métier est de les arrêter !

- Marty a trois ans, il a besoin de son père, claqua Abby.

- Ne me culpabilise pas, s'énerva Williamson. Et pense un peu à cette fille de dix-sept ans qui est morte éventrée ! Que doivent penser ses parents ?

- Tu te soucies plus des parents d'une inconnue que de ton propre fils !

- C'est entièrement faux, et tu le sais !

Alors que ses parents criaient, Marty se mit à pleurer.

- Oh chéri, ne pleurs pas, maman est là, le rassura Abby.

Abby prit son fils dans ses bras en jetant un regard assassin à son mari. Finalement, Marty se calma et le repas se termina dans le calme.

- Bon, je retourne au Ministère, à ce soir.

Nick Williamson prit le réseau de Cheminette sans réponse de son épouse. Il retourna à son bureau où Maugrey lisait encore les dossiers sur l'affaire en mangeant un sandwich à la dinde. Alastor Maugrey avait passé toute sa pause de midi sans s'arrêter de travailler une minute. Désormais, il connaissait le dossier de Scarlett Nott sur le bout des doigts, il avait quelques questions sur des détails, auxquelles Dumbledore aurait les réponses, et il commencerait les interrogatoires dès demain. La chose que Maugrey aimait le moins, après les Mangemorts, c'était les tueurs en liberté. Et visiblement, il y avait un tueur en liberté.

Il leva à peine les yeux quand il entendit la porte s'ouvrir, il savait que c'était Williamson qui revenait de sa pause. Il connaissait sa démarche et l'avait entendu arrivé depuis sa sortie de l'ascenseur. De plus, son scrutoscope n'avait émis aucun sifflement. Williamson se remit au travail sans dire un mot, ce que Maugrey appréciait. Les sorciers qui passaient des heures à la machine à thé avant de se mettre au boulot, cela l'exaspérait presque autant que les tueurs en liberté.

Robards toqua à la porte entrouverte avec hésitation.

- Oui ? aboya Maugrey.

- Les médicomages qui étudient le corps veulent vous voir, dit le jeune homme en tremblant.

- Très bien, nous y allons.

Les deux hommes se levèrent d'un bond, attrapant leurs capes. Ils descendirent jusque dans le hall, et prirent le réseau de cheminées pour se rendre à Sainte Mangouste. La sorcière d'accueil, qui semblait toujours un peu surchargée, leur donna deux badges pour leur permettre de rejoindre le sous-sol où se trouvait la morgue.

- Ah bonjour Monsieur Maugrey, cela faisait presque longtemps que vous n'étiez pas descendu dans mes quartiers ! s'exclama la médicomage qui les attendait devant la sortie de l'ascenseur.

- Bonjour Miriam, alors qu'avez-vous à nous dire sur la fille Nott ?

Miriam Strout les guida dans un long couloir et ils arrivèrent une salle sobre, meublée d'un grand lit au centre et d'armoires remplies de bocaux. Sur le lit, le corps de Scarlett Nott était allongé, toujours ouvert, et les organes sortis et mis dans des bocaux.

- C'est vraiment un carnage, le tueur s'est acharné sur cette pauvre fille !

Elle tourna autour du lit et leur montra une blessure à la base du cou.

- Elle est morte de façon moldue, on lui a tranché la gorge. Mais il faut savoir qu'elle a souffert avant, leur expliqua-t-elle.

- Elle a été torturée ? demanda Williamson.

- Probablement oui. Elle a été frappée, je suppose que c'est au moment où ils l'ont enlevé, puis son corps a été torturé par des sortilèges de magie très ancienne. Mais son corps a aussi été profané après sa mort. Je ne sais pas encore tout car c'est vraiment de la vieille magie.

- Ils étaient plusieurs ? la questionna Nick Williamson.

- Je pense oui, sinon ils n'auraient pas pus la maîtriser si facilement. Sa baguette a été cassé, ajouta-t-elle, en leur montrant un bocal qui contenait des morceaux de bois et des filaments de poils de licorne.

Maugrey prit le bocal dans sa main et observa longuement la baguette, se demandant qui pouvait être assez barge pour torturé ainsi un corps et briser la baguette de son propriétaire.

- Monsieur Ollivander va venir l'étudier dès que possible.

- Nous allons à Poudlard demain, vous nous enverrez les résultats par hibou, déclara Williamson.

- Bien, j'en aurais pour un moment à finir d'analyser le corps, déclara Miriam. Je vous jure, je n'en peux plus de toutes ces horreurs, je vais essayer de me faire muter aux pathologies des sortilèges !

Après avoir examiné une dernière fois la baguette, Maugrey et Williamson quittèrent la pièce pour retourner au bureau des Aurors. Scrimgeour les y attendait.

- L'entretien avec les Nott ne s'est pas trop mal passé, je me suis personnellement engagé à retrouver le meurtrier de leur fille, j'attends de vous des résultats.

- Nous allons y veiller, Rufus, déclara Maugrey.

- Oui, nous ferons tout notre possible, ajouta Williamson.

Durant l'après-midi, les deux Aurors étudièrent les trombinoscopes des élèves de Poudlard, et relurent le dossier pour être sûr de ne rien oublier. Les choses sérieuses commenceraient le lendemain.

Nick Williamson rentra chez lui un peu inquiet à l'idée d'y avoir laissé une épouse en colère. Son fils jouait tranquillement avec son crapaud en peluche, et Abby lisait Sorcière Hebdo quand il rentra à la maison. Elle travaillait comme serveuse aux Trois Balais quand il l'avait rencontrée, et après la naissance de Marty, elle avait arrêté de travailler pour s'occuper de lui. L'Auror avait toujours l'impression que c'était ce qu'elle lui reprochait quand elle s'énervait sur ses horaires de travail très flexible et ses déplacements professionnels. Il embrassa sa femme et monta préparer sa valise, ils allaient sûrement reste plusieurs jours sur place. Puis, il prépara une soupe au potiron pour le repas du soir et finit la vaisselle. Abby continuait de lire sans lui accorder un regard.

- On mange ! lança-t-il à la cantonade.

Marty arriva en sautillant, réjouissant son père. Le repas débuta dans le calme, jusqu'à ce qu'Abby lance :

- Alors tu pars demain matin ? Tu as vu, Marty, ton papa t'abandonne ?

- Abby, s'exclama l'Auror, ne fait pas ça ! C'est le travail, c'est comme ça, tu connaissais mon job avant de m'épouser.

- Tu te laisses trop faire, ils pourraient comprendre que tu as un fils maintenant !

- C'est ridicule, Maugrey y va aussi, se justifia Nick Williamson.

- Maugrey n'a pas de famille, il n'a personne !

- Ne soit pas si amère Abby, il a vécu la guerre, déclara Nick.

- Nous aussi, ce n'est pas pour cela que je te menace avec ma baguette quand tu rentres au milieu de la nuit.

- De toute façon, dit-il, c'est décidé, je pars demain. Cette enquête me tient à cœur.

Son épouse ne répondit rien, mais elle n'en pensait pas moins. Elle savait bien que le travail de Nick était toute sa vie, et ça ne voulait pas dire que Marty et elle ne comptaient pas, c'était juste que son travail le passionnait. Après tout, il arrêtait des criminels, elle aurait dû être fière ! Mais parfois, elle l'aurait voulu rien que pour elle. Elle le partagerait toujours avec le bureau des Aurors.

Pendant ce temps, Alastor Maugrey n'avait pas toutes ces considérations et remplissait sa valise de son capteur de dissimulation, d'un scrutoscope de poche, de livres d'ancienne magie, et du dossier de Scarlett Nott. Il ne dormit que d'un œil, étant toujours sur le qui vive.