CHAPITRE 1 :

Leyna Stevens :

Je me souvenais de la Sokovie. Il y a certaines parties de mon voyage que j'aurais préféré oublier, mais que je ne pouvais pas oublier. Même avec la meilleure des volontés. Parce-que la Sokovie avait marqué un tel tournant dans ma vie qu'elle restait ancrée dans ma mémoire, comme un virus dans un serveur informatique.

Non. Pas vraiment comme un virus...

J'avais apprécié mon voyage en Sokovie. C'était en prenant du recul que je me disais que je ferais mieux de tout oublier, mais la réalité... c'était que je n'en avais aucune envie.

Alors je faisais avec, je reprenais ma vie d'avant, comme si tout allait bien, comme si rien ne s'était passé, alors qu'en réalité...

Depuis combien de temps n'avais-je pas eu de ses nouvelles ? Longtemps. Trop. Beaucoup trop. Six mois ? Ou plus ? J'avais cessé de compter, au bout d'un moment, même si chaque jour de plus, chaque heure de plus, me faisait souffrir atrocement. Parce que je m'en voulais d'être tombée si bas... et je lui en voulais de me manquer à ce point.

Mais c'était un fait. Six mois, c'était long. Et ça faisait certainement plus de six mois, maintenant que j'y pensais. Tout avait l'air de bien se passer, et du jour au lendemain, plus rien, le néant. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il lui était peut-être arrivé quelque-chose, après tout la Sokovie n'était pas un pays sûr... mais une petite voix au fond de moi me disait qu'il n'en était rien. Pourtant, je ne voyais aucune autre explication logique.

Et parfois, avec une pointe de culpabilité... j'en venais à espérer qu'il lui étaitarrivé quelque-chose. Parce que j'avais tellement eu foi en lui, tellement eu foi en nous... que je ne voulais pas même m'imaginer toutes les autres raisons pour lesquelles il aurait pu me laisser tomber aussi brusquement.

J'entendis quelqu'un frapper à ma porte.

Je grommelai, pas vraiment ravie, et flanquai mon oreiller sur ma tête, et mes couvertures également. Non, je n'avais pas envie de me lever. Je préférais rester là, au moins jusqu'à ce que j'aie fini de broyer du noir. Parce que je ne voulais pas qu'ils sachent... tous les autres. Je ne voulais pas qu'ils sachent que je faisais semblant d'être heureuse.

Nouveaux coups sur ma porte.

Je soupirai ferme, avant de me redresser comme si j'étais montée sur ressorts, et de lancer un coup d'œil à mon réveil matin. Huit heures. Huit heures ? Si tôt ? Depuis combien de temps étais-je réveillée ? … Et surtout qui pouvait bien avoir l'idée saugrenue de venir frapper à ma porte à cette heure-ci …

Une seule réponse possible.

« Emy, je te conseille de faire demi-tour et de retourner tout droit dans ta chambre, et de t'y enfermer à double tour avant que je sois sortie de là, parce-que si je te mets la main dessus crois-moi... grondai-je.
-Quoi ? bredouilla une voix qui n'était définitivement pas celle de ma sœur. Mais qu'est-ce que... j'ai rien fait moi !
-... Ned ? demandai-je après un instant d'hésitation. Qu'est-ce que tu fous là ?
-Ben c'est Emy qui m'a dit de te dire que... commença Ned.
-Traduction, le coupai-je : C'est Emy qui t'a dit que ce serait une merveilleuse idée de venir me réveiller à huit heures du mat' un dimanche ? ».

Un long silence me répondit, si bien que je finis par croire que Ned était parti et que j'allais pouvoir me rendormir... ou essayer de me rendormir tranquillement.

« EMY ! s'écria soudain mon ami, si bien que je fis un bond et que je retombai à côté de mon lit en pestant. T'AS DIT QUE JE RISQUAIS RIEN ! MENTEUSE !
-C'est pas un mensonge, c'est de la stratégie ! entendis-je protester la voix lointaine de ma sœur.
-Ned, lançai-je en me redressant douloureusement, toujours tournée vers la porte close de ma chambre. Emy est une menteuse pathologique, t'es le seul qui ne te méfie pas encore d'elle, quand est-ce que tu vas apprendre à surveiller tes arrières ?
-NON MAIS UN JOUR TU VAS LE REGRETTER PARCE QUE JE VAIS TE FRAPPER ! », renchérit Ned à l'adresse de ma sœur, avant de s'éloigner à grands pas le long du couloir.

J'attendis un instant, puis soupirai. De toute manière, il n'aurait servi à rien que je me recouche : si Emy avait décidé que je devais me lever à 8h du mat', rien ne l'empêcherait de mener son projet à terme, même si elle avait perdu la confiance de son bouclier en chef.

Aussi, marmonnant des menaces inaudibles que je n'allais pas tarder à mettre à exécution, j'arrivai à la porte de ma chambre, l'ouvris à la volée, m'avançai dans le couloir d'un pas lourd, et parvins enfin au grand salon.

Salon qui était d'ailleurs méconnaissable : j'avais l'impression que Tony et Emy avaient profité de l'absence de Pepper (qui était en voyage d'affaire) pour ressortir toutes les décos de Noël de l'année passée.

D'ailleurs depuis que Pepper était partie en voyage d'affaire, j'avais découvert la lourde tâche d'être la chef de famille, et au moins ça m'avait un peu détournée de mes idées noires concernant...

Non. Ne pas y penser. Ne surtout pas y penser.

Bref, la veille ils avaient décidé de faire une crêpes party, et j'avais dû les surveiller pour qu'ils ne s'échappent pas faire une autre bêtise pendant qu'ils décollaient toutes les fichues crêpes qu'ils avaient envoyé sur le plafond. La semaine précédente, ils avaient décidé de faire de la luge dans l'escalier qui menait à la mezzanine, et il s'en était fallu de peu pour qu'Emy ne finisse tout droit à l'hôpital. Et... ah oui, je me souvenais aussi de la fois mémorable où Tony avait décidé de faire essayer l'une de ses armures à Emy. Elle avait mis le feu aux rideaux avec ses réacteurs, et cassé la fenêtre du 88ème étage, et on avait mis trois heures avant de la retrouver tournoyant au-dessus d'un parc, alors que sa batterie était presque totalement déchargée et qu'elle ne savait absolument pas comment faire atterrir cet engin, parce-que les conseils de Jarvis ne lui parvenaient pas par-dessus ses cris de panique hystérique.

Alors je ne pus m'empêcher de me demander ce qu'ils m'avaient préparé cette fois. Surtout si Ned était venu leur donner un petit coup de main... peut-être que je devrais donner un petit aperçu de la panthère à Ned, histoire de lui faire comprendre que s'il osait encore aider ces deux dingues, il aurait énormément de mal à s'asseoir pour les trois semaines à venir...

Une explosion me vrilla les tympans, et, tous les sens en alerte, je me plaçai en position de défense comme me l'avait appris Natasha, ce avant de voir une foule de gens sortir de derrière les meubles pour se précipiter vers moi en hurlant.

Mais...

« SURPRIIIISE ! ».

… Non, ce n'était définitivement pas un cri de guerre.

Et avant d'être ensevelie au cœur d'un câlin collectif, j'eus le temps de reconnaître quelques-uns des visages des personnes qui avaient décidé de m'assaillir : à savoir celui de Natasha, ma prof d'arts martiaux, celui de Clint, le tonton archer, celui de Bruce, le docteur qui s'occupait du développement de ma mutation et de celle d'Emy, celui de Ned et Peter, les deux geeks les plus loufoques que je connaisse, celui de Tony, mon père adoptif (Si si, c'était bien lui que j'étais obligée de materner quand Pepper n'était pas dans le coin...), et entre autres le visage rayonnant de ma petite sœur Emy, qui avait coiffé son gigantesque nœud de grandes occasions, à savoir un gros nœud doré tout pailleté.

Surprise.

Quelle surprise ? En quel honneur ? Peut-être que ça avait un rapport avec le fait que j'avais réussi à me transformer en lézard la semaine passée lors des entraînements... non, ne surtout pas penser à ça non plus...

Je n'avais pas encore reçu le résultat de mon dernier contrôle de physique...

Emy, qui sembla se rendre compte que j'étais plongée en pleine réflexion, me regarda avec une expression médusée qui me fit instantanément oublier que c'était elle l'instigatrice de mon réveil matinal.

« Non mais sérieusement mais tu sais au moins quel jour on est ? me demanda-t-elle en fronçant les sourcils d'un air perplexe.
-Ouais, on est dimanche, répondis-je en me souvenant brusquement de la raison de mon mécontentement. Et d'ailleurs je te ferais remarquer pour au moins la millième fois que...
-Et quel mois et quel jour ? », renchérit ma sœur sans sembler le moins du monde effrayée par mes menaces.

Elle devait avoir une idée particulière en tête. Quel mois et quel jour ? On n'était pas en décembre, et certainement pas le vingt-quatre, donc Noël c'était exclu. Mais...

J'eus l'impression de me prendre un baquet d'eau froide en pleine figure en comprenant à quel jour exactement ma petite sœur faisait référence.

« C'est mon anniversaire ? demandai-je innocemment.
-Je savais pas qu'avoir vingt ans ça rendait bête à ce point ! soupira Emy d'un air mélodramatique, avant de me saisir brusquement par le bras et de me regarder d'un air rempli de curiosité. Et au fait, ça fait quoi d'avoir vingt ans, hein, ça fait quoi, ça fait quoiiii ?
-Ça fait que je te trouve vingt fois plus chiante que le jour où on s'est rencontrées, répliquai-je en ne pouvant retenir un sourire.
-Je déclare officiellement que notre vedette du jour est enfin réveillée ! », s'écria ma sœur en se tournant vers les autres, qui accueillirent son petit discours par une salve d'applaudissements.

Toutes les idées noires que j'avais pu avoir avant de sortir de ma chambre s'envolèrent comme si elles n'avaient jamais été qu'un écran de fumée. Après tout, toutes les personnes qui comptaient le plus pour moi étaient là, de quoi me plaignais-je ? J'avais une famille formidable, des amis formidables, qui avaient pris la peine de me préparer une giga fête surprise pour le jour de mon anniversaire.

Je n'en attendais pas moins de la part de Tony, étant donné que l'année précédente il m'avait offert un séjour d'une semaine dans le parc Universal Studios en VIP. Avec Emy, nous avions passé une semaine de rêve, et j'avais compris ce jour là que chez les Stark, on ne rigolait pas avec les anniversaires.

Le seul truc étant que j'avais totalement oublié qu'aujourd'hui était censé être mon anniversaire. Mais après tout, ce n'était pas plus mal. Au moins ça avait renforcé le sentiment de surprise !

Et la meilleure surprise de toute c'était bien qu'ils soient tous là, tous ceux dont j'avais besoin.

Et c'était tout ce qui comptait pour moi.

Maria Hill :

J'avais cru comprendre que le directeur avait quelque-chose d'urgent à me dire. Cependant, maintenant que je me trouvais dans son bureau, il semblait bien décidé à prendre son temps, ce qui me fit deviner que ce qu'il avait à me dire n'était pas très évident.

Je pris néanmoins la tasse de café qu'il me tendait en faisant mine de ne rien avoir remarqué, et le laissai s'asseoir précautionneusement de l'autre côté du bureau, comme s'il avait peur que quelque-chose lui tombe sur la tête.

Je me demandais ce qui pouvait bien l'inquiéter à ce point. L'inquiéter ? Non, ce n'était certainement pas le bon terme. Disons simplement qu'il avait l'air... embêté.

Et je me mis à chercher les raisons pour lesquelles ça aurait pu être le cas : Le taux de criminalité avait considérablement baissé dans le pays ces dernières semaines, notamment grâce aux interventions répétées de Captain America, et aussi de cette mystérieuse araignée qui s'occupait des petites frappes de New York... Quant aux filles, leur entraînement se déroulait plutôt bien. Cela faisait un moment que l'état psychologique d'Emy s'était stabilisé après ce qu'elle avait essayé de faire il y avait deux ans, et ses pouvoirs n'avaient jamais cessé de croître, donc...

Oui, certes, il persistait une ombre au tableau.

« Toujours aucune nouvelle du sceptre ? », demandai-je anodinement.

Je vis Fury se crisper. Ce n'était pas dans ses habitudes. Quelque-chose n'allait pas. Et il semblerait que j'aie touché la corde sensible.

« Il semblerait qu'il ait été localisé, finit-il par me répondre avec beaucoup de précautions.
-Vraiment ? répondis-je avec une pointe de surprise. C'est une excellente nouvelle ! Où se trouverait-il ?
-Dans un petit pays en proie à des conflits politiques, la Sokovie, me répondit Fury. Apparemment dans une base dite abandonnée, mais qui serait en fait occupée par HYDRA pour des raisons encore inconnues.
-Vous croyez qu'ils font des expériences sur le sceptre, là-bas ? demandai-je avec une pointe d'inquiétude.
-C'est ce que je crains, me confirma Fury. Et c'est bien cela qui m'inquiète : je ne sais pas du tout ce qui les attendra là-bas.
-Les ? demandai-je. Vous comptez donc bien envoyer les Avengers récupérer le sceptre ? ».

C'était selon moi la meilleure des solutions. Mais le directeur avait l'air quelque peu mal à l'aise vis à vis de cette idée.

« Monsieur, si je puis me permettre, poursuivis-je, il me semble qu'ils sont les mieux qualifiés pour entreprendre cette mission. De plus, Thor est à la recherche de ce sceptre depuis plus de deux ans,, je doute qu'il accepte facilement le fait d'être évincé de...
-Je n'envisageais pas d'évincer les Avengers de cette mission, me répondit Fury avec un geste désinvolte de la main. Mais... et si ce n'était pas assez ? ».

Je lui lançai un regard interrogateur. De quoi exactement était-il en train de parler ? J'avais peur de connaître la réponse. Car nous avions eu cette conversation maintes fois déjà, et que jusque-là j'avais réussi à le dissuader d'avoir recours à cette option. Mais... j'avais l'impression que cette fois, la partie ne méritait pas d'être jouée, parce-que j'étais sûre de la perdre.

« Il semblerait qu'il y ait une fête à la Tour Stark, me lança-t-il d'un ton presque désinvolte.
-Oui, Leyna fête ses vingt ans. Tout le monde participe à la fête, répondis-je.
-Mais pas vous ? s'étonna Fury.
-J'ai du travail, répondis-je avec un sourire en coin.
-En effet, voici une excellente réponse, agent Hill, me répondit Fury en souriant à son tour. J'ai une mission à vous confier ».

Je fronçai les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre. Alors qu'en réalité je savais très bien où il voulait en venir.

« Il est temps que Winter Smith reprenne du service, ajouta-t-il comme pour clore la discussion.
-Mais monsieur... tentai-je désespérément.
-Pas de discussion, Hill, me répondit-il d'une voix dure. Cette mission est trop périlleuse pour que je me risque à y envoyer les Avengers sans une aide extérieure. Et elle est prête.
-Stark ne vous laissera jamais... tentai-je.
-Mais elle, elle acceptera, répliqua Fury. Je sais qu'elle acceptera. Elle connaît la Sokovie. Et quoi qu'elle en dise elle y est attachée, et elle ne ratera pas une occasion d'y retourner. Par ailleurs... elle a vingt ans aujourd'hui. Ce n'est plus à Stark de décider pour elle.
-Monsieur... elle n'est pas l'agent Smith, lançai-je, espérant me faire comprendre. Et elle ne sera jamais l'agent Smith ».

Fury me regarda longuement, et je compris qu'il était peine perdue de tenter de discuter avec lui.

« Vous savez qu'Emy voudra l'accompagner, fis-je remarquer.
-Elle est trop jeune. Elle comprendra, répliqua Fury, l'air peu convaincu.
-Elle n'a qu'un mois de moins que Leyna. Et non, elle ne comprendra pas, persistai-je. Elle ne cherchera pas à comprendre. Elles ont toujours été inséparables, toutes les deux. Ça, ça n'a pas changé. Et ce n'est pas prêt de changer.
-Qu'elle vienne, si elle le souhaite, répliqua finalement Fury. Je pense qu'elle nous a assez prouvé qu'on pouvait lui accorder notre confiance.
-Vous êtes certain ? », lui demandai-je en fronçant les sourcils.

Fury me regarda un instant en silence, avant de hocher brièvement la tête.

« L'avenir nous le dira, me répondit-il. En attendant, agent Hill, vous savez ce qui vous reste à faire.
-Oui, monsieur », répondis-je, avant de faire volte-face et de sortir de son bureau.

De toute manière, ce ne seraient pas les filles qui poseraient le plus de problèmes. Et Fury le savait aussi bien que moi, c'était pour ça qu'il n'allait pas à la tour en personne.

Mais que ça vienne de lui ou de moi, Tony Stark n'accepterait jamais que ses filles viennent travailler sur le terrain.

Leyna Stevens :

J'étais concrètement en train de passer le meilleur anniversaire de ma vie. Et Tony ne m'avait pas encore offert leur cadeau, à Pepper et à lui. J'avais tellement hâte de savoir ce que c'était ! Mais il avait insisté pour me l'offrir en tout dernier, de manière à faire durer le suspense et à ce que l'ouverture du cadeau se fasse en présence vidéo de Pepper, donc après son entretien avec les clients vietnamiens.

Mais les cadeaux que j'avais déjà reçus étaient géniaux : Bruce m'avait confectionné une tenue de combat en s'inspirant un peu de celle que Spiderman gardait toujours sous ses vêtements de gars normal (j'avais eu beaucoup de mal à me retenir d'éclater de rire en pensant que ledit Spiderman se trouvait dans la même pièce que nous en mode incognito, ainsi que la créatrice de son costume qui n'était autre que ma bien aimée sœur), mais heureusement en moins colorée : elle était d'un violet presque noir, et s'enfilait comme une seconde peau. Evidemment, ce n'était pas le genre de costume que je pourrais porter l'été sous un short et un débardeur, mais pour l'hiver ça passait plutôt bien ! D'autant plus qu'il était équipé de tous les gadgets imaginables : contrôle thermique pour s'adapter à la température de mon corps dans des situations extrêmes, élasticité extrême en cas de combat compliqué, il y avait même des bracelets sarbacanes intégrés, avec des fléchettes tranquillisantes.

Pour ce qui était de Clint, il avait aidé à la fabrication de la tenue (notamment des bracelets sarbacane), et il m'avait également offert un sabre japonais en collaboration avec Natasha, parce-qu'ils savaient tous les deux que j'avais toujours rêvé d'apprendre à me servir d'une telle arme.

Steve, qui était moins branché high-tech et combats, m'avait acheté la figurine Funko Pop que j'avais repérée dans un magasin alors qu'on faisait les boutiques ensemble, il y avait quelques mois de ça, et Tony m'avait déjà offert un cadeau génial : des lunettes de soleil, qui en plus d'être hyper branchées avaient la particularité d'être connectées, non pas à Internet, mais à Jarvis. Et concrètement, je pouvais absolument tout faire avec, c'était génial !

Emy m'avait confectionnée une tenue de diva dans le même style que celle que j'avais repéré sur un mannequin lors d'un défilé, mais avec des petites touches personnelles qui la rendaient totalement unique et assortie à mon caractère.

Quant à Ned et Peter, ils s'étaient tous les deux cotisés pour m'offrir un magnifique bracelet que j'avais repéré dans une bijouterie et indiqué à Emy, qui le leur avait sans doute rapporté (c'était toujours l'enfer de me trouver un cadeau, alors toute entraide était la bienvenue!).

Alors que je testais les lunettes connectées, et que je m'amusais à identifier toutes les personnes présentes dans la pièce et à faire défiler leur dossier, j'entendis Tony prendre la parole.

« Votre attention, eh, oh, tout le monde m'écoute, voilà merci ! Je vous annonce que miss Potts sera connectée dans trois... deux... ».

Je me précipitai vers l'écran de télévision pour me trouver au premier plan, et lorsque le visage de ma mère adoptive y apparut je l'attendais assise en tailleur sur le sofa, un immense sourire accroché au visage.

« Joyeux anniversaire, ma princesse ! », hurla-t-elle si bien qu'elle manqua de tous nous rendre à moitié sourds.

Mais j'étais tellement heureuse de la voir que je n'y fis même pas attention. Elle me manquait tellement ! Ça faisait déjà presque deux mois qu'elle était partie en voyage d'affaire à travers le monde, et nous ne voyions son visage sur vidéo que deux fois par semaine, même si elle prenait soin de nous appeler tous les soirs, Emy et moi. Je ne savais pas si elle était aussi assidue avec Tony, et je persistais à avoir la drôle d'impression que c'était assez tendu entre eux, sans vraiment savoir pourquoi... mais pour l'instant, la seule chose à laquelle j'étais capable de penser c'était à elle.

« Mais... qu'est-ce que tu fais encore en pyjama ? s'étonna Pepper.
-C'est leur faute ils m'ont réveillée à huit heures, bougonnai-je. Mais ça va ils se sont plutôt bien rattrapés pour l'instant.
-Plutôt bien ? Ma fille, tu es de plus en plus dure en affaires, répliqua Tony en secouant la tête. Mais je crois qu'on a de quoi te rassasier. Bon, on lui donne maintenant ? demanda-t-il avant de se tourner vers Pepper.
-Bien sûr que oui, j'ai une autre réunion dans une demi-heure et je pense que de toute manière Leyna en a assez d'attendre », répliqua Pepper sans me quitter des yeux.

Je hochai frénétiquement la tête, et je fis à peine attention à Emy qui bondissait sur le canapé juste à côté de moi, parce-que Tony sortait de derrière son dos un petit paquet et qu'il me le tendait désormais.

« A ton avis c'est quoi ? me demanda ma sœur.
-J'en sais rien, marmonnai-je en tournant le paquet dans tous les sens. Tu sais pas, toi ?
-Nan, ils ont pas voulu me dire, répliqua Emy en lançant un regard accusateur à Tony et Pepper.
-T'aurais pas su tenir ta langue », lui fit remarquer Pepper.

Comme je n'en pouvais plus de ne pas savoir, j'ouvris sans ménagement le paquet et laissai tomber dans le creux de ma main... une clé.

« Oh mon Dieu, bredouillai-je.
-Oh non c'est pas vrai c'est pas vrai ! », couina ma sœur.

L'instant d'après, nous bondîmes du canapé en mode fusées à réaction, et les autres, bien heureusement, s'écartèrent de notre chemin d'un commun accord.

Emy et moi nous précipitâmes dans les escaliers, parce-que l'ascenseur aurait été tout simplement trop lent pour nous.

Je descendis le dernier palier en glissant sur la rampe d'escalier, mais Emy parvint tout de même à entrer dans le garage avant moi. Comme je ne la suivais que de quelques pas, je débarquai comme un boulet de canon et...

« AAAAAAH ! hurlai-je en me mettant à sauter dans tous les sens. ELLE EST TROP BELLE J'Y CROIS PAS ! ».

L'instant d'après, tout le monde débarquait, dont Pepper, dont le visage fut projeté sur l'un des écrans du garage à l'instant même où j'y faisais mon entrée.

Ça faisait déjà un an et demie que j'avais mon permis de conduire, mais jusque-là j'avais dû me contenter de conduire les multiples voitures de Tony sans en avoir une vraiment à moi. Comme la question ne s'était pas posée jusque-là, je ne m'étais pas du tout attendue à recevoir ce cadeau, et c'est tout naturellement que je sautai au cou de mon père adoptif, et que je me précipitai vers l'écran sur lequel était projetée l'image de Pepper afin d'y déposer un gros bisou.

« On peut aller l'essayer ? Dites ouiiii », supplia Emy en se tournant simultanément vers Tony et vers Pepper.

Mais avant que nos parents adoptifs aient eu le temps de nous donner leur réponse, quelqu'un d'autre intervint, quelqu'un que je ne m'étais pas vraiment attendue à voir à ma fête d'anniversaire, bien qu'elle y ait été invitée tout naturellement.

« Je pensais que tu voudrais d'abord connaître tous tes cadeaux, Leyna ».

Je me tournai vers Maria Hill, sans feindre la surprise. Je l'avais déjà croisée plusieurs fois lors de nos entraînements au SHIELD, et Tony semblait lui faire plus confiance qu'à Fury : c'était mon cas également.

Maria semblait plus réfléchie, moins manipulatrice, et même si elle travaillait directement pour Fury elle semblait avoir une certaine influence sur lui, une bonne influence.

Elle avait été invitée à mon anniversaire, contrairement à son patron, mais avait dû refuser car elle avait trop de travail. C'était plutôt une bonne nouvelle qu'elle ait réussi à se libérer... du moins c'est ce que je pensai avant de remarquer sa pâleur inhabituelle.

« Agent Hill ! l'accueillit Tony en faisant semblant de ne rien voir. Nous ne vous attendions pas. Content de vous voir ».

Maria lui lança un regard presque navré, puis, ne semblant pas se résoudre à lui dire quoi que ce soit, se tourna de nouveau vers moi.

J'osai un sourire poli, et allai la saluer.

« C'est sympa que vous ayez pu vous libérer, lui dis-je. Mais vous auriez pas dû vous embêter à me faire de cadeau, je suis déjà très contente que vous soyez là...
-Crois-moi Leyna, j'aurais préféré pouvoir te dire que le cadeau vient de moi. Et... je t'aurais offert autre chose ».

Tony fronça les sourcils, mais avant qu'il n'ait le temps d'intervenir, Maria Hill se tourna vers tous les autres et poursuivit :

« Le sceptre a été repéré.
-Le sceptre de Loki ? demanda Natasha en haussant les sourcils. Où ça ?
-Lui-même, répondit Maria avant d'ajouter, l'air légèrement gêné : dans un petit pays que l'on nomme la Sokovie ».

Tous les regards convergèrent instantanément vers moi. Oui, ce n'était un secret pour personne que j'étais allée effectuer une mission humanitaire en Sokovie. D'ailleurs, j'aurais préféré que ce nom ne vienne pas dans la conversation, pas aujourd'hui, mais... pourquoi en Sokovie ? Plus j'y pensais, plus je me disais que ça ne pouvait pas être un hasard.

« Et j'ai un ordre de mission, ajouta Maria comme si elle voulait se débarasser de cette tâche au plus vite. Pour les Avengers. Et... pour Leyna Stevens ».

?

J'avais déjà entendu parler d'elle. Elle commençait à se faire un nom au sein de notre organisation, mais je ne pensais pas un jour devoir la considérer comme mon binôme.

Binôme.

Rien que ce mot me donnait des frissons.

Pourquoi ? Le directeur savait très bien que je travaillais mieux seule. Alors pourquoi ce revirement de situation ? Pourquoi cela devenait-il soudain nécessaire ?

J'étais contre cette prise de décision. Mais je n'avais pas le pouvoir de m'y opposer. Je ne pouvais qu'obéir aux ordres. Que ça me plaise ou non. Et ça ne me plaisait absolument pas.

On me fit entrer dans le sas, et, après quelques minutes passées dans la solitude la plus absolue, je m'approchai lentement de la vitre sans teint, me demandant ce qui m'attendait.

Il y avait quelqu'un dans la salle, en contrebas.

Elle, sans doute.

Si c'était le cas... elle se battait comme une lionne. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi souple, d'aussi vif... quel entraînement avait-elle donc suivi depuis son arrivée ici ? Ces coups, ces prises, je ne les connaissais pas. Je n'en reconnaissais aucune.

« Ah, je crois que c'est vous que je cherche ».

Je fis volte-face pour me retrouver face à une femme. Elle était jeune, ou en tout cas le paraissait. Non, en fait nous devions avoir à peu près le même âge, mais... elle avait un visage d'enfant. Un visage qui inspirait confiance. Un air naïf qui à mon avis devait tromper beaucoup, beaucoup de monde.

« Et vous êtes ? lui demandai-je suspicieusement, car je ne l'avais pas entendue entrer.
-Votre binôme », me répondit-elle le plus naturellement du monde.

Je me tournai à demi vers la vitre sans teint, mais du coin de l'œil constatai que la femme qui s'entraînait dans la salle n'était plus là. Je m'étais trompée. Ce n'était pas avec elle que j'allais devoir faire équipe.

Et pour l'instant... je ne savais pas vraiment si ça me rassurait ou pas.

Dans tous les cas, j'étais toujours contre l'idée de former un binôme avec qui que ce soit, et j'allais bien le faire comprendre à cette fille.

« Je... commençai-je.
-Oh, je sais, m'interrompit-elle avec un geste désinvolte de la main. Vous êtes solitaire, vous travaillez seule, vous n'allez pas me faire de cadeaux. J'ai entendu parler de vous, vous savez. Et je pense qu'on a à peu près la même vision du travail en équipe. Seulement moi je suis juste là pour faire ce qu'on me demande, et autant que possible... je vous demanderai de ne pas vous y opposer ».

Elle m'intriguait.

Peu de personnes avaient le don de m'intriguer de la sorte. D'autant plus que je travaillais ici depuis que j'étais toute petite, j'avais été parée à tout. Mes parents étaient des agents, mes grands-parents l'avaient été avant eux... j'avais été baignée dans cet univers depuis ma plus tendre enfance, aussi j'étais censée savoir à quoi m'attendre.

Mais pas à ça.

Pas à... elle.