Disclaimer: Les persos de Supernatural ne sont pas à moi, mais si vous voulez me faire un super cadeau, je veux bien un Dean !
Les lyrics en anglais ne sont pas de moi, ils appartiennent à : Kansas (Carry on my wayward son)

Warning : Spoil de la saison 4 !
Cette fic est la suite de Stairway to Heaven (id:5217040), je vous incite à la lire avant.



Stairway to He... ll !
1


Carry on my wayward son
There'll be peace when you are done
Lay your weary head to rest
Don't you cry no more !

Hum... ça c'est mon réveil, je le pousse d'une main vive et la babiole achetée hier tombe dans la moquette moelleuse du meublé qu'on... squatte allègrement depuis deux jours. La couette retombe sur mon visage mal rasé tandis que je soupire. La nuit a été longue et je n'ai aucune envie de me lever aux aurores. Juste encore... un peu... un tout petit peu.

- Debout !"

Mon cadet vient de hurler en entrant dans la chambre, j'ai quasi l'impression qu'il a fait exprès d'hausser autant la voix pour me réveiller en sursaut. Mes yeux embués font le tour de la chambre cherchant la forme bleutée qui me sert de réveil. Dix heure... Pas étonnant qu'il soit énervé, on avait dit qu'on irait de bonne heure faire le tour des archives. Je secoue la tête regardant à peine Sam, beaucoup de choses ont changé depuis ces deux dernières semaines. Peut-être trop... J'attrape le sac qu'il me tend, il est encore gêné lui aussi, mais qu'importe ça passera, comme tout a été oublié, digéré et accepté. Je sors mon burger avec un sourire tandis qu'il me fait l'état des lieux.
Je ne peux m'empêcher de penser à autre choses alors que d'un ton sérieux, il me fait part des plans de la ville et de l'identité du suspect que nous allons devoir chasser cette fois-ci. Et même perdu dans mes pensées, je me surprends à sourire au nom du monstre qui sévit ici. Un Chupacabra...

Sam était entré dans ma voiture comme tous les jours, un sourire flottant, une excitation passagère à savoir où l'on allait et ce que l'on allait faire. Moi, j'étais loin de tout ça, des plans futurs et des chasses. J'ai démarré en silence, roulant en direction d'un endroit calme, loin de la civilisation. J'avais en quelque sorte promis à Castiel de devenir moi, il fallait que j'explique, ou tout du moins que je fasse part de mes plans à Sam car il était évident qu'il ne comprendrait pas et qu'il me poserait des questions auxquelles je n'aurais pas forcément envie de répondre. Alors, les mains crispées sur le volant de ma bagnole, je le conduis quelque part, je ne sais pas où, mais dès que j'aurais trouvé, j'arrêterais le moteur et lui ferais signe de descendre.

- On va ou ?"
- Tu verras."

Finalement, je me suis arrêté deux heures plus tard en bordure de route. Le soleil était haut et chaud, d'ailleurs ses rayons m'avaient rendu le sourire que, crispé, j'avais perdu depuis le réveil. J'étais là, debout, dans un vent frais et vivifiant devant le regard interrogateur de mon frère. Je n'avais pas préparé de texte à l'avance, pas cette fois. Je ne voulais pas planifier la naissance du vrai moi. Elle se ferait comme ça... Cette journée et mon frère pour tout accueil.

- Sam ?"

Bien que je ne le regardais pas, je savais qu'il avait plongé son regard dans le fond de son soda, peut-être décontenancé par mon attitude ou toujours préoccupé par cette histoire avec Castiel que je ne lui avais pas éclaircie, ou pour tous ces regards que je lui envoie entre le regard bienveillant d'un frère et la concupiscence qui reste tapis au fond de mes veines. Maintenant en moi c'était clair, ou presque, l'amour qui inondait mon cœur n'avait qu'une seule source, c'était Castiel. En tout cas je l'espérais... Passons ! Je me retournai enfin, levant ma canette dans les airs.

- A moi."
- Hum ?"
- Aujourd'hui, Sam, je deviens moi !"

Son regard me questionnait, mais je me suis détourné de lui vissant mon regard dans le bleu du ciel. Quand je fermais les yeux assez longtemps, je revoyais l'aura brulante de Castiel, c'était assez... étonnant qu'une simple image puisse me donner ce genre de sentiments. Je ne saurais les comprendre et les expliquer, mais ça me va, c'est comme ça, et ça me plait. Un sourire étira mes lèvres, c'était pour lui que j'affrontais mon nouveau moi, pour moi aussi, mais il était plus simple de me dire que je le faisais pour lui. A cause de lui pour être exacte ! Ma main joua un instant avec ma barbe de trois jours puis, rangeant une main dans la poche avant de mon jeans, je me retournai vers Sam pour lui sourire.

- Tu as toujours voulu savoir ce que j'ai vécu en enfer, hein ? C'est assez compliquer à expliquer, et je n'irais pas dans les détails obscurs. Maintenant, tu sais que j'ai fait des choses là-bas qui ont entaché définitivement mon karma. Je suis pas plus propre que toi, maintenant il va falloir que s'apprenne à vivre avec ça, avec le démon que j'étais devenu et qui vit en sourdine au fond de moi. Mais j'ai cette fois l'impression que j'aurais les épaules pour le supporter."

Grâce à Castiel... Savoir qu'une partie de lui était toujours en moi en cas de besoin avait décuplé ma force mentale. Car à chaque coup de blues, chaque sentiment néfaste, je me plaisais à fermer les yeux et ne faire plus qu'un avec lui. L'entendre me parler, me dire que tout irait bien, ou même le voir arriver comme par enchantement à mes côtés et me serrer dans ses bras pour me prouver que rien ne pourrait jamais plus m'abattre. Ironiquement, je ne suis plus ce grand frère fort pour que Sam soit fier de moi, je suis un Dean fragile qui a besoin d'un ange pour le protéger et lui donner la force de se battre chaque jour. J'avance dans la vie pour qu'il soit en quelque sorte fier de moi. Je ne peux m'empêcher de ricaner tout en passant une main dans ma chevelure. Elle a poussée, mes cheveux s'emmêlent avec le vent, faudra que j'aille me faire couper tout ça, tient...

Je suis en paix avec moi même, une paix encore clairsemée de nuances de gris et de rouge sang, mais la lumière m'est enfin accordé, ou plutôt, je me la concède enfin. Je suis ravi d'être là aujourd'hui face à Sam, en tant qu'un nouveau moi, avec un nouveau regard, une nouvelle écoute de la vie, je n'avais jamais remarqué à quel point la nature était merveilleuse lorsqu'on lui accordait son attention... je n'avais jamais pris le temps d'écouter les choses, la vie elle-même. On entendait le cri des oiseaux, le bruit des feuilles balayées par le vent, le grincement des branches. Et toutes ces odeurs... toutes ces choses que je n'avais pas pris le temps de considérer et d'apprécier, je jurais maintenant de ne plus en perdre une miette... car après tout c'est aussi ça la vie. J'entendis un battement d'ailes presque inaudible qui raffermit mon sourire. Il aurait été dommage qu'il ne soit pas là lui aussi. Sans le voir, je sentais maintenant sa présence contre l'Impala. Le vent jouait avec son manteau ajoutant un son de plus dans cette harmonie des plus... étrange mais pénétrante.

- J'espère que tu ne m'en voudras pas de ne plus te montrer ce gars fort et insensible que je n'ai jamais été. Le travail de cet homme est terminé, il t'a donné sa vie, maintenant, il est temps qu'il pense à lui, à ce que je n'ai jamais voulu me donner car je devais avant tout te le donner à toi. Alors ces changements n'en sois pas étonné, ne me demande même pas pourquoi, c'est juste comme ça. Tu vas enfin avoir toutes les réponses à tes questions, tout ce que tu voulais savoir de ce grand frère impénétrable, tu vas le savoir, lentement, très lentement, mais il va falloir que je m'habitue moi aussi à ce nouveau moi. A cet homme que j'ai enfermé il y a trop longtemps."

J'ai pris le temps d'une pause, pour penser à toutes ces fois ou j'avais voulu montrer ce que je suis réellement et aux claques qu'il s'était prises, aux rires, aux incompréhensions qui lui avaient fait face... Il est vrai qu'après avoir autant connu cette façade personne ne croyait en ce gars sensible qu'il cachait. J'haussai les épaules tout en fredonnant une chanson des Guns avant de me retourner vers mon frère.

- Tu as quelque chose à lui dire, une dernière fois."

J'étais presque triste de lui dire adieu, mais le temps était venu pour que cette image de moi soit déchirée à tout jamais, et qu'on entende enfin ma voix derrière ce mur de brique. Je ne serais jamais heureux, si je ne me décide pas de le faire. Et plus tôt ça sera, moins ça sera difficile. Nerveux, mon sourire dansait sur mes lèvres, je ne savais encore si ce nouvel homme serait accueilli les bras ouvert par mon cadet, je l'espérais sincèrement...
Son regard rencontra le mien, j'ai eut l'impression qu'il me sondait, qu'il me comprenait, après tout le même sang coule dans nos veines. Et même si jamais je ne lui avais montré le chaos qu'il y avait en moi, j'étais sûr que de ses yeux d'enfant et d'adulte maintenant il avait vu que son frère pleurait derrière son sourire d'autosuffisance.

- Merci, merci pour tout ce que tu as fait, pour tout ce que tu as enduré. Quand j'étais gosse, je voyais pas plus loin que le bout de mon nez, tout m'était dû, tout devait m'être donné, et je comprenais pas pourquoi tu pleurais quand tu me pensais endormis. Je comprenais pas pourquoi ton regard devenait de plus en plus terne. Je voulais pas te faire du mal, Dean. En partant j'avais pensé que tu arrêterais de te sacrifier sans cesse pour moi, j'avais envie que tu arrêtes de ne penser qu'à moi tout le temps. Tout ce que j'ai fais ces deux dernières années c'est essayer de te prouver que j'avais plus autant besoin d'être couvé par toute ton attention. Dean, je serais heureux de découvrir ce frère que j'ai toujours imaginé. Je t'aime et je t'aimerais toujours."

Ses paroles, je les connaissais, je les savais, mais j'étais heureux qu'il me les disent. J'étais heureux que mon frère quelque part me comprenne, sache ce que j'étais en dedans. Je souri, cette fois déterminé, quoi que la dernière phrase m'aviva un feu malsain au fond du corps. Mes doigts s'étendirent et se fermèrent les uns derrière les autres, j'ai... eut l'impression que j'allais dire ou faire un truc que je ne voulais pas, que je n'avais pas envie d'entendre ni de connaitre. Des pas se rapprochèrent de moi et deux mains attrapèrent mon visage me plongeant dans un état second. Cette chose au fond de moi ne me quittera jamais. Cette envie, cette folie... J'étais encore son jouet malgré mon retour parmi les vivants. Je soupirai me laissant aller contre le corps de Castiel.

- Quelque chose à changer, Dean..."

Changer ? oui... il était vrai. Mais je n'arrivais pas à comprendre, visiblement au regard inquiet de Castiel, il y avait bien quelque chose d'effrayant en moi. Cette naissance me livrait une révélation inquiétante que je ne comprends encore pas aujourd'hui.

- Castiel ?"
- Hein ?"
- Je sais pas, tu viens de dire son nom, il te parlait ou quoi ?"
- Non, c'est rien j'avais... juste la tête ailleurs. Je pensais... enfin oublie."
- Ok... et le Chupacabras ?"
- Je te suis, c'est toi le chef, Sam."

Il me regarde un peu décontenancé avant de sourire, heureux que je lui laisse de plus en plus de liberté d'action. Je suis toujours là, plus ou moins derrière son dos, mais depuis cette journée, je suis arrivé à me détacher de lui, à m'occuper d'abord de moi, de mes envies. Je dois admettre que la plus part du temps, je ne suis pas là, mais dans mes pensées, plus ces pensées chaotiques qui m'auto-détruisaient, non, celles-ci sont lumineuses comme Castiel, elles sont chaudes comme son aura dorée, elles sont tendres comme son regard bleu... j'avoue, je ne pense quasiment qu'à lui. Ce n'est pas une obsession, il n'y a rien de malsain dans ces pensées, je dirais plus... que ce sont les pensées d'une personne qui aime quelqu'un qui n'est pas toujours à ses côtés. Un soupire de frustration quitte mes lèvres, si il m'était donné de faire un vœu, je demanderais que Castiel soit mon ange particulier, qu'il ne reste qu'avec moi. C'est de l'égoïsme, il me semble, mais qu'importe. Je ricane, je suis un enfant capricieux, au même titre que Sam, je veux posséder, je veux, c'est si bon de vouloir...
Je lâche mon burger me retournant vers Sam, observant son regard sérieux scruter son ordinateur portable. Je suis encore confus de ce qui s'est passé ce week-end, car je ne saurais définir ce qu'il s'est réellement passé. En tout cas, cet "accident", n'en était pas un, enfin, c'était autre chose c'était une sorte de quitte ou double... Je fronce les sourcils, retournant m'écrouler dans mon lit tout en caressant mes lèvres machinalement. Ce week-end... j'ai... embrassé mon frère et vous savez quoi ? J 'ai détesté ça. Enfin... normal, non ?

On venait de finir une chasse tranquille si se battre contre un Leprechaum est quelque chose de tranquille, c'est encore à voir... m'enfin, on s'en était sorti indemne à part une petite contusion, vraiment rien de grave. Avant de quitter la ville, j'avais insisté à ce qu'on se fasse un ciné, le truc qu'on s'était plus fait depuis... depuis si longtemps. Un vrai ciné, dans une salle sombre, des sièges confortables, des pop corn et des gens, des vrais, ni des victimes, ni des macchabées, des gens normaux, dans un cadre normal, et pour fond sonore et visuel, un film de science fiction. Une soirée que j'aurais voulu parfaite, à près tout, c'était mon premier ciné ! On était rentré faire nos bagages, échangeant nos impressions sur les effets spéciaux du films spectaculaire qu'on venait de voir ; vous savez, ce genre de discussion que chaque personne un brin cinéphile échange juste après la séance...

- J'ai adoré le moment où le monstre surgit derrière la fille !"
- Arrête, c'était un cafard géant, c'est pas crédible !"
- Pourquoi ?"
- Tu crois qu'un extra terrestre ressemble à une vulgaire blatte ?"
- Et pourquoi pas ? Jabba the Hutt ressemble bien à une limace !"
- ... disons que si une vie extraterrestre existe réellement, j'espère bien qu'elle ne ressemble en rien à ce que nous avons sur cette terre, ça serait décevant. Ça voudrait dire que les lois de l'évolution, sont partout pareille, imagine..."
- Je te coupe dessuite, c'était un film, y'a pas de bonhommes verts là-haut !"
- Tu disais bien la même chose des anges... et je te signale que tu..."
- Ok, ok !"

Je m'étais mis à rire tandis que je balançais mon sac dans le coffre de l'Impala, cette discussion m'avait fait un bien fou, lorsque l'on souhaite plus que tout au monde devenir monsieur tout le monde, attraper un moment comme celui-ci... On était quasi prêts à se tirer de cette ville, fallait l'avouer quand même bien chiante si l'on prenait en compte que le seul bar de la ville était tenu part un petit vieux et qu'il servait de maison de retraite ambiance BINGO party tous les soirs avec bal musette en fond sonore. En remontant les escaliers du motel pour attraper mon téléphone, j'avais surpris mon frère se changer, d'habitude je faisais semblant de ne pas voir son torse, mais là, mon regard s'était scotché sur son corps, et je m'étais remis à penser à cet... sort d'amour qui me consumait de l'intérieur, à son corps contre le mien, à ces trucs qui me mettaient à chaque fois d'une humeur pour le moins chaotique. Sans un bruit je m'étais approché de lui. Ses mains mettaient un chantier pas possible dans sa chevelure longue, me permettant de suivre la ligne de sa colonne vers son jeans qui épousait un peu trop ses formes. Si j'avais accepté cet attachement à mon frère, plus je cheminais avec mon nouveau moi, plus je regardais ces fantasmes comme des aberrations. Je devais y mettre un terme, simple, net et bref. C'est pourquoi sans un mot, je lui avais tapoté l'épaule pour qu'il se retourne vers moi. J'avais à peine pris le temps de regarder son regard bleu me toiser, et d'un coup ferme des reins, je l'avait emmener avec moi vers le lit, puis plaqué sous moi. Ses sourcils s'étaient froncés et avant qu'il ne puisse en placer une, je lui avais roulé une pelle. Vous avez déjà essayé d'embrasser votre frère ? Si oui, vous comprendrez, si non... hé bien... c'est juste... comment dire, limite écœurant. Enfin certain d'avoir bazardés ces pensées de plus en plus choquantes, je m'étais relevé en me raclant la gorge. Mon regard l'avait observé encore allongé et choqué, et dans un sourire, je m'étais éloigné et avais démarré la voiture sans lui expliquer le pourquoi du comment. Et depuis ce soir là, on en avait jamais reparlé, j'ignore même si mon devoir de frère doit me pousser à lui expliquer cet acte. Dans tous les cas, aujourd'hui je me sens capable de pouvoir en parler sans me sentir trop mal à l'aise, je suis enfin réconcilié avec mon amour fraternel.

- Dean ?"
- Hum ?"
- Juste... je voulais te poser une question, un peu... perso."
- Laquelle ?"
- Es-ce que... tu... fantasmes sur moi ? Pasque ces derniers jours, tu t'es comporté bizarrement, et sérieusement, ça me... file les jetons. Je t'accepte comme tu es hein ? Mais me refais plus jamais un plan comme samedi dernier... c'était..."
- Désolé, Sam. Tu sais ? En enfer, je n'ai pensé qu'à toi, c'est compliqué à expliquer, mais dans la souffrance et les hurlements, tout ce qui m'a fait tenir, c'est toi. Mon esprit... a un peu déformé tout le reste, j'avoue, mais t'en fais pas. Le traitement de choc de samedi m'a guéri une bonne fois pour toute !"
- Ok... j'ai même pas envie de savoir à quoi tu pensais avant ! Mais si c'est maintenant clair dans ta tête, ça me va, j'aurais pas vraiment voulu retenter un truc pareil."
- C'était..."
- Horrible !"
- Répugnant !"
- J'ai eut l'impression d'embrasser..."
- Une goule !"
- Wai, un truc du genre... ça m'a filé des frissons..."

J'ai éclaté de rire, finalement, il était temps d'en parler, comme quoi, avec Sam, nos esprits savent se rencontrer au bon moment. Maintenant on en rigole tous les deux, au lieux d'être dans un flou légèrement froid, qui nous obligeait de détourner les yeux lorsque nos regard se rencontraient. Un poids vient de m'être ôté.

- Je peux... te demander autre chose ?"
- Hum ?"
- Toi et... Castiel ? Y'a quoi au juste entre vous ?"

Je m'assois mal à l'aise, ma main glisse sur mon cuir chevelu, et malgré que je vienne de m'alléger du poids marqué fétichisme incestueux, je ne suis pas encore prêt à parler de cet amour qui me dévore. Je me sens pas à ma place, là tout à coup... Parler de Castiel... C'est bien plus compliquer que d'avouer à mon frère que j'ai fantasmé sur son corps durant mes années en enfer. Il faudra bien que j'en parle un jour, autant que ça soit aujourd'hui ! Un sourire mal à l'aise déforme mon visage, Sam, semble regretter d'avoir osé poser cette question, qui, il commence à le comprendre, ne le regarde pas vraiment. Non, Sam, il n'y a rien de secret entre nous, rien à ton sujet, ni au sujet de Lilith, en tout cas. Ce qu'il y a entre nous... J'essaye d'avaler ma salive, puis je respire lentement.

- Vous... Pour de vrai ?"

Sam me tend ce regard choqué, le même que celui de samedi dernier, à peu de choses près. De toute façon qui ne serait pas choqué de ce silence qui veut dire tout ? Ses mains ont fait un mouvement qui vient de me déclencher un frisson glacé. Nous... n'avons pas fait ça, Sam, bien que j'y pense, bien que j'en ai envie, Cas' reste un ange, et il y a des choses que je ne peux faire avec lui... Mes yeux font un arc de cercle, je n'ai aucune envie de m'éterniser sur ce sujet.

- On a rien fait si c'est ça ta question, mais ouai, enfin... tu vois."
- C'est un..."
- Ange ! Oui, je sais..."
- Aussi, mais... je voulais dire que..."
- Ha... Oui, c'est un homme... Soit pas si étonné que ça, je t'ai quand même roulé une pelle, et t'es pas une fille que je sache ! Pour dire vrai, en enfer j'ai subi des choses qui font que... ma sexualité n'est plus tout à fait la même."
- Subi ?"

Sa question me fait pousser un grognement, je croise les bras contre mon torse, et je réfléchis. L'ancien moi n'aurait pas dit le quart de ce que je viens de dire, pourtant, c'est pas si compliqué. Les mots ne sont pas toujours facile à trouver, mais il est facile de se faire comprendre, en tout cas part mon frère. Je regarde la fenêtre, si je choisi de parler de ça, ça va surement faire remonter des trucs glauques, j'ai dit que je saurais vivre avec, mais pourtant je les fuis depuis ma naissance. Je soupire, je viens de choisir de lui en parler, je viens de choisir de livrer une autre part de ces atrocités à celui que j'aime oui, mais d'un amour fraternel et immuable. Et pendant que je chasse les cris, les relents amers qui viennent parasiter ma mémoire, pendant que j'entends Alistair m'ordonner de faire ces choses...

- En enfer, j'ai... travaillé pour Alistair. Disons qu'après m'avoir battu en pensant sortir de là, j'ai capitulé. Une éternité de souffrance ça change un homme, aussi résistant qu'il puisse être. De victime je suis passé à bourreau, d'humain, je suis passé à démon. Tu vois, je viens de t'avouer que, en enfer... ben... tu étais un peu mon garde fou et plus encore... Alistair a des moyens de pression psychologique assez... efficaces. C'était pas dur de me faire faire n'importe quoi en utilisant ta voix, ton corps... une image parfaite de toi qui m'était offerte. Imagine, après des années de douleurs et de sévices, on t'offre tout ce que tu désires le plus, on t'offre de l'amour, de la gentillesse, une trêve merveilleuse. On te laisse enfin dormir, on te laisse enfin profiter d'un moment de paix, avec la personne que tu crois aimer de toutes tes forces. Et puis, on te menace de t'enlever tout ça si tu n'obéis pas au doigt et à l'œil. Je peux te jurer Sam, que tu vends ton âme et que tu fais tout ce qu'on te demande, tout pour ne pas retourner dans le chaudron. Je dépendais de toi, enfin de lui pour être exacte, dans sa bonté comme dans son sadisme. J'ai offert mon... corps à cette chose, d'ailleurs c'est pour ça que c'est encore le bordel en moi. Quand je te regarde je repense à tout ce qu'il m'a fait, et j'ai été loin de haïr tout ce qu'il... Alors oui, j'ai des pulsions de merde quand je te regarde, mais c'est pas forcément parce que j'ai envie de toi ou que j'ai des envies incestueuses. C'est imprégné en moi, d'ailleurs ça à failli me tuer ce truc. Faut que tu me donnes encore un peu de temps petit-frère, que ma raison me revienne complètement, sans être entaché par ce que j'ai vécu là-bas."

Des images remontent lentement, des images de lui et de moi, de mon soumission et du plaisir qu'il faisait naître en moi, dans ses tortures, dans ses violes. Je n'arrivent pas à croire que j'aimais ça. Mais tout ceci est loin maintenant. Je fais un rapide sourire chassant tout ça, aujourd'hui, je suis quelqu'un d'autre et tout ceci ne m'atteint plus. Je regarde Sam, perplexe, il m'envoie un drôle de sourire.

- Tu es sûr ?"
- De ?"
- De vouloir oublier ?"

J'hausse un sourcil, le rictus malsain sur les lèvres de mon frère me fait trembler de l'intérieur. Ce n'est pas Sam, ce sourire, je ne l'ai jamais vu sur ses lèvres, mais je le connais, comme je connais ce regard qui me transperce et qui m'ôte la raison. Je connais cet homme qui maintenant debout s'approche de moi. Son regard amusé me détail, bel et si bien que je me sens tout à coup pris d'une chaire de poule, non... ça ne peut pas être lui, ce n'est pas possible !

- Parce que..."
- Quoi !"
- Parce que je sais au fond de toi que tout ça, c'est faux ! Dean, je te connais, mieux que tu ne le penses, je sais... je sais qui tu es au fond de toi. Tu es comme moi, Dean... maintenant, on est à égalité toi et moi. Alistair a fait de toi mon égal."
- De quoi ?"
- Réveille toi, Dean, réveille toi !"

Son regard me clou sur le lit, je sens quelque chose s'agiter en moi lorsqu'il se déshabille et s'installe sur moi comme un serpent. Ses mains glissent sur mon corps, je n'arrive plus à respirer, je n'arrive plus à... J'ai peur...
Tant que je suis auprès de Castiel je ne me rends pas compte à quel point ce côté sombre me dévore. Mais plus ce coté de sadisme ou d'auto-destruction, non, c'est autre chose. Plongé le nez dans un bouquin, je rêve de chaire et de sang, devant un film gore je me repais des cris, des hurlements. L'amour que je pensais éprouver pour mon frère n'est qu'une chimère de plus car je ne pense plus qu'à faire de lui ce qu'Alistair à fait de moi...

Je m'enfonce dans les draps, amusé par ce que Sam est en train de faire, mais je n'ai le loisir de le laisser s'amuser avec moi, car c'est à moi que revient ce droit, n'es-ce pas... petit frère.

Quelque chose de brûlant m'a fait pousser un cri diabolique, je n'ai compris qu'après quelques secondes que cette brûlure n'était que le contact de Castiel qui me maintenait fermement par les deux bras, pourquoi me regarde-t-il comme ça ? Pourquoi me fait-il aussi mal ? Jamais n'ai ressenti ce genre de brûlure, il me fait peur, comme si... il était capable de me tuer, je m'arrache vivement de ses bras pour me coller contre le mur et l'observer comme une atrocité. C'est un réflexe de pure protection, qui me fait regarder la porte et je me mets à courir, comme si je voulais échapper au diable en personne, mais cette chose est déjà en train de me rattraper, c'est si... chaud, sa lumière m'aveugle, me consume dans une douleur lancinante, je vois des larmes glisser sur mes joues puis je m'écroule par terre. Sam qui a accourru vers moi se penche en hurlant mon nom. Je suis incapable de faire ou dire quoi que se soit, je suis paralyser par une force qui est en train de me détruire, je le regarde frapper Castiel qui impassible me tient fermement clouer à terre. Son regard bleu a disparu sous un regard noir qui me juge et m'épie avec mépris.

- Arrête ! Tu vas le tuer !"

Mes ongles s'enfoncent dans le bois, perforant ma chaire, je n'arrive plus a respirer, je n'arrive plus a... que se passe-t-il ? Pourquoi Castiel me veut du mal ? Du sang glisse de mes lèvres, un sifflement me broie le crâne, j'ai l'impression qu'il va exploser. Cas' ? Es-ce qu'il t'on obligé à me faire ça ? Es-ce par ce que je t'ai souillé ? Je l'ignore, mais j'ai mal, mal de le voir me regarder comme ça.
Lorsque je réouvre les yeux, j'arrive à discerner Sam, qui pleure dans un coin de la pièce, assis sur la table Castiel me regarde à nouveau avec un regard bienveillant. Je... ne sais pas ce qui est arrivé un peu plus tôt, mais visiblement ce n'est pas Castiel qui me dira quoi que ce soit. Sans un mot, je me lève et me dirige vers Sam, mais le regard qu'il m'envoie me paralyse sur place. Que s'est-il passé pour que mon propre frère pose sur moi un regard remplis de terreur ? Qu'ai-je fait ? Mes souvenirs son décousu et, d'ailleurs je ne me souvient de rien, rien à part le regard sombre de Castiel et cette peur, comme si l'homme que j'aime avait essayé de me tuer... Sam sèche ses larmes d'un revers de main, puis me sourit m'attirant dans ses bras pour m'y serrer un peu trop fort pour que je ne m'inquiète pas doublement.

- Ça va ?"
- Il s'est passé quoi ? Pourquoi tu pleures ?"
- Oui, ça va, t'inquiète, il s'est rien passé, c'était rien. Je sais pas toi, mais je crève de faim, aller vient !"

Castiel nous regarde et saute lestement de la table pour nous accompagner dehors. Dans la chambre, on croitait qu'on s'est battu les traces par terres... j'ai l'impression que quelque chose a brulé le parquet.