Note de l'auteur
Voici le remaniement d'une fanfiction qui ne m'inspirait plus, et que j'ai retravaillé il y a quelques semaines de ça. Elle est née d'une petite frustration que, j'en suis sûre, nous sommes nombreuses à avoir eue, et j'espère qu'elle vous plaira autant que moi j'ai pris du plaisir à l'écrire ! La partie R18 se trouve dans le one shot. Ici, vous êtes à l'introduction, qui sert à planter le décor ainsi que l'état d'esprit dans lequel se trouve Kyo lors de cette fiction. Elle est écrite à la première personne, tandis que le reste est rédigé avec un narrateur.
Bonne lecture !
Partie 1 : Introduction
Toi.
Avec ta voix criarde, ton corps d'enfant, ton éternel mécontentement et tes remarques incessantes… comment as-tu réussi à me pousser à parcourir la moitié du monde pour te retrouver ? Tu n'es qu'une gamine, une idiote persuadée de pouvoir tuer un homme, alors qu'il fallait constamment te sauver. Le seul fait que tu aies réussi à survivre pendant quatre ans sans personne pour te protégé à réussi à me faire croire aux miracles. Bon sang, combien de fois me suis-je retenu de sortir mon sabre pour te faire taire ? Tu m'as exaspéré, tu m'as fatigué, et tu m'as tapé sur les nerfs plus de fois que tous mes ennemis réunis… bruyante, stupide et compliquée au possible : voilà la seule façon de te décrire !
Alors pourquoi ?
C'est à cette question que j'ai essayé de répondre pendant prêt de trois ans, et j'ai eu beau la retourner dans tous les sens, je n'ai jamais réussi à trouver quoi que ce soit de satisfaisant à y rétorquer. L'idée d'avoir un coté masochiste, prêt à tout pour que la torture de ta présence recommence, aurait été une explication parfaite seulement… c'est toujours moi qui tiens le bâillon et la corde. Pas l'inverse. Surtout pas, l'inverse.
J'étais au calme, personne ne m'insultait sans raisons d'ivrogne ou de pervers, et je pouvais même dormir et boire tout mon saoul sans jamais entendre qui que ce soit me le reprocher. Il n'y avait pas de jérémiades, pas de remarques désobligeantes, pas de cadavre de portefeuille à dissimuler… pour faire simple il n'y aucune gamine pour faire de ma vie un enfer. Je peux assurer sans me tromper que mon cadre de vie n'avait pas été aussi royal depuis des décennies…
Alors bon sang pourquoi ?
Maintenant que tu es là, je sais. C'est bête… si j'avais été deux secondes honnête avec moi-même, je l'aurai su depuis longtemps. Va savoir pourquoi, j'ai occulté ce besoin de te voir avec tant de force que ce qui aujourd'hui me semble une évidence ne m'a pas traversé l'esprit une seule fois de tout mon voyage. Peut-être étais-ce pour que ton absence pèse moins lourd ? Après tout, me souvenir de toi comme d'une corvée ou une punition que je m'infligeais à moi-même était beaucoup plus facile que d'admettre que tu me manquais. Que tu me manquais et que… je t'en voulais.
Bordel… Je t'en voulais tant !
Qui t'avais permis d'être aussi loin de moi ? De quel droit me laissais-tu seul comme ça ? Après toutes ces tirades où tu hurlais ô combien tu avais foi en moi, après m'avoir lancé en pleine figure que même ton frère n'était plus aussi important que moi, comment as-tu put laisser autant de distance entre nous ? Tu aurais dû empêcher Kyoshiro de t'emmener, tu aurais dû sauter pour me rejoindre, tu… j'aurai dû te laisser rester avec moi jusqu'à la fin, au lieu de jouer les héros en pensant être le seul à y rester. Si tu savais à quel point j'ai enragé à l'idée que tu sois livrée à toi-même, ou pire, que quelqu'un d'autre veille sur toi. Si tu savais à quel point je t'ai maudite de me rendre presque fou, à t'imaginer te rapprocher d'un autre homme. Si tu savais ce mélange horrible de haine et de douleur que la vision d'un bâtard te faisant sienne m'a inspiré.
Je ne l'admettrai jamais mais, j'ai attendu cette étreinte autant qu'un adolescent rêve de ses premières expériences. Ton petit corps serré contre le mien, poussé par un élan d'affection que tu n'as pas su contenir, est la chose que j'ai le plus désirée ces trois dernières années. Je n'ai peut-être même jamais rien désiré autant de toute ma vie. Alors doucement l'une de mes mains finie par glisser le long de ton dos pour t'empêcher de t'éloigner de moi, tandis que l'autre se pose sur ta nuque, dans un but bien précis qui me brûle les lèvres depuis que tu t'es blottie contre moi.
Toi… bon sang, toi.
Avec ta voix criarde, ton corps d'enfant, ton éternel mécontentement et tes remarques incessantes… comment m'as-tu conduit à t'aimer autant ? J'en suis à me demander si ce que j'ai pu ressentir auparavant était réellement ce genre de sentiments. J'ai l'impression que rien, absolument rien dans ma vie n'a été aussi fort que cette envie de relever ton visage pour te rendre un baiser vieux de trois ans. Il n'y a plus que toi et moi sur ce chemin, plus rien d'autre n'existe, et le seul bruit que l'on peut entendre est celui de ce stupide cœur qui s'est mis à s'emballer comme celui d'un gamin.
Il n'y a plus que toi, moi… et le crétin fini qui était avec toi lorsque je t'ai retrouvée.
« Yuya, voyons, laisse-le respirer ! »
Kyoshiro rit franchement en posant la main sur ton épaule, stoppant net ce que j'avais entrepris de faire. Il est et restera un imbécile toute sa vie. Tes joues se teintent tandis que tu essuie tes yeux avec la manche de ton kimono, et ma résolution de te maintenir contre moi s'envole comme une trainée de poudre, balayée par cette simple remarque. Tout ça pour quoi ? Pour "me laisser respirer" ?!
QUI peut sincèrement croire que j'ai besoin de respirer ? Je veux que tu m'étouffes, je veux être écrasé par ton affection et que tu ne me laisses plus une seule seconde tranquille. Je veux que tu rattrapes ces trois années en restant constamment sur mon dos, même quand j'en ai assez, même quand je t'envoi balader, même quand j'essaie de te mettre hors de toi. Je veux que tu t'accroches à moi chaque seconde de chaque minute de chaque jour qu'il me reste à vivre. La seule chose que je veux respirer, c'est toi, et n'importe quel idiot devrait pouvoir le comprendre, même lui !
Embarrassée par la remarque de l'abrutit qui te sert d'ami – il n'est plus le mien depuis trente secondes - tu te confonds inutilement en excuses. Tu insistes bien sur le fait que tu n'aurais jamais fait une chose pareille si tu avais été en pleine forme, et qu'il ne faut surtout pas que je me fasse des idées. Trop tard, j'ai eu le temps de m'en faire une bonne centaine…
Encore une fois incapable de remarquer qu'il est de trop, Kyoshiro s'amuse soudain à démonter point par point toutes les excuses que tu as trouvé pour expliquer ton soulagement, tes larmes, et l'éteinte dont tu m'as gratifié. Tu te mets à rougir de plus belle lorsqu'il m'avoue qu'il est sûr que tu n'as jamais cessé de penser à moi, pour finir par sortir ton arme afin de le faire taire. Bonne initiative. Dommage que ce pistolet qui n'a jamais été capable de toucher une seule de tes cibles continue inlassablement de viser à coté.
… à quoi est-ce que tu joues?
Lui a pu profiter de toi tout son saoule pendant que moi j'avais besoin de fermer les yeux pour te voir. Lui a pu te regarder devenir la femme que tu es alors que moi je ne pouvais que l'imaginer. Lui a maintenant le droit à toute ton attention alors que c'est vers moi, et moi seul, qu'elle devrait être tournée ! Quoi, être dans mes bras cinq secondes t'as tant gêné que ça ? Tu préfères m'ignorer, m'éviter, et gaspiller ton énergie à empêcher cet idiot de me dire ce que je sais déjà ?
Tch… J'aurai dû te plaquer contre moi pour t'empêcher de t'éloigner. J'aurai dû attraper cette queue de cheval que tu ne dénoue presque jamais pour maintenir ta tête en arrière et laisser tes stupides excuses se perdre sur mes lèvres. J'aurai dû te toucher, me glisser sous ton kimono, me moquer de tes formes, et tourner cette colère contre moi plutôt que de laisser Kyoshiro la faire naître. Tu serais en train de m'insulter, de me fusiller du regard, et cette foutue gêne ne serait plus qu'un lointain souvenir, si seulement je ne m'étais pas laissé allé à savourer ton petit corps pressé contre le mien. Si j'avais agis comme d'habitude, comme avant, tu serais en train de me rabattre les oreilles de reproches et attrapant mon kimono pour m'empêcher de tourner les talons. Tu n'aurais d'yeux que pour moi, moi, moi !
La frustration est telle que j'en viens à être vulgaire envers moi-même. Moi, qui me suis fermé à tout et qui ait pris plaisir à massacrer un monde qui n'a jamais voulu de moi, je suis réduit au sentiment le plus stupide, inutile, et puérile qui soit.
Je suis jaloux.
Jaloux de te voir si proche de cet homme. De tous ceux qui on voyagé avec nous, de tous ceux qui se sont attaché à toi beaucoup plus qu'ils ne l'auraient dû, il a fallu que je te retrouve en sa compagnie. J'ai déjà vu une femme ayant compté pour moi le choisir, lui, et imaginer que mon absence t'ai rapproché de cet enfoiré, au point que mon privilège de te mettre hors de toi me sois enlevé, me rends fou. Je crève littéralement de jalousie en constatant que cette complicité dont j'avais seulement eu vent lorsque l'on voyageait ensemble est bien réelle et dépasse de loin les rares moments où j'ai pu être proche de toi. Je commence à comprendre pourquoi on raconte qu'une femelle se cache derrière chaque déclaration de guerre. Je lui avais pardonné, tout pardonné, et me voilà à l'insulter intérieurement, le poing serré, tout en devant me faire violence pour ne pas t'aider et le réduire une bonne fois pour toute au silence.
A cours de balles, tu finis par utiliser les grands moyens, et l'autre termine sa plaisanterie ligoté, à moitié assommé, suspendu par les pieds aux branches d'un arbre. N'ayant pas été capable de viser une seule fois correctement, je divine sans mal que tu n'es pas devenue assez forte pour le maîtriser et que cet idiot s'est simplement laissé faire… ce qui m'énerve d'avantage. C'est ça, son moyen de te garder proche de lui ? Te laisser croire que tu peux lui en faire baver s'il dépasse les bornes ? Moi qui pensais que c'était ma franchise que tu appréciais le plus, tu te laisses avoir pas un mensonge aussi énorme. Par qui d'autres t'es-tu laissé avoir de cette manière ? Quelles autres supercheries as-tu gobé pendant mon absence ?
Merci d'avoir lu cette partie ! J'espère qu'elle vous a plu et que l'image que j'ai de Kyo colle à celle que vous vous êtes faites de lui !
