Note de l'auteur : Bonjour tout le monde ! :) J'ai mis le temps, mais me voici de retour avec une nouvelle histoire ! En réalité, elle est écrite depuis longtemps, et dormais dans un coin de mon ordinateur... Pourquoi je ne sais pas, mais la voici enfin en ligne ! C'est une fiction courte, de quatre chapitres seulement !

Pour celles qui me connaissent déjà, je n'ai pas abandonné l'idée de poster des bonus de ma fiction Héléna McKinnon ;)


Chapitre 1

Le bal des 28 sacrés

Ce soir c'est Le Grand Bal, que nous appelons officieusement le Bal des 28, en référence aux 28 familles avérées de sang pur. Bien entendu, certaines ne s'y montrent jamais : elles sont d'ailleurs invitées du bout des lèvres. Pourtant, il serait amusant de voir débarquer un jour l'impressionnante tribu des Weasley. Mais je doute qu'ils participent un jour à cette mascarade, même pour l'amusement.

J'avais 12 ans la première fois que j'ai eu le droit de venir. Je me souviens à quel point j'étais heureuse, à quel point j'étais fière. Je suis entrée au bras de mon père, j'ai été présentée, j'ai dansé sans me prendre les pieds dans ma robe … Tout était parfait. Aujourd'hui, je me trouve ridicule en y repensant. Aujourd'hui, j'ai enfin commencé à comprendre : l'hypocrisie, les sourires de façade, les alliances secrètes. Une seule chose réunissait toutes ces personnes : leur haine commune des sangs impurs, des moldus, et par-dessus tout, des traitres à leur sang…

L'année de mes 14 ans, en juillet 1973, mon troisième bal donc, Andromeda Black m'a ouvert les yeux. Elle qui restait le plus souvent dans son coin à discuter avec ses sœurs quand ces dernières ne dansaient pas, s'était soudainement mise à hurler sur ses parents. Ils n'avaient pourtant pas l'air commode – ce qui était en fait le cas de la plupart des membres de la famille Black – et m'impressionnaient beaucoup. Pourtant, Andromeda hurla sa frustration et son dégoût pour ce mode de pensée anti-moldu. Elle cria son amour pour un né moldu et parti à grand pas après un discours enflammé. Tout le monde s'était tu, choqué. Cygnus, Druella Black et les deux sœurs ne bougèrent pas, et fixaient la porte principale qui venait de claquer violemment. Bellatrix, celle qui ressemblait tellement à Andromeda qu'on les prenait parfois pour des jumelles, se mit à rougir en serrant les poings. La blonde Narcissa ne semblait pas surprise et prit délicatement la main de sa mère qui semblait sur le point de fondre en larmes.

Un peu en retrait, l'oncle et la tante d'Andromeda parlaient à voix basse dans leur coin – chose rare d'ailleurs pour ce couple atypique. A côté d'eux se trouvaient leurs deux fils, Sirius et Regulus, qui avaient généralement l'air de s'ennuyer à mourir. Chacun à leur façon cependant.

Sirius observait le plus souvent la salle d'un air hautain, refusant catégoriquement de danser avec quiconque. Si je ne l'avais pas côtoyé à Poudlard, j'aurais pensé qu'il n'était qu'un autre sang pur très imbu et satisfait de lui-même. Mais au vu de ses relations, cela m'étonnait et j'attendais encore de percer le mystère. Regulus, lui, tentait d'imiter l'air aristocratique de son frère, ce qui lui donnait seulement un air un peu éteint. Il était en revanche plus disposé à s'occuper, et s'était déjà propos d'être mon partenaire, après un chuchotement et un regard appuyé adressé par sa mère. Cette année, j'avais enfin compris que la famille Black espérait secrètement un rapprochement avec les Fawley. Ma famille. Ce qui était également le cas des Rosier, à mon grand désespoir. Après l'explosion d'Andromeda, Regulus avait haussé les sourcils et avait cherché le regard de sa mère pour une explication, mais celle-ci lui tournait déjà le dos. Sirius lui, s'anima enfin. Son regard brûlait d'une lueur que je ne lui avais jamais vu. Une lueur dangereuse, qui ressemblait étrangement à celle qui s'était allumée dans le regard de sa cousine.

Les invités reprirent leur soirée en lançant des regards de pitié malveillante aux infortunés. Il serait bien difficile maintenant de trouver des fiancés à Bellatrix et Narcissa, malgré leur grande beauté. La musique et les danses reprirent. Je méditais sur le discours d'Andromeda qui avait ébranlé mes convictions – celles de mes parents en vérité – quand le fils Nott me sorti de mes pensées. C'était un vieux garçon, désagréable au possible avec son ton mielleux et son air hypocrite. Un regard de mon père me dissuada de refuser son invitation. Je dansais distraitement, feignant de ne pas l'entendre me faire la conversation. A chaque fois que je passais devant la famille Black, je tournais la tête pour dévisager chacun de ses membres, en me demandant ce qu'il se passait en coulisses. Pourquoi Andromeda avait-elle décidé de partir ? d'abandonner sa famille pour un né-moldu ? Au bout d'un moment, Sirius remarqua mon petit manège et m'adressa un discret sourire en coin.

Je me sentis rougir et fixa résolument tout autre point de la pièce pendant que Nott promenait sa main dans mon dos. Je réprimais une grimace de dégoût et me précipitai pour rejoindre mes parents à peine la musique terminée. Je savais bien qu'il ne s'intéressait pas à moi en particulier, ni à aucune autre femme d'ailleurs. Mais il était fils unique, et il lui fallait un héritier pour transmettre son nom. Sinon, le bal des 28 deviendrait celui des 27 …

Je soupirai de soulagement en rejoignant mes parents. Chose assez rare d'ailleurs car je me sens perpétuellement mal à l'aise à côté d'eux, comme si je devais être parfaite en toute circonstance.

Durant toute l'année scolaire qui a suivi, je n'ai cessé de me remémorer les paroles d'Andromeda. Ce n'était pourtant pas une amie, et je ne lui avais que très peu parlé. Mais elle m'avait ouvert les yeux, un déclic avait eu lieu. Et je pense que la même chose s'était produite pour Sirius Black. J'ai hésité pendant des mois à aller lui parler, pour lui demander s'il avait de ses nouvelles. Mais je ne l'ai pas fait, me contentant de l'observer de loin. D'ailleurs, il le remarque parfois, ce qui m'agace au plus haut point : je ne veux pas qu'il se m'éprenne sur mes intentions…

Juillet 1976

Quelques années passent, et nous nous retrouvons de nouveau au bal des 28, pour nos 16 ans. J'ai délaissé les couleurs pastel cette fois, et porte une robe plus sombre, qui va assez bien avec mon état d'esprit. A chaque bal, le scandale provoqué par Andromeda Black me revient en mémoire et trouble mon esprit. Le temps a fait son œuvre : je supporte de moins en moins l'idéologie des sang purs qui m'entourent. Bien sûr, je ne le montre pas. Je me contente de rester en retrait et de me taire, mais à l'intérieur, je fulmine. A l'autre bout de la salle, Evan Rosier m'adresse un signe de la tête. Je réponds poliment puis détourne le regard. Il a une bonne année de plus que moi, est grand et plutôt beau. Dans le sens inquiétant et ténébreux du terme. Des frissons me parcourent chaque fois que nos regards se croisent : comme si un malheur, une malédiction planait au-dessus de lui et de tous ceux qui l'approchaient de près.

Les Black sont déjà là, au complet. Bellatrix a apparemment travaillé d'arrache-pied : elle tient fermement par le bras Rodolphus Lestrange, l'ainé de sa famille. Leurs fiançailles ont déjà été annoncées, ils seront mariés avant la fin de l'année. Je poursuis mon examen de la famille, quand mon regard arrive sur Sirius qui me dévisage déjà, l'air amusé. Autant dire que c'est une expression que je ne lui ai jamais vue ici. A mon grand étonnement, il murmure quelques mots et s'avance dans ma direction sous les regards surpris de sa salue mes parents, puis m'invite à danser. Je l'interroge du regard avec un mouvement de sourcil et il m'adresse un discret clin d'œil pour toute réponse. Nous nous dirigeons vers la piste rapidement, sous les regards surpris de certains. Sirius Black ne danse jamais, malgré les efforts désespérés de certains. Il est l'ainé d'une des familles les plus pures des 28, comme le confirme leur devise « Toujours pur », et sa future union sera donc très enviée. Leur arbre généalogique est légendaire et ils sont cousins avec un grand nombre de familles de la liste.

-Alors ? Vas-y, je suis là, à ta disposition.
Je le dévisage, sans comprendre.

- De quoi tu parles ?

-Allons. Pas à moi. Je sens tes yeux me suivre partout.

-Tu exagères.
Je ne cherche pas à nier. Je sais qu'il m'a vue. Plusieurs fois. Pour l'instant, je suis plutôt étonnée : pour quelqu'un qui ne danse pas, il ne m'a toujours pas marché sur les pieds. Ses pas sont assez brouillons, et je le guide parfois plus que l'inverse, mais il se débrouille assez bien.

-C'est juste que j'avais des choses à te demander, et que je ne savais pas par où commencer, je poursuis.

-Eh bien, prend tout ton temps.
-En fait, il ne reste que quelques minutes avant la fin de la danse.
-Et alors ? il y en a d'autres.

Je roule des yeux.

-Tu sais très bien qu'on ne peut pas en danser plus de deux. Les gens vont parler.

-Laisse-les faire. Pour ce que ça vaut …
-Hmm … Je voulais te parler d'Andromeda … j'ajoute en me rapprochant de lui et en chuchotant.
-Oh … je vois. C'est son fabuleux discours ou sa sortie triomphante qui t'a le plus impressionné ? demande-t-il.

Je sais qu'il se moque de moi et de mes précautions

-Je dirais plutôt intriguée. Tu as de ses nouvelles ?

-Oui ça arrive, elle s'est mariée peu de temps après son dernier bal !

-Avec le …
-Le ? m'interroge-t-il sévèrement.

Il y a quelques années, j'aurais dit sans hésiter « sang de bourbe ». Mais j'ai changé. J'ai grandi, réfléchi, je me suis posé des questions, je me suis retourné l'esprit dans tous les sens.

-Né moldu.

Je crois que je n'avais encore jamais prononcé le mot à voix haute. Enfin, je l'ai chuchoté mais c'est déjà ça. Il me fait tourner sur moi-même, l'air satisfait. Je ne quitte presque pas son regard.

-Oui ! Très belle cérémonie d'ailleurs.

-Tu y es allé ?
Aller à ce genre d'évènement – réprouvé, non autorisé – c'était montrer son approbation. Et devenir un traitre à son sang par association.

-Evidemment. J'étais invité après tout. Et puis je n'aurais manqué ça pour rien au monde !

Je ris, presque nerveusement.

-Tu es dans ta période « rebelle » ou quoi ?

-Ce n'est pas une période. Et ce n'est pas de la rébellion !

Il me lâche un instant et tourne sur lui-même si vite qu'il me rattrape presque immédiatement. Pas de danse très inhabituel, mais spontané.

-C'est juste moi ! termine-t-il en se rapprochant.

-Mais …
-Mais quoi ?

Le rythme de la danse est cette fois plus soutenu. Nous devons enchainer des mouvements plus rapides. Je secoue la tête.
-Ça ne se voyait pas avant.
-Avant ?
-Avant Andromeda !

Je me rends compte qu'il ne cesse de me poser des questions. Il veut me faire parler et tout ce que j'ai retenu pendant un an peut enfin sortir. Je sais qu'il n'ira pas me dénoncer à mes parents. Parents qui me fixent d'un air réprobateur de l'autre bout de la salle. Je me rends compte que nous entamons une énième danse, sous les yeux d'un public critique et prêt à tout pour défaire une réputation si cela peut leur rendre service.

-Je dois ….
Sirius sourit. Il m'a assez torturé pour ce soir. Il s'écarte de moi et me fais une profonde révérence. Profondément exagérée mais qui m'est adressée, vraiment.

Ma mère détourne le regard quand je la rejoins. Je relève fièrement la tête et regarde mon père droit dans les yeux. Il m'attrape par le coude et chuchote furieusement dans mon oreille.

-Tu as de la chance que je ne souhaite pas faire de scandales. Si ta mère ne m'avait pas retenu, je serais allé te chercher au milieu de la piste.

-Vous n'arrêtez pas de dire que je ne danse pas assez. C'est chose faite.

Je n'ai jamais osé me rebeller. Pas activement en tout cas. Depuis ma prise de conscience, je me suis contenté de protester faiblement quand mes parents voulaient m'emmener à des diners ou d'éviter toute conversations avec les « jeunes de mon âge » qui participaient aux nombreuses Soirées des 28.
La prise de mon père se resserre sur mon bras. Je ne laisse rien paraitre.

-Si la fille de Cygnus Black n'avait pas fait ce scandale il y a des années, j'aurais été ravi que tu t'appropries l'héritier des Black. Mais aujourd'hui, ce n'est pas envisageable. Il y a beaucoup d'autres partis bien plus respectables.

J'ai presque envie de sourire. « M'approprier l'héritier des Black ». Je suis sûre que Sirius éclaterait de rire s'il pouvait l'entendre. Je lève les yeux au ciel. Mon père ne peut pas le voir mais, de l'autre côté de la salle, Sirius réprime un sourire. La soirée se poursuite et mes parents tentent de rattraper mon inconvenance. Apparemment, 4 danses d'affilées avec le même partenaire, c'est presque un scandale. Ils s'efforcent donc de faire comprendre à tous ceux que nous croisons (les Rosier, les Nott et les Selwyn) qu'aucun n'accord n'a été conclu avec les Black.

….
Août 1976

Trois semaines plus tard, une nouvelle nous parvient au petit déjeuner : Sirius Black a fugué. C'est Amanda Bulstrode, la reine du ragot, qui s'est empressé d'annoncer la nouvelle à ma mère par le courrier du matin. Apparemment, c'est une source sûre : elle aurait assisté à la scène alors qu'elle était invitée à prendre le thé en fin d'après-midi par Walburga Black, la mère de Sirius.
J'écoute avec attention la lecture de la lettre, sans en croire mes oreilles. Presque le même chemin qu'Andromeda. En pleine conversation, il aurait explosé, se serait mis à hurler devant tout le monde. Puis il s'était rué vers les étages et en était redescendu avec sa malle quelques minutes plus tard. Un ultime avertissement lancé par Walburga Black n'avait reçu qu'une réponse : le claquement de la porte d'entrée. Amanda Bulstrode avait pris un plaisir évident à décrire la scène, et avait même ajouté avec force de détails que Walburga Black avait alors saisi sa baguette et l'avait pointé sur son célèbre arbre généalogique. Quelques années après sa cousine, le nom de Sirius avait à son tour disparu dans les cendres. Mes parents commentèrent longuement la nouvelle pendant que je méditais dessus. Je sens un sourire étirer mes lèvres et me lève de table.


Note de l'auteur : Et voilà pour ce premier chapitre ! J'attends avec impatience de lire vos avis !

Je posterai la suite la semaine prochaine !